Brûler toute illusion ce soir...

Si nous sommes ici, ce n’est pas en tant qu’activistes professionnels de l’anti-globalisation, à la recherche d’une position de médiation entre les marionnettes de l’économie et ses "victimes", agissant au nom de l’Autre ("l’Invisible", les prolétaires révoltés contre le FMI ou la banque mondiale, les réfugiés, les travailleurs précaires). Nous ne voulons représenter personne, et nous crachons au visage de ceux qui souhaitent nous représenter. Ce que nous appelons exclusion, ce n’est pas l’exclusion des centres de prise de décision économique, mais la perte de notre vie et de notre activité quotidienne par la faute de l’économie.

Si nous sommes ici, ce n’est pas parce que nous préférons le commerce équitable au libre-échange, ni parce que nous croyons que la globalisation affaiblit l’autorité des états-nations. Nous ne sommes pas ici parce que nous pensons que l’état est contrôlé par des institutions non démocratiques, ni parce que nous voulons plus de contrôle du marché. Nous sommes ici parce que toute forme de commerce est le commerce de notre misère, parce que tous les états sont des prisons, parce que la démocratie camoufle la dictature du capital.

Si nous sommes ici, ce n’est pas parce que nous voyons les prolétaires comme des victimes, ni parce que nous voulons nous poser comme leurs protecteurs. Nous ne sommes pas venus ici pour nous laisser impressionner par des émeutes spectaculaires, mais pour apprendre la tactique de la guerre de classe quotidienne menée par les grévistes d’Ansaldo et par les prolétaires insoumis de l’industrie métallurgique. Nous sommes venus ici pour échanger nos propres expériences, comme les dépossédés du monde entier.

Si nous sommes ici, ce n’est pas comme membres des nombreuses ONG, des lobbies officiels, d’Attac ou de tous ceux qui souhaitent simplement être inclus dans les discussions sur la modernisation du capitalisme et qui espèrent que leurs propositions (telle la taxe Tobin) pourront sauvegarder les rapports sociaux capitalistes, c’est-à-dire les mêmes rapports qui perpétuent notre aliénation et notre exploitation.

Si nous sommes ici, c’est bien comme prolétaires qui n’identifient pas le capitalisme aux réunions de ces gangsters, mais au vol quotidien de nos vies - dans les usines, dans les centres d’appels (1), au chômage - pour les besoins de l’économie. Nous ne parlons pas au nom de qui que ce soit, nous partons de nos propres conditions d’existence. Le capitalisme n’existe pas à cause du G8, c’est le G8 qui existe à cause du capitalisme.

Le capitalisme n’est rien d’autre que l’expropriation de notre activité, qui se retourne contre nous comme une force étrangère. Notre fête contre le capitalisme n’a ni début ni fin, ce n’est pas un spectacle prédéterminé, il n’a pas de date fixe. Notre futur se trouve au-delà de toute médiation, au-delà des états-nations, au-delà de toute tentative de reformer le capitalisme. Notre futur se situe dans la destruction de l’économie.

Pour l’abolition totale de l’état et du capital.
Pour la communauté humaine mondiale
Des prolétaires contre la machine.

Precari Nati (E-mail: ti14264@iperbole.bologna.it)

Kolinko, Workers Against Work