Nous proposons pour commencer notre propre tract, diffusé internationalement et qui existe en allemand, anglais, arabe, espagnol, grec, hongrois, kurde, portugais, russe, tchèque,... Différentes versions sont disponibles sur notre site Internet.
Nous présentons pour suivre 2 autres tracts contre la guerre qui ont été réalisés par des groupes de camarades aux USA et en Europe de l'est, et distribués ces derniers mois dans différents pays, à différentes occasions, par différents groupes.
Nous saluons à cette occasion l'entraide et la collaboration existant entre toutes les minorités révolutionnaires qui tentent aujourd'hui, sur des positions de classe, de mettre en commun leurs énergies pour lutter contre la guerre et contre la dictature capitaliste en général. Brisons le sectarisme! Faire circuler les positions communistes, assumer des discussions au niveau international, organiser des rencontres entre révolutionnaires,... tel est le seul moyen de retrouver le chemin d'une véritable centralisation internationale de notre communauté de lutte. Encore une fois: le capitalisme est mondial et c'est mondialement qu'il sera battu.
Le premier tract est intitulé "Contre la guerre, contre la paix" ("Against War, against Peace"). Il a été réalisé par des camarades aux Etats-Unis, et placé au verso de la version anglaise de notre propre tract. Ils ont été distribués ensemble, entre autres lors d'une manifestation pacifiste à Portland, dans l'Etat d'Oregon (USA).
Le tract qui suit s'intitule "A bas la guerre capitaliste! A bas la paix capitaliste!". Il a notamment été diffusé en Hongrie, pour appeler plus particulièrement les prolétaires de ce pays, soudain transformé en ligne de front, à lutter contre la guerre au moyen du défaitisme révolutionnaire. Nous avons également traduit ce tract en anglais et nous le faisons circuler internationalement. Le tract est signé "Prolétaires Internationalistes".
Pour terminer, nous présentons une contribution qui a été diffusée dans différents pays anglophones, toujours sous la signature de "Prolétaires internationalistes", et dont nous publions ici une version actualisée, rédigée après le cessez-le-feu. Ce texte s'intitule: "Dans les Balkans... 'Protéger la population contre les dictateurs?' NON! Une fois de plus, la guerre et la paix contre le prolétariat!"
C'est toujours au nom...
de la PAIX... dans les
Balkans,
de la LIBERTÉ...
du peuple kosovar ou serbe,
de l'HUMANITAIRE...
envers les "peuples opprimés",
du DROIT D'INGÉRENCE...
humanitaire,
... qu'ils nous préparent la PAIX... des tombes!
Ils s'opposent aux masses qui, de façon persistante et irréfléchie, cautionnent la force militaire. Mais ils sont confrontés à une situation telle qu'ils se trouvent dans l'incapacité de donner quelque perspective que ce soit qui permettrait de s'opposer de façon efficace aux interventions.
Les idées avancées lors des récentes manifestations contre la guerre semblent plus ou moins se partager entre le pacifisme et les reformulations classiques de la gauche trotskiste ou maoïste. Chacune de ces approches contient des éléments qui permettent de comprendre les conditions du massacre actuel (nous écrivons au moment où se déroulent des campagnes de bombardements simultanées contre la Yougoslavie et l'Irak). Ainsi, les pacifistes comprennent que les actions de chaque camp servent principalement à polariser la situation et les gauchistes léninistes quant à eux, se rendent compte que chaque camp est motivé par les forces du marché et le besoin de défendre le capitalisme. Mais chacune de ces positions comporte également des aspects tout-à-fait ridicules. L'idéologie pacifiste laisse supposer que le gouvernement, le pouvoir, ou "nous" pourrions d'une manière ou d'une autre simplement nous rendre compte des "erreurs" qui ont été faites et changer le cours de la guerre. Quant aux groupes léninistes, ils recherchent une nation particulière à présenter comme "opprimée" et passent naturellement sous silence l'intérêt commun à l'ensemble des gangsters nationaux. Sans parler des multiples variantes "socialistes" qui parlent encore d'"impérialisme" alors que le capitalisme a conquis le monde entier et que l'intervention de l'OTAN sert clairement à renforcer le nationalisme sanglant de la Yougoslavie/Serbie.
Ce que tous négligent, c'est que la guerre est le résultat inhérent de la vie quotidienne, normale. Ce qui est naïvement appelé «paix» -boulot, shopping et télévision- est le poumon de l'Etat et de la machine de guerre. Le développement du logement, le parc industriel et les grandes surfaces créent et sont créés par le complexe industriel militaire. Non seulement la production militaire alimente l'économie, mais toutes les institutions dictatoriales, de MacDonald à Microsoft en passant par le Ministère de la Défense se renforcent mutuellement. Les guerres actuelles sont assez justement appelées "actions de police". L'armée américaine intervient à l'échelle mondiale là où les flics se limitent au niveau local, mais c'est toujours pour maintenir et protéger le même ordre sanglant. Le but de l'OTAN n'est pas simplement de dominer le Kosovo, mais de contrôler la direction de son développement -assurer que l'exploitation et la paix y règnent.
Comme ce fut le cas en Somalie, la guerre au Kosovo a imposé une "solution humanitaire" à des pauvres qui refusaient d'obéir. Et cette solution humanitaire n'est autre que l'ordre du capitalisme lui-même. Les organisations "humanitaires" du monde entier sont en fait, au même titre que l'OTAN, les pions du monde capitaliste. S'il est évident que certaines ONG servent simplement de façades aux agences occidentales d'espionnage, leur problème fondamental réside plutôt dans le fait qu'elles tentent de placer les dépossédés dans une position de dépendance et de les entraîner à subir l'ordre du développement. Ainsi, les "ONG" servent d'assistants sociaux ("soft cops") aux flics durs de l'OTAN. La paix humanitaire que l'OTAN, les ONG et les Nations Unies tentent d'imposer est précisément destinée à maintenir les prolétaires dans une position de dépendance. Lorsque les différentes nations ou organisations se disputent sur les méthodes, ce n'est jamais qu'une simple question de savoir qui découpera le gâteau. Les camps "humanitaires" de réfugiés organisés par les Nations Unies et mis en place après l'insurrection contre Saddam Hussein dans le Nord de l'Irak ("Kurdistan") illustrent parfaitement ce processus. Ces camps exigeaient que les prolétaires rendent les armes en échange desquelles ils recevaient de la nourriture -nourriture sur laquelle les NU avaient elles-mêmes décidé un embargo contre l'Irak. Les camps furent utilisés pour défaire les prolétaires rebelles qui luttaient contre le soi-disant ennemi de l'Amérique, Saddam Hussein. Durant la guerre du Golfe, les forces armées américaines ont tué 50.000 déserteurs irakiens et travaillé dur pour maintenir Saddam Hussein au pouvoir. (Il est fort possible qu'une fois la poussière retombée au Kosovo nous découvrions que de semblables rebellions ont eu lieu et furent supprimées dans les deux camps. Mais, bien sûr, la situation actuelle ne nous permet pas de le savoir). En tous cas, l'ordre actuel de guerre et de paix est directement contre le prolétariat et contre nos rebellions, contre notre refus d'accepter la dictature de l'argent, du travail et la bureaucratie.
Ils nous parlent de paix - et nous mènent à la guerre!
Mais la guerre n'est pas une erreur. Au contraire. C'est l'essence du capitalisme dont le fonctionnement est basé sur le combat économique permanent entre les différentes fractions du capital. Le capital est par essence impérialiste. Conquérir et obtenir de plus en plus de marchés fait partie de son mode de fonctionnement normal. La multiplication des centres de guerre est un phénomène nécessaire. Et dans la lutte entre différentes fractions du capital, c'est toujours le prolétariat qui voit sa situation se dégrader. La guerre est dans notre vie de tous les jours également: lorsque nous sommes forcés de travailler, lorsque vivre, simplement vivre, devient de plus en plus difficile... Mais parfois la paix capitaliste est remplacée par la guerre ouverte.
La guerre est toujours contre les intérêts du prolétariat!
Que signifie la guerre dans la réalité
quotidienne?
- la mort sur le front et dans les tranchées...
- la mort dans les camps de prisonniers
- la mort dans les camps de réfugiés,
sur le bord des routes, à côtés des fosses communes...
- la mort chez soi, sous les ruines des
maisons...
- les conscriptions, la mobilisation,...
pour nous forcer à nous massacrer les uns les autres, à tuer
nos frères prolétaires dans l'intérêt du capital...
- le travail obligatoire, la militarisation
du travail et l'accroissement de son intensité...
- la faim, la misère, l'augmentation
des prix, les pénuries,...
Cette réalité montre à l'évidence que la guerre est contre le prolétariat, contre nos intérêts et contre notre lutte. Cette guerre est un nouvel épisode dans la liste sans fin des attaques de l'Etat capitaliste mondial contre le prolétariat. Cette énième guerre n'est rien d'autre que le pur produit du monde capitaliste et de l'exploitation.
La guerre en Yougoslavie marque un nouveau pas vers une guerre plus généralisée, et ce, par l'«acceptation» (une «acceptation» imposée par la terreur et le chantage permanent) du fait que la guerre est la perspective «naturelle» d'une société en crise. La majorité des prolétaires regardent passivement la progression des massacres sur leurs écrans de télévision: puisque la crise est «naturelle», le chômage, la misère et les sacrifices en tous genres deviennent également «naturels». On ne proteste plus, on commence à accepter de se sacrifier. Et en suivant cette logique, on se retrouve bientôt dans le train en partance pour le front!
Cela n'a rien de surprenant puisque aujourd'hui la majorité des prolétaires, spécialement en Europe, restent prisonniers du patriotisme et d'autres cadres idéologiques bourgeois tels le «pacifisme», l'«anti-impérialisme» ou encore l'«antifascisme» (qui tous défendent la démocratie, l'ordre social du capitalisme). Cela n'a rien de surprenant non plus lorsqu'on voit qu'aujourd'hui le prolétariat international est incapable d'affirmer sa nature révolutionnaire par son propre projet communiste.
Tant que nous nous comporterons en consommateurs passifs, en simples spectateurs de nos misérables vies, tant que nous resterons des «idiots utiles», tout pourra nous arriver. Et ne soyons pas surpris si demain les bons citoyens commencent à s'entre-tuer pour n'importe quelle raison! Voisin contre voisin, collègue contre collègue, prolétaire contre prolétaire.
Le fait que la guerre soit devenue «normale» et la menace constante qu'elle représente, terrorisent non seulement le prolétariat des Etats qui sont directement impliqués dans la guerre, mais également le prolétariat du monde entier. Et le capitalisme -pendant qu'il fait la guerre- parle de paix et d'humanitarisme. Mais les campagnes humanitaires, les actions de soutien, etc. ne sont que des moyens de chantage servant à renforcer le contrôle sur le prolétariat -même si en passant, elles ouvrent également un marché pour des tonnes de produits invendables.
L'UCK (l'armée de libération du Kosovo) fait également partie de l'Etat bourgeois, de même que toutes les fractions en présence. Leur nationalisme le prouve; leur armée enrôle de force et terrorise la population exactement de la même manière que la police serbe; leurs camps de concentration (qu'ils appellent des camps de réfugiés) dans lesquels les sbires de l'UCK sélectionnent tous ceux qui sont encore bons pour le service militaire et les envoient mourir sur le front.
Nous, communistes, nous sommes contre tous les camps, contre les serbes et contre les albanais, contre l'OTAN et contre toute «la communauté internationale», contre tous les Etats, contre toutes les fractions bourgeoises. Nous n'avons pas de patrie! Etre patriote, c'est être assassin!
Les prolétaires en Hongrie sont en
première ligne.
Nous devons nous attendre à:
- une intensification de la guerre -vu que
la mobilisation des réservistes, la préparation de la garde
civile de défense, etc. ont déjà commencé
- la stabilisation des conditions de guerre
- l'augmentation des incitations nationalistes,
l'extension de l'irrédentisme (aujourd'hui la Voïvodine, demain
la Transylvanie, la Slovaquie,...)
- l'augmentation des prix, les mesures de
sécurité nécessitées par la guerre
- le redoublement de la surveillance du
prolétariat, l'intensification de la terreur d'Etat officielle (police,
gardes de sécurité) et non officielle (gangs fascistes).
LUTTER CONTRE LA GUERRE = LUTTER CONTRE LE CAPITALISME ! ! !
Nous ne sommes pas impuissants: nous sommes riches de l'expérience historique de notre classe, nous devons nous réapproprier la mémoire collective de nos luttes; c'est cela qui nous fournit le cadre classiste pour nos propres activités et nous évite de reproduire encore et encore les mêmes erreurs. Nous savons aussi que nos luttes charrient de réelles perspectives, la vie elle-même. Regardant vers l'avenir, nous voulons détruire la non-vie, notre misère, l'exploitation!
Dans ce combat nous ne pouvons compter que sur notre propre force, la force du prolétariat mondial. Attaquons la fraction bourgeoise à laquelle nous sommes directement confrontés, battons-nous contre «notre propre» bourgeoisie. L'internationalisme ne signifie pas «faire quelque chose pour les prolétaires partout»; il désigne la communauté d'intérêts et de lutte que nous partageons avec nos frères et soeurs en Serbie, au Kosovo et partout dans le monde... Le défaitisme révolutionnaire = la lutte pour la défaite de «sa propre» bourgeoisie - contre la totalité de l'ordre bourgeois!
Frères prolétaires! ne vous laissez pas berner par le capital! Organisez-vous contre le capitalisme! Sabotez la production! Désertez de l'armée! Tournez votre arme contre l'ennemi réel!
Lisez, diffusez ce tract et discutez-le avec d'autres!
«Protéger la population contre les dictateurs?»NON !Une fois de plus, la guerre et la paix contre le prolétariat ! |
Aujourd'hui comme hier, c'est à nous que la bourgeoisie mondiale s'attaque, c'est nous qu'elle massacre et détruit, nous, le prolétariat mondial. Tout comme celles qui se déroulent dans le Golfe persique, en Turquie, en Afghanistan, au Rwanda, en Palestine, etc., la guerre au Kosovo, n'est rien d'autre qu'un massacre de plus de nos frères de classe.
A l'image de toutes les guerres qui parsèment l'époque capitaliste, la guerre dans les Balkans est une guerre entre différentes fractions bourgeoises se disputant les conditions de réalisation de profits. Et dans cette optique, il est indispensable que les prolétaires se soumettent à la paix sociale, qu'ils se découragent et se détournent de toute tentative de lutte, et qu'ils acceptent des conditions de vie misérables et dégradantes. Avant toute autre chose donc, cette guerre est une guerre contre le prolétariat.
Il faut dire et redire que toutes les guerres capitalistes, passées et présentes, sont un résultat direct des contradictions de classe, contenues dans les fondements mêmes du système social capitaliste international.
Au sein de ce système, les périodes que les bourgeois appellent des «temps de paix» constituent précisément la guerre permanente que le capitalisme mène contre nous, prolétaires du monde entier, car c'est en ces «temps de paix» que notre force humaine est exploitée et convertie en profits pour accroître encore la puissance terroriste de la bourgeoisie.
Les guerres impérialistes ne sont rien d'autre que des moments où se rompent violemment l'une ou l'autre paix bourgeoise établie au travers de précédents conflits d'intérêts au sein des différentes forces bourgeoises. Pour les êtres humains réduits à l'esclavage, pour le prolétariat donc, il n'y a pas de différence fondamentale entre la paix et la guerre bourgeoises, car ces deux réalités organiquement liées (bien que présentées comme opposées l'une à l'autre par les idéologies et les partis bourgeois) cherchent à renforcer la domination sociale et étatique du capital sur les prolétaires partout dans le monde et pour un laps de temps toujours plus long. Dans le monde entier, l'histoire a prouvé que depuis l'existence du capitalisme -un système qui domine ce monde depuis maintenant plusieurs siècles-, la paix des bourgeois n'a jamais amené et n'amènera jamais rien d'autre que de nouvelles guerres impérialistes encore plus monstrueuses et plus destructrices.
Et c'est lorsque les prolétaires sont maintenus sous la coupe de la paix sociale et divisés en catégories sociales ou économiques, ethniques ou nationales, religieuses ou autres selon le bon vouloir de notre ennemi, que l'Etat capitaliste trouve les meilleures conditions pour mener ces guerres. Quelles que soit la forme ou la dénomination politique dont la guerre et la paix impérialistes se drapent, leurs objectifs directement et essentiellement anti-prolétariens seront toujours identiques. C'est pourquoi aux yeux de la bourgeoisie, pour imposer la loi de sa classe et sa domination sociale, les forces de maintien de la paix, les pacifistes, les campagnes de soutien humanitaire, d'aide aux réfugiés, les ONG,... sont aussi importants que les bataillons d'infanterie, les paracommandos ou les forces aériennes les plus sophistiquées et les plus destructrices.
Ce système social place toujours l'intérêt inhumain et égoïste de la loi du profit, du règne de l'argent, de l'économie nationale et son besoin de domination, avant et contre tout autre intérêt. Cette société civilisée n'a rien d'autre à nous offrir que travail, famine, isolement, terreur, science, frontières, prisons,... guerres. Rien dans cette société n'est déterminé par les besoins humains - nos besoins sont déterminés et subsumés par sa propre loi fondamentale: la loi de l'esclavage et de la production marchande, autrement dit la guerre quotidienne que le capitalisme mène contre l'humanité. En d'autres mots, la civilisation est un parasite qui se nourrit de notre sang à nous, esclaves, qui vivons sous un régime de guerre capitaliste permanente; un régime qui nous exploite, nous détruit, et nous tue jour après jour, soit en nous forçant à travailler comme force productive, soit en nous massacrant directement dans les guerres.
C'est cette réalité et cette société inhumaine que toutes les religions, tous les partis, tous les gouvernements, tous les pacifistes, réformistes humanistes, écologistes,... tentent de maintenir en vie. Peu importent les différences parfois importantes qui peuvent exister entre ces forces et idéologies bourgeoises, elles veulent toutes maintenir l'esclavage et l'exploitation pour le bien être de la civilisation, du progrès, du développement, de l'économie et de la nation capitaliste, toutes choses qui signifient pour nous: misère grandissante, dégradation humaine et massacres.
Ces réformistes pacifistes et démocrates, bien qu'ils dispensent souvent leurs politiques contre-révolutionnaires au nom de l'humanité, de la protection de la nature, de la paix et contre la guerre, prennent tous directement part à la sauvegarde de cette société. Leur tâche primordiale et leur rôle principal, toujours et partout, est de faire obstacle à nos initiatives anti-capitalistes révolutionnaires, d'handicaper notre solidarité de classe, de diviser notre communauté de lutte et de détruire nos organisations militantes.
Le principal objectif de tous ces réformistes (qu'ils soient de gauche ou de droite) n'est jamais d'attaquer la racine des souffrances de l'homme et de la nature, qui réside dans la société et l'Etat capitaliste lui-même. Les changements qu'ils revendiquent et les oppositions qu'ils mettent en avant dans telles ou telles situations politiques ou sociales particulières ne servent qu'à rendre les progrès de l'économie, de l'Etat et de la société bourgeoise plus efficaces. En d'autres mots, ils se fichent complètement de nous et des conditions d'esclavage auxquelles nous sommes réduits, ils ne s'inquiètent que pour la sécurité et la santé de l'ordre bourgeois, de sa loi et de son organisation sociale. Pour encaisser les profits générés par l'exploitation terroriste du prolétariat, comme pour faire la guerre et la paix, les bourgeois doivent sacrifier brutalement un grand nombre de prolétaires.
Chaque jour dans le monde, la bourgeoisie laisse des centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants mourir d'«accidents» (1) de travail, de faim, de maladies de la pauvreté, de catastrophes «naturelles», anéantis par le travail ou le manque de travail, les guerres, les déportations,... toutes choses directement produites du besoin impérieux du capital d'accumuler un profit toujours croissant, même s'il doit pour cela laisser derrière lui déserts, carnages, pollutions et contaminations irréversibles. Sous le règne du capital, notre état de survie est un état de guerre permanente, la guerre quotidienne du capital contre toute humanité.
L'Etat a toujours justifié et justifiera toujours la nature terroriste et inhumaine de sa civilisation, de son économie et de sa société en la présentant comme le meilleur de ce que l'histoire humaine a pu créer. D'après la bourgeoisie, dont la richesse et le pouvoir dépendent directement de l'exploitation des prolétaires et de leur existence comme population privée de tout moyen de vie excepté leur force de travail, cette société capitaliste, sa civilisation, son progrès et son développement existent tout entiers dans l'intérêt de l'humanité. L'humanité, l'intérêt humain et le bien-être ne sont pas des mots nouveaux dans le vocabulaire de la bourgeoisie lorsqu'il s'agit d'expliquer ses intérêts, ses objectifs, ses idéologies, sa politique et ses actions. Exploiter, réduire en esclavage, détruire, faire la guerre et mettre en danger la vie des êtres humains a toujours été fort commodément justifié par les bourgeois de tous camps, de toutes couleurs et de toutes tendances, comme étant de l'intérêt de chacun.
Les bourgeois ont de tout temps assuré leur pouvoir terroriste et civilisé en maintenant les prolétaires comme force de travail salariée pour la reproduction du capital tout en les utilisant comme chair-à-canon dans leurs guerres nationalistes et impérialistes d'accroissement de profit.
Tous les partis bourgeois, les chefs de gouvernement et les différentes structures idéologiques tentent de convaincre les prolétaires que chaque guerre est le produit d'une situation particulière sans aucun lien avec leur société de classe. Ainsi d'aucuns, tel l'OTAN, ont présenté la guerre en Yougoslavie comme une guerre humanitaire pour sauver et protéger les Albanais ou les Kosovars d'un nouvel Hitler, l'impitoyable Milosevic. Il y a aussi ceux qui défendent une politique pro-Milosevic et anti-OTAN, et qui ont condamné cette guerre comme une agression inacceptable contre un Etat souverain. D'autres encore appellent simplement à des négociations pacifiques entre les puissances belligérantes ou recherchent les «racines de la haine» dans le passé afin de justifier le supposé caractère ethnique de la guerre. Mais tous cherchent invariablement à nier l'essence de la guerre.
Et de toute manière, quel que soit le nom qu'ils donnent aux bombardements et aux destructions qui ont produit camps de réfugiés et déplacements de populations, qu'ils les nomment «frappes chirurgicales», destructions «scientifiques» ou «technologiques» ou encore «nettoyages ethniques», quelle que soit la façon dont ils les analysent et les justifient, il s'agit toujours d'augmenter directement notre exploitation et de nous massacrer.
Au delà des différences existant entre Clinton, Blair, Saddam Hussein ou tous les autres chefs d'Etat, au delà des alliances et des conflits qui les animent, leur guerre et paix, développement et destruction, science et religion, aide humanitaire et contrôle de sécurité,... servent un et un seul intérêt: l'accroissement permanent du taux de profit, le maintien du règne de la paix sociale, tombeau de la classe ouvrière.
Il n'y a pas, il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais de «bon» et de «mauvais» leader bourgeois, de «bon» et de «mauvais» parti, nation ou Etat bourgeois. Tant que le capitalisme existera, il n'y aura jamais que l'intérêt de classe bourgeois contre le prolétariat, un intérêt qui s'exprime au travers de la continuité avec laquelle ce système gère le maintien du travail, de l'exploitation, de la misère et des guerres.
La guerre du Golfe a prouvé encore tout récemment la triste réalité de la guerre bourgeoise, en tuant et en détruisant les prolétaires en Irak. On l'a présentée comme une guerre «juste» visant à libérer le peuple irakien des souffrances imposées par le régime du dictateur Saddam Hussein. Aujourd'hui encore, on justifie de la sorte le fait que des villes d'Irak soient toujours soumises aux bombardements destructifs de l'OTAN et que les conséquences de la guerre tuent des milliers de prolétaires chaque année.
Mais nous savons que la réalité est toute différente. En 1990, au début de la guerre du Golfe, il y avait des mouvements prolétariens contre l'Etat en Irak, et durant le conflit entre les Alliés et le gouvernement baasiste en 1991, ces mouvement devinrent de puissantes insurrections prolétariennes qui s'étendirent dans toute la région. C'est à ce moment précis que les Alliés se retirèrent et mirent fin aux hostilités contre Saddam Hussein. La raison de ce retrait est évidente pour les minorités révolutionnaires: il s'agissait de protéger le pouvoir capitaliste, les baasistes (le soi-disant ennemi) et leur ordre social contre la subversion prolétarienne. Dans les faits, les Alliés permirent aux armées républicaines de Saddam Hussein de mettre un terme à l'insurrection et de massacrer les rebelles qui attaquaient l'Etat. Cette oeuvre est toujours appliquée à la perfection par les armées nationalistes, islamistes et d'autres forces répressives de l'Etat. Le résultat c'est que Saddam Hussein continue son oeuvre bourgeoise, assassinant toujours plus avec le soutien direct des forces Alliées et de leur aide humanitaire. Tout en invoquant «la prévention d'un désastre humanitaire», la totalité de la force capitaliste internationale a été mise en mouvement sous forme d'armes de guerre de haute technologie, de missiles Cruise et d'aide humanitaire des Nations Unies, avec comme conséquence le massacre de milliers de prolétaires, et le déplacement massif de réfugiés vers d'autres régions. Le gouvernement Baasiste, mis en place et entretenu grâce au soutien direct des plus puissants gouvernements du monde tels l'Angleterre, la France et les USA, ne diffère en rien des autres forces et gouvernements bourgeois quand il s'agit de terroriser et de tuer les ouvriers, le «peuple irakien». Milosevic ou Saddam Hussein et son parti peuvent être démis et remplacés par d'autres fractions bourgeoises plus «acceptables», plus aptes à rétablir la paix sociale, mais ce ne sera jamais dans l'intérêt des prolétaires qui resteront, eux, esclaves du système capitaliste et, comme tels, chair-à-canon pour l'économie nationale et les guerres impérialistes.
Le même scénario s'est répété en Yougoslavie.
Il est évident que les bourgeois nous mentent sur les objectifs et les moyens de cette guerre. Bien avant le spectacle des négociations de Rambouillet (où l'on prétendait avoir tout fait pour éviter la guerre), le but de l'OTAN était d'établir une force internationale au Kosovo afin de contrôler la région. Aujourd'hui, toutes les régions voisines du Kosovo et principalement la Macédoine et l'Albanie, grouillent de bases de l'OTAN. Bingo! Ainsi, l'Albanie qui était secouée, il y a deux ans, par une violente lutte de classe que la bourgeoisie ne parvint que difficilement et partiellement à calmer, est aujourd'hui couverte de bases militaro-humanitaires prêtes à déplacer, saisir, emprisonner, bombarder,... «en cas de crise future» comme l'a laissé échapper Jamie Shea, porte-parole de l'OTAN, lors d'un briefing.
Ceci nous rappelle le bombardement de 1991 contre Vukovar, un port industriel de Croatie qui était paralysé par les grèves et d'autres actions de classe (qui avait déjà ébranlé l'ex-Yougoslavie tout au long des années 1987, '88 et '89) et qui avait été le point de départ de l'occupation par les ouvriers du parlement fédéral. C'est bien parce qu'elle était devenue une forteresse ouvrière que cette ville aujourd'hui n'existe plus. Pendant plus de 100 jours, du 27 août au 18 novembre 1991, la cité fut soumise à une opération de destruction, de bombardement systématique et fut ensuite livrée à elle-même, c'est-à-dire qu'il n'y avait plus pour la défendre que les ouvriers qui l'occupaient (les bourgeois avaient pris soin de la déserter et le gouvernement croate, censé défendre son territoire, n'intervint pas). On peut se faire une idée de la solidarité prolétarienne qui existait à ce moment-là, en dépit du matraquage idéologique visant à diviser les prolétaires entre serbes et croates, etc., quand on sait que 86% des soldats des forces serbes engagées dans le siège de Vukovar désertèrent car ils refusaient de participer à cette guerre.
Et puis, cela nous rappelle également les soi-disant rivalités ethniques et religieuses bénies par l'ensemble des forces bourgeoises pour partir en guerre contre le prolétariat, ainsi que les «nettoyages» ethniques fomentés et imposés par la terreur et officialisés par l'accord de Dayton. Cet accord, présidé par les USA au nom de la «mise en place de l'armée», permit l'envoi de 60.000 soldats de l'OTAN chargés d'en assurer l'application.
Ceci nous rappelle encore que, dès le début de la lutte en Albanie en 1997, la bourgeoisie a essayé de mettre en jeu des divisions ethniques entre le Nord et le Sud du pays, afin de diviser le prolétariat.
Une des justifications initiales de la guerre au Kosovo était le désarmement de l'UCK - une armée financée par la bourgeoisie afin de développer le sentiment nationaliste albanais et de recruter tous les prolétaires désireux de prendre les armes contre l'Etat dans une armée de libération nationale, alternative bourgeoise à tout désir de s'émanciper de ce système. Mais l'OTAN, en dépit de ce qu'elle prétend, a armé l'UCK quand cela l'a intéressé (pour assurer une participation minimum au sol (2) pendant la guerre), puis re-propose son désarmement, toujours en fonction de ses intérêts impérialistes.
Les frappes aériennes de l'OTAN, loin de protéger les réfugiés du Kosovo, ont transformé la région en un immense champ de bataille. Les troupes de l'OTAN, directement en cheville avec les ONG, ont contrôlé les flux de population, la construction des camps, les déportations. Main dans la main avec l'UCK, la police et l'armée serbe, les forces Alliées ont organisé la destruction des liens prolétariens et la terrorisation générale des prolétaires en Serbie, au Kosovo, en Albanie et finalement, partout dans le monde car c'est de cette façon que la bourgeoisie garantit la paix sociale.
La soi-disant guerre humanitaire pour la protection des civils albanais a été renforcée par les machines à détruire et à tuer hautement «précises» des forces de l'OTAN; cela n'a pas protégé les civils mais a clairement accrut les souffrances et les massacres.
Les effets dévastateurs de ces machines de guerre, la réalisation d'avancées technologiques et scientifiques dont les démocrates sont si fiers vont bien plus loin que les statistiques actuelles sur le nombre de morts: ils contiennent tous les aspects à long terme d'un désastre humain général. «Pas de problème!» disent les bourgeois et les leaders politiques démocrates car les guerres contre des dictateurs tels que Hitler, Saddam Hussein ou Milosevic sont des guerres «justes et nobles» et font plus que justifier les destructions et les morts qu'elles occasionnent inévitablement.
De toute façon, les morts ne sont que de simples statistiques pour l'OTAN. Les bombardements d'usines, d'hôpitaux, de prisons, de trains, de colonnes de «réfugiés» (en Serbie et au Kosovo) ne tuèrent que «peu» de prolétaires et ceux-ci ne sont que les «effets collatéraux» d'une guerre «juste» pour protéger un peuple, les effets de «l'aide humanitaire»!
La réalité des guerres bourgeoises est, comme l'histoire l'a montré, que les victimes se trouvent toujours parmi les prolétaires et que les destructions rendent les conditions de vie des survivants de plus en plus misérables et inhumaines. D'un autre côté, les seuls gagnants sont les bourgeois quels que soient leurs formes ou leurs alliances, que la tête des dictateurs et des politiciens (fascistes ou anti-fascistes) ait changé ou pas.
Dans les guerres bourgeoises, toutes les fractions essayent toujours de nous convaincre que l'autre côté est «inhumain, mauvais, diabolique» et que le "notre" est le «bon» côté, le côté «humain, civilisé». Nous subissons tous les terreurs et tortures quotidiennes de cette société et nous n'avons pas besoin qu'on nous décrive les horreurs perpétrées par le concurrent, le «frère ennemi» (Milosevic ou l'OTAN, les fascistes ou les anti-fascistes). Ce sont tous les mêmes -des terroristes civilisés, nationalistes, démocrates, contre-révolutionnaires. Ils nous forcent à travailler lorsque nous avons du sang frais et vendable en temps de paix, et ils se retrouvent tous unis pour déclencher des guerres dans lesquelles ils nous massacrent en masse lorsque nous sommes en surplus vis-à-vis de leurs exigences, lorsque nous ne sommes plus très «compétitifs». Telle est l'unique «différence» entre la paix et la guerre pour nous.
Mais fondamentalement, c'est quoi la civilisation capitaliste? Les massacres des indiens d'Amérique, des esclaves d'Afrique, des dénommées Première et Seconde Guerres mondiales, de la guerre du Vietnam, d'Hiroshima, d'Halabja,... les innombrables morts quotidiennes au travail ou causée par des catastrophes «naturelles». Le capital continuera à se développer et à reproduire ces situations tant que nous -prolétaires du monde entier- ne nous serons pas organisé et que nous ne développerons pas notre activité subversive contre l'économie nationale et «notre propre» bourgeoisie partout dans le monde.
Il ne fait aucun doute que durant la guerre en Yougoslavie, il y a eu résistance prolétarienne à la guerre: elle s'est exprimée sous forme de désertions de soldats de l'armée serbe (voir encadré), par les luttes de «réfugiés» dans les camps de concentration et par des manifestations, mais tout cela est resté très faible. Nous savons également que la force du camp des «vainqueurs» dans une guerre ne dépend pas de la puissance des mitrailleuses qu'il possède mais bien de l'incapacité du prolétariat international à résister au capital de façon suffisamment radicale que pour l'empêcher de se maintenir et de nous déclarer la guerre. Saddam Hussein fut jeté du Koweit non pas parce que les Alliés étaient les plus forts, mais parce que les prolétaires en Irak, refusant de se sacrifier pour «leur patrie», retournèrent leurs armes contre «leur propre» bourgeoisie et désertèrent par milliers de l'armée. La terreur semée par la bourgeoisie de par le monde n'a qu'une seule limite - notre opposition!
Brève chronologie des mutineries en Serbie
Les dernières mutineries qui ont éclatées au coeur de la guerre confirment que même dans la pire situation, notre classe continue à être la seule alternative vivante à l'horreur capitaliste. Les conscrits qui ont déserté le front du Kosovo, leurs parents et les autres prolétaires qui ont physiquement attaqué les représentations de l'Etat (mairies, télévision, etc.), ont montré un admirable manque de patriotisme, un véritable esprit de défaitisme. Ces actions s'inscrivent dans la continuité du refus des prolétaires de cette région de se battre dans les guerres bourgeoises (ex: mutineries de Kragusevac en 1991, Banja Luka en 1993, etc.).Le 14 mai, plusieurs cercueils arrivent du front à Krusevac, une ville industrielle de 100.000 habitants, et à Alexandrovac. Les jours suivants, des milliers de prolétaires manifestent contre la guerre. Des bâtiments municipaux et militaires sont attaqués et saccagés, ainsi que la station de télévision locale. A Alexandrovac, un millier de prolétaires empêchent physiquement le départ des réservistes pour le front. Voulant s'interposer, le maire est tabassé ainsi que le chef du SPS local.
Beaucoup de manifestants sont arrêtés, accusés par l'Etat de "saper la défense du pays" et de "trahison, collaboration directe avec l'ennemi, entrave à la défense de la nation". C'est à ce moment que plus de mille réservistes désertent le front du Kosovo et montent sur Aleksandrovac et Krusevac porter secours à leurs frères de classe. Ils affirment qu'ils ne retourneront pas au front et exigent la fin de la guerre. Le mouvement s'étend à d'autres villes comme Kraljevo, Raska, Baljevac, Prokuplje et Cacak.
Les prolétaires en lutte, qu'ils soient sous l'uniforme ou non, organisent des manifestations, des meetings où l'union sacrée de "la patrie en danger" est violemment remise en question. Il est important de distinguer l'action directe des prolétaires contre l'effort de guerre et la tentative de fractions bourgeoises de récupérer la lutte en créant au même moment diverses initiatives comme le "Parlement des Citoyens" à Cacak, appelant les réservistes à "obéir à la loi militaire".
Les mutins établissent un rapport de force très provisoire avec l'autorité militaire locale, mais ne savent pas vraiment que faire: aucune directive d'extension du mouvement n'est clairement lancée. Ils attendent que des nouvelles leur arrivent, et sont prêts à croire n'importe qui et à accepter n'importe quelle promesse. Le bouclage de Krusevac et l'interdiction de tout rassemblement sur la place publique pendant la durée des bombardements fera le reste. Dans les jours suivant, trois mutins sont condamnés à quatre années de prison par un tribunal militaire à Nis. Vingt-quatre autres attendent leur procès. Ces informations concernant la répression du mouvement datent de la mi-juin; depuis lors nous n'avons pas d'autres nouvelles.
Solidarité de classe avec les défaitistes révolutionnaires de tous les camps! Etre patriote, c'est être assassin! A bas tous les Etats!
La majorité des prolétaires a été piégée dans les différentes variantes idéologiques et par les mouvements réformistes pacifistes, démocratiques et nationalistes. Les politiques de paix impérialistes ont encore un gros impact et restent comprises comme des oppositions à la guerre par nombre de prolétaires. Alors que les paix bourgeoises nous assassinent quotidiennement partout dans le monde et préparent directement le terrain pour un accroissement du pouvoir de notre ennemi, les pacifistes, les réformistes humanistes, les organismes de charité et les actions d'aide aux pauvres sont toujours largement soutenus. D'un autre côté, l'ensemble des paix bourgeoises que nous connaissons ne se sont maintenues qu'au prix de l'exacerbation et du renforcement de notre exploitation, et demeurent donc toutes extrêmement vulnérables et susceptibles d'exploser violemment n'importe où et n'importe quand. Cette réalité est partagée partout où règne la «paix». Les Nations Unies constituent un bon exemple du genre de paix et de fraternité internationale que les bourgeois réclament avec tant d'enthousiasme. Par ses tâches et ses objectifs, cette superpuissance bourgeoise internationale a toujours été activement présente dans la préparation des attaques contre la résistance de notre classe et dans la prise en charge du massacre de nos frères prolétaires où qu'ils soient, particulièrement lorsque les forces bourgeoises locales sont incapables de gérer par elle-mêmes les insurrections et autres désordres sociaux. Une fois débarrassés des forces du prolétariat, les Nations Unies rallient leurs forces politiques derrière l'intérêt des fractions étatiques les plus influentes sur le plan international en imposant des armistices artificiels qui amèneront d'autres conflits. C'est le cas de tous les cessez-le-feu et accords/processus de paix imposés un peu partout dans le monde que ce soit au Vietnam, en Europe, en Palestine, en Irlande, dans le Golfe, en Asie, en Afrique ou en Amérique. Et ce sera aussi le cas dans les Balkans.
Les accords de paix dans les Balkans ne font que dévoiler la nature contre-révolutionnaire et terroriste de la paix bourgeoise qui nous divise, nous prolétaires, en différentes entités nationales et qui nous conduit, encouragés par tous les moyens idéologiques de l'Etat, à haïr et à se battre contre nos propres frères de classe pour les intérêts de notre ennemi de classe international, le système capitaliste, personnifié par «nos propres» exploiteurs, «nos» nations, armées, partis et gouvernements.
Toute paix bourgeoise est un ticket pour de nouvelles guerres destructives et de nouveaux massacres de prolétaires. Ces menées anti-prolétariennes sont maintenant assumées de façon très responsable par les nouveaux chevaliers de la paix bourgeoise, les organisations d'aide aux réfugiés et les organismes d'aide humanitaire: ce n'est pas que ceux-ci se limitent à mentir au sujet de la protection qu'ils sont censés offrir aux civils, non, ils participent directement au désarmement du prolétariat et au renforcement des contrôles policiers à l'intérieur des camps de prisonniers et de réfugiés. Ces organismes collaborent même aux massacres comme en Irak, au Rwanda, en Somalie, à Sabra et Chatila ou à Srebenica. Très souvent, c'est après une intervention internationale pour le maintien de la paix, que les prolétaires sont assassinés, mutilés ou torturés en masse.
Ainsi par exemple, en Palestine, l'UNWRA, une agence de l'ONU mise en place après la guerre israélo-arabe de 1948-49 (3) a établi, voici 50 ans, au Liban, en Syrie, en Jordanie, à Gaza et dans les «Territoires Occupés», de vastes camps de réfugiés dont le but premier était d'enfermer les prolétaires de la région grâce à une méthode que nous appellerons «l'option du confort de la carotte», une option qui garantissait santé, abri et nourriture. L'objectif principal de l'UNWRA est de contrôler les prolétaires et de prévenir émeutes et actions subversives. Elle collabore directement avec les forces étatiques de la région afin d'identifier les éléments révolutionnaires et «terroristes».
En Irak également, les forces des Nations Unies ont maintes fois convaincu les civils qu'ils étaient en sécurité dans leurs camps de réfugiés et dans les régions qu'elles contrôlaient... jusqu'à ce qu'il soit trop tard pour fuir et que l'armée irakienne débarque en masse pour massacrer. Cette situation a toujours cours et le risque de voir se perpétrer d'autres massacres sous l'égide de l'ONU et des Alliés est bien présent.
En Bosnie, au Rwanda, en Somalie,... les forces de maintien de la paix de l'ONU ont directement pris part aux massacres. Ces organisations pacifiques et humanitaires, main dans la main avec toutes sortes d'autres structures militaires et paramilitaires bourgeoises, préparent les prochaines tueries de prolétaires, mais pour se déresponsabiliser ils définiront celles-ci «massacres de serbes par des nationalistes albanais» ou «massacres de kosovars par des serbes», comme ils l'ont toujours fait dans tous les conflits.
La liste des politiques et des actions de paix anti-prolétariennes est longue et ne se terminera que lorsque nous, le prolétariat mondial, nous réussirons à nous organiser comme classe internationaliste révolutionnaire contre la domination de cette société.
Pour mettre un terme à ces massacres et au terrorisme d'Etat mondial, il est nécessaire d'arrêter partout le progrès de l'économie nationale. La majorité des travailleurs de par le monde sont trompés et abusés par cette période de paix sociale dominante qui a maintenu l'exploitation du prolétariat ces dernières décennies sans être véritablement confrontée à de sérieuses résistances prolétariennes. Que ce soit comme simples citoyens obéissant aux règles de l'ordre démocratique capitaliste ou en tant que militants organisés dans des institutions nationalistes ou réformistes au service direct de notre ennemi de classe, la majorité des ouvriers qui ont été enrôlés par l'Etat ont confiance dans les idéologies bourgeoises et agissent contre leurs propres intérêts de classe.
Telle est la réalité à laquelle nous sommes confrontés: il y a encore beaucoup trop de prolétaires paralysés par les fortes influences idéologiques du «passif-isme», du réformisme et du nationalisme. Tant que la majorité des prolétaires restera prisonnière des idéologies bourgeoises et défendra les intérêts de la nation, de la démocratie et de l'Etat, cette situation se maintiendra et le capitalisme pourra facilement nous assujettir à ses règles destructives. Plus grave encore, il pourra tout aussi facilement nous jeter dans des guerres dans lesquelles nous ferons toujours plus office de tués et de sacrifiés.
La bourgeoisie peut donc aujourd'hui se déclarer en toute tranquillité, héros triomphant de la nation (tombeau du prolétariat) et de la civilisation (machine à sucer le sang humain). Et les «Peuples», les citoyens se doivent de célébrer et d'honorer la victoire de leurs maîtres et de leurs nations meurtrières.
Dans le courant du mois d'avril 1999, des marins grecs se sont mutinés à bord du destroyer "Themistoklis", envoyé dans l'Adriatique pour participer aux bombardements de l'OTAN. Nous n'avons pas plus d'informations à ce jour sur les conséquences de leur geste et nous n'avons pas non plus d'autres détails sur les perspectives politiques qu'ils se donnent, mais leur refus de tirer sur leurs frères en Yougoslavie, tout comme leur refus d'être considérés comme de la chair à canon, se situent clairement sur le chemin qui mène à l'organisation du défaitisme révolutionnaire. Voici la lettre que les mutins ont signée collectivement pour expliquer les raisons de leur révolte:«Le bateau ne doit pas naviguer. Nous protestons de toutes nos forces contre cette mission. Le bateau ne part pas pour un entraînement. Il sera placé sous les ordres du commandement de l'OTAN et participera, d'une manière ou d'une autre, aux opérations et aux bombardements de l'OTAN à partir de la mer Adriatique. Les assurances de non participation qu'on nous donne ne nous convainquent pas. Après tout, au départ, le trajet du navire était différent et voilà maintenant qu'on nous envoie dans l'Adriatique.
L'argent qu'ils nous offrent pour nous appâter ne nous fera pas changer d'avis concernant cette mission. Les marins et l'équipage de la Marine de Guerre ne sont pas de la chair à canon.
Il n'y a pas de travail pour notre bateau hors de nos frontières!
Le bateau ne doit pas partir!
Les responsables officiels doivent le savoir, si le navire quitte quand même le port ce sera sans notre consentement et sans celui de nos parents.
Nous appelons les grecs à annuler cette mission.
Nous joignons nos voix au peuple
- Contre l'attaque barbare de l'OTAN contre la Yougoslavie
- Pour empêcher notre pays de fournir des équipements à l'OTAN.
Signé: Des marins sur le Destroyer "Themistoklis" - 14 Avril 1999»
Comme dans toutes les guerres précédentes, les Alliés ont gaiement désigné les massacres de prolétaires en Yougoslavie comme une «suprême victoire de la paix, de la démocratie et de la stabilité». Ils n'ont pas menti: leur victoire est toujours favorable à la paix sociale, à la stabilité et à la terreur démocratique nécessaire à la production de capital.
Les faits parlent d'eux-mêmes: l'unique chose qu'aient gagné les ouvriers, ce sont des chaînes supplémentaires -plus d'esclavage salarié- et une terreur accrue dans la vie quotidienne. La bourgeoisie quant à elle est toujours plus riche et plus puissante. Plus ils parlent de paix, plus ils préparent les prochaines attaques contre les prolétaires, que ce soit directement dans la guerre ou indirectement par le biais des partenaires d'affaires de chaque fraction.
Le développement de l'armée, de ses appareils de destruction et de ses machines à tuer a toujours été au premier plan de la science moderne, de la technologie et du développement du marché économique international du capital. Leur paix, leur civilisation, leur progrès et leur développement démocratiques ont systématiquement engendré plus d'exploitation humaine, plus de misère et plus de guerres. Encore une fois, les guerres sont le produit direct de la société du capital. L'Etat et toutes les tendances de la bourgeoisie -libérale, socialiste, pacifiste, nationaliste, conservatrice, fasciste ou anti-fasciste- constituent les fiers défenseurs du système démocratique capitaliste. Peu importe comment ils étiquettent et interprètent les politiques, programmes et actions qui justifient leurs guerres, ils sont tous autant responsables des conséquences de la société d'exploitation qu'ils gèrent et défendent: exclusions, xénophobie, racisme, nationalisme, terrorisme et guerres sont les produits inévitables du capitalisme.
Un porte-parole de l'OTAN commentant un massacre de réfugiés par un pilote de F-16, déclara: «Pouvez-vous imaginer des pilotes d'un pays démocratique faisant une telle chose de façon délibérée?» Au départ, le massacre fut nié et dénoncé comme de la propagande serbe à l'encontre de l'OTAN, puis par la suite, après plusieurs explications plus fausses les unes que les autres, on finit par admettre que des réfugiés avaient bel et bien été tués. Ce scénario fait de mensonges, de dénégations puis d'aveux d'«erreurs» s'est répété plusieurs fois. La Yougoslavie a été intensément bombardée pendant des semaines et l'OTAN se permet encore de dire qu'elle a tué des gens «par accident», que ce n'était pas «intentionnel». C'est en falsifiant de la sorte la réalité des objectifs inhumains des guerres que la bourgeoisie continue à présenter ses politiques, ses projets, ses actions et sa société anti-humaine... comme étant au service de tous les êtres humains.
Les réformistes, les social-démocrates et les pacifistes ont joué un rôle contre-révolutionnaire et anti-prolétarien de première importance dans cette guerre, en désarmant les prolétaires, en les privant de leurs organisations et de leurs luttes de classe, en enfermant les prolétaires comme ouvriers, comme simples citoyens dans des institutions servant les intérêts de l'Etat, en les conditionnant comme chair-à-canon.
A l'image de leurs ancêtres qui dans la dite Première Guerre mondiale, creusèrent la tombe des prolétaires révolutionnaires en Europe et envoyèrent des milliers d'ouvriers et de soldats sur les champs de batailles, les partis de droite comme de gauche sont aujourd'hui à nouveau au centre d'une guerre contre le prolétariat. La gauche bourgeoise de Clinton à Blair, de Schröder à Jospin... tout comme leurs prédécesseurs de Bush à Major/Thatcher, de Kohl à Chirac/Cohn-Bendit... tente de convaincre leurs sympathisants, leur électorat et les ouvriers crédules qu'il y a de méchants dictateurs qui, pour le bien de ce monde, doivent à tout prix être contrôlés et enfermés manu militari.
Les guerres et politiques antifascistes, anti-nazies, anti-soviets, anti-impérialistes, de libération nationales, etc. du passé sont maintenant magnifiées par ces fractions et partis bourgeois de manière à les présenter toutes comme «des guerres justes, défendant l'humanité et la population mondiale» face à certains de leurs dangereux confrères dictateurs: Fidel Castro, Kadhafi, Saddam Hussein, Milosevic,...
A l'instar de tous les conflits entre fractions bourgeoises, la guerre de l'OTAN au Kosovo, fut une guerre pour le contrôle politique, économique et militaire d'une région du monde, ici l'Europe de l'Est.
La liberté de commerce et de concurrence est la loi générale du capital. C'est pourquoi ce dernier ne peut vivre sans guerre. Il est donc réactionnaire et absurde de défiler dans des manifestations pacifistes en hurlant «Arrêtez la guerre!», tout en continuant à faire fonctionner l'économie nationale.
Aujourd'hui glorieuse armée d'Etat, l'OTAN joue le rôle de puissance terroriste super-centralisée du capitalisme et contrôle l'entièreté de la population mondiale à l'aide de ses machines de guerre. L'OTAN se fiche des dits peuples irakiens, bosniaques, albanais ou serbes. Elle s'intéresse uniquement aux affaires, au contrôle du pouvoir; elle cherche à dominer tous les secteurs rentables. La libération des dits peuples irakiens, albanais, palestiniens, indiens ou juifs n'est qu'un mensonge car la seule chose qui compte pour le capital, c'est la libération de son économie assoiffée de sang, de sa civilisation et de son pouvoir contre la classe ouvrière mondiale.
Les minorités révolutionnaires n'ignorent rien de cela et luttent inlassablement contre les idéologies d'Etat, contre les politiques bourgeoises et la puissante propagande des médias. Elles sont conscientes que les intérêts du prolétariat, de la communauté humaine se situent en dehors et contre la société capitaliste. Dans le passé comme dans les luttes récentes, ils ont montré que seul le mouvement révolutionnaire contre les forces bourgeoises peuvent définir le prolétariat comme classe autonome, comme force subversive unifiée et réellement humaine face à l'exploitation capitaliste et aux guerres. Classe contre classe, besoins humains contre dictature du capital, parti et programme révolutionnaires prolétariens et internationalistes contre toutes les fractions et tendances bourgeoises - communisme contre capitalisme.
Le fait est qu'aujourd'hui, la majorité des prolétaires de par le monde, particulièrement en Europe et aux USA, restent passifs et sans voix face à la société capitaliste. Nombre d'entre eux soutiennent même le nationalisme et se sacrifient pour l'intérêt national (leur ennemi direct); beaucoup croient également que les réformistes, les social-démocrates et les pacifistes peuvent leur apporter quelque chose de bon. Nombreux sont ceux qui sont utilisés comme chair-à-canon dans divers conflits «ethniques», «religieux» et nationaux et beaucoup sont tout simplement «contents» de leur vie et se considèrent même «chanceux» de vivre en Europe ou aux USA, esclaves de la culture, de l'argent, du marché, des jeux et de l'ennuyeuse vie quotidienne civilisée et inhumaine sous le capital, esclaves de ses massacres, de ses maladies, de la pollution, du travail et de l'exploitation.
Pour nous émanciper de l'esclavage et de la catastrophe capitaliste, nous, prolétaires devons diriger notre lutte et notre haine de classe contre toutes les forces bourgeoises où qu'elles soient, contre tous les programmes grâce auxquels la bourgeoisie défend ses intérêts. Nous devons nous organiser sur base de notre propre programme révolutionnaire, sur base de notre propre communauté de lutte révolutionnaire internationale pour la destruction totale de cette société bourgeoise et de son terrorisme d'Etat.
Les prolétaires révolutionnaires en Irak dénonçaient en 1991, et Georges Bush, et Saddam Hussein comme étant tous deux des ennemis de classe, nous massacrant autant l'un que l'autre. Il faut dénoncer de la même façon aujourd'hui, Clinton, Blair, Jospin, Milosevic et Cie en les définissant comme de pareils assassins du prolétariat en Yougoslavie.
Les idéologies et les actions humanitaires des réformistes et pacifistes bourgeois n'empêcheront et n'aboliront jamais les assassinats, les souffrances humaines, les désastres sanitaires et naturels engendrés par la société capitaliste et l'Etat mondial. Au contraire, quelle que soit leur tendance, ils participent tous, directement ou indirectement à la production et à la reproduction de l'exploitation, de la terreur et des guerres capitalistes.
Parmi toutes ces forces, ces idéologies et ces partis bourgeois se trouvent les trotskistes, écologistes, humanistes et autres libéraux «radicaux» qui, outre leur honteuse apologie de cette société démocratique et terroriste, osèrent condamner formellement «cette» guerre et exiger l'arrêt des combats. En fait, ils renforçaient l'illusion consistant à penser que les guerres peuvent être évitées en utilisant l'influence pacifiste de leur opinion publique, de leurs journaux et de leurs théoriciens, ou grâce à une bonne politique et au travers des efforts des gouvernements «démocratiques». Leur opposition bourgeoise à la guerre n'est rien d'autre qu'une magouille et un mécanisme étatique de prévention de toute action réellement révolutionnaire contre la guerre et la totalité du système capitaliste.
Partout, les médias ont tenté de nous convaincre qu'il s'agissait d'une guerre entre Serbes et Albanais. Ils ont développé l'incroyable idée que les «Serbes» et les «Albanais» se massacraient mutuellement et qu'ils s'étaient toujours haïs du fait de «leurs» origines et de «leur» religion. Ce mensonge éhonté fait partie d'une politique qui vise à nous faire croire que la société bourgeoise et ses gouvernements nationaux ne sont en rien responsables de cette guerre, ni d'aucune des guerres qui ont émaillé l'histoire du capital mondial. Ils ne peuvent toutefois cacher que les différents camps en présence ont du faire preuve d'énormément d'énergie pour mobiliser leurs armées respectives. Le gouvernement serbe a du s'opposer à des désertions croissantes et à une forte résistance à sa guerre. L'Armée de Libération du Kosovo (UCK) fut confrontée quant à elle à d'énormes difficultés dans la constitution de régiments car elle rencontra peu de soutien dans les camps de réfugiés malgré la propagande et l'appui de l'OTAN. Les deux camps renforcèrent les divisions au sein du prolétariat en encourageant et en assumant des meurtres tout en terrorisant la population sur des bases «nationalistes» et «ethniques». Le secret et l'objectif de tout cela est clair: nier et occulter la nature anti-prolétarienne de la guerre capitaliste et présenter celle-ci comme une guerre entre religions, nationalités, et groupes ethniques divers.
Chaque fois que le prolétariat apparaît comme classe internationaliste autonome et révolutionnaire face aux guerres bourgeoises, il ne laisse aucune place aux idéologies religieuses, nationales ou ethniques qui diviseraient son camp.
Pour se débarrasser de ce système d'esclavage, de massacres et de catastrophes, il n'y a qu'une seule issue: la révolution humaine universelle qui détruira les armées, les gouvernements, les organisations politiques et économiques de la bourgeoisie.
Le prolétariat a entamé à diverses reprises cette oeuvre de subversion humaine, tout au long de l'histoire, mais il ne fut jamais définitivement victorieux. La bourgeoisie, avec toutes ses organisations réformistes, social-démocrates, de droite ou de gauche a écrasé ces insurrections révolutionnaires, massacré les prolétaires et falsifié les objectifs de leurs actes. L'impact de cette réécriture de l'histoire domine encore aujourd'hui nos initiatives et nos actions de classe. C'est pourquoi il serait très simpliste d'imaginer aujourd'hui que la révolution soit sur le point d'éclater.
Il est cependant crucial et nécessaire pour nous, prolétaires révolutionnaires, dès que et là où la possibilité se présente de:
Transformons la guerre bourgeoise en guerre contre toutes les fractions, tous les partis, tous les chefs d'Etat bourgeois, et contre toutes les nations!
A bas la France, l'Irak, Cuba, l'Amérique, la Yougoslavie, Israël, la Russie, l'Angleterre, l'Albanie,... et toutes les nations!
Depuis les origines du mouvement ouvrier, la question de la guerre et de la révolution, la question de l'opposition entre la guerre et la révolution est une question centrale. C'est en période de guerre et de révolution (et l'histoire nous montre l'interaction entre ces deux pôles) que l'on voit le plus clairement qui se situe de part et d'autre de la barricade; la position face à la guerre et à la révolution a été, tout au long de l'histoire, le point déterminant sur lequel un ensemble de forces et de partis qui se disaient révolutionnaires (ou socialistes, ou anarchistes, ou communistes,...) ont été démasqués et ont fini par révéler leur visage contre-révolutionnaire (1), affirmant que telle guerre était juste, que tel pays avait été agressé, qu'ils s'opposaient à la guerre mais... en certaines circonstances seulement, qu'ils appuyaient la libération de telle nation... contre telle autre...
Par contre, du point de vue révolutionnaire, aucun doute n'est permis, nul besoin d'attendre que la guerre se déclare pour en connaître la nature, pas besoin des spéculations géopolitiques à la mode chez les intellectuels bourgeois ou dans les journaux bien pensants (tel Le Monde Diplomatique), peu importe les déclarations que feront les deux concurrents au nom de la paix pour définir qui est «agresseur» et qui est «agressé», comme toutes les positions programmatiques du communisme, la position des révolutionnaires face à la guerre entre Etats bourgeois (ou fractions nationalistes qui prétendent à l'autonomie ou à l'indépendance) est simple et déterminante:
La position classique des révolutionnaires est de s'opposer de toutes leurs forces à toute guerre entre Etats nationaux. Et cette position ne relève pas d'une idée que nous aurions sur ce à quoi nous voudrions que le monde ressemble; cette «idée»-là constitue plutôt le commun dénominateur des pacifistes qui au nom de la paix éternelle, finissent invariablement dans l'un ou l'autre camp de la guerre capitaliste, ratifiant en réalité leur vocation de défenseurs de «la paix des tombes». Non, la position révolutionnaire contre la guerre provient au contraire des intérêts matériels du prolétariat, du fait que son antagonisme général au capital n'est pas une opposition à telle ou telle fraction bourgeoise selon la politique gouvernementale du moment, mais une opposition à l'ensemble de la bourgeoisie, quelle que soit la politique qu'elle mène. Notre antagonisme pratique à toute guerre entre Etats est la conséquence inévitable du fait que nos intérêts ne s'opposent pas aux bourgeois parce qu'ils sont «fascistes» ou «démocrates», de droite ou de gauche, national impérialistes ou impérialistes nationaux, mais purement et simplement parce qu'ils sont bourgeois. Notre opposition est la conséquence d'une vérité incontournable: entre exploiteur et exploité il ne peut y avoir aucune unité qui ne bénéficie pas au premier, tout front ou appui critique à un camp contre un autre bénéficie à la bourgeoisie contre le prolétariat.
Chaque classe agit en fonction de ses intérêts et de son programme fondamental. Le capital n'est rien d'autre qu'un ensemble de capitaux qui s'affrontent. Dans le capital lui-même est contenue la guerre entre capitaux, et c'est précisément pour cela que toutes les fraction bourgeoises, quels que soient leurs discours, participent d'une manière ou d'une autre aux guerres commerciales et militaires qui dérivent de la nature même de la valeur en lutte contre les autres valeurs pour se valoriser.
De la même manière, le prolétariat seul peut agir comme classe en refusant de servir de chair à canon dans les guerres nationales. Il ne s'agit pas d'un choix parmi d'autres, mais de son existence en tant que classe: il n'a aucun intérêt particulier ou régional à défendre qui l'opposerait à d'autres prolétaires, au contraire, chaque fraction du prolétariat, aussi limitée soit son action de classe contre le capital, contient la globalité, exprime les intérêts de l'humanité en s'opposant à toute guerre.
On nous rétorquera que dans de nombreuses guerres nationales les prolétaires ont participé et appuyé l'un ou l'autre camp. C'est vrai, mais ils ne le font pas en accord avec leurs propres intérêts, ils le font précisément sur base de la domination idéologique de la classe dominante. Ils ne le font pas comme classe mondiale mais comme chair à canon des bourgeois. Ils ne le font pas comme classe révolutionnaire mais en se niant comme classe et en adhérant au peuple, à la nation, ce qui est la négation même du prolétariat (qui «n'a pas de patrie»). La guerre bourgeoise, avec participation massive et populaire (comme par exemple la dite Seconde Guerre mondiale) est la liquidation directe du prolétariat, du sujet même de la révolution au bénéfice du capital. Donc au delà des intérêts subjectifs qui attire chaque capitaliste, chaque fraction bourgeoise dans la guerre commerciale puis militaire, le capital dans son ensemble a un intérêt objectif dans la guerre: la destruction du sujet même de la révolution, la disparition, parfois pour une longue période historique, du communisme comme force.
Face à cela, le développement du prolétariat comme classe part de la vie elle-même. En effet, notre lutte commence avec notre existence même comme classe, par notre affrontement, dès notre naissance, à la propriété privée, au capital, à l'Etat. C'est pourquoi, nos positions, en tant que prolétaires révolutionnaires organisés, ne partent pas de considérations sur ce que disent les camps en présence mais de notre affrontement permanent à l'exploitation, aux conditions de vie inhumaines que ce système nous impose et qui atteignent leur degré suprême (d'inhumanité) dans les guerres.
Mais comme la guerre est l'essence même de cette société, comme le capitalisme ne peut vivre sans guerres périodiques et que son cycle de vie se base sur les destructions successives des forces productives, l'unique opposition réelle, radicale, profonde à la guerre est l'opposition révolutionnaire; seule la révolution sociale viendra définitivement à bout des guerres, et pour toujours.
C'est pourquoi le cri des révolutionnaires face à la guerre a toujours été: «transformons la guerre impérialiste en guerre sociale pour la révolution universelle».
Isolée, cette consigne s'est néanmoins révélée historiquement insuffisante car l'opposition réelle à la guerre et au capital international signifie en pratique une opposition ouverte à la bourgeoisie et à l'Etat qui, dans chaque camp, recrute pour la guerre. Et cette opposition s'exprime très pratiquement parce que la bourgeoisie sait utiliser tout l'arsenal terroriste de son Etat pour imposer le recrutement et l'adhésion à la guerre: «état de guerre», censure généralisée, mobilisation générale, fanatisme nationaliste (racisme, xénophobie, sectarisme religieux), répressions des révolutionnaires accusés de favoriser le camp opposé (accusations d'espionnage), de «haute trahison de la nation», etc. (3).
Dans de telles circonstances, se déclarer contre la guerre et la bourgeoisie en général, sans mener une action concrète contre l'augmentation de l'exploitation que toute guerre génère, n'est qu'une simple formule de propagande et non une direction révolutionnaire pour l'action. En effet, la guerre bourgeoise se concrétise avant tout par la guerre d'un Etat contre «son» prolétariat, c'est-à-dire contre le prolétariat de ce pays, pour le broyer, pour liquider les minorités révolutionnaire et l'entraîner progressivement dans la guerre bourgeoise. C'est dire s'il devient indispensable, inéluctable, incontournable d'assumer le fait que «l'ennemi est dans notre propre pays», que c'est «notre propre bourgeoisie», «notre propre Etat». C'est dans la lutte pour provoquer la défaite de «sa propre» bourgeoisie, de «son propre» Etat que le prolétariat assume réellement la solidarité internationaliste avec la révolution mondiale. Ou, pour le dire d'un point de vue plus global, la révolution mondiale constitue précisément la généralisation du défaitisme révolutionnaire du prolétariat mondial.
Mais plus encore, le prolétariat «de» tel ou tel pays (4) ne peut assener un coup de classe à «sa» bourgeoisie et à «son» Etat, ni tendre la main à son frère de classe qui «dans l'autre camp» est en guerre lui aussi contre «sa» bourgeoisie et «son» Etat, sans commettre un «délit de haute trahison», sans contribuer à la défaite de «sa propre armée», sans agir ouvertement pour la dégradation de l'armée de «son propre pays». De plus, le défaitisme révolutionnaire se concrétise non seulement par la fraternité entre les fronts avec les soldats (prolétaires en uniforme) de «l'autre camp» (seul aspect admis par le centrisme), mais aussi par l'action concrète de destruction de «sa propre» armée.
Historiquement, les révolutionnaires se distinguent également des centristes par leur appel à l'organisation indépendante des soldats contre les officiers, par la direction qu'ils donnent à l'action concrète de sabotage de l'armée, par la consigne de tirer contre «ses propres officiers» (et par leur lutte énergique pour qu'elle soit mise en pratique), par le fait de retourner les fusils tournés vers «l'ennemi extérieur» pour le pointer sur les «officiers» de la patrie.
En effet, l'expérience de la guerre et de la révolution et, en particulier, l'expérience concrète de ce qu'on a appelé la "Première" Guerre mondiale a permis de clarifier que la consigne de lutte révolutionnaire contre la guerre bourgeoise est totalement insuffisante et pratiquement centriste si elle n'est pas accompagnée de sa concrétisation pratique, c'est-à-dire de la lutte ouverte contre «sa propre» bourgeoise, pour la défaite de «son propre» Etat. Dans tous les cas, donc, «la guerre contre l'étranger» signifie avant tout «une guerre contre le prolétariat» de ce pays. En effet, lorsqu'on s'est pratiquement affronté à une mobilisation générale dirigée par une bourgeoisie ou un Etat national concret, dire qu'on lutte «contre toute la bourgeoisie quelle qu'elle soit», ou appeler à la «lutte révolutionnaire contre la guerre» sans agir concrètement à la défaite de «son propre» pays équivaut à tomber dans le propagandisme(5) et faire le jeu du chauvinisme.
Pendant la dite Première Guerre mondiale, le centre de la Deuxième Internationale (par opposition à sa droite qui se déclara pour «la défense de la patrie») affirma opposer la révolution à la guerre et lança des consignes aussi radicales que «guerre à la guerre». Mais, dans le même temps, il s'opposa aux consignes défaitistes révolutionnaires parce que, disait-il, (tout comme les généraux de l'armée!) cela bénéficiait à l'ennemi national, et finit donc par proposer des consignes comme «ni victoire, ni défaite».
Il ne faut pas oublier que jamais aucune fraction de la bourgeoisie ne se déclare en faveur de la guerre, elles affirment toutes lutter pour la paix, et les généraux eux-mêmes savent que la paix n'est rien d'autre qu'une arme fondamentale de la guerre. Lorsque les social-démocrates, tel que E.David, votent les crédits de guerre (6), ce n'est pas au nom de la guerre, mais au nom de la paix et pour «empêcher la défaite». Voici comment E. David justifie son vote: «Le sens de notre vote du 4 août est le suivant: non pour la guerre mais contre la défaite». Il est clair que face à la guerre qui se concrétise en guerre entre le prolétariat et «son propre» Etat, tant cette position classique du socialisme bourgeois que celle qui prône «ni victoire ni défaite» désorganisent le prolétariat et contribuent à le mener à la boucherie.
Lénine, sur cette question, se rallia à la «gauche communiste internationale» qui s'opposait à la position centriste dominante dans les conférences internationales (de Kiental et de Zimmerwald). Au delà du fétichisme de l'individu, et malgré toutes les critiques que nous avons faites à Lénine, nous n'hésitons pas à le citer en ces années où il partage effectivement la critique effectuée par les révolutionnaires et que, dans la pratique, il prend position contre le centrisme social-démocrate:
«L'appel à la 'lutte révolutionnaire contre la guerre' n'est qu'une clameur vaine et dépourvue de signification, de celle que savent si bien pousser les héros de la IIème Internationale, si l'on n'entend pas parler ainsi d'actes révolutionnaires contre le gouvernement dont on est le sujet, et d'actes en temps de guerre. Il suffit d'y réfléchir une seconde pour le comprendre. Or, quand on parle d'actes révolutionnaires en temps de guerre, contre le gouvernement de son pays, il est indubitable, indiscutable qu'il s'agit non seulement de souhaiter la défaite de ce gouvernement, mais d'y concourir effectivement. (...). La révolution en temps de guerre, c'est la guerre civile; or la transformation d'une guerre de gouvernements en guerre civile est facilitée par les revers militaires, par les défaites des gouvernements; d'autre part, il est impossible de contribuer à cette transformation en guerre civile si l'on ne pousse pas, du même coup, à la défaite.
Le 'mot d'ordre' de la défaite est bruyamment récusé par les chauvins (auxquels appartiennent le Comité unitaire avec la fraction de Tchkhéidzé) précisément parce que c'est le seul mot d'ordre qui fasse appel de manière conséquente à l'action révolutionnaire contre le gouvernement dont on est sujet, pendant la guerre. Pourtant, s'il n'y a pas d'action de cet ordre, des millions de phrases aussi révolutionnaires qu'on voudra sur la lutte 'contre la guerre et les conditions, etc.' ne seront jamais que de la monnaie de singe. (...) Les adversaires du défaitisme ont tout simplement peur d'eux-mêmes, n'osant pas considérer en face la toute claire évidence de la relation qui existe entre l'agitation révolutionnaire contre le gouvernement et le concours que l'on doit apporter à la défaite de celui-ci. (...) Celui qui tient pour le mot d'ordre 'ni victoire, ni défaite' est un chauvin conscient ou inconscient; dans le meilleur des cas, c'est un mince bourgeois disposé aux conciliations; mais c'est, dans tous les cas, un ennemi de la politique prolétarienne, un partisan des gouvernements actuels, des classes dominantes d'aujourd'hui.» (7)
On notera que le défaitisme révolutionnaire (opposer la révolution sociale à la guerre), cette concrétisation de la position de toujours des révolutionnaires, ne surgit nullement d'une spéculation idéologique sur la politique de telle ou telle fraction bourgeoise, mais de l'essence même du prolétariat, de ses nécessités vitales. En effet, la lutte du prolétariat, la totalité du contenu programmatique de la révolution communiste surgit de la lutte contre l'exploitation. Le plus naturel, c'est que le prolétariat confronté à la guerre non seulement n'abandonne pas la lutte permanente contre l'exploitation (lutte contre «ses propres» patrons, contre «ses propres» bourgeois, contre «ses propres» syndicats, contre «son propre» gouvernement) mais qu'il l'intensifie parce que la guerre implique toujours que les conditions d'exploitation, et en général l'ensemble des conditions de vie (et de lutte), se voient brutalement aggravées. Ce seront ces mêmes bourgeois, ces mêmes syndicalistes, ces mêmes politiciens et gouvernants qui, sans exception, feront en sorte que le prolétariat fasse abstraction de ses conditions de vie et demanderont plus de sacrifices, plus de travail moins payé, et plein d'autres choses qui, selon les pays ou les circonstances, iront de la collecte volontaire pour le front en passant par le décret ministériel qui impose des jours de travail forcé pour soutenir l'effort de guerre ou le prélèvement d'un tel pourcentage du salaire afin de contribuer à l'effort de guerre de la «nation» (Saddam Hussein impose plusieurs mois de travail gratuit afin de financer sa guerre!). Dans ces circonstances, tandis que le nationalisme attaque le prolétariat, le centrisme tente d'affaiblir la lutte révolutionnaire immédiate (8) contre les secteurs de la bourgeoisie qui imposent directement les sacrifices de guerre. Pour ce faire, il n'hésite pas à lancer des consignes vagues concernant l'opposition de la révolution à la guerre en général, arguant qu'il ne faut pas faire le jeu du «pays ennemi», que la lutte contre le capitalisme en général ne requiert pas le défaitisme révolutionnaire dans l'absolu parce que toutes les fractions du capital sont égales (9). Or c'est justement dans ces moments où toute lutte immédiate contre l'exploitation revêt le caractère de sabotage de l'effort national et où la lutte révolutionnaire devient indispensable pour obtenir le pain quotidien que ces positions propres au centrisme (des positions qui ressemblent à une position classique de neutralité bourgeoise augmentée d'un ensemble de déclarations retentissantes contre la guerre et pour la révolution) peuvent faire office d'ultime digue de retenue contre-révolutionnaire.
Dans toute guerre, le taux d'exploitation du prolétariat augmente de façon directe et ses conditions d'existence se dégradent du fait des destructions, du manque d'approvisionnement et parce que toute guerre implique, de surcroît, le déchaînement du terrorisme d'Etat afin de convaincre les prolétaires à tuer et mourir sur le front.
C'est pourquoi lutter contre «sa propre» bourgeoisie, se battre pour la défaite de «son propre» camp national (impérialiste) ne sont pas des positions inventées ou introduites dans le mouvement par les révolutionnaires. C'est le résultat du développement même de la lutte contre l'exploitation qui, avec la guerre, connaît un saut de qualité. La séparation entre économie et politique par laquelle on voudrait embobiner les prolétaires et qui semble avoir une certaine réalité en temps de paix est pratiquement liquidée pendant la guerre: l'illusion de défendre les conditions économiques du prolétariat sans faire de politique s'effondre. Toute action du prolétariat pour défendre ses intérêts vitaux s'oppose à la politique de «son propre» Etat: en temps de guerre, la lutte «économique» du prolétariat est directement une lutte défaitiste, elle est directement une lutte révolutionnaire. Le défaitisme révolutionnaire est une question de vie ou de mort pour le prolétariat. Toute action basée sur les intérêts prolétariens conduit à la défaite de «son propre» Etat et, comme le dit Lénine contre les centristes: toute agitation réellement révolutionnaire est une contribution à la défaite de «son propre camp».
C'est pourquoi, quand on nous dit qu'il faut abandonner la lutte contre l'exploitation, ou que ce n'est pas le moment ou que l'ennemi principal est ailleurs (la «dictature» ou le «fascisme» (10),...), à chaque fois il s'agit en fait de liquider purement et simplement la lutte du prolétariat. Pire encore, comme en périodes de guerre le prolétariat ne peut défendre ses conditions de vie les plus élémentaires sans lutter contre «ses propres» bourgeois, sans agir ouvertement à la défaite de «son propre» gouvernement, s'il ne le fait pas, il renonce non seulement à ses intérêts matériels les plus élémentaires, mais à son existence même comme classe.
C'est dire si la position des révolutionnaires face à la guerre se trouve en complète harmonie avec ces positions générales puisque celles-ci surgissent des intérêts du prolétariat eux-mêmes, de ses intérêts immédiats et historiques qui sont inséparables. Sous aucun aspect et en aucune circonstance le prolétariat n'a intérêt à sacrifier quoique ce soit au nom de la guerre contre l'ennemi extérieur, jamais il n'a intérêt à accepter, sous le fallacieux prétexte que les ennemis sont tous égaux, la consigne «ni victoire ni défaite». Chaque fois qu'on lui parle de laisser de côté ses conditions de vie, chaque fois qu'on lui demande de se sacrifier au nom de la lutte contre le fascisme, l'impérialisme, contre l'ennemi extérieur,... on trahit ses intérêts.
Pour terminer, nous devons répondre à une objection qui se dresse depuis toujours face à la position défaitiste des révolutionnaires. Il est évident que la contre-révolution assimilera la défaite nationale à la victoire nationale du camp adverse. C'est d'ailleurs sur base de cet argument que les centristes lancèrent des consignes telles que «ni victoire ni défaite». Mais il est évident que cette position se situe exclusivement dans le cadre national (et non de classe) et qu'il s'agit là d'une conception qui voit dans la guerre les victoires ou les défaites nationales, et non la liquidation révolutionnaire de l'armée, l'insurrection prolétarienne, etc. Et quand bien même cette position se targue d'être de gauche ou d'extrême-gauche, elle n'en demeure pas moins l'argument militariste et impérialiste par excellence, l'argument des généraux qui mènent la guerre. Pour ces derniers, il est logique que le prolétariat révolutionnaire soit un «traître à la nation», qu'il «favorise l'ennemi de la patrie». La réalité, c'est que plus s'accélère la défaite de l'armée nationale, plus se produisent de soulèvements de troupes et des mutineries insurrectionnelles, plus la fraternisation s'étend sur le front, plus l'armée nationale adverse s'affaiblit également, et on peut vérifier dans l'histoire que ce sont les officiers de «notre propre» armée qui s'entendent alors avec ceux du camp d'en face pour lutter contre le mouvement prolétarien. Et ces accords entre officiers ennemis sont tout à fait normaux vu que la décomposition insurrectionnelle de l'Etat dépasse toujours le cadre strictement national, car lorsque le prolétariat est réellement en train d'attaquer «sa propre» bourgeoisie, «sa propre» armée, «son propre» Etat, c'est toute la bourgeoisie qu'il attaque, toutes les armées bourgeoises, tout l'Etat mondial, bref le capital mondial dans sa totalité. Face à ce processus de défaitisme généralisé, nous voyons tout au long de l'histoire capitaliste la bourgeoisie mondiale cherchant à s'unifier, à obtenir des accords contre la désertion dans les deux camps, à attaquer ensemble les bastions insurrectionnels. Il est inévitable alors que l'affrontement classe contre classe passe au premier plan.
Pour revenir à ce que nous argumentions plus haut, le défaitisme révolutionnaire est la meilleure manière de transformer la guerre impérialiste en guerre civile révolutionnaire, la guerre entre nations ou fractions du capital en révolution sociale.
En outre, plus s'affirment la défaite et la désorganisation de «notre propre» Etat, moins celui-ci est capable de réprimer l'action révolutionnaire et plus il est facile de communiquer et de centraliser l'action révolutionnaire développée par le prolétariat dans l'autre camp. La lutte «contre sa propre bourgeoisie» et contre «son propre» Etat atteint ainsi un niveau suprême lorsque, des deux cotés du front, l'agitation et l'action directe entraînent la désorganisation et la défaite révolutionnaire de toutes les armées, fortifiant face à celles-ci l'action révolutionnaire du prolétariat.
Il est clair que souvent, le défaitisme révolutionnaire est beaucoup plus fort dans un camp que dans l'autre. Cela résulte en général du fait que l'affaiblissement politico-militaire de l'armée est plus important dans un camp que dans l'autre et/ou du fait de l'action révolutionnaire elle-même, de l'organisation de soldats, du caractère plus décidé des secteurs d'avant-garde du prolétariat. Du point de vue bourgeois, tout cela sera utilisé pour affirmer qu'on favorise ainsi le camp national opposé. Mais la force du défaitisme révolutionnaire dans un camp permet de développer et de renforcer de manière plus décidée encore le défaitisme révolutionnaire dans le camp adverse. Les mécanismes qui ont donné des résultats dans «notre» camp y seront également appliqués. Ainsi, l'action coordonnée avec les internationalistes qui se trouvent dans l'autre camp permettra une propagande défaitiste bien plus efficace, les appels à la désertion «dans l'autre camp» auront bien plus de force et seront mieux compris par les soldats eux-mêmes.
Il ne faut pas oublier que la transformation de la guerre impérialiste en guerre sociale révolutionnaire est possible grâce à la généralisation du défaitisme révolutionnaire, qui à son tour requiert une agitation et une action directes dans tous les camps. Cette agitation et cette action directes devront être mises à profit par les secteurs d'avant-garde du prolétariat qui coordonneront l'action par dessus les lignes de front que la bourgeoisie internationale tente d'imposer. Ce sera précisément dans le camp où le défaitisme révolutionnaire est le plus général et le plus profond que les minorités d'avant-garde seront les plus aptes à développer le défaitisme révolutionnaire dans le «camp adverse». En conséquence, là où le défaitisme révolutionnaire est le plus faible, là où la répression s'exerce sans entrave, etc. le soutien internationaliste le plus important viendra des camarades qui, dans «l'autre camp», parviendront à imposer la défaite révolutionnaire. Comme on l'a dit, l'aide la plus précieuse des camarades de «l'autre camp» viendra de la défaite révolutionnaire de «leur» armée; et à mesure que cette dernière se décomposera, ces camarades verront croître leur capacité d'appeler à la fraternisation sur les fronts, à la désertion, à l'organisation de la lutte pour la généralisation du défaitisme dans toute les armées bourgeoises.
Le défaitisme révolutionnaire est, par essence, général et jamais national. Bien qu'il s'exprime à différents niveaux dans les différents pays ou camps bourgeois, lorsqu'il se concrétise dans un pays ou dans un camp, il tend inévitablement à se généraliser aux autres. Cette détermination historique est prise en charge et dirigée par l'avant-garde du prolétariat qui tente de concentrer ses efforts défaitistes (de propagande, d'action, de sabotage,...) précisément dans les lieux et «camps» de la guerre impérialiste où le défaitisme a le moins de force pour montrer au prolétariat de «ce camp» qu'avec le défaitisme révolutionnaire on n'a rien à perdre mais un monde à gagner.
Dans toutes les grandes expériences révolutionnaires on a pu constater un phénomène inévitable de généralisation du défaitisme révolutionnaire (11). Contrairement aux arguments défensistes ou neutralistes (des centristes), loin d'être plus contrôlable ou envahissable, un pays dans lequel le défaitisme révolutionnaire s'est imposé comporte un risque énorme pour la bourgeoisie du camp opposé qui voudrait continuer la guerre inter-bourgeoise. Depuis la Commune de Paris jusqu'à la révolution prolétarienne en Russie en 1917 on peut constater que face au mouvement insurrectionnel du prolétariat, «l'armée nationale adverse» se trouve paralysée et confrontée a une importante tendance à la fraternisation ainsi qu'à des mouvements de troupes contre «leurs propres» bourgeoisie. Lorsqu'en 1918/1919 la bourgeoisie allemande décide de faire fi de cette loi et de continuer la guerre impérialiste contre la Russie insurgée, elle s'aperçoit rapidement que le défaitisme révolutionnaire prend une force insoupçonnée en Allemagne grâce à la «contagion» et à l'action défaitiste révolutionnaire des communistes des deux camps. Résultat l'insurrection prolétarienne se propage aussi en Allemagne. Les anciens alliés de la Russie déclarent ensuite également la guerre à la Russie révolutionnaire sous prétexte qu'elle «n'a pas respecté les accords diplomatiques et militaires antérieurs», et une dizaine d'armées tentent alors de liquider le mouvement insurrectionnel en Russie. Mais ici aussi le défaitisme révolutionnaire se généralise à toutes les armées et l'organisation d'ouvriers et de soldats ainsi que la fraternisation, l'exécution d'officiers, l'occupation de navires par les marins en révolte et de casernes par la troupe s'étendent tant dans les forces armées françaises que dans les forces armées belges, anglaises,... Le défaitisme révolutionnaire est général dans tous les pays qui ont participé à la guerre, à l'instar de la vague d'insurrection prolétarienne mondiale de 1919. Les bourgeois les plus lucides comprennent alors qu'il n'est pas possible de combattre une insurrection et le défaitisme révolutionnaire en envoyant plus de soldats, plus d'armées car celles-ci se décomposent toujours plus rapidement et toujours plus violemment face au prolétariat insurgé. Winston Churchill exprimera cette vérité lorsqu'il dira que tenter d'écraser une insurrection avec une armée équivaut à tenter d'arrêter une inondation avec un balais.
Le défaitisme révolutionnaire ne peut jamais être conçu comme une question de pays ou de nations, mais comme une opposition générale du prolétariat au capital. Jusqu'à présent, nous avons parlé, sans autre éclaircissement, de «notre propre» bourgeoisie, de «notre propre» Etat, etc. Mais, comme tous nos lecteurs le savent, notre groupe n'a jamais cessé d'affirmer, depuis son origine, que l'Etat est mondial, que le capital est mondial. Du point de vue défaitiste révolutionnaire lorsqu'on agit contre «sa propre» bourgeoisie ou «son propre» Etat, cela n'a rien à voir avec la nationalité des bourgeois ou du gouvernement qui nous fait face, comme nos ennemis tentent de le faire croire en déformant le contenu invariant de nos positions. Nous ne répéterons jamais assez que le prolétariat doit lutter contre tous les bourgeois, contre tous les gouvernements. Il s'agit d'affirmer la lutte contre les patrons directs et les corps de répression directs, mais comme partie de la lutte mondiale du prolétariat contre la bourgeoisie mondiale. La lutte du prolétariat ne peut reposer sur aucun intermédiaire, et c'est exactement pour cela que la lutte contre le capital est toujours lutte contre l'exploitation et la répression étatique directes. La lutte contre la répression et l'exploitation directes attaque les bases mêmes de l'accumulation mondiale du capital et de l'Etat mondial. Autrement dit: la caractéristique centrale de la lutte du prolétariat est la centralité organique de son action directe contre le capital, par laquelle (contrairement à la lutte du capital) même si cette lutte se produit dans un seul quartier, un seul district industriel, une seule ville, elle contient la totalité et représente, indépendamment de la conscience qu'en ont les protagonistes, les intérêts organiques généraux du prolétariat comme globalité.
Pour la bourgeoisie et pour le prolétariat, les déterminations centrales de la lutte sont exactement à l'opposé les unes des autres. Même lorsqu'elle prétend avoir une validité générale, la lutte d'une fraction bourgeoise (12) contient toujours un intérêt égoïste et particulier parce que tout mouvement de valorisation s'attaque à d'autres processus de valorisation aux intérêts forcément contradictoires. C'est pourquoi la notion d'unité défendue par une fraction bourgeoise est fondamentalement une unité démocratique, une alliance instable, résultat de l'unification d'intérêts opposés, et elle se fissure sans cesse. Quels que soient les niveaux d'unification bourgeoise il s'agit toujours d'une union temporaire, contre d'autres fractions rivales. En revanche, le prolétariat, même lorsqu'il lutte sur un aspect particulier, affirme son être organique comme totalité face au capital dans son ensemble.
C'est pourquoi, lorsque nous disons «notre propre» Etat, «notre propre» bourgeoisie, nous entendons non pas la bourgeoisie et l'Etat de cette nation (13), mais simplement la bourgeoisie qui nous exploite directement, ceux qui nous répriment au quotidien, les curés et/ou les syndicats que nous devons affronter chaque jour et qui tentent de nous mener à l'abattoir qu'est la guerre, en un mot, la tentacule de l'Etat mondial qui nous enserre et que nous devons trancher pour améliorer le rapport de forces général face au monstre capitaliste international.
Si à un moment donné, pour rétablir l'ordre du capital, d'autres patrons sont mis à la place de ceux que nous affrontons chaque jour, ou si le gouvernement national sollicite une aide extérieure pour nous réprimer, le défaitisme révolutionnaire continuera à s'appliquer contre ces nouveaux patrons et ces nouvelles forces répressives directes indépendamment de leur nationalité, de la même manière et pour les mêmes raisons que furent combattus les anciens patrons et l'ancien gouvernement. Cette position est fondamentale dans le cadre de la polémique bourgeoise et impérialiste concernant la libération nationale. En effet, on a maintes fois tenté de dévier la lutte contre les bourgeois locaux vers la lutte contre les bourgeois «impériaux» (14) et on à maintes fois tenté d'imposer la lutte entre fractions nationales contre la lutte de classes. La situation la plus complexe survient lorsque la bourgeoisie locale, totalement dépassée par «son propre» prolétariat et ayant pour opposition des secteurs bourgeois tenant des discours «anti-impérialistes», sollicite l'aide de la fraction «impérialiste» pour réprimer le prolétariat insurgé; ou, lorsque la fraction bourgeoise qui se dit «anti-impérialiste» s'impose militairement aux autres. Dans ces cas-là, on essaye de coincer le prolétariat entre deux forces impérialistes, cherchant ainsi à transformer sa lutte sociale en guerre impérialiste. Mais même dans cette situation, on ne se trouve pas face à un phénomène nouveau. Il s'agit d'une classique guerre impérialiste contre le prolétariat, recouverte, comme toute guerre impérialiste, de drapeaux nationaux (15). Il est clair que face à cette dernière la position des révolutionnaires ne change pas d'un iota, au contraire! Le défaitisme révolutionnaire démontre toute sa pertinence et continue de s'appliquer intégralement tant face aux «libérateurs de la nation» qui se prétendent anti-impérialistes que face à la force militaire de la «puissance impérialiste» qui cherche à rétablir l'ordre.
Dans toutes les situations donc, la lutte révolutionnaire pour la transformation de la guerre impérialiste en guerre sociale contre «sa propre» bourgeoisie se concrétise par le défaitisme révolutionnaire, autrement dit par la lutte contre l'ennemi qui se trouve «dans notre propre pays», contre celui qui assume directement, au nom du capital mondial, «notre» exploitation directe, «notre» répression directe. La force du prolétariat face au capital dépend précisément de sa capacité à s'adapter à la lutte contre les différentes fractions bourgeoises, contre les différentes formes de domination que le capital essaye de nous imposer.
Face à toute guerre bourgeoise, les révolutionnaires ont donné, donnent et donneront toujours la même consigne de défaitisme révolutionnaire.
Aujourd'hui comme hier:
L'ennemi est dans «notre propre pays», c'est «notre propre» bourgeoisie!
Les armes qu'ils veulent que nous pointions sur l'étranger, retournons-les contre «notre propre» Etat!
Transformons la guerre interbourgeoise en guerre révolutionnaire!
Transformons la guerre entre Etats en guerre de destruction de tous les Etats!
«Le prolétariat et la guerre» a été écrit en 1935 par la Ligue des Communistes Internationalistes. Il rappelle que le capitalisme a besoin de la guerre pour se régénérer et appelle les prolétaires, partout, à refuser toute solidarité avec «leur» propre bourgeoisie.
Nous republions des textes ou extraits de textes exprimant deux positions contradictoires, développées au sein de la Ligue des Communistes Internationalistes, sur les causes fondamentales des guerres impérialistes: l'une, la tendance Jehan, affirmant que la guerre est le produit de l'antagonisme de classe; l'autre, la tendance majoritaire de Hennaut, comprenant la guerre comme le développement des contradictions entre Etats bourgeois.
L'économie capitaliste est toute entière économie de guerre, économie de l'armée. Ce sont toujours les armées qui prennent de l'avance sur le reste de la société, préfigurant les évolutions, les changements dans les structures sociales, les réformes dans les structures productives et distributives. Pour les révolutionnaires, il est fondamental de connaître l'armée pour pouvoir la détruire.
Malgré la recrédibilisation de l'armée au moyen des droits de l'homme, du féminisme, du «black power», l'armée reste secouée des mêmes contradictions sociales qui ébranlent l'ensemble de la société. La perspective d'anéantissement de toute armée, de tout plan de guerre de la bourgeoisie dépend directement de la capacité du prolétariat à s'organiser.
Comme pour toutes les guerres, les médias ont tenté de présenter la guerre Iran-Irak comme une simple bataille entre pays rivaux. Face à l'information fabriquée de toute pièce, nous présentons une série de faits qui mettent en évidence l'action défaitiste révolutionnaire et la guerre de classe qui se déroule dans cette partie du monde, et nous appelons également à la solidarité internationaliste du prolétariat.
En pleine guerre du Golfe, ce texte explicite la nécessité capitaliste de la guerre et situe le cadre général de notre analyse. La guerre s'explique alors principalement en tant que guerre contre le prolétariat, et secondairement seulement comme conflit militaire inter-impérialiste. Malgré le peu d'informations dont nous disposons à ce moment, nous affirmons, à l'encontre du mythe de la supériorité de la Coalition, que c'est le prolétariat qui à mis fin à la guerre et plus particulièrement le prolétariat en Irak, par sa rupture avec l'union nationale.
Sur base d'un choix d'extraits d'articles de l'époque, nous exposons l'antagonisme existant entre les positions patriotiques de la social-démocratie et celles des révolutionnaires. Dans le même temps, nous démontrons que la réelle frontière de classe entre patriotisme et internationalisme a traversé toutes les organisations et dénominations formelles: «socialistes», «anarchistes», «anarcho-syndicalistes».
On présente ici le cadre général de la restructuration de l'Etat en Yougoslavie et de la lutte de classe dans cette région. On y décrit l'exacerbation des contradictions de classes et des contradictions interbourgeoises, nationales et internationales, avant que s'impose la guerre impérialiste.
Le capital surproduit des capitaux. La marché mondial déborde d'immenses sommes d'argent à investir, mais les capitalistes éprouvent de plus en plus de difficultés à trouver un endroit, un secteur qui permette de les valoriser. Grands travaux, réformes, fusions de grandes entreprises, «new deal», rien n'y fait... il y a trop de marchandises. Et la marchandise force de travail elle-même, source de valeur indispensable pour ceux qui exploitent, est en surnombre. Oui, les prolétaires sont de trop.
Ils étaient de trop en 1870, et la guerre éclata entre la France et l'Allemagne...
Ils étaient en trop dès 1905, et quelques années plus tard la guerre de 1914 embrasait une nouvelle fois le monde...
Ils étaient toujours de trop dans les années '30, et en 1939 c'était reparti, 60 millions de prolétaires excédentaires à la boucherie...
Engorgée de capitaux depuis le milieu des années 1970, la crise de la société actuelle n'en finit pas de hoqueter des guerres, comme autant de petit répits gastriques avant les grands rejets sanglants. Il y a trop de capitaux, trop de moyens de production, trop de concurrents, trop de marchandises,... trop de prolétaires.
On rétorquera que du point de vue de l'homme lui-même, il n'y a pas trop de marchandises, il n'y a pas surproduction de choses, puisqu'une bonne partie de l'humanité continue à crever de faim... C'est vrai, mais nous avons pris ici le point de vue de l'économie, de la recherche de profit, de la valeur qui doit engendrer de la valeur, de l'argent qui doit faire de l'argent. Nous avons pris le point de vue qui nous est imposé par la dictature du capital, et ce point de vue ne s'intéresse nullement aux besoins de l'être humain.
De ce point de vue donc, en temps de crise, le prolétaire est excédentaire.
Mais que faire de ces masses en surnombre? C'est bien là le problème de l'Etat capitaliste. Des chômeurs, il n'en veut pas.
On l'a dit, il y a la guerre. Mais tant qu'elle n'a pas détruit de manière massive et généralisée, elle crée plus de problèmes qu'elle n'en résout. La situation des réfugiés par exemple démontre jusqu'à la caricature le caractère excédentaire de l'homme lorsqu'il n'a ni richesse, ni possibilité de vendre sa force de travail.
Pour imager cette réalité, nous nous bornerons à prendre deux exemples distincts dans le temps et l'espace: la Yougoslavie actuelle et la Grande-Bretagne d'avant la guerre '40-'45.
Oh! bien sûr, l'OTAN avait besoin d'images de détresse pour alimenter ses propres buts guerriers, et elle ne s'est pas privée de faire la publicité de ces longues queues de réfugiés jetés sur les routes ou d'insister sur les quelques centaines de kosovars accueillis temporairement en occident. Mais derrière le spectacle, tout le monde a bien vu l'embarras général d'une société incapable de répondre à long terme aux problèmes rencontrés par des centaines de milliers de personnes à la recherche d'une possibilité de survivre.
Les milliers de prolétaires souffrant dans les camps au sortir du Kosovo, c'est intéressant pour l'image de propagande dans l'album souvenir des justifications de l'OTAN, mais comme masse de bras tendus vers le marché, c'est l'enfer!
Personne n'en veut: les frontières de l'Albanie et de la Macédoine se ferment ou laissent passer au compte-goutte, les pays occidentaux fixent des quotas d'accueil et insistent sur le fait qu'il faut renvoyer tout ce beau monde au Kosovo avant l'hiver (1), les réfugiés s'entassent dans des camps et on leur barre l'accès des villes...
Et c'est la même chose dans l'autre camp, en Serbie. Après avoir qualifié de «résistants» et de «patriotes» les prolétaires serbes qui s'étaient tout simplement retrouvés coincés au Kosovo pendant les pogromes de l'armée serbe contre les prolétaires kosovars, voilà maintenant qu'avec les accords de paix et l'arrivée de l'UCK, l'Etat serbe traite de lâches cette même masse de prolétaires qui, par crainte des représailles de l'UCK à leur encontre, n'a plus d'autre solution que de remonter sur Belgrade.
Des masses de prolétaires serbes immobilisés sous les bombes au Kosovo, c'est intéressant pour les statistiques dont Milosevic a besoin pour vendre l'image d'une guerre patriotique, mais les mêmes bloqués à l'entrée de Belgrade sur leurs tracteurs, tendant leurs bras vers la capitale, ça fait mauvais genre!
Et les voilà encore une fois, les excédentaires, les masses de prolétaires en trop, les surnuméraires. Ni l'OTAN (qui a aussi refusé l'asile politique aux déserteurs serbes), ni l'Etat serbe n'en veut.
Chair à canon, oui. Bouche affamée, non.
L'article qui suit, illustre cette dernière situation. Il a été écrit par une écrivain serbe, restée à Belgrade pendant la guerre et qui a consigné ces quelques notes dans son journal de bord, lors de l'arrivée de ces affamés dans la capitale yougoslave. Personne n'en a parlé. Quelques rares mots en occident et peu d'images en Serbie: ces prolétaires n'existent pas.
Le point de vue de l'auteur importe peu ici. Ces notes illustrent simplement le fait que du côté des vaincus serbes, la guerre amplifie aussi le caractère excédentaire de ceux qui n'ont que leurs bras pour vivre.
«Hier soir, aux portes de Belgrade est arrivé le peuple qui n'existe pas. Il a obstrué les rues par de longues files d'autos et de tracteurs. Sur ces autos, sur ces charrettes, ces gens avaient chargé tout ce qu'ils possédaient. Ils étaient maintenant, enfin, arrivés au terme de leur long voyage. Ces gens sans retour et sans nom sont restés bloqués à l'entrée de la capitale sans qu'il ne leur soit permis d'aller plus avant: c'est ici que leur voyage se termine. La colonne de réfugiés, des serbes fuyant les villes kosovares qui passent sous contrôle de l'UCK, a commencé à se retirer avec l'armée. Ce peuple laisse derrière lui tout, absolument tout ce qu'il a gagné durant une vie entière. Officiellement, ces milliers de personnes n'existent pas, ce sont des fantômes, des revenants. D'eux, on ne parle pas, face à eux, on ferme les yeux.
Depuis leurs Mercedes équipées d'air conditionné, les fonctionnaires rient de ces fantômes. Ils nous confirment qu'ils n'existent pas, mais la nuit, calmement, ils essayent de convaincre la colonne de réfugiés de retourner d'où elle vient. Ils disent qu'il n'y a aucun danger pour eux, qu'il ne faut pas avoir peur et que maintenant, librement et spontanément, directement, "sur le champ", il faut repartir. Par ailleurs, ces gens affirment que c'est notre "armée nationale" qui leur a ordonné de partir! Sans doute, mais à Belgrade, on n'en veut pas parce qu'ils gâchent la célébration d'une grande victoire. Ces pauvres gens embarrassent tout le monde et tout particulièrement le régime de malfaiteurs qui veut désormais nous convaincre qu'il n'a rien fait.
Ces personnes dérangent également les sceptiques "patriotes de l'arrière" qui ont passé les journées de guerre à provoquer les clients des cafés absorbés dans leurs pensées devant leur capuccino, instiguant la haine nationaliste, appelant à la guerre totale, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus un seul albanais vivant. Et, arrosant leurs paroles de coca-cola, ces turbo-serbes éprouvent maintenant de la nausée pour ces réfugiés. Ils disent qu'ils contamineront Belgrade, que ces gens appartiennent à la terre et non à l'asphalte, qu'ils n'ont rien à faire dans notre ville.
Le plus triste c'est que c'est vrai! Les gens qui ont abandonné leur terre, contraints de partir pour la ville, n'apportent rien de bon ni pour eux-mêmes ni pour la ville. Mais il n'y a rien d'autre à faire, ces gens existent. Indépendamment de ce que les informations officielles essayent de cacher, ils sont ici, face aux barrières, à moins de 10 km du centre-ville, et ils savent exactement qui les a chassés de leur maison, qui a frappé le premier et qui se fiche maintenant des conséquences. Ces gens sont des témoins indésirables, ils ont vu de leurs propres yeux les "actions héroïques" de notre police. Et qui désire maintenant les voir se promener en liberté et raconter leurs traumatismes, les crimes auxquels ils ont assistés? A qui peuvent bien servir ces témoins de notre "glorieuse bataille"? Voilà les conséquences de la politique patriotique du plus grand patriote de tous les patriotes serbes et du plus grand fils de la nation serbe; voilà comment se comporte cette ville que les habitants ont fui et où maintenant veulent entrer d'autres pauvres gens. Car c'est bien ainsi que s'est conservée cette ville durant cette dernière décennie, les meilleurs s'en vont parce qu'ils doivent s'en aller, et la ville ressemble chaque jour un peu plus à un village. Et même si elle ressemble à une bourgade embourbée dans la fange, ces gens doivent y entrer car ils n'ont pas d'autre choix.
Les spectres sont maintenant face à Belgrade et les gardes protègent la "ville dorée" afin de la préserver de la souillure du malheur humain. Aujourd'hui j'ai honte d'être belgradoise, j'ai honte de ma ville, de la ville que j'aime le plus au monde.»
(Biljiana Srbljanovic, Belgrade)
Qu'ils soient coincés sur des tracteurs à la frontière albanaise ou qu'ils attendent dans un embouteillage de charrettes à l'entrée de Belgrade, dans un camp comme dans l'autre, la guerre n'a que faire de ces prolétaires. Et ni les opérations humanitaires de l'OTAN, ni le patriotisme de la propagande serbe ne parviendront à cacher que la guerre capitaliste se fiche des nationalités et que c'est toujours le prolétariat qui est massacré.
La guerre au Kosovo ne s'est faite ni pour protéger la population contre des terroristes, ni pour libérer un peuple de son dictateur. Elle répond au besoin capitaliste de régénérer, par la destruction, un nouveau cycle de valorisation. Elle est déclenchée pour conquérir des marchés, abattre un concurrent impérialiste, et son rôle objectif est la destruction de l'être révolutionnaire en puissance que constitue le prolétariat.
Anéantir les marchandises excédentaires est un besoin impérieux, et en premier lieu la force de travail surnuméraire, les masses de chômeurs, de sans-emploi, de sans-abri, d'affamés, de déshérités qui enflent de jour en jour.
Que faire de ces marchandises dont le capital ne veut plus?
On peut laisser les prolétaires mourir de faim et de maladies, les massacrer dans des guerres locales et «ethniques», ou encore, comme on va le voir ici, les enfermer dans des camps de travail forcé, c'est-à-dire des camps de concentration.
Et des camps de concentration, il y en a toujours eu et il y en a encore. A chaque fois que le besoin de se débarrasser de la marchandise force de travail commence à se faire sentir, on rassemble les prolétaires dans des camps et on les fait travailler. Il s'agit d'abord de les garder sous contrôle, d'empêcher qu'ils s'organisent contre le chômage et la misère grandissante. Il s'agit ensuite, comme c'est le cas aujourd'hui en Italie avec l'afflux massif de réfugiés albanais, de ne pas laisser dans la nature des milliers de prolétaires risquant de déséquilibrer la fragile paix sociale régnant encore dans le pays. Et il s'agit enfin, lorsque la guerre se généralise et que la mort elle-même se banalise, de liquider purement et simplement ces masses devenues inutiles, dangereuses et coûteuses. C'est ce qui s'est fait massivement un peu partout en Europe, il y a à peine 50 ans de cela.
Quelles que soient les époques et les endroits, concentrer les prolétaires excédentaires dans des camps et les terroriser est le premier symptôme du besoin d'une société qui s'apprête à détruire pour se régénérer.
Aujourd'hui, principalement en occident, la démocratie -un autre nom pour l'exploitation capitaliste- fonde sa justification sur l'antifascisme. Il s'agit de promotionner la mémoire des atrocités commises par le fascisme pour mieux assurer l'amnésie des crimes commis par le camp antifasciste (2). C'est en somme, banalement la démarche dont tout «vainqueur» est coutumier dans une guerre impérialiste. Le vainqueur ne fait jamais la publicité que des barbaries commises par le camp vaincu.
Voici pourtant, sur base d'informations tirées de l'édition du Sunday Times du 9 août 1998, un nouvel exemple de camps de travail construit avant la dite seconde guerre mondiale et dont il se peut que les «Nazis» se soient inspirés.
Entre 1929 et 1939, sous l'égide du gouvernement du très socialiste Ramsay MacDonald, quelques 25 camps de concentration seront construits dans les coins les plus reculés de Grande-Bretagne et plus de 200.000 jeunes sans-emploi y transiteront. Dans ces camps, on l'on séjournait trois mois minimum, les prolétaires étaient forcés de travailler 9 heures par jour, de creuser des trous, abattre des arbres et casser des cailloux pour faire des routes (3). Habillés d'uniformes similaires à ceux des prisonniers, ils vivaient dans des cabanes en bois, et du maigre salaire qu'ils touchaient étaient déduits leur nourriture et leur loyer. Tout qui refusait ces trois mois d'esclavage perdait aussitôt, et pour toujours, ses allocations de chômage.
L'idée géniale du Sieur MacDonald, socialiste d'avant-garde au service du capital, était de soumettre pendant trois mois les prolétaires sans emploi à des conditions de vie et d'esclavage telles qu'il leur passerait l'envie de refuser même les travaux les plus dégradants par la suite. Donc, de créer une situation telle que n'importe quel emploi serait préférable au sort réservé aux prolétaires dans ces camps.
La fin des années '20 et les années '30 furent des années de crise mondiale. En obligeant la force de travail excédentaire -les chômeurs- à rester mobilisée par le travail forcé, les gouvernements cherchaient à dégager les villes de l'agitation qui commençait à y régner. La dite seconde guerre mondiale et l'envoi de milliers de ces prolétaires sur les fronts constituera le parachèvement de ce grand nettoyage. Mais, durant les dix années qui précèdent son déclenchement, tous les préparatifs se mettent en place. Les camps de concentrations anglais fournissent de la main d'oeuvre très bon marché et font considérablement chuter les chiffres du chômage. Le prolétariat est ainsi placé sous contrôle, enrôlé de force dans les camps de travail avant de l'être dans l'armée.
Bien que tous les rapports gouvernementaux de cette époque aient «disparu», certains prisonniers aujourd'hui âgés de 80 ans et plus confirment qu'il s'agissait bien de camps de travail forcé, d'esclavage et de terreur.
«L'expérience était inhumaine et dégradante. Avec le recul, je me rend compte que notre traitement n'était guère différent de celui infligé par les nazis.» se souvient W.Eccles qui passa trois mois dans le camp de Glenbranter lorsqu'il avait 18 ans.
«Seules les chaînes manquaient. Les responsables étaient odieux. C'était de l'esclavage. Ils se mettaient au dessus de nous et hurlaient et nous criaient de travailler plus dur, mais on travaillait dur de toute façon pour ne pas crever de froid. Personne ne voulait aller dans ces camps, mais on y était forcé», ajoute C.Ward, lui aussi interné en 1932 pour 3 mois de travaux forcés.
Cette politique, qui répondait au doux nom de New Deal (une appellation reprise un peu plus tard aux USA sous Roosevelt), a tout récemment été remise au goût du jour en Grande-Bretagne par le très socialiste anglais Tony Blair.
Le New Deal de Blair, c'est un plan qui prévoit que tous les sans-emploi de moins de 25 ans perdront leurs allocations de chômage s'ils refusent les propositions d'emploi qui leur sont faites. C'est-à-dire que quels que soient le salaire et les conditions de travail que l'on vous propose, il n'est plus question de refuser ou d'émettre une revendication.
Hier comme aujourd'hui, se taire et accepter, telle est la règle, sous peine de mourir de faim.
Hier et aujourd'hui, les mêmes causes capitalistes produisent les mêmes camps...
Que ce soit en Italie, en Israël, ou peut-être bientôt à nouveau en Grande-Bretagne, le souci de l'Etat est toujours le même: contraindre par la terreur le prolétariat à subir sans broncher les attaques successives de ce système de misère et de mort.
S'il pouvait nous jeter à la mer, il y a longtemps que nous servirions de nourriture aux poissons. Mais on ne peut décemment pas nous jeter à la mer (4), alors, on nous enferme dans des camps de concentration, de travail, de réfugiés, de déplacés, des centres fermés,... On nous coupe les vivres et on nous rend dociles et imbéciles afin que nous partions, la fleur au fusil, pour le prochain carnage généralisé.
Mais, nous, les prolétaires aujourd'hui dévalorisés, appauvris, massacrés, sacrifiés sur l'autel de la valeur, nous ne sommes pas impuissants. Partout dans le monde, de façon sporadique et non centralisée notre classe résiste, se rebelle, déserte, sabote,...
Nous sommes riches de l'expérience historique de notre classe. Réapproprions-nous la mémoire collective de nos luttes d'hier et centralisons nos combats d'aujourd'hui. Organisons-nous pour mettre fin à ce système qui se nourrit de notre chair et de notre sang!
Nous ne sommes excédentaires que pour le capital; pour le communisme, «prolétaires» rime avec «révolutionnaires»!
On sait aussi que pour donner quelque consistance à cette religion de la paix qui anime les différents Etats en guerre, une multitude d'organismes internationaux, telle la Fondation Nobel dont nous allons parler ici, distribuent régulièrement des bonnes notes à leurs plus fidèles défenseurs.
Ce qu'on sait déjà un peu moins, généralement, c'est que le fondateur du Prix Nobel, Alfred Nobel pour le nommer, n'était rien d'autre qu'un vulgaire marchand d'armes, et que c'est pour se racheter -il faut dire en passant qu'il avait également inventé la dynamite- qu'il décida un jour de léguer une partie de sa fortune à l'oeuvre de la paix. Ce doux capitaliste possédait alors quelques 80 usines produisant sur les 5 continents plus de 66,000 tonnes de dynamite et de plastic par an.
Mais ce que presque tout le monde ignorait, avant que le journal britannique The Observer n'en fasse la publicité en décembre de l'année écoulée, c'est que la Fondation Nobel qui aujourd'hui finance entre autres le prix Nobel de la paix, investit massivement ses capitaux... dans les industries d'armement. Conséquences très concrètes, et pour ne prendre que deux exemples: des armes fabriquées grâce aux capitaux Nobel tirent sur les manifestants en Birmanie et des avions construits avec des capitaux Nobel bombardent la population à Timor-Est... Cela pose-t-il un problème de conscience à la «Nobel Company»? Pas du tout! Elle a bien saisi le message de son fondateur: pour se «racheter», il suffit de mettre le prix.
Ainsi fut fait. En 1991, on récompensa du prix Nobel de la paix l'«opposante» birmane Aung Sang Suu Kyi, et en 1996, à Timor-Est, Carlos Filipe Ximenes Belo et Jose Ramos-Horta, deux leaders de l'«opposition», sont gratifiés du même prix. Le cynisme bourgeois n'a plus de limite.
Que le monde soit tout entier axé sur la recherche de valorisation n'est pas vraiment un scoop, et il est vrai que ce n'est pas la première fois non plus qu'on retrouve les promoteurs d'une grande affaire de bonté universelle dans les bras de ceux-là mêmes qu'ils désignent comme le mal absolu (cf. par exemple, le Vatican et son réseau d'aide aux nazis, dont nous parlions dans notre numéro précédent). Mais enfin, de savoir maintenant que les capitaux Nobel servent à fabriquer les avions qui bombardent les opposants de Timor-Est, dont deux leaders ont reçu le Nobel de la paix, voilà qui va faire tache dans les salons... Tache? Pas si sûr!
Car à un autre niveau, la publicité faite à des «opposants» locaux n'est pas pour déplaire aux stratèges internationaux toujours inquiets de l'une ou l'autre réaction incontrôlée des victimes de ces guerres. Quoi de mieux donc, pour détourner l'attention de ceux qui ont pris les bombes sur la tête, que de récompenser l'oeuvre de paix de l'un ou l'autre démocrate local, un «opposant» comme disent les journaux, un Mandela ou un Arafat local, bref un type qui a le don de vous convaincre de crever dans la dignité (càd. sans résister) et de voter pour lui juste avant.
A bien y regarder, finalement tout se tient.
Pour fonctionner, l'industrie d'armement a besoin de capitaux (la Fondation Nobel investit); comme débouché pour cette même industrie, rien de mieux qu'une bonne guerre (les armes créées grâce à Nobel entrent en action); la demande d'armes augmente, l'industrie d'armement fonctionne à plein rendement, la force de travail crée de la valeur (la plus-value revient à Nobel... qui peut en réinvestir une partie pour son prix de la paix). Et comme justement, on cherchait également à calmer la colère des «civils» qui se font massacrer, quoi de mieux que de promotionner un défenseur local des Droits de l'Homme en lui décernant un prix de la paix (la fondation Nobel récompense en grandes pompes le pacificateur).
Une fois qu'on a compris le système, on peut surprendre à peu de frais son entourage en annonçant soi-même le nom du prochain Nobel de la paix... Pour cette année, parions sur un «opposant» à Milosevic, un chef de l'Eglise orthodoxe à Belgrade, par exemple.
Conclusion générale: c'est sur base d'une petite partie de l'argent qu'elle gagne en investissant dans l'armement que la Fondation Nobel finance la paix sociale.
Qui a dit que la société était mal faite?
Depuis plusieurs mois, nous disposons d'un
site sur Internet et d'un e-mail.
http://www.geocities.com/icgcikg/e-mail: icgcikg@yahoo.comComme ce texte rassemble et résume une partie de notre histoire depuis 1978, et qu'il est toujours intéressant de synthétiser un parcours et les bases politiques d'une organisation, nous avons jugé utile de le publier également dans nos revues centrales. |
Avant d'être le fruit des efforts subjectifs accomplis par une poignée de militants pour la mettre sur pied, une organisation communiste résulte d'abord des déterminations historiques poussant irrésistiblement le prolétariat à se constituer en classe, à s'organiser en force, en parti distinct de tous les partis de la société bourgeoise. L'effort organisatif des minorités prolétariennes, concrétisé dans l'espace et dans le temps par la création d'un groupement communiste, est essentiellement déterminé par le communisme comme mouvement et par son parti historique, c'est-à-dire par la mémoire accumulée de toute l'expérience des luttes précédentes, condensée sous forme d'un programme. La création de notre groupe n'a pas échappé à ces déterminations historiques.
Le Groupe Communiste Internationaliste (GCI) existe depuis 1978.
Nous publions des revues centrales en français, allemand, anglais, arabe, espagnol, hongrois, kurde et portugais. Nous disposons également de textes en grec, en perse, en russe, en serbo-croate et en turc.
Notre petit groupe n'a aucune réalité nationale. Il n'est lié à aucun pays et ne se réfère à l'histoire d'aucune nation.
Au départ, il y a la centralisation d'une poignée de militants de divers continents, parlant différentes langues et qui, à partir d'expériences de luttes très diverses et de réflexions sur les défaites de ces luttes, ont voulu mettre leurs convergences politiques en commun. En nous réappropriant les expériences passées, en critiquant collectivement la démocratie, le légalisme, le parlementarisme, le pacifisme, le syndicalisme,... nous avons été amenés à dégager un ensemble d'affirmations programmatiques exprimant chaque fois plus la rupture avec toutes les expressions du capitalisme.
Le contenu politique de nos ruptures étant commun, nous avons alors choisi de formaliser nos discussions et nos polémiques dans une structure organisative commune, et nous nous sommes définis en tant que «Groupe Communiste Internationaliste».
«Groupe» - En nous constituant en groupe, nous n'avons fait que manifester une fois de plus la volonté historique des prolétaires révolutionnaires de s'organiser en force, de se centraliser en parti. Si nous ne nous déclarons pas «parti» aujourd'hui, c'est parce que nous savons que la véritable constitution en classe (et donc en parti) du prolétariat ne dépend pas de l'une ou l'autre auto-proclamation pompeuse, mais d'un saut de qualité matériel dans l'affrontement social au capital, à l'Etat, à la bourgeoisie. Nous nous considérons donc aujourd'hui comme une fraction du mouvement communiste; nous cherchons à exister comme noyau international de la centralisation du prolétariat, et nous participons à ce titre aux efforts des minorités d'avant-garde pour centraliser la communauté de lutte existant dans le monde.
«Communiste» - A quelque époque que ce soit, toutes les fractions de la bourgeoisie, versaillais, fascistes, républicains, staliniens, libéraux..., se sont acharnées sur ce spectre qui hante de façon récurrente le monde capitaliste: le communisme. Mais les révolutionnaires ne se sont jamais laissés impressionner par les flots d'insultes et les falsifications permanentes formulées dans l'histoire à son encontre, notre modeste regroupement pas plus que les autres. Le communisme -la communauté humaine, l'être collectif, la société sans classes- demeure donc la perspective pour laquelle nous nous battons avec passion. Et c'est comme communistes que, face à la catastrophe capitaliste, face à la dictature du profit et de l'argent, face à la dégradation permanente de nos conditions d'existence, nous revendiquons haut et fort l'abolition de ce monde de mort, l'abolition de la propriété privée, de l'Etat, de l'exploitation de l'homme par l'homme. Avec nos camarades dans l'histoire et dans le monde, nous réaffirmons la nécessité d'une société sans classe, sans argent, sans travail, où la libre disposition du temps et des choses constitue l'unique champ d'épanouissement de l'activité humaine.
«Internationaliste» - Bien conscients de la redondance avec «communiste», si nous nous caractérisons comme «internationalistes», c'est avant tout pour insister sur le fait que le communisme, comme mouvement, exclut depuis son origine, le pays, la nation, la lutte nationale. Pour notre groupe, cela se traduit par le fait que nous nous soyons organisés directement au niveau international. Nous ne nous sommes pas d'abord constitué en «parti national» pour ensuite nous ouvrir à l'«international». Nous nous sommes directement dotés d'un organe central, certes traduit en différentes langues, mais qui toujours aborde les intérêts généraux du mouvement, qui relève l'homogénéité des conditions d'exploitation du prolétariat de par le monde et met en avant ce qu'il y a de commun dans toutes ces conditions: la réalité mondiale du capital, et donc du prolétariat, et donc des conditions de réalisation du communisme.
A un autre niveau, le qualificatif d'«internationaliste» nous permet également de nous démarquer des différentes variantes contre-révolutionnaires travesties en communistes (staliniens, trotskystes, maoïstes, bordigistes...) qui, dans leur soutien plus ou moins honteux à l'une ou l'autre nation soi-disant révolutionnaire, ont permis que l'idéologie dominante amalgame aujourd'hui encore le communisme avec le capitalisme peint en rouge de ces pays dits «socialistes».
Mais au-delà de la centralisation de cette discussion internationale sur '17-'23, nos revues combattent les idées dominantes et prennent position sur toutes les questions: critique de la science, du travail, de l'économie, de la philosophie, textes contre l'Etat, reproduction de textes historiques de notre classe («mémoires ouvrières»), prises de position sur les faits d'actualité, polémiques historiques...
Il est bien entendu impossible ici de décrire l'essence des leçons que nous tirons de l'histoire, et plus encore le contenu de nos positions, mais nos revues, nos textes, nos tracts,... décrivent à suffisance en quoi:
Outre nos revues centrales qui paraissent régulièrement, en 1989, nous avons également publié en espagnol, français et arabe nos «Thèses d'orientation programmatique»; la version anglaise est sortie en 1999. Ces thèses représentent une tentative de synthétiser la discussion internationale et la critique communiste que nous menons depuis notre origine. Il s'agissait pour nous, non pas d'élaborer une énième version d'un quelconque texte sacré, mais de proposer une «photographie», un moment du travail collectif permanent de restauration programmatique que nous avons entrepris. Ennemis de toute bible, notre seul souci en proposant ce type de document est de chercher à délimiter chaque fois plus précisément la pratique communiste de rupture avec la société capitaliste. Nos thèses cherchent à exprimer le mouvement réel d'abolition de l'ordre établi; elles sont donc évidemment imparfaites et inachevées et il en sera ainsi jusqu'à ce que la révolution aie mis elle-même en pratique (et donc aussi en lumière) les plaisirs d'une vie sans argent, sans classe et sans Etat.
Et c'est dans cet esprit également que nous appelons tous ceux qui continuent à refuser un monde basé sur l'exploitation de l'homme par l'homme à s'approprier nos textes, à les reproduire et les diffuser, à considérer nos revues comme les leurs. Résultat de travaux collectifs, nos textes ne sont la propriété de personne en particulier, ils sont la propriété d'une classe qui vit, qui lutte pour abolir sa propre condition d'exploitée et par là toute classe, toute exploitation.
A l'égal des révolutionnaires qui nous ont précédé, nous concevons notre presse comme un moyen indispensable de propagande révolutionnaire, d'organisateur collectif, d'approfondissement programmatique, d'agitation.
Notre seul désir est que nos textes soient soumis à une lecture militante, qu'ils soient discutés, critiqués, confrontés à d'autres positions afin de délimiter distinctement les champs de la révolution et de la contre-révolution, et de soutenir ainsi toujours plus franchement la lutte que mène notre classe pour se doter d'une direction révolutionnaire et se constituer en force historique mondiale.