Thèses d'Orientation Programmatique |
Sur cette question comme sur toutes les autres, nous refusons totalement autant l'idéologie de l'invariance formelle -- orthodoxie de la forme -- que celle des innovations révisionnistes de tous types -- hétérodoxie du contenu --. Comme le soulignent nos thèses, nous leur opposons l'approfondissement constant et la délimitation chaque fois plus précise des implications programmatiques invariablement contenues dans la lutte communiste.
Ces thèses ne sont donc pas plus la énième version d'un quelconque texte sacré qu'un conglomérat d'idées susceptibles de changer, en tout ou en partie et par la simple volonté (même majoritaire) tels ou tels militants. Il s'agit bien plus, d'une "photographie" d'un moment du travail collectif permanent de restauration programmatique, duquel existent d'antérieures formulations et dont de futures expressions suivront mais qui toutes se situent dans la démarche invariante cherchant à exprimer théoriquement la pratique communiste de rupture d'avec toute la société capitaliste.
En ce qui concerne cette activité théorique éminemment pratique, le travail des fractions communistes est toujours le même: percevoir et exprimer contre toutes les idéologies, ce qui, dans la réalité immédiate, annonce le devenir historique, ce qui dans le capitalisme et contre lui, constitue sa négation et annonce le communisme; synthétiser l'expérience accumulée dans le développement de la révolution et de la contre-révolution. Il s'agit d'une part indispensable de l'action communiste, non seulement dans la mesure où les fractions communistes constituent une partie et une expression organique cohérente du mouvement de destruction de la société actuelle, mais aussi dans la mesure où c'est à travers elles que le prolétariat condense ses expériences et les transforme en directives pour son action future et qu'ainsi donc LE COMMUNISME ENGENDRE SA DIRECTION HISTORIQUE (2).
Il ne s'agit donc pas pour nous d'inventer de "nouvelles théories" (ce qui amène toujours à déguiser les mêmes âneries sous de nouvelles formes) ni de découvrir de nouveaux "sujets historiques", pas plus que de promouvoir des "nouvelles pratiques". II s'agit au contraire de continuer à toujours plus clairement faire apparaître les conséquences invariantes de la contradiction capitalisme/communisme présente depuis que le Capital a conquis la production et subsume dans son être l'ensemble de l'humanité.
Ce type de document a l'avantage de présenter sous forme globale et synthétique l'ensemble des positions fondamentales qui orientent notre activité. Il peut servir de référent explicite au cadre programmatique dans lequel se développe notre militance. Mais ce type de texte entraîne aussi le désavantage (largement exploité par les fétichistes de la forme) de se retrouver érigé en bible de la théorie révolutionnaire, celui de prétendre, une fois formulé, répondre à tous les problèmes auxquels s'affronte le mouvement communiste pour le moins embryonnaire et dispersé aujourd'hui. Pour notre part, nous considérons ces thèses comme une base acquise, comme le résultat de plusieurs années de travail militant servant à orienter et délimiter notre militance future.
Les thèses des communistes ne sont ni ne furent jamais des "théorisations" sur comment il faudrait réformer le monde. Elles ne furent jamais des inventions ou des élucubrations idéologiques. Elles sont, au contraire, l'expression théorique du mouvement réel d'abolition de l'ordre établi ("mouvement qui se déroule sous nos yeux"). Comme telles, elles synthétisent les déterminations effectives et pratiques du prolétariat en tant que porteur du mouvement subversif.
Elles constituent en même temps une partie indispensable et décisive de la pratique de ce mouvement luttant pour se doter d'une direction révolutionnaire et se constituer en force historique mondiale.
Tout au long du fil de l'histoire du Parti Communiste, les thèses des communistes se sont développées, affirmées, précisées avec le développement même du mouvement révolutionnaire (y compris au travers du bilan de ses défaites successives). Ce qui ne veut pas dire pour autant que ces formulations successives puissent être livrées au libre arbitre ou aux diverses innovations spectaculaires. En tant qu'expressions théoriques de l'antagonisme invariant capitalisme/communisme, ces contributions sont nécessairement imparfaites et inachevées: sans crainte de nous tromper, nous pouvons affirmer que tous les manifestes formels produits dans l'histoire du Parti et ce jusqu'à la victoire totale de la révolution communiste, contiennent et contiendront des positions erronées et même éloignées des intérêts du prolétariat.
Cependant chacune de ces formulations successives, dans la mesure où elles sont des matérialisations réelles de la direction communiste du mouvement, réaffirme à différents niveaux d'abstraction, les fondements invariants de ce mouvement. C'est pour cela que chaque génération de révolutionnaires ne doit pas repartir de zéro: son activité pratique est au contraire dirigée par des fondements invariants qu'il ne s'agit pas de réviser mais de développer et de pousser jusqu'à ses ultimes conséquences.
Par opposition à cette activité révolutionnaire, la contre-révolution (et spécifiquement la social-démocratie, parti de la pseudo-continuité formelle et de la réelle révision programmatique) fait exactement le contraire. Même si elle se revendique des leaders prolétariens du passé, elle ne cite d'eux que des phrases isolées, séparées de leur contexte, au nom de l'orthodoxie formelle, et toujours, elle attaque les fondements de l'antagonisme invariant. Toute l'oeuvre révisionniste se base sur une réinterprétation générale du capitalisme, sur le prétendu changement de sa nature et de celle de la lutte du prolétariat, pour ensuite définir son programme invariablement contre-révolutionnaire.
Il nous paraît indispensable d'exemplifier ici ce qui précède. Cela éclaircira, nous l'espérons, la lecture de nos thèses.
"LE PROLETARIAT N'A PAS DE PATRIE" est une thèse centrale et invariante de notre Parti tout au long de son histoire qui détermine et contient un ensemble d'orientations pratiques fondamentales. Mais quelle est l'origine de cette affirmation et quelles en sont les implications? Contrairement à ce que prétendent tous les marxistes bourgeois, cette thèse décisive n'est pas issue de l'imagination d'un théoricien génial, mais exprime au contraire, la réalité même de la vie du prolétariat.
Dans le premier Manifeste du Parti Communiste (qui mérite pleinement son titre, dans son acception historique) Marx et Engels sanctionnent par cette phrase une réalité qui préexistait à ce manifeste et qui depuis n'a cessé d'être l'une des exigences délimitant l'action du mouvement communiste et que toutes les formulations postérieures du programme reprennent sous diverses formes.
Mais la réalité du prolétariat n'ayant pas de patrie n'est pas une réalité contingente à confiner dans le temps ou dans l'espace ou à confondre avec sa première formulation théorique. Elle est, tout au contraire, une réalité essentielle et permanente du prolétariat en tant qu'être historique, qui le détermine en opposition à tout le système bourgeois et qui, en tant que négation de celui-ci, contient déjà des définitions décisives de la société future -- abolition de toute nationalité, de toute frontière, etc. --.
Autrement dit, avant même que Marx et Engels ne l'aient formulé de cette manière, ce mot d'ordre invariant du mouvement communiste était déjà une réalité; le prolétariat n'a jamais eu, pas plus qu'il n'aura jamais, de patrie. Sa propre existence contient l'abolition de toute nationalité (3).
Il ne faut donc pas s'étonner si d'autres expressions plus ou moins claires de cet aspect central du programme ont été formulées avant ou après ce Manifeste, à d'autres endroits du monde, par d'autres militants communistes qui n'ont même pas eu vent de Marx ou d'Engels: ce sont les émergences de la vie et de la pratique de notre classe.
L'affirmation théorique de cette thèse si explicite dans le Manifeste, marque une avancée décisive et irréversible du Parti lui-même: elle sera une base indispensable pour toutes les formulations postérieures, sur laquelle on ne peut revenir et qui s'est érigée en cri de guerre du prolétariat en lutte.
Ce n'est pas le lieu ici pour détailler le cheminement qui a mené des militants comme Marx et Engels à cette affirmation. Mais il est important de souligner le fait que celle-ci n'est pas seulement une négation dans la forme, mais aussi dans le contenu, dans la mesure où le mouvement réel du prolétariat est la négation de la patrie. Ceci est essentiel pour comprendre la méthode de l'exposé des thèses que nous présentons ici.
La méthode générale de l'exposé -- l'opposition communisme/capitalisme ainsi que le communisme vu comme la négation pratique du Capital -- a pour fondement le fait que toutes les déterminations programmatiques positives sont contenues en négatif dans le Capital lui-même (y compris les expériences contre-révolutionnaires). Autrement dit, le communisme est dans la phase actuelle du règne du Capital cette négation en tant que mouvement révolutionnaire.
II n'est pas question pour nous de passer en revue ici l'ensemble des thèses indissociablement liées à celle affirmant que "le prolétariat n'a pas de patrie", pas plus que toutes les implications que Marx et Engels en déduisent. Mais nous tenons à souligner que celle-ci est inscrite à un niveau donné de perception du Capital en tant que réalité mondiale, du communisme en tant que mouvement universel, de l'internationalisme comme élément décisif de la pratique du prolétariat. Sans ces bases invariantes, le cri de "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous" ainsi que la conception internationaliste du Parti et du programme (le Manifeste lui-même n'a pas de patrie !!!) auraient été des lettres mortes ou des phrases creuses. L'essentiel dans la ligne historique du Parti, c'est cette continuité assurée de génération en génération par les révolutionnaires où il ne s'agit pas d'inventer ou de réviser quoi que ce soit mais bien de développer dans une propre pratique révolutionnaire conséquente, les déterminations contenues dans le mouvement subversif réel existant.
Le révisionnisme fait exactement le contraire, il jouera ou non avec des citations de Marx, Engels ou n'importe quel autre chef révolutionnaire mais sa caractéristique invariante sera toujours de remettre en question les fondements mêmes des déterminations pratiques du prolétariat. Pour cela, il commence toujours par affirmer que la société a changé, que le capitalisme n'est plus le même qu'auparavant, que la lutte des ouvriers a aussi changé... et conclut ainsi par la défense de n'importe quoi, même de la patrie. Voyons l'exemple de Bernstein sur cette question:
"Mais la social-démocratie, comme parti de la classe ouvrière et de la paix, a-t-elle des intérêts à maintenir le prolétariat défensif de la nation? Il existe diverses raisons qui pousseraient à répondre négativement, surtout si l'on prend comme point de départ l'affirmation du Manifeste Communiste: "Le prolétariat n'a pas de patrie". Cependant cette affirmation pouvait être valable tout au plus pour les ouvriers des années quarante (4) qui étaient dépourvus de droits politiques et d'accès à la vie publique; mais actuellement elle a déjà perdu une grande part de sa véracité... et continuera à en perdre chaque fois plus au fur et à mesure que l'ouvrier cessera d'être un prolétaire pour se convertir en citoyen.
L'ouvrier qui, dans l'Etat, dans les communes... est un électeur ayant les mêmes droits et participant au bien commun de la nation; l'ouvrier dont la communauté éduque ses enfants et protège sa santé, de la même manière qu'elle lui garantit la sécurité contre les infortunes... cet ouvrier aura incessamment une patrie par le fait même d'être citoyen du monde; de la même manière que les nations se rapprochent entre elles chaque fois plus sans perdre leur propre individualité...
Actuellement on parle beaucoup de la conquête du pouvoir politique par la social-démocratie et en tout cas, à juger de la force qu'elle a atteinte en Allemagne, il ne serait pas impossible qu'une série d'événements politiques ne la mènent en peu de temps à assumer un rôle décisif dans ce pays. Mais précisément en vue d'une telle éventualité et en considérant la distance qui sépare les peuples voisins de cet objectif, la social-démocratie devra assumer un caractère national...
Ceci est une condition indispensable pour qu'elle maintienne son pouvoir. Elle doit prouver son aptitude de parti dirigeant et de classe dirigeante, en étant à la hauteur de la tâche de sauvegarder, avec la même fermeté, les intérêts de classe et l'intérêt de la nation."
(Bernstein: "Les prémisses du socialisme et les tâches de la social-démocratie", Ch. IV, Textes et Possibilités de la social-démocratie).
Dans ce cas-ci, la méthodologie de la révision et les conséquences politiques qui en découlent sont suffisamment claires pour que nous n'ayons pas à insister. Mais en général, la question est beaucoup plus compliquée. En effet, Marx et Engels n'ont pas tiré toutes les implications de cette thèse essentielle du programme communiste. De la même manière, par exemple, que la génération des révolutionnaires de 1917 n'est pas arrivée à assumer les implications d'autres thèses centrales du programme comme "la destruction de l'Etat Bourgeois", "l'abolition du travail salarié", etc. Et, sur base de cette réappropriation non achevée de la réalité du "prolétariat n'ayant pas de patrie", Marx et Engels oscilleront sur tout ce qui concerne la question nationale et ils en arriveront même à défendre des positions contradictoires ou, à certaines occasions, directement antagoniques à l'internationalisme prolétarien. Les ambiguïtés de Marx et Engels au sujet de la social-démocratie (dont la base même de constitution était antagonique à cette thèse, cf. leur parti national pour la défense de la démocratie!!!) ne sont pas étrangères à cette réappropriation partielle; ni non plus au fait qu'Engels révisera intégralement la dite thèse pour revendiquer la défense nationale allemande et la participation dans la guerre impérialiste. En effet, entre d'une part cette thèse affirmant que "le prolétariat n'a pas de patrie" et les conséquences immédiates qui en découlent -- internationalisme, organisation directement internationale du prolétariat, opposition au nationalisme de sa propre bourgeoisie, toutes conséquences inscrites dans la vie même du prolétariat luttant contre ses exploiteurs directs et développant de ce fait même une pratique déjà internationaliste -- et d'autre part, la position d'Engels, nationaliste, bourgeoise, impérialiste en 1891, quand l'éclatement de la guerre entre l'Etat allemand d'un côté et l'Etat russe et français de l'autre paraissait imminente, entre ces deux positions donc, il y a un abîme, une profonde rupture programmatique, une révision intégrale.
Rappelons-nous qu'Engels soutenait que si l'Allemagne était attaquée, "tout moyen de défense était bon; qu'il fallait se lancer contre les russes et leurs alliés quels qu'ils soient" et qu'il laissait entrevoir la possibilité que dans de telles circonstances "nous soyons le seul parti vraiment belliciste et décidé" (5)! Comme on le sait, ce qui précède est exactement la position pro-impérialiste développée ultérieurement par la social-démocratie.
Cet exemple nous permet de montrer clairement pourquoi la contre-révolution et le révisionnisme ont pu et peuvent, dans de nombreux cas, jouer à l'orthodoxie (pratique générale de l'aile "marxiste" de la social-démocratie dont le grand idéologue fut Kautsky) soit parce que Marx et Engels eux-mêmes n'ont développé qu'à moitié les implications de cette thèse, soit parce qu'Engels, prétextant comme toujours des conditions particulières du capitalisme à ce moment-là, se soit attaqué à la révision intégrale de cette thèse.
A cela nous opposons l'attitude historique des communistes. Pour nous, il ne s'agit pas de modifier cette thèse centrale, pas plus que l'ensemble de phrases confuses qui l'accompagnent -- comme par exemple, que la lutte du prolétariat serait internationale seulement par son contenu et non par sa forme -- (6) ni de suivre Marx ou Engels dans l'ensemble de leurs renonciations partielles ou totales. II s'agit pour nous de développer toutes les conséquences de cette thèse. Mais ce développement ne sera pas non plus un développement inventif ou idéologique. Il ne s'agit pas de s'asseoir à un bureau ou à une table de café pour tenter d'inventer des éclaircissements complémentaires. Non, pour nous ce fut la lutte même, la gigantesque opposition révolution/contre-révolution qui marqua clairement la frontière entre la participation aux guerres de libération nationale, impérialistes d'une part, et, le défaitisme révolutionnaire d'autre part. Cela permit de comprendre théoriquement et pour toujours d'autres implications que Marx et Engels n'avaient pas encore assumées. Et depuis lors, le défaitisme révolutionnaire et l'internationalisme sont une base effectivement appropriée, un point de départ élémentaire pour les successives générations de révolutionnaires. C'est de cette manière, par des réappropriations successives du programme, que l'ensemble des thèses des communistes se développent et s'affirment!
Ceci permet d'éclaircir la contradiction réelle entre programme invariant et thèses théoriques des communistes toujours en développement, contradiction à laquelle se heurtent tous les formalistes (invariance du programme théorique de Marx et Engels) ainsi que les innovateurs et révisionnistes de tous bords.
Le prolétariat n'a pas de patrie et n'en a jamais eu. Le prolétariat agit comme tel seulement en luttant contre l'exploitation, contre "ses" propres bourgeois et contre "son" propre Etat. Cette pratique contribue à la véritable communauté de lutte internationale et internationaliste que l'avant-garde communiste tente de centraliser effectivement: ceci est et a toujours été un axe central du communisme.
Marx n'a pas inventé le programme communiste: il a seulement exprimé un niveau de son appropriation. Au début du siècle, la gauche communiste partout dans le monde, dans sa lutte contre la guerre impérialiste, n'a rien inventé non plus, elle a synthétisé dans des thèses, des mots d'ordre et des directives précises, la réalité du mouvement communiste.
Notre tâche est exactement la même. Ces thèses (7) reflètent un pas de plus dans cet effort collectif, impersonnel, international, du programme communiste s'affirmant de génération en génération.
Ces thèses qui guident et guideront l'activité consciente et organisée de notre petit groupe ne sont pas notre propriété (nous ne réclamons pas la paternité de celles-ci). Elles sont une expression synthétique des expériences accumulées de notre classe et de notre Parti au travers de l'histoire, et elles n'appartiennent qu'à eux.
Différents textes publiés dans nos revues centrales et territoriales (en espagnol, en français, en anglais, en arabe, en portugais, etc...) développent, expliquent ces thèses et constituent la base du procès de leur appropriation historique. Pour cela, nous publions en annexe à ces thèses, un sommaire commenté des principaux textes publiés jusqu'à présent en français. Dans ce sens, il est important de remarquer que si, sur bien des questions, ces textes sont plus élaborés que les quelques lignes de thèses qui leur sont consacrées, il s'agit de l'embryon d'un travail forcément inachevé qu'il reste à faire (ce travail révolutionnaire ne pourra être achevé que par la réalisation même de la révolution sociale). Nous le répétons, ces thèses de travail ne sont pas un "point d'arrivée mythique" mais nos thèses de travail, une synthèse de notre pratique sur base de laquelle se poursuit notre travail. Nous laissons aux paranoïaques de la politique, la croyance en ce qu'un texte puisse constituer une garantie contre les déviations, les trahisons, les scissions... L'unique garantie que nous avons est la globalité de notre implication, dans notre adhésion, non à un groupe, à un parti ou à un chef... mais au communisme, au mouvement réel d'abolition de tout ce qui nous sépare de nous-mêmes. Mais, dialectiquement, ce mouvement n'existe que lorsqu'il se centralise, s'organise, se dirige, en un mot, que quand il se constitue en Parti.
L'organisation, la préparation, la structuration, la direction de ce parti est l'oeuvre impersonnelle de fractions, groupes, militants qui assument depuis toujours le travail de formation internationale de cadres révolutionnaires et la préparation de la direction mondiale de la révolution communiste.
Notre préoccupation centrale, depuis la formation du GCI, est d'assumer, en accord avec nos forces limitées et l'état du mouvement communiste, toutes les tâches et nécessités du mouvement. Ce qui caractérise pratiquement les communistes, ce n'est pas d'assumer "vu la période", telle ou telle tâche comme l'unique tâche réalisable (pour certains, les "théoriques", pour d'autres les "propagandistes" ou d'autres encore les "militaires"). S'il en était ainsi, les communistes ne se différencieraient du reste du prolétariat que par des déterminations totalement partielles prenant en charge un nombre de tâches mineures par rapport à celles du reste du mouvement prolétarien.
L'essence de la praxis révolutionnaire est au contraire d'assumer toutes les tâches et nécessités du mouvement et cela clairement en tenant compte du rapport de forces et des priorités que cela détermine. Toutes ces tâches doivent être assumées en posant toujours comme préalable, les intérêts historiques et mondiaux du mouvement, se déterminant non en fonction de situations contingentes ou immédiates mais toujours, par rapport à la totalité, au communisme. Cela, seul, est la ligne historique de reconstitution du PARTI.
Si les expressions écrites de la vie, de la lutte furent toujours objets de la critique des militants (expression logique de la dynamique de vie sur les choses qui se figent), il convient aussi de se rappeler que le langage constitue en lui-même un agent produit de la domination du Capital au travers duquel il est excessivement difficile de faire passer un contenu qui échappe à cette domination: la contradiction reste présente quand on exprime un mouvement au travers d'un langage qui admet seul des catégories figées. De la même manière, un concept peut exprimer dans des langues différentes, en fonction des réalités différentes vécues par le prolétariat, des contenus différents.
Pour combler ces lacunes, diminuer ces faiblesses que nous savons malgré tout inévitables, nous avons tenté de travailler ces thèses en quatre langues différentes pour unifier des expressions de la réalité que nous voulons transmettre.
Le résultat en est une langue pesante et relativement "impure", ce que reflète en plus le fait que le contenu même des concepts définis historiquement et socialement, n'a pas pour nous le même signifiant que pour le citoyen, ni même pour les plus "politisés" d'entre eux. Par exemple, des expressions comme "parti", "prolétariat", "classe", "démocratie", "capital" requièrent de prendre comme références, les différentes contributions que nous avons produites sur ces différents sujets.
La traduction des principales contributions réalisées dans différentes langues, reflète cet effort de centralisation et d'homogénéisation de nos revues centrales. Pour souligner cette tendance à l'homogénéisation et, parce que nous le considérons plus adéquat, nous avons décidé qu'à partir de maintenant, toutes nos revues centrales adopteront le même titre: Communisme (ainsi la revue centrale en français Le Communiste s'appellera dorénavant Communisme). Par respect pour la continuité, il est suffisant de rappeler ce que disait Bordiga en 1953:
"Pour suivre la continuité des apports de notre travail, les lecteurs ne doivent pas s'arrêter aux changements de titre de nos périodiques, changements dus à des épisodes dérivés d'une sphère inférieure. Nos contributions sont aisément reconnaissables par leur indivisible organicité. Si c'est le propre du bourgeois de mettre une étiquette de fabrication à toute marchandise produite, de faire suivre toute idée du nom de son auteur ou tue tout parti se définisse par son chef... il est clair que dans le camp prolétarien, quand la forme d'exposition s'intéresse aux rapports objectifs de la réalité, jamais cela ne peut se limiter aux opinions personnelles de concurrents stupides, aux louanges ou injures ou aux concurrences disproportionnées et superflues entre poids lourds et poids légers. Dans ce cas, le jugement n'est pas déterminé par le contenu mais par la bonne ou mauvaise foi de celui qui expose. Notre travail est dur et difficile mais il n'atteindra ses objectifs qu'en s'assumant comme tel et non en recourant aux artifices de la technique publicitaire bourgeoise, à la vile tendance qui consiste à aduler les hommes." (Fil du Temps - 1953)
C'est pourquoi nos "Thèses d'orientation programmatique" ne sont pas une quelconque "plate-forme" dans le sens réduit, conformiste et prétentieux par lequel différentes sectes s'auto-définissent comme centre du monde. Le programme communiste n'est pas un texte sacré qui nous assurerait, en nous préservant de toutes les déviations existantes, une quelconque pureté virginale originelle. Cette croyance nous la laissons à la contre-révolution qui mystifie ainsi le terme "plate-forme", tentant de le faire passer comme synonyme de "programme communiste" (comme si celui-ci pouvait être réduit à un texte, quel qu'il soit!) et prétendant que cette plate-forme, non seulement, serait la garantie formelle pour le futur mais, de plus, -- prétention d'entre les prétentions -- qu'elle contiendrait les réponses à toutes les questions issues des luttes ouvrières. Ce fut contre ce fétichisme des "plates-formes", des "programmes", que Marx dit, il y a plus d'un siècle déjà, qu'un pas du mouvement réel en avant valait plus qu'une douzaine de programmes.
A tous les fétichistes des plate-formes et des partis idéels, à tous les invariants du formalisme qui croient qu'ils ne dévieraient pas d'un pouce parce qu'ils récitent une plate-forme ou une phrase de tel ou tel dirigeant prolétarien, il nous suffit de rappeler la facilité avec laquelle ceux-ci changent de plate-forme, de groupe, de pratique pour insulter les camarades d'hier... Enfin, à tous ceux qui cachent leur misérable individualisme, leur sectarisme et leur fédéralisme derrière des discours ronflants sur le "Parti" idéal ou la perfection des "cadres révolutionnaires", se basant sur ces citations des chefs du passé, nous leur opposons ce que nous disions il y a quelque temps, dans notre revue centrale en français:
"Pour nous communistes, ce qui nous importe n'est pas telle ou telle citation de Marx, de Lénine ou de Bordiga voire telle ou telle position prise à tel moment, mais, au-delà des expressions plus ou moins claires, saisir le contenu invariant, le fil rouge liant la démarche communiste de toujours, se situer du côté de la lutte ouvrière contre toutes les barrières capitalistes. Au-delà de la compréhension à un moment donné, au-delà des expressions formelles, au-delà de la conscience exprimée par les drapeaux ou les textes ouvriers, la véritable lutte immédiate de la classe ouvrière contre l'exploitation a toujours été -- hier, aujourd'hui, demain -- antifrontiste, antidémocratique, antinationale. " (Présentation à Le Communiste N°6)
Notre ennemi, le rapport social capitaliste personnifié par la classe bourgeoise, a toujours été le même. Nos nécessités et revendications seront toujours aussi les mêmes: la lutte contre l'exploitation, l'intensité et l'extension du travail... nos méthodes de luttes, l'action directe (la violence et le terrorisme révolutionnaire), l'organisation en dehors et contre toutes les structures de l'Etat bourgeois, l'insurrection armée, la dictature mondiale du prolétariat pour l'abolition du travail salarié... ont toujours été les mêmes. C'est à cette véritable invariance, à cette réelle continuité organique entre les fractions communistes d'aujourd'hui et d'hier que nous voulons, au travers de ces "thèses de travail", contribuer.
2. Avec toutes les difficultés que présente le langage logico-formel bourgeois, nous tentons d'exprimer ici, sous la forme la plus précise possible, la question du sujet de la révolution en même temps que notre conception du communisme. Il ne s'agit pas pour nous d'un idéal à appliquer mais bien du mouvement de destruction de la société du capital ainsi que de l'édification de la société qui résultera de cette négation pratique. Contrairement à la croyance de l'idéaliste, le sujet réel de la révolution n'est pas l'individu génial affublé de sa conscience et de sa volonté. Ce n'est pas non plus ce groupe de militants, même si son action en tant que direction historique est déterminante. Ce n'est pas non plus l'ensemble du prolétariat conçu comme conglomérat d'ouvriers. Le sujet réel de la révolution, c'est uniquement le prolétariat en tant que force constituée en tant que Parti, en tant que centralité organique communiste abolissant l'ordre établi. Ce n'est pas, comme croit la social-démocratie, sa direction qui transforme le prolétariat "trade-unioniste" en force révolutionnaire. C'est au contraire le prolétariat comme force révolutionnaire (pas d'un point de vue immédiatiste, contingent et légaliste mais bien d'un point de vue historique, général et international) qui détermine la création d'une direction révolutionnaire.
Enfin, à contre-courant de l'idéologie dominante et au risque de choquer, si nous nous situons à un niveau d'abstraction supérieur, nous affirmons que ce ne sont pas les communistes ou le prolétariat qui font du mouvement social un mouvement communiste, mais au contraire, c'est le communisme en tant que mouvement historique qui, pour la première fois dans l'histoire, rencontre dans le prolétariat une classe réellement révolutionnaire capable de l'imposer comme négation effective. C'est le communisme qui coopte les éléments historiquement les plus décidés de la classe, ceux qui, toujours, mettent en avant les intérêts de l'ensemble du prolétariat pour faire émerger la direction du Parti et de la Révolution Future.
3. "Et enfin, tandis que la bourgeoisie de chaque nation conserve encore des intérêts nationaux particuliers, la grande industrie crée une classe dont les intérêts sont les mêmes dans toutes les nations et pour laquelle la nationalité est déjà abolie." (Marx - Engels: "L'idéologie allemande")
4. Observez que Bernstein qui est le révisionnisme par excellence, préfère dire que c'est la société qui a changé et non pas Marx qui s'est trompé et ce, chaque fois qu'il peut l'étayer par une argumentation.
5. MEW, tome XXXVIII, pages 176 et 188.
6. Un grand nombre d'organisations marxistes-léninistes réalisent la révision en pointant ces phrases comme les plus essentielles. Cela leur permet de trafiquer la théorie au point de justifier le nationalisme.
7. On pourrait faire le même type de
développement pour chacune des thèses centrales du programme
communiste -- négations de l'Etat bourgeois, de la démocratie,
de la valeur, du frontisme... -- en mettant en évidence l'opposition
entre l'attitude des communistes, leurs thèses successives et le
révisionnisme effronté dirigé contre elles.
T h è s e s |
De par son expansion, le capitalisme engendre les conditions de sa propre suppression, non seulement en créant les armes qui le balaieront de la planète, mais aussi et surtout, en produisant et en concentrant les hommes qui empoigneront ces armes: le prolétariat.
Avec le prolétariat, la lutte séculaire contre l'exploitation, contre la déshumanisation de l'homme, contre la subordination de la vie humaine à la dictature de la valeur, est assumée pour la première fois de l'histoire par un sujet révolutionnaire, c'est-à-dire un sujet avec un projet social propre, valable pour l'ensemble de l'humanité et en rupture totale avec la civilisation du progrès: la destruction du Capital et par là des classes, de l'exploitation, de la propriété privée, de tous les Etats... et l'instauration du communisme.
Cette lutte est donc non seulement une réaction de classe exploitée, mais aussi et surtout l'action d'une classes révolutionnaire historiquement contrainte d'assumer son programme et de se constituer en parti communiste mondial (renversement de la praxis dans le sens le plus global de ce concept).
Ainsi donc, prolétariat et bourgeoisie se définissent par leur antagonisme mutuel: la bourgeoisie comme personnification des rapports de production capitaliste, comme parti de la conservation, comme force réactionnaire; le prolétariat, comme négation de toute société présente, comme parti de la destruction, porteur du communisme.
Les droits et libertés démocratiques, en tant que mécanisme idéologique, renforcent et rendent réelle l'atomisation du prolétariat en citoyens libres et vendeurs de leur force de travail ne trouvant acheteur que et uniquement si le capital en a besoin pour se valoriser. Les droits et libertés démocratiques imposent la libre et mutuelle concurrence entre prolétaires obligés à cracher chaque fois plus de sang et de valeur ou à crever. Les droits et libertés démocratiques sont des instruments de coercition, de violence et de despotisme, et constituent donc une arme essentielle de la démocratie, c'est-à-dire de la domination bourgeoise.
Ainsi, par exemple, à un pôle de la société, un ensemble de formes juridiques pseudo-salariales tendent de camoufler la nature bourgeoise de structures entières de l'Etat. C'est le cas par exemple, des officiers de l'armée ou de la police, des haut-gradés de l'administration ou des entreprises, des bureaucrates de tout type... qui, sous ce couvert, sont rangés dans des catégories neutres, sans appartenance de classe ou, pire encore, sont assimilés à des "couches ouvrières".
A l'autre extrême de la société se produit le phénomène complémentaire: un ensemble de formes juridiques de pseudo-propriété --coopératives "paysannes", réformes agraires, artisanats...-- camouflent objectivement l'existence d'immenses masses de prolétaires associés par le capital pour produire de la survaleur (c'est-à-dire dont le caractère salarié est déguisé).
Ce mécanisme, comme tant d'autres, tend à nous présenter comme opposés et comme ayant des intérêts particuliers, les différents secteurs du prolétariat: urbains/agricoles, actifs/sans travail, hommes/femmes, "ouvriers"/employés, travailleurs manuels/intellectuels... Ce processus idéologique complexe contribue à maintenir le régime d'exploitation et d'oppression bourgeois. Il dissimule, rend diffus et présente à notre ennemi, notre classe comme divisée et faible numériquement. Tout le respect de la perpétuation de la domination bourgeoise peut ainsi se résumer à la difficulté du prolétariat à se reconnaître pour ce qu'il est réellement; à reconnaître dans la lutte de ses frères de classe (dans quelque partie du monde que cela soit et quelles que soient les catégories dans lesquelles la bourgeoisie le divise) sa propre lutte, condition indispensable à sa constitution en force historique.
Mais, à chaque fois, le cercle infernal de la soumission aux idéologies bourgeoises se rompt. De multiples et successives ruptures expriment et matérialisent la nature catastrophique du système. La lutte du prolétariat, pour la généralisation et la coïncidence de la révolution, dévoile et affirme de manière chaque fois plus forte une même négation de la totalité de la société capitaliste (plus que par la conscience des protagonistes toujours limitée à celles des minorités communistes, cette négation est déterminée par les mêmes intérêts et par le même projet historique).
Les différentes fractions bourgeoises luttent inlassablement pour affirmer leurs intérêts particuliers dans la répartition des moyens de production et des marchés; mais, dès qu'apparaît le prolétariat en armes et que se dresse le spectre du communisme, toutes les rivalités inter-bourgeoises passent à un second plan pour faire place à la bourgeoisie mondiale, regroupée autour de sa fraction la plus cohérente, la plus forte, la plus décidée, capable d'affronter au mieux la guerre de classe. Cette forme avec laquelle la contre-révolution affronte généralement son ennemi historique, n'exclut évidemment pas la possibilité de se combiner à d'autres formes particulières: la repolarisation de la société en deux bandes inter-bourgeoises qui toutes deux essaient d'encadrer le prolétariat, en est une.
Dans les faits, les contre-révolutions successives confirment la souplesse de la bourgeoisie quant à sa capacité, non seulement à alterner son unification avec la polarisation interne, mais aussi, à s'unifier dans la défense d'une polarisation inter-bourgeoise (fausse polarisation relativement à celle classe contre classe) pour affronter la révolution.
Quant au prolétariat, dès qu'il a brisé les chaînes de la concurrence, il s'affirme comme force en s'associant dans la lutte contre son ennemi historique, il se centralise en Parti autour des fractions les plus cohérentes, les plus fortes, les plus décidées, ayant donc la meilleure capacité d'affronter le Capital. En ce sens, il est indubitable qu'il existe des secteurs du prolétariat importants stratégiquement, du fait de leur capacité à paralyser les centres décisifs d'accumulation du capital (pôle d'accumulation capitaliste, grandes industries, mines, transports, communications, etc.). Ces secteurs ne sont pas nécessairement toujours les plus décidés, ni ceux qui garantissent (le plus) la généralisation de la révolution. Il existe également d'autres secteurs comme les "sans-travail" et, en général ou particulièrement, les jeunes prolétaires qui n'ont pas encore trouvé (ou qui savent qu'ils ne trouveront pas) d'acheteur de leur force de travail (secteurs camouflés de nombreuses fois sous la dénomination a-classiste de "jeunes", "d'étudiants" ou de "lycéens"). Ces secteurs peuvent jouer un rôle décisif dans le saut qualitatif du mouvement. Le développement de la révolution communiste implique toujours la rupture d'avec le cadre borné de l'entreprise par la descente dans et l'occupation de la rue, par la généralisation effective de la lutte, par le passage à l'associationnisme territorial contre lequel la bourgeoisie ne peut plus offrir de réformes, ni partielles, ni catégorielles, et qui pose forcément la question générale du pouvoir de la société. Mais cette formidable énergie révolutionnaire ne constitue une force dans le sens historique du terme, que si elle s'organise en Parti centralisé (sans cela, cette énergie sera dilapidée, balayée, voire même retournée par la contre-révolution). Mais ce mouvement ne peut se constituer en Parti centralisé sans affirmer un programme intégralement communiste et sans se doter d'une direction pleinement révolutionnaire. Et, à leur tour, programme et direction communistes ne sont pas le résultat immédiat du mouvement, même si celui-ci est vaste et puissant, mais bien le résultat de toute l'expérience antérieure accumulée et transformée en force vive, en organe de direction du Parti et de la révolution par une longue et dure lutte historique; consciente et volontaire, assurée par les fractions communistes.
A l'inverse du prolétariat, la bourgeoisie a non seulement réalisé sa révolution en affirmant ses intérêts particuliers, mais sa propre essence --la concurrence-- l'oblige de manière permanente à s'entre-déchirer violemment et à s'affronter à tous les niveaux pour le repartage des moyens de production et de marchandises. L'unité entre bourgeois (sociétés anonymes, accords entre monopoles, Etats nationaux, constellations d'Etats,... Etat mondial) s'opère toujours pour affronter dans de meilleures conditions la guerre commerciale et/ou la guerre de classes. Cette unité peut à chaque instant éclater et mettre en pièces ses différentes fractions particulières. C'est pourquoi au plus est "unifiée" et généralisée l'action de la bourgeoisie, au plus contient-elle la division; toute paix n'est qu'une phase de la guerre future.
Pour le prolétariat, au contraire, toute action, même la plus partielle, contient en elle l'universalité: une seule action de notre classe contre le capital, même régionale ou sectorielle, contient l'affirmation de nos intérêts uniques dans toutes les parties du monde et la lutte pour la révolution sociale universelle.
La suite de notre exposé se déroulera sur cette base, c'est-à-dire reprendra d'abord les formulations les plus générales de notre programme, pour ensuite, sur base des nécessaires leçons tirées des plus hauts niveaux des phases de révolution et de contre-révolution, actualiser, concrétiser et préciser leur réelle signification actuelle et future.
L'organisation du prolétariat en classe tend, de manière permanente à être détruite par la concurrence que se font les prolétaires comme vendeurs libres et égaux de la marchandise force de travail. Un ensemble de forces idéologiques/politiques/militaires cimente cette atomisation sur laquelle reposent la paix sociale et l'ordre bourgeois. Dans ces conditions et malgré que le prolétariat soit, dans sa propre essence, l'adversaire irréconciliable et la menace permanente de la bourgeoisie, celui-ci, le prolétariat, ne maintient plus qu'un obscur sentiment de son antagonisme social à l'ordre capitaliste. Il tend à se transformer en son appendice politique par sa dissolution/destruction dans le peuple. Sur ce terrain fleurissent les fronts démocratiques, les unions nationales, le national-socialisme ou le socialisme national... autant d'expressions de la négation, par la bourgeoisie du prolétariat comme classe, et qui au niveau supérieur, aboutit au massacre dans la guerre capitaliste.
Il est donc certain que, plus d'une fois, la lutte du prolétariat a pu coïncider dans le temps et dans l'espace avec l'affrontement au même ennemi que celui de telle ou telle fraction de la bourgeoisie (lutte contre "les ennemis de ses ennemis" comme l'appelait Marx) mais ce n'est qu'une coïncidence politiquement partielle et limitée. Son antagonisme social contre ses propres exploiteurs est permanente et, pour le prolétariat, cette même lutte l'amène inévitablement à s'affirmer en tant que force mettant en péril la bourgeoisie comme totalité, totalité qui, comme telle, assuma une seule et même politique de terreur contre-révolutionnaire, toutes fractions confondues.
Face à tous les antagonismes interbourgeois,
entre fractions "progressistes et réactionnaires", "fascistes et
antifascistes", "de gauche et de droite",... qui trouvent leur continuation
logique dans la guerre impérialiste, le prolétariat ne possède
qu'une seule réponse possible: la lutte intransigeante contre tous
les sacrifices (contre toute trêve et toute solidarité nationales)
le
défaitisme révolutionnaire, le retournement des armes
contre ses propres exploiteurs, contre ses oppresseurs directs. Le but
du prolétariat est de transformer, pour la centralisation internationale
de cette communauté de lutte contre le capital, la guerre capitaliste
en une guerre révolutionnaire du prolétariat mondial contre
la bourgeoisie mondiale.
Même quand cette idéologie est "innocemment" utilisée comme "simple description de la réalité", elle contient de fait la destruction du prolétariat mondial car toutes ces formes d'idéologie présupposent le fait que le prolétariat devrait assumer différentes tâches dans chacun de ces "différents mondes".
Au-delà de ce que ses idéologues soutiennent ou non de manière conséquente (la nécessité d'approfondir la démocratie dans le "premier monde" ou de lutter pour le socialisme uniquement dans ce même "premier monde"; la nécessité d'apporter les réformes politiques, ou de faire la "révolution politique", dans les "second monde"; la nécessité de lutter pour la réalisation des tâches démocratiques bourgeoises et pour la libération nationale dans le "troisième"), cette idéologie conduit irrémédiablement le prolétariat à se nier comme classe internationale et signifie pratiquement, sous quelque prétexte que ce soit, la participation aux différentes luttes entre fractions bourgeoises, la participation aux guerres capitalistes pour la répartition du Monde.
A l'encontre des guerres impérialistes, le prolétariat impulse sa propre lutte face aux exploiteurs. II est alors traité d'indifférentiste ou de saboteur, mais il ne faut rien y voir de plus que la cohérence même du Capital mondial. Face à sa propre exploitation, le prolétariat n'est pas indifférentiste. Il ne peut sous aucun prétexte, accepter une trêve avec ses propres exploiteurs. La continuité et le développement de sa lutte contre tous ses oppresseurs le poussent au contraire à coïncider dans l'action avec ses frères de classe de toute la planète et à fusionner en une seule communauté de lutte contre le Capital mondial, communauté sur laquelle s'érige l'organisation internationale et internationaliste du prolétariat.
Leur contenu est identique: dans les deux cas, le sujet n'est plus une classe subversive avec une direction et un programme révolutionnaires, mais l'individu libre, qu'il soit "ouvrier" ou non. Au mythe a-classiste du citoyen, du peuple, de la nation, version "démocrate bourgeoise", correspond le mythe tout aussi bourgeois des "ouvriers", des "masses prolétariennes" (définies sociologiquement), de la "majorité exploitée"... propre à la version "démocratie ouvrière". Une fois de plus, la terminologie "ouvrière" sert à faire passer le substrat de la société capitaliste pour une conquête ouvrière.
Même si la lutte du prolétariat se déclenche sur base de négations encore partielles (lutte contre l'augmentation des prix, contre l'extension et/ou l'intensification du travail, contre les mesures qui laissent des masses de prolétaires sans emploi, contre toute mesure économique ou répressive de l'Etat...), cette lutte est, par son contenu, une lutte contre l'augmentation de l'exploitation, contre l'exploitation elle-même (taux de survaleur). L'indissociabilité des luttes du prolétariat (classe exploitée et révolutionnaire) devient manifeste lors des situations de crise. La plus minime revendication économique prolétarienne implique alors une attaque directe contre les taux d'exploitation et de profit du Capital, contre la sacro-sainte concurrence de l'économie nationale. L'affrontement entre le prolétariat et les capitalistes associés en Etat devient alors inévitable.
Qu'une réforme capitaliste apparaisse comme le "but" de la lutte, ne constitue pas uniquement un mensonge bourgeois (c'est aussi un mensonge, les prolétaires reçoivent l'information des luttes de leurs frères de classe dans d'autres parties du monde, à travers les filtres des médias bourgeois et s'il fallait accepter ce qui y est dit, la lutte de classes n'existerait pas, tout ne serait jamais que luttes nationales, religieuses, raciales ou démocratiques), mais un drapeau bourgeois comme étendard, c'est aussi une force objective qui, comme faiblesse réelle du mouvement, pèse sur le mouvement lui-même.
Mésestimer cette réalité et ne pas développer une lutte conséquente contre cette faiblesse objective de notre classe, c'est méconnaître le poids de l'idéologie dominante comme idéologie de la classe dominante.
Ce n'est qu'en se basant sur ses fractions
d'avant-garde (nécessairement minoritaires durant tout le processus
pré-insurrectionnel et encore très probablement immédiatement
après) que le mouvement subversif dans cette société
exprime ce qu'il est réellement: il se soulève alors avec
des mots d'ordre tels "abolition du travail salarié" qui nient explicitement
la société actuelle.
Le développement propre du capital est toujours en lui-même sa plus grande réforme, son bouleversement permanent et sa nécessaire transformation tant quantitative que qualitative (valeur qui doit toujours plus se valoriser); cela se marque non pas par "deux phases" antinomiques --"ascendance/décadence"-- mais par une succession de niveaux (unique base pour une périodisation du mode de production capitaliste) où toutes les contradictions (dont celle basique valorisation/ dévalorisation) se retrouvent chaque fois plus exacerbées.
Toutes les théories décadentistes détruisent l'universalité du mode de production capitaliste (dans le temps et/ou dans l'espace); elles conduisent inévitablement à la liquidation de l'invariance des intérêts et des besoins du prolétariat révolutionnaire, niant ainsi en dernière instance, que celui-ci est le seul et unique fossoyeur du vieux monde, le seul et unique agent actif de l'écroulement catastrophique du système; ces théories mènent tout aussi inéluctablement les décadentistes dans les bras de l'immédiatisme, du gradualisme, de l'évolutionnisme, du fatalisme... autant de pièges destructeurs de la militance classiste. Toutes les théories décadentistes (outre le fait qu'elles ne sont rien d'autre que de simples théories économicistes, c'est-à-dire bourgeoises) aboutissent à ce résultat, et ce, quelles que soient leurs différentes argumentations. Les pratiques réformistes qu'impliquent toutes les théories décadentistes s'expriment aussi systématiquement par la justification/revendication a posteriori de toute la pratique contre-révolutionnaire de la social-démocratie (en tant que globalité historique incluant également l'anarchisme officiel) et ce, notamment sous le fallacieux prétexte que durant la dite période "ascendante", le prolétariat aurait eu comme but, non pas le communisme, mais bien la lutte pour les réformes (lutte bourgeoise donc), la lutte pour son intégration comme objet économique au sein du système ("classe" pour le Capital ).
Les théories décadentistes se basent sur l'idée que la bourgeoisie se fait d'elle-même: celle du progrès, de l'évolution, de la civilisation... comme étant neutre, a-classiste et, comme si le progrès sous la bourgeoisie pouvait être autre chose que le progrès bourgeois (le plus grand progrès bourgeois est toujours la guerre bourgeoise!), comme si l'évolution sous la bourgeoisie pouvait être autre chose que l'évolution de l'exploitation bourgeoise... les décadentistes conçoivent donc le progrès, l'évolution, la civilisation... comme se développant jusqu'à une certaine date (et pour les plus conséquents, dans certaines aires géopolitiques) et qui, ensuite, parvenus à un seuil fatidique, diversement justifié selon les écoles (stalinistes, trotskistes, luxembourgistes...) commenceraient à décroître, à "objectivement" s'écrouler... tout ceci s'accompagnant de l'inévitable couplet sur la décadence "morale", artistique... (couplet que tous ces courants ont en commun avec les multiples sectes religieuses et fascistoïdes). Tout cela n'est qu'idéologie contre-révolutionnaire que le prolétariat en lutte détruira immanquablement.
Sur le cadavre du prolétariat révolutionnaire, la contre-révolution a érigé le mythe de l'"Etat ouvrier dans un seul pays" (le mythe du "socialisme en un seul pays" n'est rien d'autre que l'une de ces variantes de droite), mythe qui a permis d'utiliser des millions de prolétaires comme chair à canon dans la guerre capitaliste. Ce soi-disant "Etat ouvrier", de même que tous ceux qui sur ces bases adoptèrent ce type de dénomination (Europe de l'Est, Cuba, Chine, Angola, Vietnam, Algérie, Nicaragua...) ne sont ni plus ni moins que des Etats capitalistes dont l'idéologie a expressément usurpé quelques expressions marxistes pour mieux cacher leur caractère bourgeois. La planète entière est capitaliste. La révolution communiste sera mondiale ou ne sera pas.
Il est évident que, dans le processus réel d'associationnisme ouvrier croissant, le prolétariat va développer des formes d'organisation chaque fois plus globales, correspondant à son propre développement en tant que classe. Ainsi, par exemple, des formes encore marquées par le corporatisme et les aspects catégoriels seront dépassées par l'organisation de la lutte sur base des lieux de travail et par branches de production; ces mêmes formes seront à leur tour dépassées par des organisations territoriales dans lesquelles se centralisera et participera tout le prolétariat (au chômage, comme au travail, jeune comme vieux...) ce qui, à son tour, représentera un tremplin décisif pour se doter des formes internationales, en lutte contre les nations respectives par lesquelles la bourgeoisie divise son ennemi historique. Ce processus de succession de différentes formes de l'associationnisme ouvrier, correspondant aux différents niveaux d'affrontement au Capital, n'est pas un processus linéaire et graduel, bien au contraire, il s'agit d'un processus qui se marque par des sauts qualitatifs, des bonds en avant, mais aussi par des reculs, le tout étant déterminé, en dernière instance, par le rapport de force entre prolétariat et bourgeoisie. Les conseils ouvriers, les soviets, les unions, les cordons industriels, les organismes classistes... organisés au niveau d'un pays, etc. sont des formes qui correspondent donc à ce processus réel de développement du prolétariat, de dépassement des divisions imposées par le capital et ce, principalement, dans la mesure où la lutte par catégorie ou par lieu de travail est dépassée (même si ces conseils, soviets, unions, etc. peuvent encore se baser sur ces associations par catégories) et correspond à des époques de crise politique et sociale ouverte, où le prolétariat ne peut plus croire aux solutions partielles et parcellaires. Mais, même au sein de ce processus, ce ne sont jamais les formes en elles-mêmes qui pourront garantir (comme le croient les conseillistes) les intérêts du prolétariat (pas plus d'ailleurs qu'aucun autre type de garantie formelle que les apologistes de la démocratie ouvrière voudraient imposer: assemblées souveraines, délégués éligibles et révocables à tout moment...). Y compris dans ce processus réel d'organisation du prolétariat en force, tout dépendra de la pratique réelle de ces organismes et donc, de leur direction effective. Ce qui est décisif alors, c'est la lutte de classe à l'intérieur même de telles associations au sein desquelles la contre-révolution continuera à être présente et organisée, continuera à agir pour transformer de telles associations en organes de l'Etat bourgeois. Face à cela, l'unique garantie réside dans l'action décidée des fractions d'avant-garde du prolétariat qui ne se soumettront à aucun des mécanismes démocratiques que la contre-révolution tentera d'imposer au sein de ces organisations. Les communistes organisés s'opposeront de toutes leurs forces à toute idéologie de dissolution de cette véritable direction du prolétariat en constitution au sein de l'ensemble des ouvriers en lutte (ou pire encore, au sein de l'ensemble des ouvriers, en tant que catégorie sociologique). Ils n'accepteront sous aucun prétexte, au sein de ces organismes de masse, une discipline qui contrarierait quelque élément que ce soit du programme historique du prolétariat. Ils mèneront jusqu'au bout et par tous les moyens la lutte contre toute tentative de donner à ces associations, une direction contre-révolutionnaire. Ils mèneront jusqu'au bout et par tous les moyens la lutte pour imposer au mouvement une véritable direction révolutionnaire.
A l'encontre de ce projet, la liquidation de la lutte par la médiation de sa parcellisation et la création de mouvements spécifiques --féminisme, antiracisme, écologisme,...-- tendant à dissimuler et à résoudre un de ces problèmes en tant que sphère séparée, sans pouvoir pour autant s'attaquer à leurs causes profondes et communes, sont irrémédiablement des tentatives additionnelles d'adaptation, d'amélioration, de réparation (de replâtrage) du système, et par là, de renforcement de la dictature du capital. Pratiquement, ces types de mouvements ont servi et ne peuvent servir qu'à dévier l'énergie révolutionnaire du prolétariat vers l'amélioration de mécanismes de domination et d'oppression permettant aussi l'augmentation du taux d'exploitation du prolétariat.
Cependant, le racisme (et/ou l'antiracisme) est bien plus qu'un problème idéologique. Le fait que le capital achète moins chère la force de travail d'une race relativement à une autre, le fait que les conditions d'exploitation et de vie d'une partie du prolétariat soient pires que pour d'autres, reflète la réalité du capital pour laquelle la production d'un être humain en tant qu'esclave salarié n'a absolument aucun intérêt en tant qu'être humain. L'intérêt du capital pour l'homme est uniquement déterminé (comme pour toute autre marchandise) par le travail social qui a été incorporé en lui. Cette réalité raciste du capital détermine que (de la même manière que la valeur de la force de travail d'un ouvrier qualifié est supérieure à celle d'un simple ouvrier) la valeur de la force de travail d'un ouvrier "national", par exemple, est supérieure à celle d'un ouvrier "immigré" (on présuppose en effet que le premier contient plus de travail d'intégration, de socialisation, de nationalisation, de syndicalisation que l'autre).
Au sein de l'organisation internationale de la domination bourgeoise mondiale, le racisme ne peut se présenter que très marginalement pour ce qu'il est réellement (les discours ouvertement racistes de tel ou tel gouvernement ou de tel ou tel parti bourgeois sont relativement rares). Dans la plupart des cas, le racisme se développe sur base de l'antiracisme. L'antiracisme constitue ainsi une force idéologique chaque fois plus décisive dans la reproduction de l'exploitation et de cette société raciste.
Toute lutte contre le racisme de cette société qui ne s'attaque pas a la société capitaliste, c'est-à-dire au fondement du racisme, toute lutte qui, donc, n'est pas une lutte du prolétariat international contre la bourgeoisie mondiale se transforme ainsi en élément idéologique fondamental de l'Etat et de l'oppression bourgeoise. L'expression la plus avancée de cet antiracisme se trouve dans la bourgeoisie triomphante de la seconde guerre mondiale et constitue un élément idéologique décisif de toutes les grandes puissances mondiales actuelles. L'antiracisme est ainsi la forme la plus épurée de reproduction de la société raciste: l'Etat d'Israël constitué sur base de la communauté fictive de la lutte antiraciste juive est un exemple particulièrement illustratif de l'antiracisme servant à l'exploitation capitaliste raciste porté à son expression maximale dans les camps d'exploitation du prolétariat de cette région.
Même si le capital, lorsqu'il achète la force de travail, paie la totalité de la valeur de cette marchandise, c'est-à-dire la totalité du travail nécessaire à sa reproduction (domestique, éducatif, répressif...) celui qui reçoit le salaire est le producteur direct de survaleur et non pas celui qui réalise le travail domestique.
Cet élément additionné à d'autres constitue un facteur décisif dans la soumission et l'oppression particulière de la femme prolétaire par le Capital.
Le féminisme est la réponse bourgeoise à cette situation particulière. Il prend comme point de départ le fait d'utiliser tout ce qu'il peut y avoir de particulier dans l'exploitation de la femme prolétaire pour en faire une condition globale de la femme en général. Il transforme ainsi la révolte prolétarienne de la femme et de l'homme en un mouvement interclassiste dont le chant de ralliement est que "l'homme en général exploite la femme en général". En plus de l'oeuvre globalement contre-révolutionnaire du féminisme, en tant que force de parcellisation, de déviation et d'occultation des réelles contradictions et solutions de la lutte des classes, le féminisme a également été un instrument décisif du Capital pour démultiplier l'exploitation prolétarienne. Grâce à l'égalité des droits, le féminisme amène maintenant la femme prolétaire à assumer d'être elle aussi, une productrice directe de survaleur et à participer, aux côtés de l'homme, chaque fois plus directement à la guerre impérialiste. Depuis la lutte pour le travail des femmes jusqu'à la revendication du droit de vote, en passant par les campagnes actuelles pour la participation de la femme à la vie active de la nation, le féminisme a toujours été une force d'affirmation du capital contre le prolétariat, force dont les réalisations les plus fortes sont les femmes policiers, l'incorporation massive des femmes dans les armées patriotiques (nécessité du Capital de faire participer chaque fois plus directement toute la population civile dans sa guerre), les femmes parlementaires, généraux, premier ministre,...
La révolution prolétarienne et communiste constitue la seule alternative valable à la barbarie de la civilisation actuelle, dans la mesure où elle liquide les fondements de la contamination généralisée, et des causes de la destruction de tous les environnements nécessaires à la vie véritablement humaine de l'espèce.
Le mouvement écologiste est la réponse bourgeoise à cette dégradation généralisée de toutes les conditions de vie. Qu'il soit parlementaire ou antiparlementaire, ouvertement réformiste ou dissimulé... l'écologisme attaque les conséquences et non les fondements --les causes-- de la contamination généralisée. Sa fonction sociale principale est de diviser la lutte que le prolétariat mène contre l'aggravation brutale de toutes les conditions de reproduction de sa vie lorsqu'il s'attaque, consciemment ou non, aux fondements de toute la société (au taux d'exploitation, au taux de profit, à la compétitivité de l'entreprise, l'économie, etc). Les écologistes visent à transformer ainsi la lutte prolétarienne en simple lutte contre les excès d'un système dont ils défendent les fondements.
Les écologistes organisés, avec leur retour à la nature, leurs propositions de stations d'épuration, de contrôle étatique de la contamination, etc. défendent non seulement les fondements généraux du système marchand généralisé (à la source de toutes les contaminations) mais en viennent aussi irrémédiablement à apporter leur soutien aux campagnes d'austérité de l'Etat contre le prolétariat. Comme si le prolétariat n'était pas suffisamment misérable, les écologistes lui proposent d'être encore plus austère, plus "naturel": ils constituent les meilleurs agents commerciaux de la vente marchande de la "nature" et présentent au prolétariat des programmes d'austérité et d'augmentation de l'exploitation qu'aucun autre secteur de la bourgeoisie n'oserait promouvoir. Pour les écologistes, s'il était possible d'alimenter le prolétariat avec du pâturage (de l'herbe) à la place de la viande, ce serait mieux. Se basant ainsi sur le mythe gigantesque définissant cette société comme une société de consommation (alors qu'en réalité, celle-ci est déterminée par la production de valeur), les écologistes sont les plus cyniques défenseurs de l'austérité, du serrage de la ceinture.
A une époque où les effets dévastateurs de la production marchande provoquent, à cause de la désertification, une mortalité chaque fois plus importante, en un temps où le développement capitaliste engendre des malformations physiques irréversibles et des maladies toujours plus nombreuses du fait de la consommation ambiante incurable, la révolte du prolétariat contre le système se poursuit et, dans son développement, rencontrera auprès des écologistes de tout type, un obstacle de plus qui devra être balayé pour que s'impose la révolution.
Face à l'impossibilité de nier l'antagonisme évident existant entre la révolution sociale et la reproduction de toutes ces institutions, elles-mêmes reproductrices de la propriété privée et de la société capitaliste, la fonction classique du révisionnisme et de la social-démocratie est de reconnaître sous une forme camouflée (dans son programme maximum pour après la révolution) l'existence de cet antagonisme, tout en sabotant toute lutte pratique et concrète contre ces institutions (quand il n'a pas l'insolence d'aller jusqu'à défendre l'existence de la "famille prolétarienne" ou de l'école épurée de ses excès... sous le communisme!). Sans aucun doute, toutes les luttes réelles du prolétariat se sont de fait opposées à ces institutions et s'y sont affrontées sous différentes formes. Dans toutes les révoltes prolétariennes profondes, on voit apparaître non seulement une opposition irréconciliable contre les institutions telles les églises, les prisons... mais également contre la famille, les écoles... dont l'essence constitue tout autant la reproduction de la propriété privée et de l'Etat et dont la structure même vise à reproduire l'individu producteur de survaleur, à maintenir la "prole" en tant que propriété familiale, à entretenir la division sexuelle ou par âge du travail nécessaire à la reproduction de la force de travail du capital, à reproduire la discipline nécessaire au maintien de l'exploitation, du salariat, etc. La lutte contre la famille, l'école, la lutte contre les prisons, les églises, tout comme la lutte contre les institutions de services sociaux ou tout autre type d'institution du capital, est une lutte fondamentale et inséparable de toute la lutte communiste contre cette société. On ne peut pas laisser de côté un problème comme celui du syndicalisme car c'est dans chaque lutte que nous nous y affrontons.
Postposer pour après l'insurrection, la lutte contre l'école, contre la famille, etc. est tout autant contre-révolutionnaire.
Dans cette négation en acte, il est évident que les communistes qui ont l'avantage sur les autres prolétaires d'avoir une vision globale du mouvement et de ses buts et qui, dans tous les aspects pratiques de la lutte se situent à la tête du prolétariat, les communistes donc, développent avec toutes leurs forces cette négation concrète contre la famille, l'école, etc. Mais ils ne peuvent avoir un seul instant l'illusion qu'on pourrait abolir ces institutions sans abolir la propriété privée réelle de laquelle elles émergent. De la même manière que le féminisme est la réponse bourgeoise à la "question de la femme", que l'écologisme est la réponse bourgeoise à la question des conditions de la vie humaine... il existe un ensemble complexe de réponses bourgeoises aux questions de la famille, de l'école... Parmi celles-ci, nous pouvons mentionner les idéologies de la famille alternative, de l'"amour libre", de la révolution du quotidien, des écoles "libres" ou alternatives, etc. Comme pour les autres cas, il ne s'agit pas uniquement d'une simple parcellisation de la lutte prolétarienne mais d'une liquidation effective de celle-ci sur base d'un ensemble de projets réformistes et d'idéologies qui ont toutes en commun la réforme de la reproduction de la vie nécessaire au maintien du salariat.
Seule la constitution du prolétariat en classe et donc en Parti, en tant que communauté humaine, opposé à tout l'ordre établi contient en germe, dans son développement et dans les relations humaines qui se forgent dans la lutte commune, la négation de la famille, de l'école, du paternalisme, de la privatisation relationnelle... Le développement effectif de cette négation trouvera dans tous les projets réformistes d'école ou de famille, un obstacle qu'il devra détruire pour imposer sa révolution, abolissant pour toujours, dans le même processus que celui de la propriété privée, l'école, la famille, etc.
Dans le travail, le prolétaire est universellement dépossédé de son produit; il est extraénisé, étranger à lui-même, nié dans son essence, dans sa vie, dans sa jouissance et rendu étranger au produit de sa propre activité.
Outre qu'il verse sa sueur, son sang, sa vie dans une activité où l'absurde rivalise avec l'abrutissement, il est séparé des liens immédiats avec d'autres hommes en tant qu'êtres humains et séparé donc de sa propre vie générique, de l'espèce humaine.
Ce n'est que dans la lutte contre le travail, contre l'activité qu'on les force à mener et contre ceux qui les y contraignent, que les prolétaires réémergent en tant qu'êtres humains et posent ainsi, dans la généralisation de cette lutte et la consécutive remise en question de la totalité de la société, les premiers jalons pour une société communiste où l'activité de l'homme deviendra enfin humaine, pour l'être humain.
En cohérence avec cela, toute l'idéologie de la société capitaliste est basée sur le sacrifice, la renonciation, l'intériorisation de toute émotion, sensation, de tout sentiment... Au travail correspond le sacrifice, et au sacrifice, la religion (y compris la religion marxiste-léniniste d'Etat!) comme justification de la répression de toute manifestation des passions et jouissances humaines, physiques, corporelles.
Des apologies de gauche et misérabilistes du prolétaire en tant que pauvre, aux dogmes des curés de tous bords, tous nous proposent "l'au-delà", "la société à venir" et la mort comme récompense et champs de réalisation d'un homme qui, dans la "vie présente", doit vivre dans le sacrifice et renier toute jouissance, réprimer tout plaisir.
Des siècles et des siècles de ce qu'on appelle civilisation se sont fait chair et corps.
Le travail, la police, la famille, la religion, l'école, la télévision, la prison, les hôpitaux psychiatriques... --en bref, l'Etat-- sont beaucoup plus que le contexte dans lequel se reproduit, se déforme, se déshumanise ce qui prétend être un être humain; ils composent (ils sont parties de) ces corps, réprimés, séparés, opposés. Sous le capital, l'être humain est incapable d'aimer l'être humain: l'homme, transformé en l'ennemi de l'homme, en arrive même à réprimer sa propre humanité, sa propre pulsion, sa propre énergie.
La société marchande fait que les hommes n'ont des rapports que par l'intermédiaire des choses et en tant que propriétaires privés de choses. La sexualité universellement aliénée, l'impuissance orgasmique généralisée sont la concrétion palpable de l'absence de relations véritablement humaines, en tant que corps, que totalité.
Les êtres humains ne vivent pas leur sexualité directement par leur vie et leur énergie, mais bien par le biais de toutes ces médiations faites corps et de ces images spectaculaires, imposées par la société; mieux dit encore, par le biais de ces médiations faites armes et armatures, de ces corps par lesquelles l'homme n'est plus rien d'autre qu'un loup pour l'homme.
La société bourgeoise a développé sa propre réponse à cette castration inhérente au citoyen, à cette répression faite chair qui détruit en permanence l'énergie de la vie. Cette réponse consiste dans la mercantilisation de tout ce qui est sexuel: on vend des femmes, on vend des hommes, on vend des enfants, on vend des images de bonheur, on vend des pénis, des vagins, des femmes, des hommes en plastic...
A chaque émergence révolutionnaire du prolétariat, en même temps qu'il remet en question et fait trembler tout l'édifice de l'Etat bourgeois, c'est l'ensemble des rapports humains qui commercent à se révolutionner et débute alors une véritable critique pratique de l'antiplaisir généralisé, antiplaisir indispensable au bon fonctionnement de cette société; et réciproquement, dans chaque contre-révolution triomphante ou phase de révolution descendante, l'individualisme et l'antiplaisir se font omniprésents.
Comme pour n'importe quel autre aspect central de la révolution communiste, l'ennemi central de la révolution est le réformisme, l'ensemble des petites réparations effectuées pour que l'essentiel reste tel qu'il est. Ainsi, les idéologies de l'amour libre, de la liberté d'échange sexuel, de la réalisation du plaisir en pleine société capitaliste, même quand elles sont quelque chose de plus que de simples méthodes de propagande pour vendre une chose ou un service... toutes ces idéologies ont pour objectif central de canaliser, dévier, détruire, l'énergie révolutionnaire du prolétariat.
La jouissance véritablement humaine n'a rien à voir avec ces caricatures mercantiles.
Le communisme, dans son affirmation historique, libérera tout le potentiel de jouissance de l'espèce humaine et, en détruisant tous les esclavages, se constituera en une société dans laquelle le plaisir physique et sexuel, la jouissance corporelle et orgasmique, développera jusqu'à des niveaux aujourd'hui inimaginables, les rapports humains, l'humanité de l'homme, l'espèce humaine elle-même.
L'art populaire, l'art-narchie, l'art "prolétarien" et son misérabilisme "ouvrier"... ne sont quant à eux que différentes propositions réformistes et démocratiques visant à sublimer les aspects les plus spectaculaires de la misère de la condition prolétarienne pour, en ne voyant et en ne montrant dans la misère que la misère, complaire le prolétariat dans sa condition de classe exploitée.
Contrairement donc à ce que défendent tous ces réformistes radicaux, l'aliénation de l'art ne réside pas dans le fait que l'art fait abstraction de la misère (les artistes de gauche comblent précisément ce vide!) mais bien dans le fait qu'il est en tant que tel, créativité aliénée, aliénation de la créativité, élément de l'Etat bourgeois renforçant et reproduisant la société capitaliste.
La révolution communiste détruira l'Art (y compris l'art "prolétarien") comme produit des sociétés de classe, comme activité de l'homme, fragmentée et sectionnée sous le Capital; la révolution communiste réalisera les aspirations créatives de l'homme auxquelles l'art prétendait répondre dans une forme aliénée.
Cette destruction prolétarienne de l'Art et, plus globalement, de ce cloisonnement des différentes activités sous le Capital, trouve aujourd'hui même (et c'est là une vieille tradition ouvrière!) des expressions embryonnaires dans le sabotage inventif des moyens de domination et de terreur bourgeoise, dans le sabotage de ses machines, dans le détournement de ses armes, dans les méthodes développées pour échapper ou tromper les contrôles de l'Etat, dans la "perruque", dans l'absentéisme... et plus largement, dans toute l'imagination et la créativité dont fait preuve notre classe, dans son entreprise de subversion de ce monde.
L'insurrection généralisée sera un fait profondément créatif, "artistique" et un jalon crucial dans cette destruction révolutionnaire de l'Art.
L'organisation de cette violence qui surgit spontanément du sol même de cette société terroriste et la décision de son application, sont des éléments décisifs pour empêcher un massacre généralisé, pour diminuer et écourter les douleurs de l'enfantement de la nouvelle société; c'est pourquoi les communistes, non seulement ne s'opposent pas à cette violence mais, bien au contraire, se placent à sa tête pour la diriger: Le pacifisme, c'est-à-dire l'antiterrorisme en général, de la même manière que la distinction social-démocrate entre la violence de la classe ouvrière "dans son ensemble" et les actions violentes "individuelles" ou entre "violence" et "terrorisme" ne constituent rien d'autre, ni ne peuvent être autre chose qu'une manifestation cynique de l'idéologie contre-révolutionnaire.
Pour cela, il s'agit de centraliser cette
force prolétarienne. Il s'agit de se doter d'une direction qui sache
pratiquement et adéquatement combiner l'arme de la critique avec
la critique par les armes, qui sache également affronter le pacifisme
sur tous les terrains et combattre le réformisme dans toutes ses
expressions. Cette direction se forgera donc non seulement contre le pacifisme
et contre l'antiterrorisme en général, mais aussi contre
le réformisme sous toutes ses formes et particulièrement
contre le réformisme armé, étant donné qu'en
tant qu'alternative très "radicale", il est précisément
chargé de récupérer et de liquider les prolétaires
les plus combatifs rompant avec les partis et forces qui traditionnellement
les contrôlent.
Pour cette raison, la révolution prolétarienne n'est pas non plus réductible à une question économique de gestion de la production, de contrôle ouvrier, etc. Pour pouvoir réaliser les activités organisatives de la société et ce jusqu'au communisme, la révolution prolétarienne nécessite au contraire la destruction violente de tous les institutions et appareils de la contre-révolution qui garantissent et maintiennent la dictature de la valeur contre les besoins humains.
Aujourd'hui, revendiquer le Parti signifie en même temps reprendre et se réapproprier la conception invariante de celui-ci et se démarquer de tous les démocrates en insistant sur le fait que cette question centrale du programme ne constitue pas un "problème à part", que classe et parti ne sont pas deux être historiques différents qui devraient donc se définir séparément pour ensuite entrer en relation mais sont bien au contraire, des expressions distinctes d'un seul et même être historique: le communisme.
Les déterminations essentielles du Parti ne peuvent donc être comprises à partir de réalités contingentes ou de nécessités ponctuelles sans tomber inévitablement dans des conceptions immédiatistes (léninistes ou antiléninistes) qui, invariablement définissent d'un côté la "classe" (comme si celle-ci pouvait se définir sans sa constitution en parti) et d'un autre côté le "parti" (en général défini en terme de devoir-être idéal) pour ensuite tenter de concilier les deux concepts, c'est-à-dire de "lier" ce qui a été idéologiquement séparé. Les polarisations à l'intérieur de cette conception démocratico-idéaliste s'opèrent ensuite dans la recherche de définitions des "relations" entre la "classe" et le "parti". De la même manière, les déterminations historiques fondamentales du parti n'ont rien en commun avec l'existence de tels ou tels groupuscules auto-proclamés "parti" ou qui prétendent détenir la "conscience"; elles n'ont rien en commun non plus, avec l'addition économico-sociologique des prolétaires. Au contraire, le Parti est pour nous le communisme constitué en force centralisée internationalement. C'est à la fois la condition indispensable à l'instauration de la société communiste et sa préfiguration vivante.
L'organisation spécifique des communistes n'a pour autant rien à voir avec la constitution d'un parti séparé mais affirme au contraire, pratiquement, la tendance générale du prolétariat se constituant en Parti, à se doter d'un organe central.
Il est évident que cette conception du Parti et de l'action des communistes s'oppose radicalement et totalement à l'ensemble des idéologies démocratiques parmi lesquelles certaines méritent ici d'être relevées.
Jamais une organisation, produit de la classe ouvrière et qui servira la révolution sociale, ne s'organisera sur de telles bases. C'est le schéma classique des organisations idéologiques du Capital, depuis les églises jusqu'aux partis bourgeois.
Tous ces constructeurs d'internationales suivent plus particulièrement la ligne historique de la seconde Internationale et de son centre formel.
L'organisation internationale du prolétariat sera le produit historique (et non immédiat) de l'organisation et de la centralisation de la communauté de lutte contre le capital, en dehors et contre tous ceux qui prétendent modeler le mouvement, en proclamant du haut de leur tribune, un ensemble de principes idéologiques.
La préfiguration effective du Parti international de demain, existe aujourd'hui, dans l'action réelle d'un ensemble encore non centralisé de minorités prolétariennes qui, dans la lutte réelle et de par leurs ruptures successives, se resituent dans la ligne historique du programme invariant et du Parti.
En termes concrets, il est le produit de la centralisation d'un ensemble de négations, de ruptures, d'expériences de lutte et de bilans de défaites, réalisés par divers camarades en diverses latitudes et transformés, sur base de la théorie communiste, sur base de l'expérience accumulée par des générations de révolutionnaires dans le monde entier et sur base d'un travail collectif, organisé et conscient, transformés donc, en une force vivante et agissante de la centralisation internationale du prolétariat. Comme tel, le Groupe Communiste Internationaliste agit de manière consciente et volontaire sur la base du programme communiste invariant dont les thèses exposées ici en sont une expression, pour diriger le processus de constitution du Parti Communiste mondial et la révolution communiste. Cette tâche gigantesque, séculaire, invariante qui consiste à assumer consciemment et volontairement les déterminations matérielles qui poussent au développement de la communauté de lutte du prolétariat et qui constituent les prémisses indispensables pour le Parti et la Révolution de demain, sera l'oeuvre collective de milliers de cadres révolutionnaires. Cette tâche immense est déjà assumée aujourd'hui par des groupes et des militants révolutionnaires dans les différentes parties du monde. Etant donné les conditions dans lesquelles émerge cette communauté d'action révolutionnaire, après des décennies de contre-révolution, il résulte aujourd'hui, de manière plus évidente que jamais, que cette communauté est une communauté pratique de nécessités et d'intérêts prolétariens, affirmée et produite de l'affrontement contre le capital, et cristallisée dans l'action de minorités d'avant-garde, bien avant que d'être une communauté de conscience (même pour ce qui concerne les minorités). L'organisation et la centralisation de cette communauté qui s'affirmera sur base de la coordination de l'action contre le capital (action qui se développe déjà aujourd'hui sous des formes encore inorganisées) s'opposent donc nécessairement à tous types de critères de démarcation idéologique: l'organisation et la centralisation de cette communauté seront une démarcation éminemment pratique, de lutte. Au sein même de cette communauté, en développant et en affirmant les différences théoriques dans chaque groupe de militants qui agissent pour diriger ce processus (et donc au sein de notre propre groupe) les divergences, même importantes, sont et seront inévitables. Mais la seule forme pour les résoudre sera à l'intérieur même de cette communauté, unique espace politique où la discussion se déroule entre camarades.
Se situer aujourd'hui dans la ligne historique du Parti, signifie agir de la manière la plus conséquente possible au sein de la réelle communauté de lutte contre le Capital, pour essayer de la rendre consciente de sa propre existence, de sa force, de ses perspectives, pour tenter de l'organiser, de la diriger.
Se situer aujourd'hui dans la ligne historique du Parti signifie, avec la même fermeté tranchante et qui s'affronte à l'ennemi, quelles que soient ses variantes (incluant l'opportunisme et le centrisme), être solidaire de tous les prolétaires en lutte contre le Capital dans toutes les parties du monde.
Se situer aujourd'hui dans la ligne historique du Parti signifie, passionnément, continuer le travail historique commencé par les fractions communistes et poursuivre les bilans des expériences et des défaites passées; signifie travailler à la formation des cadres révolutionnaires.
Se situer aujourd'hui dans la ligne historique du Parti, c'est assumer le fait que notre groupe ainsi que tous les autres groupes de révolutionnaires existant dans le monde, sont une expression, une structure nécessaire et indispensable pour la constitution du Parti. Mais cette expression n'est pas le Parti lui-même. Dans le développement du Parti, compris dans son arc historique, notre groupe, comme tant d'autres, n'est rien de plus qu'un épisode éphémère dans la vie du Parti et dans ses tentatives pour constituer un organe de direction internationale.
De la même manière que la Ligue des Communistes et l'Internationale ne furent que des épisodes (indispensables!) de la vie du Parti, notre action et notre volonté sont dirigés explicitement et consciemment dans le sens d'un dépassement de la forme actuelle et groupusculaire même si celle-ci constitue sans aucun doute une médiation indispensable pour réaliser ce dépassement. Parler de Parti historique sans être conséquent, sans assumer une activité pratique nécessairement groupusculaire est idéaliste et réactionnaire. Mais il faut être bien clair: en tant que groupe, celui-ci n'est pas une fin mais bien une médiation pour se dépasser; ceci est fondamental et démarcatoire.
Camarades, nous assumons ce que nous sommes réellement et ce pourquoi nous avons surgi. Nous assumons la pratique conséquente et révolutionnaire du Communisme et du Parti Communiste.