Une fois de plus ... le CCI du côté des flics contre les révolutionnaires !

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Nous avons déjà dénoncé à plusieurs reprises le rôle réactionnaire que joue ce continuateur de la social-démocratie qu'est le Courant Communiste Internationaliste. Nous avons constaté et dénoncé face à notre classe son rôle dans les manifestations ouvrières à Paris, où avec le même prétexte syndicaliste de l'unité de la manifestation "contre les provocations", le CCI mégaphone en main assurait la séparation entre les "provocateurs" et le reste de la manifestation. Nous faisons ici allusion à une manifestation de chômeurs qui eut lieu à Paris il y a quelques temps. Ils facilitèrent ainsi le travail de la police parisienne en isolant "d'affreux" provocateurs qui remettaient en question l'enterrement syndicaliste de la lutte ouvrière en jetant quelques pierres contre des boîtes d'intérim et d'autres entreprises négrières. La police a ainsi pu plus facilement les arrêter puisque la résistance prolétarienne n'était pas organisée, (le CCI apporte la conscience mais "n'organise rien"!) et les autres prolétaires restant bien encadrés par les syndicalistes de tous bords.

Dans d'autres circonstances, le rôle de dénonciateur et de mouchard de ces pacifistes infatigables a été tellement pris au sérieux par les différentes polices européennes que lors des interrogatoires de nos camarades, les flics se basaient sur des articles de presse,... du CCI qui racontait que "le GCI cachait des fusils dans ses caves"!!?!

Le rôle de mouchard -propre à tout anti-terroriste- se concrétise aujourd'hui pour le CCI par leur collaboration ouverte dans l'amalgame systématique que réalise l'Etat entre les groupes qu'il appelle "terroriste" et les internationalistes. En utilisant cette terminologie idéologique que la bourgeoisie donne au mot "terroriste", le CCI écrit dans ses revues que dans notre groupe "il y a des terroristes" (!) ce qui a valu à des camarades de voir leur situation aggravée par rapport à la répression, et de se trouver face à différents problèmes dans leur vie quotidienne et dans leur travail.

La confusion qu'entretient délibérément le CCI est crapuleuse: à partir de notre revendication marxiste du terrorisme prolétarien, du terrorisme révolutionnaire en tant que direction incontournable, le CCI induit l'affirmation, qui a des conséquences policières! Confusion opérée systématiquement et depuis toujours par la social-démocratie pour coincer l'avant-garde révolutionnaire entre la répression ou la renonciation au programme révolutionnaire.

Ici, nous allons axer nos critiques sur la campagne particulière de dénégation de notre groupe et de nos militants, campagnes organisées par le CCI et qui dit en deux mots que nous travaillons avec des groupes nationalistes! Plus précisément encore, il raconte un peu partout dans le monde le mensonge gigantesque qui consiste à dire que nous appuyons voire même que nous collaborons avec Sentier Lumineux! (1)

Cela soulève deux questions. La première est celle de la méthode stalinienne qui vise à dénigrer et insulter (pour les disqualifier) des organisations qui, du point de vue de la mentalité du CCI, lui feraient concurrence (2). La deuxième est la difficulté chaque fois plus grande que rencontrent les chefs du CCI pour justifier, face à leurs militants de base, la fin des illusions du CCI, présenté dans le passé comme "le pôle de regroupement mondial". Il leur est effectivement de plus en plus difficile de justifier les mensonges propres à tout groupe gauchiste qui veut maintenir les illusions des "militants" recrutés sur des bases immédiatistes, mensonges qui consistent à définir "les années 80 comme celles de vérités", à claironner l'avènement de "la 3ème vague, de la 4ème vague de lutte" en Europe... Bref, à chanter tout ce qui chez quelqu'un de non-formé, donne l'illusion de l'immédiateté de la révolution à venir.

Mais si cette question est, en dernière instance, le problème du CCI, la 1ère question, par contre, est beaucoup plus grave et importante: il s'agit de la collaboration objective aux campagnes de l'amalgame réalisé par l'Etat (qui permet de justifier la répression des révolutionnaires) et du même coup de la collaboration avec l'entreprise de confusion menée par tous les appareils de l'Etat bourgeois visant à détruire toute alternative classique, révolutionnaire, internationaliste, en assimilant toute lutte, toute action, tout groupe à "l'ennemi public No.1": "les terroristes" (3).

Et cela, précisément à un moment très difficile pour le prolétariat de la région et plus particulièrement pour son avant-garde, qui de toutes ses faibles forces essaie de forger une direction communiste -ce qui est nécessairement en opposition avec des groupes tels que Sentier Lumineux, dominés par l'idéologie maoïste-. Plus encore, au même moment où le CCI lançait sa campagne de dénégation de nos militants, des camarades à nous, des militants du Pérou et de Colombie (qui, comme nous, ont une clarté totale quant à la nécessité de l'organisation du prolétariat en Parti distinct et opposé à tout l'ordre établi -Parti distinct qui entre en permanence en contradiction avec la ligne de groupes tel que Sentier-) sont persécutés et réprimés grâce à ce même amalgame que fait le CCI. Depuis plus d'une année, nous sommes sans nouvelles de certains de ces camarades et ce malgré tous les efforts effectués là-bas et ici pour reprendre les contacts. Nous le répétons, ces camarades sont réprimés grâce à l'identification faite par le CCI entre ceux qui luttent violemment contre l'Etat et tel ou tel groupe accusé de "terrorisme".

Nous pourrions croire que ce que raconte le CCI n'a pas d'influence directe sur la répression de nos camarades. En effet, peut-être n'y a-t-il qu'une coïncidence entre les flics et le CCI, cela s'est déjà vu plusieurs fois dans l'histoire. Cependant, ce que raconte le CCI n'est pas resté caché, cela ne constitue pas non plus le dernier ragot sans importance de son petit milieu. C'est un mensonge qui a pris des proportions tellement considérables que plusieurs groupes et contacts (du Mexique à l'Argentine, en passant par la Colombie, l'Angleterre et l'Espagne) nous ont avertis de l'importance que prenaient ces dénonciations policières. Ces mensonges se sont autonomisés non seulement dans le sens d'une falsification et d'une calomnie par rapport à ce que nous écrivons; mais plus grave encore, en plus de ce qu'écrit le CCI, un groupe dilettante et révisionniste affichant ouvertement sa reconnaissance formelle de Kautsky et portant le nom de "Communisme et/ou Civilisation" pousse la calomnie jusqu'à dire que notre groupe "appuie a-critiquement Sentier Lumineux"!! A ces salopards, le prolétariat fera bouffer un jour, morceaux par morceaux, non seulement chacun des papiers où ils ont reproduit de pareils mensonges, mais aussi toute la bouillie nauséabonde qu'ils écrivent.

Ces groupes sont assez cyniques que pour parler de solidarité "entre communistes" alors que face à la répression sanguinaire de l'Etat contre nos camarades, ils gardent un silence complice, de la même façon que par rapport aux massacres des prisonniers prolétariens au Pérou (mais aussi d'autres pays). Ces groupes osent s'auto-proclamer marxistes alors qu'ils font exactement la même confusion que tout stalinien (ou plus généralement, que cette bourgeoise qu'est l'opinion publique!) entre drapeau et mouvement, entre la lutte prolétarienne et telle ou telle organisation ou idéologie pourrie.

Leur "solidarité" est basée sur un marchandage idéologique: ils ne sont disposés "à se solidariser" qu'avec des groupes qui ont la même idéologie qu'eux. Ils ne reconnaissent d'ailleurs le prolétariat que là où il agit tel qu'ils l'imaginent devoir agir, et uniquement à des niveaux inférieurs de lutte (grèves massives les bras croisés, manifestations pacifiques,...) et surtout, surtout, bien sûr quand il s'agit du prolétariat en Europe.

C'est ainsi que, alors que pendant des dizaines d'années, le massacre et la "disparition" de personnes étaient pratiqués comme méthode de gouvernement dans le Cône Sud de l'Amérique Latine, un groupe comme le CCI n'a jamais rien fait pour se solidariser avec l'avant-garde du prolétariat, décapitée par ces méthodes de répression. La plupart du temps, il a contribué aux campagnes démocratiques bourgeoises en présentant cette lutte du prolétariat comme une lutte inter-bourgeoise.

Enfin, ces groupes ont la même position sur la lutte du prolétariat de la plupart des pays, du "Tiers Monde" comme ils disent (4), que le stalinien moyen se base sur l'identification entre drapeau et mouvement, organisation formelle et organisation réelle.

En Pologne par exemple, ils se rendent complices de la répression calomniant la lutte prolétarienne, en l'étiquetant "lutte catholique", "démocratique", "nationaliste",... L'argumentation ne va pas plus loin que de dire que ceux qui sont à la tête des "fauteurs de troubles" sont, dans la plupart des cas, des membres de Solidarnosc. Qu'est-ce qu'a fait le CCI pour les prolétaires emprisonnés? pour les torturés? pour les disparus?... disons en Argentine, au Chili? Rien!!!... Parce que pour le CCI et ses groupes frères (Battaglia, CWO,...), ces militants réprimés ne sont pas "communistes"!!! Avec le même prétexte, ils sont incapables de se situer du côté des prolétaires réprimés aujourd'hui au Pérou, en Colombie, au Mexique... mais aussi au Liban, en Iran, en Irak, en Corée, en Afrique du Sud,...

Et si on leur demande leur position sur les massacres des prisonniers, ou plutôt la succession des massacres de prisonniers au Pérou, ils répondent qu'il s'agit de luttes inter-bourgeoises; la preuve en est que ceux qui sont tués "ne sont que des maoïstes"!!!

Et pourtant, toute lutte du prolétariat existe toujours avec (et malgré) une idéologie bourgeoise, le plus souvent encadrée par des organisations formelles, dominées par des idéologies bourgeoises. Faut-il rappeler que l'insurrection d'Octobre '17 en Russie s'est faite avec des mots d'ordres bourgeois tels que "Pour la paix"? Faut-il rappeler encore que le parti bolchévik avait un programme formel fondamentalement démocratico-bourgeois? Il est évident que ce sont des faiblesses; faiblesses qui se sont cristallisées postérieurement dans la direction oscillante et opportuniste des soviets, du parti bolchévik, de l'Internationale... Faiblesses contre lesquelles nous devons nous battre par la critique et la lutte pour la constitution d'une direction réellement communiste. Faiblesses qui se concrétisent aujourd'hui au Pérou, dans le fait que des dizaines de milliers de prolétaires combatifs affrontent le Capital et l'Etat avec une direction, un programme formel et un certain encadrement (5) qui n'est pas communiste dans le sens où nous le comprenons, autrement dit, qui amène le prolétariat dans un cul-de-sac. Faiblesses face auxquelles il ne sert à rien de se lamenter à l'aide de phrases passe-partout, en gémissant sur le "manque de Parti" (défini invariablement par ces groupes, comme quelque chose d'extérieur au mouvement réel et qui, s'il existait, garantirait le mouvement), étant donné que c'est seulement dans la lutte du prolétariat que l'alternative révolutionnaire peut et doit se forger (6). Faiblesses contre lesquelles nous luttons, nous, et les communistes du Pérou, et de partout ailleurs, par la critique implacable de toute l'idéologie dominant encore les ouvriers combatifs, et donc contre les directions et les dirigeants qui développent de telles illusions, de telles idéologies. Et cette lutte passe aujourd'hui, au Pérou, par la dénonciation de l'idéologie néfaste de "Sentier lumineux", qui vise à amener le prolétariat vers le cul-de-sac de la "guerre populaire prolongée", tel que nous l'avions déjà dénoncé dans le numéro antérieur de notre revue centrale. Mais, cette lutte passe aussi par le fait de dénoncer et de démasquer toute la politique d'amalgame, produite par l'ensemble de la société bourgeoise et avec laquelle le CCI collabore ouvertement. Ce qui résulte de tout cela, c'est l'évidence de l'antagonisme existant entre les intérêts du prolétariat et ceux du CCI.

Pour le prolétariat mondial, il est indispensable de reconnaître dans la lutte du prolétariat au Pérou, sa propre lutte, de la même manière qu'il lui faut saisir dans les massacres de prolétaires d'hier, à "El Fronton", "Lurin gaucho", "Santa Barbara",... (massacres qui ont continué à s'accentuer par la disparition systématique des combattants prolétariens), le massacre de ses propres frères de classe, de ses propres camarades.

La bourgeoisie mondiale a intérêt, par contre, à ce que de pareils massacres se passent dans la plus grande indifférence du prolétariat international (et force est de reconnaître que c'est fondamentalement cette situation qui prédomine); la bourgeoisie crève de trouille à l'idée que le prolétariat ne reconnaisse dans ces massacres la répression de camarades, de frères de classe; la bourgeoisie veut à tout prix qu'on ne voie au Pérou que l'oeuvre de "staliniens", de "maoïstes", de "polpotiens", des conflits entre "trafiquants de came",... Il ne fait aucun doute que le CCI rentre pleinement dans la catégorie décrite dans cette dernière phrase.

Mais, le type de position du CCI en ce qui concerne le Pérou, est, en dernière instance, ce qu'a toujours dit et développé ce groupe par rapport à toute lutte importante du prolétariat en dehors de l'Europe. Le CCI n'a jamais pris position clairement pour le Cordobazo, ou plus récemment encore, pour le mouvement insurrectionnel du prolétariat en Iran, qui a abouti à la destruction de l'armée du Shah; ils ont systématiquement confondu ces mouvements avec le péronisme ou l'islamisme. Ce qui contraste totalement avec l'apologie a-critique du CCI, vis-à-vis de toutes grèves ouvrières se développant en France. Ainsi, par exemple, à propos de la dernière grève des cheminots, ils n'ont jamais critiqué à fond ni l'idéologie, ni le drapeau, ni les faiblesses, ni les structures pourries qui ont dominé les prolétaires durant toute la lutte. Et cependant, les mythes, les idéologies, les limites du mouvement des ouvriers en France dans les dernières décennies, ne sont pas moins pires que ceux des prolétaires péruviens, qui croient que "Sentier Lumineux" est leur alternative. Le CCI, dans un même moment, va soutenir, "chez lui" (en France), des manifestations syndicales, sous prétexte que le prolétariat s'y trouve, et se faire complice de la répression du prolétariat (dans d'autres parties du monde), sous prétexte que le prolétariat ne s'y trouverait pas, puisqu'il n'y a là que des... terroristes! L'unique cohérence sous-tendant cela, est la conception social-démocrate et eurocentriste du monde, conception qui subordonne "les possibilités de libération de l'humanité" à ce qui peut exclusivement se passer dans les "pays civilisés", ce qui, dans les faits, signifie la défense de la civilisation occidentale et chrétienne et de la race blanche européenne.

Nous appelons ici l'ensemble de nos camarades, lecteurs, sympathisants,... et plus largement, l'ensemble des prolétaires en lutte, à exprimer leur solidarité et à nous soutenir face à la répression dont nous sommes l'objet et dont la campagne du "petit milieu révolutionnaire" pour nous désigner comme "terroristes" à la vindicte de l'Etat, n'est sûrement pas le dernier responsable.

Notes :

1. Pour une brève critique de ce groupe, nous renvoyons le lecteur à notre texte: "Solidarité internationale avec le prolétariat et ses prisonniers au Pérou" paru dans "Le Communiste" No.25. Ce texte a d'ailleurs permis à différents contacts de notre groupe de répondre aux calomnies du CCI.

2. Nous rejetons globalement ces critères propres au CCI, mais c'est un fait que le CCI nous considère comme faisant partie du même milieu de merde que lui, milieu où les différentes sectes offrent leur marchandise idéologique afin d'attirer des acheteurs potentiels: des "sympathisants" et "militants".

3. Voir à ce sujet, notre texte dans cette même revue: "Contre le terrorisme d'Etat, de tous les Etats existants".

4. Ces groupes utilisent la même terminologie que tous les ennemis du prolétariat: "pays centraux", "périphériques", "tiers-monde", "développés", "sous-développés"...

5. Une chose difficile à comprendre pour ceux qui n'ont jamais participé à des mouvements sociaux subversifs du prolétariat (l'actuelle génération de prolétaires et militants en Europe, par exemple) est la relativité de tout encadrement formel par rapport au mouvement réel. Dans tout mouvement profondément subversif de la société, une grande partie du prolétariat mène sa lutte en utilisant des mots d'ordre ou en s'auto-réclamant de tel ou tel groupe avec lequel non seulement ils n'ont aucun contact, mais qui, de fait, ne se connaissent pas. Des dizaines de milliers de prolétaires qui, aujourd'hui, s'identifient à "Sentier Lumineux", n'ont jamais lu de texte de ce groupe (ne serait-ce que parce qu'une grande partie ne sait pas lire) et n'ont même aucune idée de ce qu'est le stalinisme ou le maoïsme.

6. Etant donné les deux dimensions fondamentales du parti -l'historique et l'internationale- il ne faut évidemment pas prendre cette affirmation dans le sens immédiatiste: sans tirer les leçons du passé, sans programme, sans direction internationale... la révolution communiste est impossible. Et, toutes ces questions d'importance déterminante ne concernent pas seulement les révolutionnaires du Pérou mais les communistes du monde entier.

"Ainsi, donc, pendant que l'utopie, le socialisme doctrinaire qui subordonne l'ensemble du mouvement à un de ses moments, qui met à la place de la production commune sociale, l'activité cérébrale du pédant individuel et dont la fantaisie supprime la lutte révolutionnaire des classes avec ses nécessités au moyen de petits artifices ou de grosses sentimentalités, pendant que ce socialisme doctrinaire qui se borne au fond à idéaliser la société actuelle, à en reproduire une image sans aucune ombre et qui veut faire triompher son idéal contre la réalité sociale, alors que la lutte des différents systèmes entre eux fait ressortir chacun des prétendus systèmes comme le maintien prétentieux d'un des points de transition du bouleversement social contre l'autre point, le prolétariat se groupe de plus en plus autour du socialisme révolutionnaire, autour du communisme..."
Marx: "La lutte de classe en France"

Le Communiste No.26