Organe central en français du Groupe 
   Communiste Internationaliste (GCI)
      
              
       
 COMMUNISME No.63 (Juin 2011) | PDF   |
              
        Catastrophe capitaliste et luttes
 prolétariennes   partout
        
           
              
      
           
      
      ÉDITORIAL
      
      
      Décembre 2010, janvier 2011 : Tunisie, Algérie, Égypte,
   Libye, Maroc, Yémen, Oman, Bahreïn, Jordanie, Irak, Iran,
Arabie    saoudite, Syrie, mais aussi Chine, Bangladesh, Burkina Faso, Albanie,
Chili,    Bolivie (voir dans cette revue) etc… Il n’y a à cette relative
simultanéité    d’explosion sociale aucune cause transcendante,
aucune autre explication   fondamentale que la révolte de notre classe
contre la dégradation   des conditions de survie induites partout
par la valorisation capitaliste.   Tandis que la contre-insurrection s’organise
internationalement sur tous  les fronts –politique, policier, militaire,
diplomatique et bien sûr,  idéologique et médiatique–
on nous parle de mouvement pacifique  et citoyen opposé à des
“ dictateurs brutaux et sanguinaires  ”, au nom du vieil anti-fascisme recyclé
(voir le chapitre “ Démocratie  ” dans le premier texte qui suit).
      Au nom de la “ révolution ”, on a une fois de plus tenté
  de  nous prouver la faiblesse du mouvement, d’un point de vue étriqué
   sur les idées et la conscience (voir l’encadré “ A propos
 de  la conscience ”), ou en y cherchant l’éternelle figure modèle
   de l’ouvrier d’usine syndiqué.
      On nous a resservi une “ révolte des jeunes ”, évoquant,
  à  propos de ces pays à forte croissance démographique,
  la proportion  (autour des 20%) de “ jeunes ” (15-25 ans), en âge
d’être  salariés  et se trouvant privés de ressources.
S’ils ont joué  et jouent  encore un rôle moteur dans la révolte,
ils ne sont  absolument  pas les seuls prolétaires à ne plus
accepter leurs  conditions  de survie et c’est justement cela qui a conféré
  au mouvement  son ampleur.
      L’extension du mouvement, sa contagion, sa force de résonance
 à   travers le monde, ont été réduites à
 la conception   journalistique et marchande d’import/export de la lutte
d’un  pays à   l’autre. On a aussi excité les fantasmes de
survalorisation  du rôle   joué par la communication via Internet
et les fameux  “ réseaux   sociaux ”1.
      On nous a enfin vendu à la pelle des projets de réformes
  démocratiques  comme étant le contenu et le fer de lance
de   la lutte. Pour peu, le  “ peuple ” n’aspirerait qu’à “ restaurer
le  prestige de l’État  ” (selon les dires d’un grand réformateur
  tunisien), à le purifier  de la corruption, sans rappeler que celle-ci
  fait partie intégrante  du capitalisme 2. On peut dire que les prolétaires
  en lutte ne se sont pas embarrassés de considérations si
vertueuses   vu qu’ils ne se sont pas contentés de dénoncer
–avec raison–   le racket permanent de la corruption dans leur quotidien,
ils ont attaqué   divers bâtiments publics, pillé et
saccagé des entreprises   privées.
      Un dénominateur commun de la situation dans les premiers pays
 touchés   est incontestablement l’usure de régimes qui, bien
 que soutenus politiquement   et financièrement par les grands États-gendarmes,
 ne parviennent   plus à assurer ni paix sociale ni cohésion
 sociale 3. La presse   a souligné que les pays détenteurs
de  rentes énergétiques   conséquentes (Algérie,
Arabie saoudite, Libye, Bahreïn,   Yémen…) disposent plus que
les autres d’une marge de manœuvre pour   tenter d’amortir les tensions sociales
par des subventions, principalement   en matière de régulation
des prix des produits dits de première   nécessité.
Cependant, les entreprises en général   comme les fractions
bourgeoises liées à l’État national   et ses rentes,
avec la bénédiction des plans d’ajustement    du FMI,
se disputent la répartition de la plus-value avec de tels  appétits
concurrentiels que les gouvernements ne consacrent en fin  de compte que
peu de moyens à financer la paix sociale autrement que  par la surveillance
et la terreur.
      Durant ce 1er trimestre 2011, sous la pression de la vague de la lutte, 
  on a soudainement vu tous les pays touchés lâcher de l’oseille
   par ballots, à travers diverses mesures : baisses de prix, raccourcissements
   de prêts ou baisse de taux d’emprunt, primes familiales exceptionnelles,
   subventions régionales, rencontres soudaines de diverses revendications
   d’augmentations salariales parfois assez conséquentes… mais cela
 ne  suffit visiblement pas à calmer la colère prolétarienne,
   à avoir raison de la détermination de notre classe.
      S’il y a eu un début de basculement, fin 2010 et début
 2011,   c’est après les premières balles tirées sur
les premières   manifestations et émeutes jugées menaçantes,
 lorsque   nos frères et sœurs de classe, au lieu de se terrer, ressortent
 en   rue avec plus de détermination encore, exprimant leur rage trop
 longtemps   contenue, portant leurs morts à bout de bras, non pour
 offrir pacifiquement   leurs poitrines aux balles mais pour renverser le
rapport de force en passant   à l’offensive, en s’organisant et en
s’armant.
      Cet affront fait à la terreur d’État renvoie alors enfin
  la  peur dans le camp de la bourgeoisie, celle-ci devant faire face à
  un mouvement qui riposte à la terreur étatique par la violence
   de classe et l’action directe, pousse au défaitisme dans les corps
   policiers et militaires, aux désertions et fraternisations (en
Tunisie,    en Égypte, au Yémen, en Syrie 4… et le plus fortement
sans   doute en Libye avec la formation généralisée
de milices   d’insurgés), brise dans la pratique la mystification
idéologique   d’une armée “ au service du peuple et de la révolution
”, attaque  les prisons et s’y mutine, provoquant des évasions massives
(comme  cela s’est fait en Tunisie et en Égypte), s’organise pour
coordonner  la lutte sous de multiples formes (diversement radicales ou contradictoires
  quant à leurs objectifs, leurs pratiques) : “ comités de
défense    de la révolution ” en Tunisie et en Égypte,
“ comités    populaires ” en Libye, apparition et développement
de centaines de   “ tansiqyat ” (“ coordinations ”) au Maroc mais surtout
en Syrie…5 Ce mouvement   enfin crache partout sur le spectacle de “ changement
” (en Bolivie, Tunisie,   Égypte, Syrie…) et commence à se
reconnaître par-delà   les frontières comme un même
mouvement contre la non-vie que   nous impose le capital, contre le même
“ pouvoir assassin ” à   travers le monde.
      En 1993, il y a près de vingt ans et tandis que vingt années
   nous séparaient de la dernière vague de lutte internationale,
   celle des années 1968-70, nous avions publié une contribution
   sur les “ caractéristiques générales des luttes de
 l’époque  actuelle ”6. Dans ce texte, nous décrivions les
luttes  de notre classe  de l’époque comme des explosions brisant
rapidement  les carcans sectoriels  et corporatistes, s’affirmant directement
en-dehors  et contre les encadrements  social-démocrates, mais demeurant
circonscrites  dans l’espace et dans  le temps, se faisant écraser
dans une relative  indifférence.  
      Aujourd’hui, ainsi que nous le développons dans la présente
   revue : 
      “La généralisation au niveau du territoire et le fait 
de  recouvrir  des problèmes plus généraux et reconnus
 comme  sociaux,  sont devenus quasi la norme.  (…) Dans cette décennie
  on entre  dans une phase de permanence et d’intensification méconnue
  jusqu’à  présent. C’est justement ce que nous vérifions
  au cours de la révolte actuelle, il semblerait qu’elle se généralise
   encore plus qu’en 2008, qu’elle touche plus de régions et plus
de   pays, qu’elle présente plus d’émulation mutuelle et aussi
plus  de conscience que c’est la même chose qu’ailleurs et que c’est
relativement   pour les mêmes raisons ”.
      Face à l’extension et à l’approfondissement de la lutte,
  la  clef de la domination bourgeoise, la clef de la contre-insurrection
–outre   la cooptation de forces de répression à sa solde–
demeure la  repolarisation du conflit de classe. La paix sociale elle-même
n’est  pas un état statique, figé, mais la manifestation de
cette repolarisation permanente (voir le chapitre “ Prolétariat et
idéologie bourgeoise ” du texte qui suit). Nous l’affirmions également
dans notre précédente revue, dans notre texte “ Prolétaire,
  moi ? Contribution à la définition du prolétariat
”  :
      “ Ce n’est pas par hasard si les outils du pouvoir du capital sont
toujours    les mêmes. La repolarisation de la société
en différentes    alternatives bourgeoises, du style droite contre
gauche, antifascistes contre   fascistes, libéraux contre anti-néolibéraux,
nationalistes   contre impérialistes, front populistes contre nationalistes,
dictateurs   contre démocrates, militaristes contre pacifistes, islamistes
contre   chrétiens, républicains contre monarchistes... n’est
pas une   forme parmi d’autres de réorganiser la domination bourgeoise
 en danger,   mais la méthode générale qu’a la société
   (depuis de nombreux siècles!) pour transformer la rage sociale
contre    la société en rage sociale à l’intérieur
de  la  société, la guerre sociale en guerre interbourgeoise
[comme    en Libye], la rage prolétarienne en délégation
et négociation   à l’intérieur de l’Etat, la remise
en question de toute la  société en remise en question d’une
forme particulière  de domination, la lutte contre le capitalisme
en lutte contre une fraction  bourgeoise, en faveur d’une autre ”.7
      En ce moment-même, les grands États-gendarmes interviennent
   militairement en Libye contre l’insurrection “ pour sauver les insurgés
   ”, au Bahreïn pour les écraser sans fioriture 8, et annoncent
   triomphalement au G8 réuni en ce mois de mai à Deauville
des   investissements pour “ soutenir financièrement le printemps
arabe  ”, entendez la contre-révolution dans tous les pays concernés.
      Même si les textes de la présente revue ont été
   clôturés en avril-mai, nous profitons de cet éditorial
   pour évoquer l’éclosion du mouvement de lutte en Espagne.
 Nous  appuyons les camarades qui y mettent en avant l’unicité de
la  lutte  mondiale contre la dictature du capital –matérialisée
 dans chaque État, chaque entreprise, chaque flic, chaque carte de
banque, chaque relation sociale de cette société, chaque nouvelle
promesse  de “ changement ”–  contre la catastrophe capitaliste dont
on nous fait  toujours plus payer le prix. On lira à ce propos dans
les pages qui  suivent le tract “ Que se vayan todos ! ” (“ Qu’ils s’en aillent
tous ! ”)  issu du mouvement en Espagne. Il nous faut en même temps
souligner que du fait de la stratégie mondiale du Capital (voir dans
notre premier  texte l’encadré “ Les décalages dans les mesures
d’austérité  ”) et en dépit du lien affirmé avec
ce qui se passe dans le  reste du monde, ce mouvement en Espagne (auquel
ont fait écho diverses  occupations dans d’autres villes d’Europe)
présente nettement plus  d’illusions sur la démocratie, nettement
moins de ruptures que les  luttes dont nous parlons dans cette revue. Sur
base de ses faiblesses, la  révolte des “ indignés ” est même
promotionnée  par la bourgeoisie comme un modèle de lutte pacifique
et citoyenne  en Europe. Il est significatif que la gauche en Grèce
reprenne actuellement  les mots d’ordre citoyens des “ indignés ”
pour se démarquer  de la lutte de 2008-2009 dans ce pays et la disqualifier
comme trop violente  !
      En continuité avec nos précédentes revues 9, précisons
   encore qu’il nous a semblé prioritaire dans cette revue de présenter
   une analyse globale et internationale des luttes actuelles –des rapports
  de force qui s’y jouent entre révolution et contre-révolution,
   entre revendications prolétariennes et réformes bourgeoises
   10, entre associationnisme prolétarien et réorganisation
citoyenne   de l’État– et de la compléter par une série
de tracts   et documents témoignant de la communauté de lutte
prolétarienne   mondiale ; ainsi avons-nous manqué de place
pour des contributions   centrées plus spécifiquement sur le
processus d’extension de  la lutte en Tunisie, Égypte, Libye… Celles-ci
seront dès lors  publiées sur notre site Internet et sur notre
blog, que nous invitons  le lecteur à visiter.
      
      http://gci-icg.org
      http://gcinfos.canalblog.com
      
      
      Notes
      
      1. Les médias ont insisté tant et plus sur le déverrouillage
   d’Internet dans les pays touchés par la révolte, au rang
des   réformes démocratiques auxquelles devait être réduit
   le contenu de la lutte. Les bons citoyens pacifiques des “ pays libres
”  oublient vite que leurs “ droits et libertés ” sont strictement
conditionnés   par leur propre soumission et conformation à
l’ordre établi.   Des camarades rappellent ainsi que “ le 16 février
2011, par exemple,   les législateurs espagnols s’apprêtaient
à voter une  loi autorisant le gouvernement à fermer tout site
sans passer par l’appareil judiciaire ”.
      2. La corruption est le lubrifiant des affaires qui roulent (en premier 
  chef avec “ nos bons gouvernants et entrepreneurs intègres ”) mais 
  au-delà d’une certaine dose, elle encrasse la machinerie et en entrave 
  la bonne marche, raison pour laquelle la bourgeoisie entend régulièrement 
  nous distraire avec des accès de croisade morale en faveur de “ l’intégrité
  dans les affaires publiques et privées ”.
      3. Au-delà de la lutte d’influence politique et économique
   que s’y livrent l’appareil militaire et l’appareil des forces de sécurité
   (liés aux secteurs majeurs d’extraction de la plus-value ainsi
qu’au    juteux marché des attributions de “ licences d’exploitation
” des   ressources), c’est sur eux que repose la stabilité de l’État
  et en temps “ normal ”, ce sont eux qui décident comment se font
et  se défont les dirigeants politiques, avec l’aval des États-gendarmes.
      4. Il semble bien qu’un massacre d’une centaine de soldats attribué
   début juin par l’État syrien à des “ groupes armés
   non identifiés ” cache sa propre répression contre une mutinerie
   et un refus collectif de tirer sur les prolétaires.
      5. Nous manquons certainement de sources directes pour approfondir
notre    compréhension de toutes ces expressions d’associationnisme
prolétarien.
      6. “ Caractéristiques générales des luttes de
l’époque    actuelle ”, dans Communisme n°39, octobre 1993.
      7. “ Prolétaire, moi ? Contribution à la définition
   du prolétariat (1ère partie) ” dans Communisme n°62,
décembre   2010.
      8. Au Bahreïn, au plus fort du mouvement, peu avant l’intervention 
  militaire du Conseil de Coopération du Golfe, des prolétaires 
  ont exprimé qu’ils ne voulaient pas se contenter de quelques changements 
  constitutionnels et qu’au contraire ils voulaient radicaliser leur lutte.
      9. Et en particulier avec nos textes “ Catastrophe capitaliste et luttes
   prolétariennes ” dans Communisme n° 60 (novembre 2008) et n°61
   (juin 2009).
      10. Voir “ Revendications et réformes ” dans Communisme n°62,
   décembre 2010.
      
             
      
           
 Catastrophe capitaliste et révoltes prolétariennes partout
      
      
      L'ABC
      
      La force et l’importance des révoltes prolétariennes
actuelles    ne peuvent être comprises dans toute leur profondeur et
leur signification    historique qu'en les considérant comme la réponse
actuelle   de l’humanité face à la société bourgeoise
et   à son développement chaque fois plus catastrophique ;
leurs   réelles prémisses étant le désastre généralisé
   que constitue la société bourgeoise pour la Terre, pour
la   vie en général et en particulier pour l’espèce
humaine   1.
       Contredisant tout ce qui se raconte et se manigance, le prolétariat
   mondial réapparaît sur la scène mondiale. Ce n’est
ni   à cause de ses “ dictateurs ” directs ni seulement contre eux
que  les prolétaires en Tunisie, en Algérie, en Égypte,
au  Yémen, en Syrie, en Irak, en Libye, au Bahreïn…2 sortent
dans  la rue, attaquent et incendient les bastions et symboles du pouvoir.
Une fois de plus, le prolétariat sort dans la rue pour lutter parce
que sa propre existence est menacée par l’augmentation des prix de
tous les produits de premières nécessités, parce que
la société  actuelle affame les prolétaires, parce qu’entre
les nécessités  de l’accumulation capitaliste et la vie humaine,
la contradiction a déjà  explosé ! 
       La contestation chaque fois plus universelle n’est pas dirigée
   contre tel ou tel tyran ou contre telle ou telle dictature particulière
   mais bien globalement contre la dictature générale du capitalisme
   mondial. Les luttes qui se généralisent partout ne sont
pas    menées contre la dictature politique de tel ou tel oppresseur,
mais    bien contre la tyrannie sociale d’une société qui leur/nous
   est devenue totalement insupportable.
      Il n’y a pas que les minorités révolutionnaires qui mettent
   en évidence l’augmentation du prix des articles alimentaires de
première   nécessité comme cause initiale des révoltes
dans le  monde arabe 3. Mais rares sont les expressions qui reconnaissent
le prolétariat   comme classe en lutte (et non comme une simple classification
sociologique)   et qui ont insisté sur le fait que ce qui se passe
dans tous ces pays  n’est rien d’autre que la lutte du prolétariat
international contre  le capitalisme mondial. Voilà la vérité
occultée   par toutes les fractions bourgeoises du monde, par tous
les moyens de déformation   de l’opinion publique, par tous ceux qui
prétendent changer quelque   chose tout en conservant l’essentiel
de ce monde catastrophique, par toutes   les forces qui prétendent
changer la face visible de tel ou tel État   (“ le dictateur ”) mais
qui laissent intacts les fondements de cette société.   Toute
la puissance de domination du monde s’est concentrée pour occulter
  ce qui est important et pour faire diversion en promotionnant des alternatives
  à la forme actuelle de la dictature (alternatives politiques, démocratiques
  et/ou religieuses), afin de préserver l’essentiel de la dictature
 démocratique et religieuse du capital. 
      Dans le fond, quelle est la différence entre ces révoltes 
  en Afrique méditerranéenne et au Proche-Orient (en pleine 
expansion  au moment où nous écrivons ces lignes), celles qui 
commencent  à éclater en Chine, en Inde… et les récentes 
révoltes  en Amérique latine, en Afrique subsaharienne, en Grèce,
dans  les banlieues en France ? Quelle différence pourrait-il y avoir
entre  la lutte des prolétaires en Tunisie, en Égypte, en Syrie...
 avec celles qui se déroulent en ce moment même en Bolivie ?
Et aux États-Unis, peut-on encore croire que la richesse nationale
de l’économie peut empêcher la misère des prolétaires
   et leur inéluctable révolte ? Nous augurons le contraire:
 le  prolétariat aux États-Unis ou dans la “ riche ” Allemagne
 sera  tout autant forcé d’entrer dans cette lutte que mènent
 aujourd’hui  leurs frères de classe. Il n’y a pas de causes différentes,
   il n’y a pas de méthodes différentes, il n’y a pas d’ennemi
   différent, il ne peut y avoir de perspectives différentes.
  Si la révolte éclate encore de manière décalée,
   c’est d’une part en raison de la capacité du capital mondial à
   attaquer le prolétariat paquet par paquet, à étaler
  les plans d’austérité (capacité qui va en se réduisant
   à cause de la catastrophe capitaliste elle-même)4, grâce
   aussi aux directives des appareils de contre-insurrection mais également
   à cause de l’incapacité du prolétariat à organiser
   et à centraliser sa lutte en tant que classe, à cause de
nos   propres faiblesses, c’est-à-dire à cause de la désorganisation
   historique du prolétariat en tant que parti révolutionnaire.
      Il est évident que dans ces luttes audacieuses du prolétariat
   en Afrique méditerranéenne et au Proche-Orient, un “ dictateur
   ” apparait toujours comme l’ennemi principal mais ce “ dictateur ” n’est
  pas seulement le résultat d’une oppression nationale et encore moins
  d’une folie assassine et tortionnaire particulière. Au niveau global,
  l’exploitation et l’oppression locale ne sont rien de plus que des représentations
   du capital mondial. A un niveau plus concret, l’oppression politique des
  dictatures en question a été systématiquement imposée
  et entretenue par les grandes puissances impérialistes mondiales
(USA,   États européens, Israël,...). Partout, les flics
français,   anglais, nord-américains, israéliens… ont
enseigné et  appliqué la recette essentielle de la démocratie
internationale   basée sur la torture et le terrorisme d’État.
Les armes avec   lesquelles on réprime dans tous ces pays viennent
de France, des USA,  d’Espagne,… Toute la domination démocratique
du capitalisme mondial  est fondée sur cette terreur d’État
internationale ! C’est eux qui ont formé et entrainé les escadrons
de la mort argentins,  chiliens, uruguayens, brésiliens, mais aussi
égyptiens, tunisiens,  marocains, syriens, saoudiens, yéménites…
Le modèle  est le même, les intérêts défendus
sont les mêmes:   le capitalisme coûte que coûte et quoi
qu’il arrive. Les assassinats   politiques, la torture, la disparition de
personnes comme méthode  générale de domination et d’oppression
ne sont pas une invention  des Moubarak, Ben Ali, Kadhafi,… mais bien la
méthode générale  de domination propre à la civilisation
capitaliste et son idéologie  judéo-chrétienne (et islamique
!) imposée par la violence  et garantie sur les cinq continents par
les puissances Européennes,  les USA, la Russie, Israël…
      Et ils viennent nous parler de dictature ! Quelle dictature n’a pas 
été   appuyée par les démocrates du monde entier 
! Alors que justement,   la démocratie, mode de vie et de domination 
du capital est toujours   dictatoriale ; la terreur d’État a toujours 
été l’essence   du mode de production capitaliste à l’échelle
internationale.
      Ils nous bombardent avec des images ignobles de tel ou tel despote
pour   nous faire oublier qu'ils continuent à défendre le principal 
  despote universel: le despotisme du profit du capital, la tyrannie du marché
   capitaliste !
      Une des meilleures synthèses de cet ABC de la lutte est contenue 
  dans un tract en espagnol signé par “ los amigos de octubre ” et 
dont  nous reproduisons sur la page suivante une bonne partie en encadré.
      Contre toutes les séparations, les révolutionnaires affirment
   que “ c’est l’humanité qui se lève contre la tyrannie de
l’économie   ” ; contre toutes les limitations géographiques,
la communauté   de lutte crie que la lutte est la même partout
; contre toute récupération   démocratique, les militants
prolétariens affirment que nous   luttons pour détruire le
système ; contre ceux qui falsifient   la réalité de
nos frères de classe en lutte de l’Afrique   méditerranéenne
à l’Asie, les révolutionnaires   affirment que la lutte est
une et une seule; contre ceux qui divisent le  prolétariat en couches
sociales, les protagonistes de tous les continents  affirment que nous sommes
une même communauté de lutte qui se  lève contre la dictature
du capitalisme. 
      “ Ici ou ailleurs, une seule lutte: la lutte des classes! Les révolutions
   qui enflamment le monde arabe pourraient bien être ainsi les premiers
   signes annonciateurs d’une révolution sociale et politique qui
traverse    les mers et les océans, pour enfin renverser l’ordre capitaliste
 mondial  ”.5
      C’est ainsi que se forge et s’affirme, à contre-courant, la
position    des révolutionnaires partout dans le monde:
      
      Contre la dictature de l’économie, 
      vive la révolte internationale 
      du prolétariat !
      
      La lutte des prolétaires au Maghreb et au Moyen-Orient est notre 
  lutte !
      
      L’ennemi c’est le capitalisme 
      et la dictature du marché mondial.
      
      L’objectif est le même partout: 
      la révolution sociale !
      
      Destruction du capitalisme
       et de l’État ! 6
      
      LA FORCE DE LA REVOLTE
          
      La force de la révolte émane de ce contenu universel, 
du  fait  que, même si les prolétaires de ces pays ne se sont 
pas  consultés  démocratiquement (comme le voudraient leurs 
ennemis),  ils coïncident  dans le combat pour leurs propres intérêts.
  La force de la révolte  est qu’aucune des puissances étatiques
  au monde n'a pu l’arrêter.  Et dans le monde arabe, toutes, absolument
  toutes sont présentes !
      La force de la révolte repose sur cette organicité naturelle
   de l’action du prolétariat qui se bat partout pour ses intérêts
   et cette force s'est déchaînée sur base d'une augmentation
   généralisée des prix d’une partie très importante
   d'articles de première nécessité. Le pouvoir unifié
   de la bourgeoisie n’est absolument pas arrivé à la cantonner
   ni nationalement, ni régionalement ni religieusement.
      Partout, on parle de l’effet domino, d’imitation, de contagion. En
réalité,    il s’agit d’un même intérêt,
un même mouvement,   une stimulation mutuelle, une même organicité
fondée  sur les intérêts communs et où chaque
partie se sent partie du tout.
      La négation historique du prolétariat a été 
  trop profonde pour que cette classe se nomme par son nom et proclame la 
nécessité  historique et inévitable de la révolution 
communiste, mais on ne peut occulter que dans tous les pays, la stimulation 
des prolétaires  en lutte a dépassé les frontières 
et que peu à  peu, les protagonistes réels se sont affirmés 
en tant que partie  d’UN MÊME ET UNIQUE MOUVEMENT CONTRE LE POUVOIR. 
On ne peut nier la  symbiose réelle de toutes les “ fractions nationales 
7” d’une classe  qui n’a d’intérêts ni fractionnels ni nationaux 
et qui lutte  contre tout le système social. La grande majorité 
des protagonistes  ne proclament pas encore qu’ils veulent abolir le capital
  et l’État  mais ces prolétaires, dans la pratique, ne doutent
  pas d’être  partie prenante de la même lutte contre le statu
 quo dictatorial qui  empêche de vivre. Plus encore, pour la première
  fois depuis très longtemps, il y a un sentiment de force sociale
dépassant  les frontières et s’affrontant au pouvoir.
      Voilà ce qui restera un secret pour les analystes et sociologues 
  experts dans les changements mais pour les combattants sociaux qui sont 
en  train de s’affronter au capitalisme armé où que ce soit 
dans  le monde, ce n’est déjà plus un secrêt et  
LE SENTIMENT  D’APPARTENIR À UNE MÊME COMMUNAUTÉ DE LUTTE 
COMMENCE À S’AFFIRMER.
      “Le même cœur, la même nécessité de vivre…
 nous   changerons le monde de base ! 
      Les travailleurs du monde entier sont les seuls qui puissent en finir 
 avec  l’exploitation et l’oppression sociale capitaliste et nous affranchir 
 de la misère dans laquelle se décompose toute l’humanité.
  Ceci n’est pas une création idéologique de notre part ni
une   invention prophétique communiste mais bien une réalité
  historique qui se rebelle contre toute idéologie bourgeoise et qui
  se manifeste par de massives et combatives luttes prolétariennes
partout  dans le monde.”8
      Cet élément qualitatif que nos ennemis arrivent encore
 à   cacher plus ou moins et dont le fondement est l’identité
 d’intérêts   et de perspective, s’est également développé
 par la  qualité et le type de la révolte. Effectivement, le
 “ on n’en  peut plus ” fut général ; le “ qu’il s’en aille
!, qu’ils s’en  aillent ! ”, ils n’ont pu l’enfermer dans aucune frontière
 ou drapeau  national.
      En réalité, le mouvement a montré non seulement
 qu’il   était fatigué des tyrans au pouvoir mais aussi de
tous  ceux   qui avaient demandé de la patience, de la résignation,
 de la  soumission et donc un comportement citoyen. Et rappelons que l’islamisme
  est et représente précisément ce conformisme, que
le   terme “ islamisme ” signifie littéralement “ soumission ”9. Le
prolétariat    a totalement fait la sourde oreille aux islamistes
et autres démocrates    quand, plutôt que de “ lutter ” démocratiquement
et de vouloir    “ changer le monde ” par des votes ou des prières
aux dieux, il est   sorti dans la rue et s’est battu ouvertement. Contre
le terrorisme d’État,   le prolétariat a assumé la nécessité
de la violence   prolétarienne. N’écoutant aucun type de pacifiste,
 d’islamiste   ou autre démocrate, il s’est organisé pour une
 lutte ouverte   contre l’État, dans laquelle les détachements
 armés  n’ont pas manqué, ni les actions décidées
 de minorités   prolétariennes qui, répondant aux nécessités
  sociales, ont planifié et assumé des actions décisives
  contre l’État. La lutte est chaque fois plus antagonique vis-à-vis
   des conseillers démocratico-bourgeois; le prolétariat s’est
   organisé en dehors et contre les partis, les syndicats officiels
 et  l’opposition démocratique 10. Au monde de la marchandise, de
la  faim  et de la terreur d’État, le prolétariat a opposé
 et continue à opposer la violence révolutionnaire.
      L’importance historique de cet antagonisme général entre
  le  prolétariat généralisant sa lutte et la dictature
  de  l’économie mondiale a été soulignée par
des  organisations  révolutionnaires et internationalistes dans d’autres
  endroits du monde.
       Contrairement à tous ceux qui font l’apologie de la “révolution
   citoyenne et pacifique”, tout ce que le prolétariat a fait d’important,
   il l’a fait en dehors et contre la loi. La clé de la révolte
   a justement été cette désobéissance collective
   et généralisée à tous les conseils citoyens
 et  démocratiques. Les manifestations étaient interdites,
les  prisonniers  n’ont pas été libérés par des
lois  et des amnisties  mais arrachés des prisons par leurs camarades
et  leurs proches; les  prolétaires n’avaient aucun droit démocratique
 pour sortir dans la rue et s’organiser et encore moins pour attaquer et
incendier  les palais, les commissariats, les prisons, les locaux des corps
spéciaux,   les tribunaux. L’organisation du prolétariat comme
force contre l’oppression    et le terrorisme d’État n’a jamais été
autorisée,    ni permise, ni légalisée par personne.
Elle a été    assumée et impulsée par des minorités
décidées    !
      Personne ne peut nier que cette dissipation de la peur, face à 
 la  terreur d’État unifié, s’est étendue comme une trainée
  de poudre et que lorsque dans l’un ou l’autre pays, le prolétariat
   s’est imposé dans la rue, et que le répression a commencé
   à être déstabilisée, cela a rempli de courage
  les prolétaires des autres pays et, par la même occasion,
cela   a déstabilisé les États régionaux de même
   que la politique impériale internationale qui leur offrait du soutien.
   Plus qu’une contagion ou un effet domino, nous devons parler d’organicité,
   d’unité d’intérêt et de perspective. Chaque victoire
  devient un jalon et un exemple, chaque saut de qualité une impulsion
  révolutionnaire. Chaque appareil de terreur détruit12 est
une  illustration vivante de ce qui peut être fait partout et constitue
 un puissant appel à l’unification réelle de la classe. Dans
 certains pays, les prisons se vident, la joie revient dans les foyers prolétariens.
  Tortionnaires du monde, tremblez ! Brûlons et faisons exploser tous
  les bastions du terrorisme d’État ! 13
      Cela fait également partie des secrets les mieux gardés 
 d’une  partie essentielle de la politique de contre-insurrection mondiale. 
 C’est  pour cette raison qu’il faut le crier haut et fort: dans la mesure 
 où  le prolétariat gagnait en décision et en force (justement
 pour  ne se comporter en rien démocratiquement, pour avoir refusé
  ce comportement d’animal civilisé qu’est le citoyen) et que ce sentiment
  de force dépassait les frontières, la contre-révolution
  internationale commença à comprendre  qu’il ne suffisait
  plus de sacrifier tel ou tel tyran régional, qu’il ne suffisait
plus   d’appuyer tel ou tel agent du capital local mais que ce qui se profilait,
  c’était la menace générale contre l’ordre bourgeois
 et contre le terrorisme d’État démocratique mondial. Les consignes
  “ dégage ”, “ qu’il s’en aille ”, “ qu’ils s’en aillent tous ” (comme
  quelques années plus tôt en Amérique du Sud) prononcées
  localement, ont été ressenties, tant par ceux qui les criaient
  que par ceux contre qui on les criait, pour ce qu’elles sont réellement:
  des consignes internationales, expression de la nécessité
et  de la rage collective internationale.
      Bien sûr, chacune de ces phrases ou consignes peut être 
interprétée   dans sa forme la plus restreinte, pacifiste et 
limitée comme le font   toutes les forces de la contre-révolution 
(la presse traduit: “ les   manifestants ont demandé le renoncement 
de Machin Chose ” et des “  élections libres ”), ou d’une manière 
plus ou moins centriste   (“ contre tel parti ” “ contre la corruption ”), 
ou pour ce qu’elles contiennent   réellement: une remise en question 
de tout le pouvoir, de toute l’oppression,   de toute la société. 
Ces “ lectures ” ou interprétations   correspondent bien entendu aux 
intérêts de classe de ceux qui   les font: il est normal que 
ceux qui possèdent le pouvoir dans le  monde les traduisent uniquement 
par “ ils demandent le renoncement de tel  dictateur ”,  comme il est 
normal que, de notre point de vue de classe,  nous le vivions comme un saut 
qualitatif dans la lutte contre le capital et l’État mondial.
      Dans certains cas, pour que l’ennemi ne puisse magouiller ou déformer
   les consignes, les protagonistes sur chaque barricade (comme nous-mêmes
   où nous le pouvons) cherchent à être plus explicites
  et expriment clairement qu’ils ne veulent pas de demi-mesures, qu’ils n’acceptent
   pas un simple changement de gouvernant ou de dictateur. Dans le “ Que
se   vayan todos ! ” (“ Qu’ils s’en aillent tous ! ”) en Argentine 2001-2002,
 on crie explicitement que la lutte est contre tout le système politique.
  En Algérie, les prolétaires dans des révoltes précédentes
   disaient clairement “ Pouvoir assassin ! ”, et expriment maintenant clairement
   que ce qui doit disparaître, c’est tout le système social
;  au “ Dégage !” est venu se coupler le système: “ Dégage
   le système ! ”
      
      
      
      LA CONTRE-INSURRECTION
      
      De la falsification au changement pour que tout reste identique, du 
changement   à la guerre impérialiste .
      
      D’abord on nie le mouvement ou les raisons de celui-ci, ensuite on
le  falsifie  et on impulse le changement pour que tout demeure tel quel,
et enfin, dans  un troisième temps, lorsque le supposé changement 
est remis  en question et que le mouvement continue à s’affirmer, la
stratégie  de toujours s'impose: transformer la protestation sociale 
en contradiction  inter-bourgeoise, passer à la phase supérieure, 
l’action militaire  ouverte impérialiste dont l’objectif est la transformation 
de la révolution  en guerre impérialiste, la liquidation de 
la force prolétarienne  et sa repolarisation en deux camps impérialistes
  opposés.
      Tout ce que fait la bourgeoisie dans le monde est contre le mouvement 
 prolétarien.  Toute répression, falsification de l’information, 
 appel à des  élections et à des changements politiques, 
 actions de guerre…  sont des actions qui font partie d’une stratégie 
 générale  de réponse au mouvement, c’est-à-dire 
 des stratégies  contre-insurrectionnelles.  Au centre de toute 
 cette stratégie  se trouve la désinformation, la fabrication 
 d’idéologies de  rechange, la nécessité de nier le prolétariat
 comme classe. Tout est fait pour déposséder l’ennemi historique
 de sa perspective d’ensemble, pour tenter d’empêcher la radicalisation
 et l’extension.
      C’est à cela qu’obéit l’intense mobilisation internationale
   orchestrée fondamentalement par les États-gendarmes tant
de   manière cachée (diplomatie secrète, service d’intelligence,
   opération de corps militaires spécialisés, experts
 politico-militaires  en contre-insurrection), que de manière ouverte
 (tant à l’intérieur  qu’à l’extérieur du pays
 concerné), tentant d’imposer  partout un “ réalisme politique
 ” qui consiste invariablement à  recourir au bon vieux guépardisme
 14, changer un petit quelque chose  pour que tout reste pareil. Tous les
moyens d’information sont huilés  pour réciter un même
discours et fonctionner au diapason d’un  nouveau discours officiel. En réalité,
 cela fait déjà  plus d’une décennie que la classe dominante
 a recommencé à  parler d’un changement en préparation,
 d’une option de rechange que  les services de contre-insurrection savaient
 inévitable. Ce n’est pas par hasard si le changement a été
 le discours dominant de Lula, d’Obama et de fractions dominantes dans le
monde entier. En ce sens, il est clair que la social-démocratie n’a
pas perdu son rôle historique de parti d’encadrement et de liquidation
du prolétariat, bien au contraire.  Par l’unification du programme
 de toute la bourgeoisie, sa fonction est assumée de manière
 beaucoup plus générale par toutes ces fractions du capital
qui parlent de réformes, de changement, d’anti-impérialisme.
 Ce n’est pas que la social-démocratie se soit embourgeoisée
 (comme le laisse entrevoir ceux qui lui attribuent d’être plus néolibérale,
  alors qu’elle a toujours été bourgeoise !) mais bien que
la   situation soit devenue tellement critique pour la domination politique
qu’un   nombre toujours croissant de fractions du parti de l’ordre classique
ont  introduit “ le changement ” dans leurs discours, assumant de la sorte
les  fonctions classiques de la social-démocratie.
      Ce discours pour le “ changement ” était inévitable,
évident    face à l’explosion dans le “ monde arabe ”. Quand
la remise en question    du prolétariat dans la rue s’avéra
imparable et généralisée,    nous avons “ commencé
à nous rendre compte ”, via les médias    qu’ils contrôlent,
que les régimes qu’ils avaient toujours  appuyé,  étaient
à présent “ corrompu ”, qu’il  y avait de “ l’enrichissement
 personnel excessif ”, qu’il y avait un “ mépris  du peuple ”, qu’il
 existait un “ véritable népotisme ”, qu’il   s’agissait d’une
 véritable “ autocratie ”, qu’il existait une véritable   “
cleptocratie  ” (gouvernement de cleptomane). Arrivé à l’extrême,
  ces  mêmes et cyniques médias confessent ce qu’ils avaient
toujours   occulté: “ dans le fond, il s’agissait de véritables
dictatures   ”. Bien évidemment, le problème pour le capitalisme
n’est pas  de sacrifier une fraction au gouvernement qui, après des
décennies   de bons et loyaux services, se voit maintenant incapable
de continuer à   assurer la paix sociale, mais bien de constituer
une carte de rechange et   de contrôler le processus.
      Ils en ont plein la bouche de la “ communauté internationale 
”,  des  “ États démocratiques ”, du “ concert des nations ”,
comme  s’il y avait réellement une autre communauté capitaliste
 que  celle qui est dirigée contre nous. Avec ce verbiage vide et
cynique,   on cherche à cacher la guerre de charognards aux aguets
convoitant   la place vacante pour tirer profit des matières premières
et  de l’exploitation des êtres humains. Le sale monde issu de la nouvelle
   répartition du butin, avec ses accords marchands, ses accords commerciaux
   et militaires, ses collaborations entre tortionnaires et escadrons de
la   mort, tout cela est couvert par cette même “ communauté
des  nations ” qui dénonce tel ou tel dictateur.
      Parallèlement à la redistribution des cartes entre fractions
   bourgeoises et à la constitution d’une alternative politique, on
 “  politise ” le mouvement prolétarien, dans le sens d’une réduction
   à la politique bourgeoise. Il s’agit de faire passer au second
plan    les raisons matérielles de la lutte et donc sa perspective
révolutionnaire.    A la place de ça, les politiques, les intellectuels,
les médias…    à la Kautsky, à la Lénine, introduisent
l’idéologie    dans la conscience des prolétaires. Ils expliquent
que ce qui est   important, ce ne sont pas leurs intérêts immédiats
et   économiques mais bien les intérêts politiques, les
“  changements démocratiques ”.
      Idéologiquement, pour enlever au mouvement sa radicalité, 
  on le réduit à la lutte contre tel ou tel personnage et simultanément,
   on l’épure de toutes ses composantes de classe, et en particulier
  de sa violence radicale. On nie l’évidence ou l’on déplore
 les “ excès ”, on dénature l’action minoritaire, on condamne
 les “ incontrôlés ” et en général tout acte de
 débordement classiste. On en arrive à pratiquer systématiquement
 l’amalgame entre les secteurs les plus radicaux du prolétariat –qui
 en réalité ont été les plus décisifs
pour  mener à cette situation– avec telle ou telle action répressive.
      Des actes de terreur de l’appareil répressif d’État contre
   tel ou tel petit propriétaire ou contre des quartiers entiers sont
   présentés comme similaires et on tente de les identifier
à   des actions des groupes d’insurgés les plus décidés.
   Ce que le prolétariat prend comme cibles de sa rage, qu’elles soient
   étatiques et/ou marchandes, est systématiquement occulté
   ou falsifié, car la véritable connaissance de ces cibles
peut   servir d’exemple et contribuer à l’extension du mouvement.
      La meilleure manière d’affaiblir un mouvement consiste toujours
  à  faire l’apologie de ses faiblesses. On le dissèque, on
y  sépare  ce qui pour nous y est inséparable (ainsi les intérêts
   immédiats et historiques de notre classe), on dévitalise
sa   subversion, on la dépèce pour en recoudre les restes avec
 de  la charogne réformiste, amenant alors sous les feux de la rampe
 médiatique  une créature digne de Frankenstein que l’on baptisera
 sans vergogne  du nom de “ révolution ”, heureusement flanqué
 de qualificatifs  rassurants, colorés et fleuris (“ de jasmin ”,
“  démocratique  ”, “ arabe ”, etc).
       Cette œuvre frankensteinienne, spectacularisée et transformée
   en vedette universelle par tous les médias grâce à
toute   la puissance de disqualification de toute pratique qui ne correspond
pas  à celle du bon citoyen, traduit dans son propre langage dominant
toute  revendication exprimée par le mouvement en une bonne réforme
  citoyenne 16. C’est ainsi que la lutte “ contre le pouvoir ” se traduit
en  “ demande pour que tel ou tel dictateur renonce ”. L’affrontement à
  l’État se traduit en “ manifestants qui réclament des élections
  démocratiques ”, les protestations contre les augmentations de prix
  en “ nécessité de changements dans la politique économique
  ”.
      La réussite de toute la manœuvre contre-insurrectionnelle ne 
se  juge  pas dans la capacité de l’Etat, de la bourgeoisie, à
 mettre  les canaux de désinformation susmentionnés à
 l’unisson,  ce n’est en effet que de routine, mais à imposer cette
 représentation  intégralement idéologique (“ frankensteinienne
 ”) du mouvement  comme une force matérielle agissant dans et contre
 le mouvement lui-même.  La représentation que le mouvement
se  fait de lui-même, de sa  force, de son potentiel mais aussi de
ses contradictions, est en effet partie  prenante du rapport de force entre
les classes.
      Aussi, l’élan révolutionnaire qui surgit dans telle région
   va à certains endroits stimuler et faire entrer en résonance
   le mouvement tandis qu’en d’autres endroits, l’État parvient à
   défigurer cet élan... La réussite de la manœuvre
consiste    évidemment à œuvrer en faveur du renoncement à
la lutte,   à reproduire industriellement dans le mouvement les idées
 de  la classe dominante et en premier lieu l’idée majeure que le
mouvement    ne pourra se réaliser pleinement que comme mouvement
d’opposition   politique interne au capitalisme.
      D’un même élan à reculons, d’une même glissade,
   renonçant à sa lutte et aux intérêts de classe
   qu’il a mis en jeu en s’affrontant violemment à la brutalité
   de l’Etat, le prolétariat est “ invité ” à voir dans
   les réformes une application (certes insuffisante, mais au moins
 “  réaliste ”) de ses aspirations, et est sommé de rentrer
chez  lui, de se remettre au travail et de mettre son sort entre les mains
du parlementarisme  et de cette providentielle “ opposition ”, promotionnée
  par tous les  moyens de fabrication de l’information.
      Voici en somme ce que la bourgeoisie réclame de nous: que nous 
 nous  laissions arracher notre cœur palpitant de rage contre ce monde pour 
 nous  faire greffer à la place un pacemaker battant au tempo de la 
 valorisation  capitaliste et de la succession des calendriers de réformes.
      Dans le même temps, on (re)constitue et l’on finance donc une 
“  opposition  politique ” aussi crédible que possible (en l’honorant 
 de la présence  de victimes –social-démocrates et pacifistes– 
 de la répression  du régime déchu), dont la lourde tâche
 consiste à  engloutir les aspirations et revendications prolétariennes
 et à  vomir un spectacle de réformes, aux accents de libération
 nationale  du joug impérialiste, d’économie nationale tournée
 à  nouveau vers  les besoins intérieurs etc. Sempiternelle
 promesse  qu’aux jours de sacrifice succédera un avenir prospère.
      Dans cette panoplie, la carte éculée de “ l’Assemblée
   constituante ”, vieille rengaine social-démocrate (reprise en sont
   temps avec beaucoup de conviction par Lénine jusqu’à ce
qu’il    doive y renoncer sous la pression révolutionnaire du prolétariat),
   semble encore avoir quelques beaux jours devant elle aux funérailles
   des luttes.
      Jugeant à la fois la manœuvre suffisamment accomplie (en y mettant
   le paquet en termes de moyens déclinés sur les modes médiatiques,
   militaires, diplomatiques et policiers, indissociables dans la pratique)
  et dans le but évident de la consolider, les ténors politiques
   mondiaux mettent alors au point des sorties remarquables, encensant ladite
   “ révolution démocratique ” en cours, saluant le courage
et   l’abnégation des peuples à chasser les tyrans, condamnant
 la  violence (certes “ disproportionnée ” ou “ aveugle ”) des “ régimes
   ” avec lequels ces même ténors signaient hier encore des
traités    économico-militaires dont l’encre de sang n’est
pas encore sèche.
       La bourgeoisie adapte aux circonstances alarmantes ses mécanismes
   d’isolement des luttes, de séparation de l’ici et du là-bas,
   et tente de masquer le processus réel derrière un double
écran   de fumée: au discours habituel sur l’altérité17,
en  l’occurrence du “ monde arabe ”, des “ régimes arabes ”, des “
révoltes  dans le monde arabe ”… se substitue l’apologie dégoulinante
d’une communauté de destin et d’aspiration… démocratique et
progressiste, avec les “ peuples arabes ” qui devraient passer par les mêmes
étapes   historiques que nous, éclairés par nos fameuses
“ Lumières   ” eurocentristes.
      
      
      DEMOCRATIE
      
      
      Résumons donc le rôle de la démocratie internationale
   comme méthode de contre-insurrection. Dans cette politique anti-insurrectionnelle,
   la démocratie internationale joue un grand rôle à
tous    les niveaux 18:
          
      • D’abord et avant tout, en tirant contre la protestation quand elle
 devient   réellement forte. La réaction unanime des États
 et de  la démocratie marchande universelle (TOUS ET PARTOUT !) est
 invariablement   d’envoyer ses corps de choc, de tirer sans compter contre
 le mouvement social,   de torturer, de faire disparaître,… Dans cette
 première phase   (qui dure parfois des décennies !), il n’y
 a aucune démarcation   avec le tyran. On le reconnait pour ce qu’il
 a toujours été:   une partie de la totalité. La démocratie
 arme les tyrans, forme  des escadrons de la mort, assassine sans compter,
 tire contre les manifestations…19.
      • Quand le mouvement ne peut plus être contenu, on se démarque
   des personnages les plus haïs comme meilleur moyen d’enfermer le
mouvement    et d’imposer l’horizon démocratique: renverser “ le tyran
” pour  conquérir  la “ révolution démocratique ” (celle
dont  les colonisateurs  actuels disent: “ nous, les pays civilisés,
l’avons  réalisée  il y a 100, 200 ou 300 ans ! ”)
      • La démocratie se refait une nouvelle gueule supposée
 différente   de la terreur d’État, comme objectif supposé
 de toutes les  révoltes. Avec cette nouvelle façade, la démocratie
 est en réalité un véritable rempart (défendu
par des gardiens bien armés !) qui prétend être infranchissable.
      • La démocratie agit ensuite comme puissance de contre-insurrection
   à un autre niveau: dans la mesure où elle s’applique comme
  méthode de dilution de la classe en individus atomisés, elle
  condamne la classe. Des corps para-policiers, des corps spéciaux
des  forces de sécurité internationales (du Royaume-Uni, des
États-Unis,  d’Israël…), et nationales (Égypte, Arabie
saoudite, Syrie, Iran…)  exécutent des actions contre les gens et
contre les infrastructures  qui affectent la population pour tenter de créer
la confusion générale   et l’amalgame entre ces actions et
les actions décidées des   minorités prolétariennes
. 
      • La démocratie, présentée comme méthode
 de  décision, agit en cherchant à paralyser et à détacher 
  l’avant-garde du reste du prolétariat en l’accusant de ne pas respecter 
  “ l’opinion majoritaire ”. Dans ce sens, la démocratie est une puissance 
  de désorganisation politico-militaire de l’adversaire.
      • Dans le même temps, elle fonctionne pour faire la propagande
 de  tout le spectre social qui s’oppose à l’action révolutionnaire,
   elle disqualifie et isole (en la présentant comme “ excès
 ”)  toute expression classiste qui assume de manière organique les
 intérêts  subversifs du mouvement en cours. La démocratie
 s’oppose par tous les moyens à la nécessité de négation,
 de destruction  que contient tout mouvement sain !
      • La démocratie promotionne le plus petit commun dénominateur
   des luttes, ce qui liquide la rupture qualitative dans l’addition individuelle,
   base indispensable de la reproduction de la domination bourgeoise. C’est
  l’expression même de l’évolution et du progrès qui
s’oppose   à la négation révolutionnaire.
      • Enfin, la démocratie prépare le changement politique
 pour   réimposer le monde épouvantable, terrorisant, celui
de la résignation,  de la soumission de l’exploitation et du citoyen.
      Tous ces plans ont été utilisés depuis le début
   pour calmer et canaliser les révoltes du prolétariat en
Afrique,    au Proche-Orient en dans la péninsule arabique, y compris
le niveau    supérieur de la stratégie de la contre-insurrection
qui consiste    à transformer la guerre sociale en guerre impérialiste.
C’est    l’objectif suprême du capital parce que c’est celui qui liquide
totalement    le prolétariat en tant que classe opposée à
toute la   bourgeoise et à tous les États en réimposant
une polarisation   interbourgeoise et en dernière instance, interimpérialiste.
      Dans la situation internationale actuelle, seule l’opposition du prolétariat
   à cette transformation peut arrêter la guerre et conjointement,
   toute la lutte actuelle du prolétariat contient la tendance à
   liquider ces guerres et à imposer la révolution sociale.
      
      
      INTERETS IMPERIALISTES ET INTERETS GENERAUX DU CAPITAL
      
      
      Comme nous l’avons déjà développé à
  d’autres  occasions, le capital total n’est rien de plus que des capitaux
  en concurrence  et en opposition, chaque atome du capital contient la guerre
  impérialiste.  Même si chaque fraction du capital entre en
guerre  pour ce que chacune  de ses fractions veut imposer, dans la guerre
se réalise  l’intérêt  général du capital
; la guerre impérialiste  est toujours  contre le prolétariat.
En pleine généralisation  du mouvement  prolétarien
international, la guerre impérialiste  est objectivement  l’arme suprême
pour détruire la révolution  sociale, canalisant  et aliénant
les prolétaires dans les forces  impérialistes  ; amenant les
masses aliénées sous les  bannières nationales  et impériales
dans la boucherie généralisée.  La transformation de
la révolte internationale du prolétariat  en guerre interbourgeoise
est en ce sens l’objectif réel de toute la polarisation interimpérialiste.
 
      Au-delà de la lutte pour des matières premières
 et  la conquête de marchés, au-delà de la rupture d’alliances
   et la reconstitution de nouvelles constellations impériales, la
propagande   tend à imposer ces contradictions intercapitalistes pour
nier les  objectifs généraux de la lutte prolétarienne,
ceux qui  concernent toute l’espèce humaine.
      L’action des diverses fractions bourgeoises pour la défense
de  ses  intérêts particuliers coïncide avec l’intérêt
   de la bourgeoisie d’encadrer le prolétariat en le dissolvant dans
  différentes alliances et fronts, allant jusqu’à le liquider
  comme citoyen, et est en même temps l’expression même de la
nature  profonde du capital qui contient la guerre et la nécessité
 de détruire le prolétariat en tant que force en constitution.
 
      Contre toutes les luttes prolétariennes actuelles, cette tendance
   inéluctable du capital agit pour pousser à la guerre impérialiste
   et détruire le prolétariat en tant que classe autonome.
Dans    ce sens et en tant que tendance inéluctable du capital contre
le  prolétariat,  le cas libyen est emblématique. En effet,
c’est  sur ce territoire qu’est donné de manière ouverte 
le saut qualitatif dans l’application de la violence contre-révolutionnaire
 des puissances impérialistes internationales, c’est l’endroit où
 la population civile est bombardée avec des armes de longue portée
 ne lui laissant d’autres options que celle de lutter contre ceux qui la
bombardent,   c’est là qu’apparaissent plus clairement les camps impérialistes
  qui s’affrontent.
      Cependant, il ne faut pas oublier que la guerre impérialiste 
n’est   qu’une généralisation de la guerre entre fractions bourgeoisies
  par laquelle la bourgeoisie répond aux soulèvements toujours
  et partout: il ne faut pas oublier que depuis le début, la réponse
  bourgeoise aux soulèvements prolétariens dans le “ monde
arabe   ” est de tenter par tous les moyens de les encadrer dans des contradictions
  interbourgeoises, que la procédure générale consistant
  à liquider une fraction bourgeoise qui serait trop “ dictatoriale
 ” n’est rien de plus qu’un ravalement de façade de l’ancienne fraction,
  que tout ce processus contient toujours l’intérêt capitaliste
  consistant à canaliser le prolétariat dans des camps interbourgeois
  qui s’affrontent, et qu’en dernière instance, dans chacun de ces
pays,  toutes les puissances et intérêts impérialistes
qui s’affrontent  agissent en cherchant à tirer la meilleure part
du gâteau d’une  nouvelle répartition.
      Les actions armées impérialistes n’ont pas commencé
   quand ils nous ont dit que l’ONU, l’OTAN, les États-Unis, le Royaume
   Uni, la France,… avaient commencé à envoyer des bombes contre
   le territoire et les gens en Libye. Il y a eu des actions militaires,
essentiellement    effectuées par des forces spéciales et de
contre-insurrection    de ces puissances sur le même territoire libyen
bien avant et leurs    actions contre la population ont été
dénoncées    partout par de nombreux médias en marge
des médias officiels.    Dans d’autres pays, la présence militaire
directe des gendarmes internationaux   est permanente et fait bien entendu
partie des forces de contre-insurrection,   tout en défendant les
intérêts particuliers de ces puissances   respectives et jusque
dans certains cas, de telle ou telle entreprise pétrolière
  ou de l’armement yanquee, anglaise ou française… Personne ne doute
  de l’importance de cette présence et de l’action militaire en Egypte
  ou en Arabie saoudite et de leur action permanente dans ces pays, ainsi
que  pour des opérations ponctuelles d’ “ invasion militaire préventive
  ” comme l’a fait, par exemple, l’État d’Arabie saoudite contre le
 mouvement prolétarien au Bahreïn. Mais ces éclaircissements
 faits, il ne peut subsister aucun doute sur le fait que le saut qualitatif
 dans cet effort militariste pour détruire l’autonomie du prolétariat,
  c’est l’action militaire elle-même: le bombardement et la militarisation
  de toute la contradiction politique. Au moment d’écrire ces lignes,
  nous sommes en pleine agression impérialiste généralisée
  sous le prétexte grossier de défendre les humains, même
  s’ils n’ont pas de scrupules à dire que s’ils ne vont pas envahir
 d’autres pays où les massacres ne peuvent être occultés
 tel qu’au Yémen, en Syrie,… c’est parce qu’ils ne possèdent
 pas de pétrole dans leur sous-sol. Le cynisme est tel que même
 ceux qui poussent à bombarder admettent publiquement que la Libye
est importante parce que son pétrole est bon et léger et pas
par la quantité ou la qualité de ses morts que fait monsieur
Kadhafi.
          Le bombardement systématique des villes,
comme    les puissances gendarmes sont occupées à le faire
en Libye,    rend évidement la survie très difficile et, bien
que la lutte    du prolétariat soit exemplaire, si les prolétaires
d’autres    endroits n’empêchent pas cette guerre impérialiste
contre le   prolétariat qui vit dans ce pays, il est très difficile,
sinon   impossible de maintenir l’autonomie de classe. Les bombes, les camarades
  et membres de familles morts, les innombrables difficultés pour
arriver    à subsister font de la vie quotidienne un enfer. Même
si on   sait que les deux camps de la guerre impérialiste sont des
assassins,   il est impossible d’assurer la survie et d’affirmer l’autonomie
du prolétariat    sans empêcher par la force ces bombardements
internationaux. 
      En Libye, la lutte du prolétariat a eu un développement 
 extraordinaire,  allant jusqu’à attaquer des centres historiques répressifs
 (direction de la Sécurité), encercler et incendier des casernes,
 liquider des personnages clés de la répression et des tortionnaires
 connus, incendier des banques, des tribunaux, des prisons, des commissariats
 et des centres de la police militaire. Durant ce développement, le
 prolétariat s’est armé de manière embryonnaire et s’est
 affirmé au fur et à mesure avec une relative autonomie face
 aux groupes d’action étatiques, para-étatiques et d’autres
 forces spéciales des puissances occidentales qui évoluaient
 dans la région. Cependant, face au bombardement systématique
 des puissances impérialistes, sans la logistique des forces impérialistes
 en présence dans les deux camps, il est impossible pour le prolétariat
  d’apparaître comme une force autonome et d’acquérir une puissance
  représentant une opposition crédible face aux camps impérialistes.
  La subsistance la plus élémentaire est totalement désorganisée
   en Libye par la force impérialiste du capital international et
réorganisée    au bénéfice du capitalisme depuis
l’extérieur. Comme    dans d’autres guerres contre la révolution
(par exemple en Irak en   1991), cette désorganisation/organisation
par le capital tend à   réduire objectivement le prolétariat
à une population   d’assisté. L’objectif de l’État est
toujours: “ qu’ils remettent   leurs armes et nous leurs donnerons de quoi
manger et nous soignerons leurs   blessures ”. Les bombes et la charité
organisée, une fois de  plus, le gourdin et le plat de lentilles tentent
de liquider toute l’autonomie   classiste qui s’était développée
contre le régime.   
      Seule la débandade généralisée et le défaitisme
   révolutionnaire partout, dirigé par le prolétariat
 en  armes, peut inverser ce processus. Cependant, une lutte conséquente
   des prolétaires dont les États sont occupés à
   intervenir nous semble indispensable, ce qui n’est malheureusement pas
le   cas. Et c’est précisément contre ce risque que ces puissances
   lancent des bombes de loin, parce qu’ils craignent une guerre d’usure
pour    leurs militaires. S’ils bombardent la Libye et non d’autres pays,
ce n’est    bien entendu pas pour défendre des gens mais, en plus
du pétrole,    en plus des contradictions qu’ils peuvent avoir avec
Kadhafi, en plus de   la nécessité de polariser la société
en termes   interimpérialistes, c’est parce qu’il est bien plus facile
de faire   des interventions uniquement de loin, dans un pays désertique
et dont  les villes ne se situent que sur la côte totalement exposées
  aux bombardements. L’option militariste bourgeoise et de gendarmerie est
 bien plus facile en Libye qu’ailleurs, tant pour ceux qui font la guerre
sur le terrain que pour les prolétaires qui constituent l’arrière-garde,
  puisqu’elle peut se vivre de loin, en poussant sur des boutons, sans les
 horreurs de la guerre. Une chose bien différente pour les puissances
 impérialistes et leurs arrière-gardes serait d’aller aider
militairement (en faveur ou contre le gouvernement, peu importe) le pouvoir
en Egypte, en Syrie, en Iran… là où les armées devraient
s’enfoncer dans le territoire et (comme c’est le cas en Irak ou en Afghanistan),
où les militaires s’embourberaient dans une intervention sans fin
et où le défaitisme révolutionnaire pourrait se généraliser,
  d’autant plus dans une vague de luttes comme celle-ci qui confronte le
gendarme   international à des mouvements sociaux massifs. Voilà
pourquoi   il faut dire les choses clairement: celui qui peut empêcher
cette action  impérialiste contre le mouvement social, c’est le prolétariat
  international et principalement le prolétariat des pays qui agissent
  comme puissances gendarmes, c’est la lutte contre “ sa propre ” bourgeoisie,
  contre “ses propres” États.
      Comme nous l’avons déjà exprimé, en plus du bombardement
   en Libye, la tendance à imposer la guerre impérialiste est
  générale. Même si elle fut bien moins médiatisée
  que la “ question libyenne ”, la véritable invasion militaire au
Bahreïn  par l’État d’Arabie saoudite a une énorme importance
stratégique:  que ce soit pour contenir le mouvement ou de manière
générale   comme répétition d’une repolarisation
impérialiste de  grande envergure. Cette invasion constitue sans aucun
doute un saut de qualité  décisif dans l’agissement du capitalisme
contre le prolétariat,  non seulement par la quantité et la
qualité de la présence  militaire de l’Arabie saoudite au Bahreïn
(en protégeant du même  coup la puissante base militaire des
États-Unis à Juffair, centre stratégique de répression
!)… contre les manifestations prolétariennes (dans ce tout petit pays,
ces mille 20 militaires plus forts et armés de manière moderne
par les puissances impérialistes occidentales, pèsent énormément),
 mais parce que cela déstabilise reconfigure toute la région
 au niveau interimpérialiste en affirmant la présence pro-nord-américaine
 et pro-européenne  contre l’État d’Iran qui, d’entrée
 de jeu a réagit par  des dénonciations, des déclarations
 et des menaces à  peine voilées d’intervention en Arabie saoudite
 21.
      C’est dans ce même sens qu’il faut comprendre les autres actions
  militaires  des États de la région et des puissances occidentales.
  En ce  moment même, au mépris de tous les critères
qu’ils   prétendent  défendre, les odieux militaires français
  n’ont pas hésité  à tirer contre la population en
Afrique   comme par exemple en Côte  d’Ivoire. Le changement d’un président
  par un autre ne s’est pas fait  sans armer une fraction contre une autre,
  sans tirer contre la population,  sans imposer à feu et à
sang  son candidat et agent du Fond Monétaire International. Même
 s’il était caché derrière les forces de ce président
  ou vêtu de l’uniforme des Nations-Unies, le terrorisme séculaire
  en Afrique assuré par l’État français a été
  prédominant pour préserver la propriété privée
  et continue à être le principal gardien de l’ordre bourgeois.
      
      
      PROLETARIAT: FORCES, FAIBLESSES ET PERSPECTIVES
      
      
      Le prolétariat se définit en tant que classe défendant
   ses intérêts vitaux contre le capital. Mais évidement,
   ce n’est pas suffisant pour imposer ses intérêts contre le
 capitalisme  et encore moins pour le détruire. Le pouvoir historique
 de la bourgeoisie  n’a fait que se perfectionner, développant ses
forces, ses idéologies,  ses structures spécialisées
contre tout mouvement qui prétendrait  subvertir l’ordre.
      Pour que le prolétariat puisse triompher, il doit être 
une   force plus puissante que son ennemi historique et, même s’il a
l’avantage   stratégique d’être la classe qui crée tout
la richesse   de ce monde, il faut admettre que sans l’organisation, sans
la structuration,   sans la direction, sans la conscience… qui correspondent 
à ses intérêts   et à sa perspective révolutionnaire, 
il ne peut liquider la   société bourgeoise. C’est ce qu’avec 
les autres révolutionnaires,   nous appelons la constitution du prolétariat 
en classe et donc en  parti opposé à tout le système 
social capitaliste.
      Les révoltes actuelles du prolétariat international (situées
   principalement de l’Afrique méditerranéenne à la
péninsule    arabique en passant par le Proche-Orient mais avec une
tendance à   la généralisation à toute la planète)
possèdent    les caractéristiques que nous mettons en avant
depuis des décennies    24. Dans le présent texte, nous avons
parlé des éléments    de force et nous avons souligné
qu’on a été plus loin    au niveau de la généralisation,
de l’organicité de  l’action,  de la stimulation mutuelle,… 
      Maintenant nous voudrions parler un peu des faiblesses en commençant
   par éclaircir que nous ne pouvons pas le faire en permanence parce
   que cela nous amènerait à nous répéter indéfiniment
   sur ce sujet sans pouvoir donner des éléments qualitatifs
 différents.  Si les forces peuvent être très différentes
 dans chaque  mouvement, dans chaque généralisation ou comme
 maintenant quand  le mouvement dépasse les frontières nationales,
 les faiblesses  sont systématiquement les mêmes. En effet,
quand   le mouvement  démarre, il peut le faire pour des raisons locales
ou  pour la concrétisation  locale de causes générales,
 comme c’est le cas avec les augmentations  généralisées
 des prix de l’alimentation, mais dans les  deux cas, il y a toujours, en
terme de forces, quelques caractéristiques  qui sont différentes
comme pour toute résurgence, comme si chaque ascension d’un mouvement
apportait quelque chose de relativement “ nouveau ”, d’“ original ”.
      Les faiblesses, au contraire, sont globalement les mêmes parce
 que   c’est en tant que classe mondiale que le prolétariat a historiquement
   été défait par la contre-révolution, parce
que   depuis quelques 90 ans, il n’est plus arrivé à s’imposer
comme   force mondiale, parce que l’organisation et la conscience internationale
  du prolétariat en tant que classe est une véritable catastrophe.
   Au niveau mondial, il existe moins de centralisation prolétarienne
   que dans toute l’histoire du capitalisme, il existe moins d’organisations
   et de publications classistes qu’au début du vingtième siècle
   et même qu’au milieu du dix-neuvième siècle. Chaque
 fois  que nous intervenons dans les luttes prolétariennes ou que
nous  écrivons  sur elles, nous ne pouvons répéter qu’il
“  manque la conscience  ”, qu’il “ manque l’organisation ”, qu’il “ manque
l’autonomie classiste ”, qu’il “ manque l’internationalisme ”, qu’il manque
“ le fait d’aller à  la racine de la critique du capital ”, qu’il
“ manque la centralisation internationale  ”, qu’il y a “ trop de drapeaux
nationaux ”… parce que, même si tout  cela est vrai et qu’il n’est
jamais inutile de le souligner au moins succinctement,  nous préférons
nous concentrer sur les apports plus qualitatifs  qui sont différents
selon les cas. 
      Est-ce que cela voudrait dire que la révolution est encore plus
  lointaine  qu’il y a deux siècles ? Catégoriquement NON,
et   ce n’est pas  grâce à l’organisation, la centralisation
et la  conscience de  classe du prolétariat mondial, parce qu’il faut
reconnaître  que de ce point de vue là, c’est pire 25, mais
bien parce que le capitalisme   n’a aucun futur et que sa situation est et
sera chaque fois plus catastrophique.   Pour être encore plus clair:
il est certain que le capitalisme continuera   à pousser les masses
de déshérités à la  lutte dans le monde entier
parce qu’il n’a rien à leur offrir, parce  que le futur du capitalisme
est une catastrophe permanente et chaque fois  pire pour le prolétariat
mondial. Autrement dit, si avant, les révoltes  étaient sporadiques
ou éclataient dans l’une ou l’autre région  “ isolée
”, maintenant il est courant qu’il y ait des centaines de  milliers de prolétaires
qui se battent et qui luttent quasi en permanence  et quand il semble que
d’un côté la révolte se termine,  cela recommence ailleurs
 avec plus de force. Il se passe le même phénomène  avec
 les divisions au sein du prolétariat, avant les révoltes 
étaient  celles des “ exclus ”, des “ immigrés ”, des “ chômeurs
 ”, des “ ouvriers agricoles ”… maintenant la généralisation
 au niveau du territoire et le fait de recouvrir des problèmes plus
 généraux  et reconnus comme sociaux, sont devenus quasi la
norme.  En réalité,  le prolétariat avec ou sans travail,
agricole  ou urbain, femme et  homme, vieux et enfant et de toute couleur
de cheveux  et de peau se voit  poussé chaque fois plus à la
lutte ouverte  contre l’État.
      Il est fondamental de souligner qu’en plus, le prolétariat est 
 poussé  à lutter aussi contre ses croyances morales ou politiques. 
 Qu’il croie  en dieu ou non, qu’il croie que la gauche sera moins mauvaise 
 que la droite  ou qu’il sache que c’est la même chose, qu’il s’illusionne
  sur l’ “  anti-impérialisme ” de Kadhafi ou qu’il sache que ce dernier
  est l’autre  face de l’impérialisme, sa survie sociale se verra
menacée   par la catastrophe du monde du capital et il se verra chaque
fois plus forcé    à lutter pour sa vie.
      C’est-à-dire qu’au-delà d’une quelconque croyance ou
idéologie,    la “ normalité ” du capitalisme comme catastrophe
permanente fait   que celle-ci s’approfondit dans de nombreuses régions
et pays à    la fois, qu’aucune catégorie du prolétariat
ne reste en marge    de la catastrophe et de la lutte, que la lutte pour
la survie implique chaque   fois plus une guerre sociale générale
internationale. Il est   compliqué de prédire les cycles de
cette guerre internationale    de classes, mais on peut affirmer que dans
cette décennie on entre    dans une phase de permanence et d’intensification
méconnue jusqu’à    présent.
      C’est justement ce que nous vérifions au cours de la révolte
   actuelle, il semblerait qu’elle se généralise encore plus
 qu’en  2008, qu’elle touche plus de régions et plus de pays, qu’elle
 présente  plus d’émulation mutuelle et aussi plus de conscience
 que c’est la  même chose qu’ailleurs et que c’est relativement pour
 les mêmes  raisons. 
      Cependant, il est évident que l’organicité réelle
  dont  fait preuve le prolétariat dans la révolte internationale
  actuelle,  dans la simultanéité de la lutte contre le capitalisme
  partout,  ne se traduit pas encore suffisamment en organisation, en conscience,
  en direction…  Même si nous sommes certains que toutes les tromperies
  et pseudo-changements au sein du pouvoir politique ne changent absolument
  rien, même si nous savons que les ravalements de façade de
chacun  de ces petits États  ne changent rien d’essentiel (l’État
  mondial reste intact !), même si nous savons que toutes les consignes
  démocratiques, religieuses ou “ marxiste-léninistes ” ne
solutionneront   rien, nous ne pouvons assurer que le mouvement continuera
à grandir   et à se développer comme la logique le voudrait.
L’expérience   passée indique qu’une partie du mouvement croit
en ces changements   de gueule de la dictature comme étant un pas
vers la liberté.   Il est à craindre que ces “ changements
” désarticulent la  force en plein processus de constitution, que
le prolétariat se disloque   en tant que force du mouvement et qu’il
disparaaisse pour un moment plus  ou moins long de la scène politique.
Par exemple, au moment où   nous écrivons ces lignes et que
la lutte continue à se radicaliser   dans de nouveaux pays, dans certains
parmi les premiers à être   entrés en lutte, les guépardistes
sont arrivés à   imposer un certain ordre sur base du changement
“ réussi ” du dictateur   défenestré… ce qui est bien
entendu un obstacle au processus   de constitution du prolétariat
en classe mondiale. 
       En fonction de tout ce qui a été dit précédemment,
   il nous semble néanmoins que cette disparition ne peut durer ni
dans   le temps, ni dans l’espace. Il est impossible que le capitalisme dans
la  situation actuelle puisse modérer son antagonisme avec les intérêts
   de l’humanité, les possibilités d’imposer la paix sociale
 avec  une stabilité comme celle du passé semblent impensables.
       D’autre part, nous croyons que le mouvement a avancé dans
  le  sens d’avoir conquis non pas une quelconque réforme ou le renoncement
   d’un tyran mais plutôt ce sentiment de force qu’en descendant dans
  la rue, on peut s’imposer. Nous pensons, même si ce n’est pas garanti,
   que c’est ça qui sera le plus difficile à effacer pour tous
   les dominateurs et les oppresseurs. Sur cette base, nous pensons que même
   si le prolétariat disparait à nouveau ponctuellement de
la   rue, il gardera son expérience et émergera à nouveau
  bientôt plus fort et plus puissant. Nous pensons également
que  cela dépend beaucoup de la capacité des minorités
classistes  les plus conséquentes.
       De plus, même si le capitalisme colmate une brèche,
  il  y en aura beaucoup d’autres qui s’ouvriront ailleurs, parce que le
calme   qu’il imposera dans un endroit ou sur un front, à une ou plusieurs
  catégories, sera plus difficile à généraliser
  et sera précaire comme la vie-même de l’être humain
soumise   à la catastrophe actuelle. Nous pensons que cette caractéristique
  consistant en de grands sauts et des périodes plus calmes de reconstitution,
  durant lesquels recommence à se forger les combattants et les consciences
   prolétariennes pour sauter chaque fois plus fort et plus haut,
sera    l’évolution prolétarienne désordonnée
jusqu’à    l’organisation en tant que classe qui permet d’affronter
plus globalement    l’ennemi et pas seulement ses gueules visibles.
      Au moment où nous écrivons ces lignes, alors que “ le 
changement   ” a réussi à imposer le calme, même très 
relatif   sur base d’une certaine expectative (Tunisie, Egypte…26), dans d’autres
régions  par contre, on est en pleine expansion des affrontements
 et de la répression  ouverte (Syrie, Bahreïn, Yémen…
et  dans une certaine mesure en  Jordanie, en Irak, en Chine, en Bolivie…)
; alors que là où  le discours du changement est au pouvoir
depuis un bon moment comme en Amérique  latine, ce dernier se montre
chaque fois plus usé et déjà,  la remise en question
prolétarienne  apparaît en exprimant clairement  que le supposé
changement ne change rien d’essentiel. Une fois de plus, nous devons signaler
l’exemple  que le prolétariat en Bolivie donne au monde. Ni le gouvernement
d’Evo  Morales, ni la COB (Centrale Ouvrière  Bolivienne) ne sont
arrivés  à contrôler le prolétariat  qui s’affirme
chaque fois  plus dans la rue. Les mineurs se sont trouvés  à
la tête  des manifestations qui ont débordé toutes  les
structures de  contrôle et contre toutes les interdictions, sont  rentrés
dynamite  à la main dans le centre historique de La Paz en attaquant
les locaux  officiels. La consigne centrale semble expressément  destinée
 à ce que leurs frères vivent sous d’autres latitudes: “Si
c’est  ça le changement, le changement est une merde ”. Une consigne
simple  qui peut sembler limitée et qui cependant exprime avec beaucoup
de  clarté les intérêts du prolétariat face à
  la bourgeoisie qui se consacre justement à changer pour que rien
ne  change et qui, au niveau international, peut seulement faire ces changements
  de merde 27.
       Aucun des problèmes centraux pour lesquels des centaines 
 de  milliers, des millions de prolétaires sont sortis dans la rue 
ne peuvent  être solutionnés par le capital en pleine catastrophe,
  aucun  des petits États régionaux ne peut calmer les masses
  avec de  réelles carottes (les fictives, ils les ont déjà
  toutes  promises !). Ce qui serait normal pour une classe qui s’affirme
comme  mondiale,  c’est que d’autres expressions dans d’autres régions
prennent  la relève  et que ceux qui sont dans la rue continuent à
s’affirmer  en tant que  classe et pouvoir… Toutefois, sans structures permanentes,
sans  s’affirmer  réellement comme classe organisée, personne
ne peut assurer  que le mouvement sera plus fort, comme ce serait indispensable,
 à court terme. C’est pour cela que nous ne devons pas nous étonner
 qu’il y ait prochainement un certain reflux, d’autres sursauts, encore des
 reflux,  plus d’affrontements et d’affirmations régionales. Nous
ne  pouvons  pas non plus assurer que dans telle ou telle région,
la lutte  ait plus de perspective que dans telle autre, mais il est évident
que la lutte, qui dans son extension a débordé de partout les
limites des “ pays arabes ” et qui a eu des répercussions en Chine,
en Inde ou en Amérique du Nord, du Centre et du Sud, indique qu’il
est possible  qu’on se dirige vers ce fameux saut de qualité que constituerait
la  simultanéité généralisée internationale.
   Nous sommes peut-être très proches de cette généralisation
   de la lutte mondiale classe contre classe que les révolutionnaires
   du monde ont toujours auguré 28.
       Le capitalisme fait tout pour l’empêcher mais la dynamique
  catastrophique  même de la société bourgeoise tend
irrémédiablement    vers cette division du monde en deux camps
ennemis. Les révolutionnaires    ne doivent pas seulement  espérer
cette phase mais l’impulser,    la théoriser, l’organiser et la diriger,
parce que sans la constitution    du prolétariat en parti mondial
opposé à tout l’ordre    établi, cette inévitable
phase sera horriblement longue et   sanglante. Dans ces batailles présentes
et futures, le développement   de la lutte pour imposer la conscience
de constituer une seule classe, une   seule force, une seule direction, imposer
la perspective de la révolution    communiste mondiale est une part
décisive de la lutte de l’avant-garde    révolutionnaire.
      Luttons de toutes nos forces 
      pour l’organisation du prolétariat 
      en classe et donc en parti ! 
       
      Développons la lutte 
      contre tous les tyrans et les oppresseurs,
      jusqu’à ce qu’elle soit assumée ouvertement 
      comme une lutte contre toute la tyrannie 
      et l’oppression du capitalisme mondial !
      
      Avril 2011
      
      
      
      Encadrés
      
      
      
      Éléments sur 
      l’augmentation de prix 
      des produits alimentaires
      
      
      Le 11 janvier 2011: “ l’ONU annonce le risque d’une nouvelle crise
alimentaire    ” Agence AFP.
      La FAO concorde: “ Nous sommes face à une situation très
  tendue  ”... “ Quelques 80 pays sont confrontés à une carence
  en nourriture…  ”
      “ L’indice global des prix des produits agricoles de base (céréales,
   viande, sucre, oléagineuses, produits laitiers) se situe actuellement
   à son niveau maximum depuis que la FAO a commencé à
  élaborer cet indice il y a 20 ans ”  (Nations Unies, janvier
 2011 - IPS).
      “ L’Organisation des Nations-Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation 
  (FAO), dont le siège se trouve à Rome, a lancé une 
alerte  la semaine passée concernant une augmentation significative 
en 2011  des prix mondiaux du riz, du blé, du sucre, de l’orge et de
la viande  … ”.
       “ Paris, janvier 2011 (Reuters) – le président français,
   Nicolas Sarkozy, mènera cette semaine à Washington sa campagne
   pour contrecarrer l’augmentation globale des prix des aliments… ”. (Bâle
   (Suisse), 10 janvier - EFE) 
      “Le président de la Banque Centrale Européenne (BCE), 
Jean   Claude Trichet, porte-parole des gouverneurs des banques centrales 
du Groupe   des 10 (G-10), a lancé une alerte aujourd’hui concernant 
la forte  montée du prix des aliments et la menace inflationniste dans
les économies   émergentes ”. 
      “ La Banque Mondiale craint une crise du prix des aliments” (15 janvier 
  - BBC) 
      “ Le président de la Banque Mondiale, Robert Zoellick, a affirmé
   à la BBC que la crise serait plus profonde que celle de 2008 ”.
(Mexico   DF, 7 janvier - Reuters)
      “Le rythme annuel d’inflation des aliments a triplé au Mexique 
 en  novembre comparativement aux deux mois antérieurs… ” (Washington,
  18 février -EFE) 
      “Le changement climatique aggravera la pénurie d’aliments, selon 
  un étude ”
      “ Depuis plus de 20 ans, les scientifiques ont lancé une alerte
  sur  l’impact du changement climatique, mais rien ne change à part
  l’augmentation  des émissions qui causent le réchauffement
 global, a dit Liliana  Hisas, directrice exécutive de la filiale
étasunienne   de cette  organisation à EFE ”.
      “ Osvaldo Canziani, gagnant du Prix Nobel de la Paix en 2007 et assesseur
   scientifique du rapport, indiqua que “ partout dans le monde, on enregistrera
   des épisodes météorologiques et des conditions climatiques
   extrêmes et les augmentations de la température moyenne superficielle
   exacerberont l’intensité de ces épisodes ”.
      “ Reuters, 18 janvier – L’Algérie achète du blé
 pour   éviter la pénurie et les émeutes. ”
      “ L’agence étatique de grains d’Algérie a acheté 
 environ  1 million de tonnes de blé ces deux dernières semaines 
 pour  éviter la pénurie en cas de troubles, a déclaré
   une source du Ministère de l’Agriculture à Reuters. ” 
      “ Reuters - 18 janvier: le blé augmente fortement à Chicago
   suite aux achats de l’Algérie. ” 
      El Economiste, 18 janvier 2011: “ Alerte mondiale pour le prix des
aliments    - Parmi les principales causes, il y a les inondations et les
sécheresses    occasionnées par le changement climatique, l’utilisation
d’aliments    pour produire des biocombustibles et la spéculation
sur le prix des   matières premières. ”
      
      NDR: Il s’agit d’une compilation présentée par Fidel
Castro.    Nous ne doutons pas un instant que sa réalisation ait été
   motivée par ses propres enjeux politiques mais elle nous semble 
   particulièrement éclairante sur la situation.  
      
      
      
      
      Pour seulement mentionner un exemple concret, les gaz lacrymogènes
   des milices tunisiennes sont fabriquées en France par la société
   Sofexi ; les corps répressifs égyptiens entraînés
   par les experts français en 2010 (le cours commencé en octobre
   s’appelle élégamment  “gestion des foules et des grands
   événements”. L’État libyen de Kadhafi a négocié
   l’achat de 120 VBR (véhicules blindés à roues) de
chez   Panhard, la Russie a commandé 500 chars légers à
la  France (également prévus contre les mouvements sociaux).
Les  commandes affluent aussi des États du Golfe (Source: Jura Libertaire,
  février 2011).
      
      
      Maghreb et Moyen-Orient, 
      la réémergence du prolétariat
      
      Depuis décembre 2010, la flamme de la révolte traverse
 les   pays du Maghreb comme une traînée de poudre, tandis que
 les  échos de la révolte débordent toute limite géographique,
  arrivent à d’autres pays limitrophes où commencent à
  résonner les voix de leurs voisins et le son des sabres, faisant
palpiter  le cœur de leurs frères de classe qui relèvent le
défi  de s’affronter également à la tyrannie capitaliste
pour défendre  leurs conditions de vie.
      La bourgeoisie internationale se réunit jour après jour 
 pour  orienter sa manière d’affronter la révolte ; simultanément
   les armes de la démocratie se déploient sur tout le territoire:
   les armées sont depuis des semaines dans les rues pour réprimer,
   les visages des différents gouvernements changent à chaque
  instant, les formules de rechange font la file pour tenter de séduire
  les rebelles, les promesses de réformes se bousculent les unes après
  les autres, le fondamentalisme démocratique se rénove, la
transformation   en conflit interbourgeois tente de se frayer un chemin.
      La presse internationale de nos ennemis n’a cessé de manœuvrer 
 et  d’intoxiquer pour occulter la véritable cause de la révolte.
   D’abord, elle l’a disqualifiée en tant que “ manifestation typique
   de populations non civilisées propre aux pays sous développés
   ”, ensuite elle a dû la qualifier de révolte tunisienne “
en   faveur de plus de libertés ”, pour plus tard en venir à
dire   la même chose sur l’Égypte. Aujourd’hui, la lutte pour
les droits  démocratiques est le recours médiatique. Comme
tout outil du  capital, la presse cherche à coincer la révolte,
à empêcher  qu’elle continue à se propager comme la peste,
à empêcher  que les prolétaires d’autres pays puissent
s’identifier avec les protestations  et que nous sortions dans les rues pour
nous affronter à nos oppresseurs.  C’est une des méthodes par
excellence pour affronter les luttes prolétariennes:  les étouffer
entre les cordons sanitaires d’un pays.
      Malgré tout, la flamme continue à se propager. La Tunisie,
   l’Algérie, l’Égypte, la Jordanie, la Libye, la Mauritanie,
  Oman, le Yémen, le Maroc, la Syrie, le Koweït ou la Palestine,
  avec plus ou moins d’intensité, ont démontré que le
 prolétariat n’attend qu’un petit signe pour sortir pour en découdre
 avec tout.
      La formidable extension de la révolte est en train de foutre 
en  l’air  l’intoxication des moyens de communication, montrant que le soulèvement
   répond à des critères très différents
  de ceux qu’ils veulent nous vendre, des critères qui affectent tous
  les prolétaires de ce monde et qui, profondément enracinés
   dans ce système, remettent en question les fondations sur lesquelles
   repose ce monde de misère: les classes sociales. 
      L’abolition de la société de classe. Voilà l’essence
   de la révolte. Si les prolétaires de tous ces pays sortent
  dans la rue, ce n’est pas simplement pour chasser le président ou
 le gouvernement en place, ni pour des irrégularités dans la
 gestion, pour les libertés démocratiques ou une quelconque
autre particularité locale. L’essence de la révolte est la
même qu’en Grèce il y a quelques années, la même
qui traverse les récentes manifestations en Europe, ou dans les pays
d’Amérique Latine. C’est le refus de supporter les coups de fouet
de la crise économique qui nous écrase partout, c’est le refus
de continuer à supporter le régime d’exploitation et de domination
capitaliste, c’est le refus de continuer à vivre où on ne peut
pas vivre. C’est la réémergence du prolétariat qui,
après des années de paix sociale, réapparait tel un
cauchemar devant les yeux de ses maîtres qui le croyaient enterré,
pour assumer à nouveau son devoir historique consistant à envoyer
au musée de l’histoire toute société de classe. C’est,
en définitive, l’humanité qui se lève contre la tyrannie
de l’économie.
      
      
      
      
      Amigos de octubre amigosoctubre@gmail.com
      
      
      
      
      LA LUTTE PROLÉTARIENNE 
      DANS D’AUTRES PAYS 
      EST NOTRE LUTTE ! 
      
      La lutte actuelle dans d’autres pays: tunisie, égypte, libye,
 yémen,   bahreïn, oman, jordanie, maroc, irak, iran, arabie
saoudite,  côte   d’ivoire, bangladesh, corée du sud, chine,
islande, angleterre,  france,   irlande, espagne,portugal, italie, turquie,
grèce, états-unis,    brésil, chili, bolivie,… [ les
noms de pays sont en minuscule dans    l’original - ndr ] est notre lutte
parce que l’actuelle et catastrophique    crise capitaliste est mondiale
et nous attaque nous, les prolétaires    de partout, en intensifiant
notre exploitation; parce que les conditions   précaires de vie des
prolétaires de là-bas sont les  mêmes que les prolétaires
d’ici; parce que les frères  de classe sous ces latitudes sont occupés
à lutter en réponse  à cette crise et aux conditions
d’existence qu’elle provoque; parce  que, comme le capital, nous, les prolétaires,
nous n’avons ni patries  ni frontières; parce que notre classe et
notre lutte sont mondiales...
      Le capitalisme est en crise ? 
      Qu’il explose une bonne fois pour toutes ! 
      Le capitalisme ne se réforme pas, 
      ni ne se soigne, il est à détruire ! 
      L’unique solution ? Le Communisme et l’Anarchie ! 
      Contre la dictature démocratique de l’économie, imposons
  la  dictature de nos besoins humains !
      Notre classe prolétarienne n’a pas de patries ! 
      Solidarisons-nous avec les luttes prolétariennes dans d’autres 
 pays  
      en luttant contre “notre” “propre” bourgeoisie et “notre” “propre”
Etat   ! 
      Pour la Guerre de Classes Mondiale ! A bas tous les Etats et toutes 
les   frontières ! 
      Luttons pour la Révolution Prolétarienne Mondiale ! 
      
      
      Proletarios Salvajes
      Quito (équateur)  Mars 2011. 11
      
      
      
      
      
      Le cynisme des médias 
      
      Un autre exemple du rôle qu’occupe la presse bourgeoise dans
la  reproduction  de cette société.
      
      En Algérie, depuis des décennies 15, le prolétariat
   n’a cessé de se définir comme classe, il n’a pas arrêté
   d’affirmer son autonomie face à ses oppresseurs et à ses
exploiteurs,   il n’a jamais arrêté d’opposer ses intérêts
propres   de classe aux intérêts du capitalisme.
      C’est ainsi qu’a surgi une consigne “ POUVOIR ASSASSIN ” qui ne centralisait
   pas seulement  les luttes en Algérie mais qui désignait
   l’État et son terrorisme comme l’ennemi à affronter, à 
   détruire. L’assassin est clairement le POUVOIR et pas seulement
l’un   ou l’autre gouvernement.
      Jusqu’en France, dans différentes manifestations en solidarité
   avec la lutte prolétarienne en Algérie, le prolétariat
   scande cette consigne! Et on ne crie pas uniquement contre la fraction
gouvernementale   en place mais aussi contre les fractions de rechange, y
compris les social-démocrates   et les trotskystes ! Avec quelle clarté
nos frères de classe   désignent leurs ennemis ! Cette même
consigne a également   été reprise par les prolétaires
en Égypte et  dans d’autres pays de la région !
      Une équipe de la presse française a été 
couvrir   les manifestations en Algérie. Au moment de filmer, alors 
que le prolétariat  criait, EN FRANÇAIS, “ POUVOIR ASSASSIN 
”, les journalistes n’ont pu faire autre chose que “ traduire ” cette consigne 
ÉGALEMENT EN FRANÇAIS par “ GOUVERNEMENT ASSASSIN ” et commenter 
“ qu’ils étaient  en train de lutter pour changer Bouteflika, pour 
plus de démocratie…  ”
      
      Marchands au service du capital, en tant qu'agents de ce pouvoir, ils 
 tentent  comme toujours et sans aucun scrupule, de transformer nos luttes, 
 nos consignes  de classe, en luttes inter-bourgeoises.  
      
      
      
      
      
      
      
      
      LES DÉCALAGES DANS LES MESURES D’AUSTÉRITÉ 
      
      
      Avant, la bourgeoisie pouvait réellement présenter des
 gueules   différentes, il y avait des politiques économiques
 relativement   différentes. Même si la droite et la gauche
ont  sur l’essentiel   toujours représenté la même chose,
elles se distinguaient   par des plans économiques sociaux différents:
 les unes étaient   plus libérales, les autres plus keynésiennes,
 c'est-à-dire   que les unes suivaient directement les diktats du
taux  de profit, les autres   avaient compris qu’à moyen terme il
était  préférable   de créer la capacité
d’achat pour  améliorer ce taux  de profit, ce pourquoi les unes étaient
partisanes du serrage de ceinture   et les autres préconisaient un
certain bien-être général   comme meilleur manière
d’améliorer le profit capitaliste. En  revanche, face à la
catastrophe généralisée du  système capitaliste
mondial, il existe UNE ET UNE SEULE politique  de la bourgeoisie. Même
à court terme et même si les laïus   simulent une différence
allant jusqu’à une opposition, la politique  de la bourgeoisie est
maintenant l’austérité totale pour le  prolétariat (ce
que les bourgeois appellent “ libéralisme ”  ou “ néolibéralisme
”, comme si cela représentait quelque  chose de nouveau !) parce qu’en
dernière instance, la politique du  Fond Monétaire International
est aujourd’hui adoptée partout,   ce qui implique toujours une plus
grande détérioration de tous  les moyens et formes de vie,
de contamination de toute l’existence (de ce  qui se mange, ce qui se respire,
ce qui se boit,…), plus de marginaux et de gens qui dorment dans la rue,
plus de contrôle, plus de répression,   plus de réfugiés
et de sans-papiers, plus de discours démocratiques,   plus de prisons
et d’hôpitaux psychiatriques et plus de terrorisme  d’État.
Trouvez un seul pays où ça ne se passe pas comme  ça
!
      Et cependant, ça, ils ne le confessent pas. Le fait qu'est partout
   appliquée la même politique économique, que toutes
les   fractions bourgeoises finissent par faire la même chose, c'est
le    véritable secret de la domination. Pourquoi ?
      Parce que s’ils confessaient que le capital attaque partout les conditions
   de vie de l’humanité, le capital perdrait sa légitimité,
   parce que pour reproduire la domination et l’exploitation dans la situation
   actuelle de désastre extrême, il est indispensable de maintenir
   l’apparence de l’opposition dans le pouvoir et, pour ce faire, même
   si les mesures à imposer à l’humanité sont exactement
   les mêmes, les services internationaux de contre-insurrection (et
 très  particulièrement les moyens de désinformation
mondial) conseillent  que ces mesures NE soient PAS imposées partout
en même temps.  Sans cela, il serait trop simple pour le prolétariat
de s’identifier  en tant que classe, de s’organiser en tant que tel, de reconnaître
  son ennemi historique.
      Il est indispensable d’embrouiller tout, de créer d’autres tronches,
   d’autres oppositions, d’autres canalisations.  Même si aujourd'hui
   il n'y a qu’une seule politique économique (toujours contre le
prolétariat    !), même si l’unification réelle de l’État
mondial est   plus achevée que jamais, même si les organismes
internationaux    de politique économique dirigent chaque petit État
(Fond Monétaire   International, Banque Mondiale, banques internationales
tel que la BCE ou   la BID, Unions internationales…), même si les services
de contre-insurrection   sont également exactement les mêmes
partout (centralisés,   par exemple, par le Pentagone qui agit et
dirige les services répressifs   de plus de cent pays), les mesures
les plus ouvertement antihumaines se présentent  sous des visages
différents et tout est fait pour décaler ces  mesures dans
le temps. Même si la militarisation générale  de la vie
est un plan généralisé et que les plans politiques 
obéissent à cela au niveau de toute la planète (ce qui
 se fait dans ce sens en ce moment même au Brésil dans les favelas
 est monstrueux !), on attaque en séparant, en divisant, en réprimant
 paquet par paquet, pays par pays, région par région.
      
      
      
      
      
      La création historique de la polarisation 
      fascisme-antifascisme a suivi le même chemin
      
      
      L’État démocratique (il y a un seul État !), par 
 exemple  la République Espagnole, assume la répression ouverte 
 des luttes  prolétariennes et au cours de celle-ci, des secteurs et
 forces se distinguent par leur côté particulièrement 
sanguinaire. Cependant, tous sont de la partie et ce sont des républicains 
parmi les plus illustres qui donnent les ordres de tirer aux généraux
  qui les exécutent (comme à Casa Viejas en 1933 et en Asturies
  en 1934!).
      La répression est pointée du doigt, dénoncée
   et affrontée, provoquant en réponse une radicalisation du
 mouvement  social. C’est alors qu’une fraction de cet État essaye
d’en accuser  une autre d’avoir effectué cette répression,
d’être tyrannique,  dictatoriale, fasciste… Comme stratégie
de défense la plus efficace, l’État se dissocie, se divise
en deux et présente l’autre partie comme un corps étranger,
différent et qui n’émane pas de lui. L’ “antifascisme ” peut
ainsi se laver le visage et les mains du sang qu’elles ont fait couler et
créer un épouvantail avec ce qui serait pire que lui, le “
fascisme ”. “ Ce n’est pas nous qui avons commis cette barbarie, ce sont
les généraux fascistes ”. Hier, ils étaient main dans
la main, Alcalá Zamora avec Franco, Staline  avec Hitler, Allende
avec Pinochet, Obama avec Ben Ali, Sarkozy avec Moubarak,  Berlusconi avec
Kadhafi… et participaient aux mêmes banquets pendant  que le prolétariat
se faisait massacrer.
      Dans le troisième acte, les vêtements et les costumes
sont   déjà changés pour en ôter le sang déjà 
  bien sec. On les a lavés avec tous les types d’agents blanchissants 
  tels que la dénonciation contre “ les dictateurs ”, “ les fascistes 
  ”, “ les corrompus ”… Bien propres grâce aux dénonciations 
et  aux beaux discours, ils se préparent à “ aider le peuple 
dans  sa lutte pour la démocratie ”… Avec les mêmes armes qui 
ont servi hier à nous tirer dessus, ils disent nous défendre 
et vouloir “ abolir la tyrannie ”. Ils cherchent la complicité des 
prolétaires  du reste du monde afin qu’ils contribuent à cette 
nouvelle guerre,  que ce soit activement ou simplement en étant de 
bons travailleurs,  citoyens, contribuables et téléspectateurs.
      En réalité, ils sont en train d’imposer le quatrième
   acte, le plus sinistre de tous: la transformation de la lutte entre classes
   sociales opposées en une lutte entre fractions bourgeoises, ils
recrutent   pour la guerre entre fractions bourgeoises, entre forces impérialistes
   opposées. La liquidation du prolétariat, qu’ils ne sont
pas    arrivés à obtenir par la répression directe,
est maintenant    à leur portée dans la croisade “ anti-dictature
”, par la  déstructuration  de la classe dans un front anti-dictateur,
par l’enrôlement  dans le  front unique antifasciste. L’objectif est
la liquidation du prolétariat    en tant que classe dans un bain de
sang entre partisans et opposants à    tel ou tel dictateur. L’objectif
final du capital est la disparition du  prolétariat  en tant que classe
antagonique à l’ordre établi,  dans une guerre  impérialiste
entre fascisme et antifascisme. La guerre  contre Franco,  Hitler ou Mussolini…
a coûté non seulement 60  millions de morts  mais aussi la disparition
du prolétariat de la scène historique  pour des décennies.
De cette gigantesque boucherie, les Staline, Truman  et Wilson sont sortis
triomphants, c’est-à-dire les camps de concentration,  les bombes
atomiques, les nouvelles guerres et tortures comme système  général
des oppresseurs. L’antifascisme n’a rien à envier  au fascisme !
      
      
      
      
      
      
      
      Libye
      
      Concurrence interbourgeoise 
      et contre-insurrection.
      
      Que l’histoire soit fondamentalement l’histoire de la lutte des classes,
   cela ne fait évidemment aucun doute pour nous. C’est précisément
   pour l’occulter que tous les moyens de désinformation internationaux
   sont mobilisés en permanence (y compris “ au nom de la révolution
   ”) pour mettre en scène ou “ révéler ” des contradictions
   interbourgeoises (entre pays, coalitions, secteurs, gouvernement et “
opposition    ”, etc), réelles ou purement spectaculaires, superficielles
ou profondes…    derrière lesquelles nous sommes (exclusivement) sensés
nous    mobiliser. Prendre parti dans ce monde ne peut être que prendre
parti    pour l’une ou l’autre de ces fractions bourgeoises, pour l’un ou
l’autre   intérêt égoïste interne à cette
société.   Notre parti, celui de la subversion de l’ordre social,
doit demeurer officiellement   inexistant. Or pour nous, les contradictions
interbourgeoises ne détermineront    jamais le contenu de la lutte
de notre classe, ni la nécessité    bourgeoise de l’écraser,
mais seulement quelles fractions ou coalitions    bourgeoises entreront en
jeu pour embrigader le prolétariat et le   réprimer. Contre
ceux qui, en particulier à propos de la Libye,   nient la lutte de
notre classe au nom des contradictions interbourgeoises   qui sont en jeu,
comme si ces deux aspects de la réalité ne   coexistaient pas
en permanence dans cette société, nous pouvons   au contraire
prendre la mesure de ces contradictions en regard de l’actuelle   vague de
révolte.
      Dans un cas comme celui de la Libye, suscitant de vifs appétits
  économiques  internationaux, une opposition courante existe entre
 les pays déjà  bien placés en ordre utile de parts
de  marché et d’accords commerciaux et stratégiques, et les
autres  qui tentent de prendre leur place. Cette hiérarchie déterminent
 évidemment la position politique de chaque partenaire, avec toute
la souplesse qui règle la vie des États: en façade,
rien que des principes, en coulisses,  rien que des intérêts.
Ainsi, l’Italie, la Russie et la Chine  auraient plutôt eu intérêt
 au statu quo politique en Libye   et ont choisi de miser sur le maintien
 en place du régime de Kadhafi.  Les États-Unis, l’Angleterre
 et la France avaient plutôt intérêt  à voir la
donne se modifier (hormis bien sûr au prix d’une déstabilisation
 révolutionnaire de l’État), et ont misé sur le renversement
  de Kadhafi au profit d’un régime plus favorable à leurs ambitions
  marchandes (pétrole, armement, blé,…), comme la France en
Côte-d’Ivoire  au même moment. Qu’on ne s’étonne pas que
le même Sarkozy  à peine élu président français
en 2007 ait d’abord  joué la carte du rapprochement (économique
et militaro-policier)  avec la Libye de Kadhafi, c’est… de bonne guerre.
Cette option s’inscrivait  d’ailleurs dans la continuité des accords
franco-libyens depuis une  quarantaine d’années. 
      Début novembre 2010, la France et l’Angleterre concluent un
accord    de coopération militaire. Selon le site Internet de l’armée
   de l’air française, l’opération franco-britannique Southern
   Mistral qui s’inscrit dans le cadre de ces accords devait se dérouler
   du 21 au 25 mars 2011 sur plusieurs bases aériennes françaises.
   A cette occasion, les forces françaises et britanniques devaient
 effectuer  des missions aériennes de type COMAO (Composite Air Operation,
 missions  aériennes combinées) et un raid aérien spécifique
   (Southern Storm, Tempête du Sud) en vue de délivrer une frappe
   conventionnelle à très longue distance. L’opération
  a été annulée… pour cause d’intervention commune –bien
   réelle– en Libye.
      Peu importe pour nous si ce plan visait expressément ou non
la  Libye,  il dénote en tout cas l’affirmation d’intérêts 
 stratégiques  communs et la volonté de se doter des capacités 
 opérationnelles  pour les défendre. De fait, il a permis à 
 la France et à  l’Angleterre de prendre l’initiative face au mouvement 
 insurrectionnel en  Libye, à la fois sur le terrain politique, militaire 
 et  contre-insurrectionnel,  en se faisant de surcroît soutenir 
 par l’ONU et par l’OTAN (sous commandement  américain).
      Le scénario russe, italien ou chinois s’est ainsi trouvé
  battu  en brèche: qu’il eut ou non tenu compte de la possibilité
  d’une  vague de lutte comme celle d’aujourd’hui, il misait quoi qu’il advienne
  sur  la capacité du régime de Kadhafi à se maintenir,
  ce qui constituait un pari pour le moins incertain. 
      Pour ne pas être mise au rencard des dividendes de la guerre, 
l’Italie   a finalement été contrainte à se joindre à
la   coalition et, le 28 février, à renoncer à son Traité
  d’amitié avec la Libye qui comprenait de nombreux et juteux accords
  de coopération économique ainsi que le contrôle de
l’immigration,   euphémisme pour une politique particulièrement
 brutale, cynique   et meurtrière de renvoi des demandeurs d’asile
traversant la Méditerranée   vers la Libye, politique qui ne
manquera certainement pas d’être rétablie   aussitôt que
possible avec l’aval européen.
      Quant à la Russie et la Chine, très impliquées 
en  Libye  (la Chine a dû en évacuer pas moins de 36 000 ressortissants
   affectés à diverses entreprises), elles ont d’abord renoncé
   à opposer leur veto à la résolution 1973 de l’ONU
en   faveur de l’intervention militaire avant de critiquer l’interprétation
   élargie (bien prévisible) qu’en fait l’hégémonique
   OTAN sur le terrain. On a pu observer une similaire versatilité
toute   mesurée du côté des États arabes, comme
l’Arabie   saoudite qui a soutenu la résolution de l’ONU tout en se
tenant militairement    à l’écart de son application:
il faut dire que ces alliés   de la grande cause humanitaire Onuso-Otanesque
 ont fort à faire au   Bahreïn qu’ils occupent militairement
pour  y écraser l’insurrection.   Dans la grande cacophonie meurtrière
 du marché, il est en effet  un point crucial sur lequel les violons
 des États s’accordent invariablement:  l’impératif supérieur
 de la contre-insurrection.
      
      
      
      
      
      
      
      A propos du Comité National
      de Transition (CNT) en Libye
      
      
      
      Il est évident pour nous que le Comité National de Transition
   n’est pas une émanation de la lutte mais une initiative intégralement
   bourgeoise, impérialiste, dont la finalité est de casser
par   le sommet la dynamique bien réelle de centralisation et de coordination
   de la lutte. Ce Comité n’est qu’une des pointes de l’iceberg de
la   contre-insurrection, au sens où les forces spéciales et
services   secrets anglais, français et états-uniens sont également
   intervenus assez tôt sur le terrain, parallèlement à
  la campagne internationale de désinformation,  pour pousser
partout   les contradictions dans le sens d’une reprise en main bourgeoise,
d’une repolarisation  interimpérialiste de la lutte (notamment en
tentant de dissoudre le  prolétariat en arme, ses milices, dans une
armée régulière  opposée à celle de Kadhafi),
pour casser le développement  de l’autonomie de notre classe (notamment
 dans les diverses initiatives organisatives  des comités de lutte
territoriaux: villes, régions…).
      La presse européenne s’est bien gardée de donner une
grande    publicité aux états de service des membres de ce
Comité,    et pour cause, car en plus de quelques opposants droits-de-l’hommistes
y  jouant leur figuration habituelle, il est le pur produit d’un travail
de recrutement et de retournement de dirigeants libyens de premier ordre,
soutenus politiquement et militairement par la France, l’Angleterre et les
Etats-Unis, et dont certains travaillaient déjà pour les services
secrets de ces pays. En voici une brève mais éloquente présentation:
 
      Dès le 27 février, “ le comité se met en place 
et  nomme  Moustapha Abdel-jalil à sa tête. C’est l’ancien ministre
  de la justice libyen, c’est-à-dire un homme clé du système
   Kadhafi. Il est secondé par Abdelhafed Ghoga, un avocat et militant
   des droits de l’homme, qui selon le Monde lui est ouvertement hostile.
Le   2 avril, devant les tensions internes qui déstabilisent le comité,
   le porte-parole, Moustapha Al-Gueriani annonce la création d’une
 équipe  de crise de 10 spécialistes, de libyens revenus de
l’étranger  avec leur savoir-faire. Le conseil devenant désormais
l’organe législatif  ” toujours selon Le Monde du 5 avril, qui présente
aussi le “ ministre  des finances ” de ce nouveau conseil, Ali Tarhouni,
professeur d’économie  aux USA, où il vivait depuis trente-cinq
ans jusqu’au mois dernier.  C’est un partisan de l’ultra- libéralisme,
et sa présence aux  finances est un signe clair de l’orientation économique
et sociale  du groupe de Benghazi.  A la tête du nouveau comité,
il  y a désormais Mahmoud Jibril. C’est un homme d’affaires déjà
   présent dans l’ancien comité. Toujours selon le Monde “
C’est    lui qui, avec Ali Al-Essawi, ancien ambassadeur, et désormais
ministre    des affaires étrangères, avait rencontré
le président    Sarkozy, le 11 mars à Paris ”. En charge des
affaires militaires,   on trouve le général Abdel Fatah Younès,
ancien ministre    de l’Intérieur, présent aux côtés
de Kadhafi  depuis  1969 et le putsch ayant abattu la royauté. Il
dispose de soldats  spécialement  entraînés par les SAS
britanniques, et des commandos français,  probablement le 13ème
RDP, ce qui au regard de l’incompétence  militaire des “ chebbabs
” lui donne de fait un avantage sur le terrain, et donc un avantage du point
de vue politique ”. 1 
      De plus, début avril, les USA affirment que la CIA “coordonne” 
 les  mouvements des “ rebelles ” sur le terrain. La CIA a bel et bien ramené
   à Benghazi un certain Khalifa Hifter, ex-chef du Front National
de   Salut de la Libye dans les années 1980, à l’époque
 principal  groupe anti-Kadhafi financé par les États-Unis,
et qui vivait  un exil paisible à Langley en Virginie depuis plus
de 20 ans, dans  un véritable fief de la CIA. “ Son arrivée
à Benghazi  est d’abord relayée par la chaîne Al-Jazeera,
le 14 mars. Sans  faire référence à son appartenance
à la CIA, le Daily mail fait son éloge le 19 mars. Enfin le
chef de guerre est interviewé par ABC news le dimanche soir suivant.
(…) Aucun des médias qui ont publié des articles à son
sujet n’a jugé utile de mentionner ces informations accessibles sur
internet, ni de se demander comment un militaire libyen a pu s’installer
et vivre aux USA, alors que la Libye  subissait embargo et représailles
militaires à la suite de l’attentat de Lockerbie. Personne ne s’est
non plus demandé comment il est arrivé à Benghazi ”.
2   
      Tout le reste est pur spectacle: dès le 5 mars, le Ministère
   des Affaires étrangères français suit la partition
 franco-britannique  et états-unienne en saluant la création
 du CNT. De son côté,  l’époustouflant philosophe français,
 lèche-botte et va-t-en-guerre Bernard Henri-Lévy (“ BHL ”)
se fait amener à Benghazi et c’est de là qu’il téléphone
 au président Sarkozy “ en tant que citoyen ”, joignant sa voix à
 l’appel à la guerre afin d’“ éviter un horrible massacre ”
(sic). 
      Le 10 mars, trois éminents membres du CNT sont reçus
à    Paris par Sarkozy (avec quelques ministres… et BHL) et déclarent
 à  leur sortie que “ la France a reconnu le Conseil national de transition
 comme  étant le représentant légitime du peuple libyen
 ”. Grand  visionnaire en matière de bienfaits démocratiques,
 BHL pour  sa part annonce déjà “ des frappes ciblées
 ” alors qu’aucun  accord n’est encore acquis ni au niveau européen,
 ni au niveau de l’OTAN ni de l’ONU, ce qui sera chose faite une semaine
plus  tard, le 18 mars.
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      1. Moulay Siba, “ Libye, les dessous d’une révolution ”, Indymedia,
   avril 2011.
      2. Idem
      
      
      Prolétariat et idéologie bourgeoise
      
      Si le prolétariat en tant que classe connaissait la puissance
 internationale   qu’il possède, ce serait trop simple de faire la
révolution.   Le premier secret de la négation de la révolution,
de la politique   de contre-insurrection pratique, c’est de nier cette puissance,
 cette pratique,   cette force. Il n’est peut-être pas de trop d’indiquer
 ici le rôle   contre-révolutionnaire qu’ont toujours joué
 les idéologies   social-démocrates ouvriéristes et
eurocentristes  qui réduisent   le concept de prolétariat du
point de vue quantitatif  et qualitatif,   le limitant sociologiquement et
géographiquement à une catégorie   de producteurs ou
à un espace géographique.  Nous nous référons
  à tous ceux qui aujourd’hui nient  pratiquement le prolétariat
  en appuyant “ les masses arabes ”, parmi  lesquels les agents bourgeois
les   plus éhontés rajoutent “ dans leur lutte pour la révolution
  démocratique ”.
      La contre-révolution n’a aucun intérêt à 
ce  que  le prolétariat se reconnaisse lui-même par sa vie, par
sa pratique,  par son antagonisme général au monde de la propriété
  privée, pour se retrouver dans la rue en criant “ assez ” contre
tout  ce système d’oppression. Contre cela, depuis des siècles,
les  spécialistes en sciences sociales (qui formulent la base idéologique
  de toute la social-démocratie) ont constitué les catégories
  sociologiques basées sur la division des couches sociales en fonction
  de différents critères que le socialisme bourgeois a codifiés
  sur base du travail et de la production. A la place d’un prolétariat
  comme force dynamique en constitution en opposition à la propriété
  privée et s’affrontant à l’État, la social-démocratie
  définit le prolétariat comme synonyme d’ouvrier industriel
 et en général comme ouvrier de la grande industrie 22. Dans
 les cas extrêmes, cette conception élitiste du prolétariat
  et implicitement apologétique du travail industriel, limite le prolétariat
  à l’ouvrier des villes et également aux ouvriers des “ pays
  industrialisés ”. Face à la lutte des prolétaires
en   Afrique méditerrannéenne, au Proche-Orient, dans la péninsule
  arabique..., ces idéologies et forces s’allient pour “ appuyer ”
les  révoltes des “ masses arabes ”.  C’est fondamentalement
contre  le mouvement ! Cette idéologie, qui coïncide avec tout
ce que  la bourgeoisie tente de jouer comme carte de rechange contre-insurrectionnelle,
  sert uniquement à mettre des obstacles à la nécessaire
  unification du prolétariat international en lutte:
      • Cela contribue à la division du prolétariat tant géographiquement
   que sectoriellement ;
      • Cela contribue à la propagande pour que les prolétaires 
  en Europe, aux États-Unis, en Amérique Latine… se sentent 
moins  concernés par la lutte de leurs frères ;
      • Cela tente d’introduire la vieille idéologie ouvriériste
   qui considère comme supérieur (plus près de la lutte
   grâce au socialisme) l’ouvrier industriel que le chômeur,
le   prolétaire agricole, l’employé d’un magasin et de bureau,
le  professeur, l’ouvrier du transport…
      Cette conception est indissociablement liée au fait d’attribuer
  des  objectifs différents, comme par “ hasard ” démocratico-bourgeois,
   à la lutte des “ peuples arabes ”, à l’intérieur
de   laquelle les variantes partisanes de l’ “ Assemblée Constituante
”  , de “ gouvernements réellement démocratiques ” ou de la
nécessité   des “ tâches démocratiques bourgeoises
” ne sont que des variantes   secondaires. Cette idéologie marxiste-léniniste
progressiste,   en plus d’être ouvriériste comme nous l’avons
déjà   dénoncé, contient l’essence de l’eurocentrisme,
le racisme  historique (peuple élu !) typique du judéo-christianisme:
“  tous les peuples sont arriérés par rapport au mien ”, “
le véritable prolétariat est celui de mon pays ”, “ les peuples
 arabes doivent passer par les étapes par lesquelles est passés
 le peuple européen depuis longtemps ”, “ ils doivent faire leur révolution
 démocratique ”. Son expression de gauche, pas moins cynique (comme
 le fait le CCI, par exemple), est de considérer que les masses arabes
 ont trop d’illusions démocratiques 23. Comme si en Europe ou aux
États-Unis,  ils en avaient moins ! Comme si les ouvriers industriels
étaient moins    manipulables ! Si c’était le cas, ils sortiraient
dans la rue pour    empêcher que leurs États continuent à
intervenir militairement    et à appuyer massivement les dictatures
sanguinaires dans tous ces    pays ! Une fois de plus, on oublie que les
plus grands mouvements insurrectionnels    du prolétariat contre l’État
au vingtième siècle    ne se sont pas développés
dans les pays “ plus démocratiques    ” comme le prétend cette
idéologie, mais bien au Mexique,  en  Russie, en Allemagne, en Chine,
en Espagne, en Iran, en Irak… ! 
      
      
      
      
      
      
      
      22. La falsification consiste à fragmenter et à figer 
ce  qui  est en mouvement, à confondre la photo avec la réalité,
   sa perspective (de classe) avec la vie et analyser la vie sociale en fonction
   de ces photos.
      23. “ La nature de classe de ces mouvements n’est pas uniforme et varie 
  d’un pays à l’autre et selon les différentes phases. On peut, 
  cependant, dans l’ensemble, les caractériser comme des mouvements 
 des classes non-exploiteuses... la classe ouvrière n’a pas été 
  à la tête de ces rébellions...[mais plutôt] la 
 paysannerie et d’autres couches provenant de modes de production encore plus
 anciens... ”. Pour le CCI c’est très clair, il s’agit de pays plus
 arriérés qui ont des modes de productions antérieurs 
 au capitalisme; implicitement: c’est seulement quand ces pays deviendront 
 capitalistes qu’il y aura de vrais prolétaires qui pourront lutter 
 pour le socialisme. Et ils ajoutent: “ Des illusions, surtout dans la démocratie, 
 qui sont extrêmement fortes dans les pays qui ont été 
 régis par une combinaison de tyrannie militaire et de monarchies corrompues
 ”. Ces expressions, que nous avons extraites du texte Que se passe-t-il
au  Moyen-Orient ? publié par Revue Internationale le 18 mars 2011, 
 résument à la perfection le cœur de l’idéologie dominante.
      
      
      A PROPOS DE LA CONSCIENCE
      
      Non seulement dans la presse bourgeoise mais aussi dans les journaux
 qui   se revendiquent du prolétariat, de la révolution, de
l’anarchisme…   nous voyons que l’analyse des luttes actuelles part de la
conscience. C’est   ainsi qu’après avoir découvert que les
révoltes dans   le monde arabe et dans le reste de l’Afrique “ ne
sont pas révolutionnaires   ” (ou que “ la révolution sociale
n’est pas au programme ”), que les  peuples de la région “ luttent
seulement contre les tyrans et veulent  la démocratie ”, ils se lamentent
en disant par exemple que “ c’est  la bourgeoisie occidentale qui tirera
parti de ces révoltes ”. Ce que nous répondons c’est que si
la révolte ne s’approfondit  pas et ne s’étend pas, il est
évident que  des fractions  dominantes peuvent en “ tirer parti
” et que c’est toujours comme ça  quand le mouvement arrête
de s’affirmer. Mais il n’empêche que  ce qui se joue maintenant, pour
que la révolte ne continue à  se généraliser
et à s’étendre, c’est la diffusion  de ce genre d’idées
que la bourgeoisie au travers de tous les médias  tente de renforcer
face à la révolte et contre elle: la révolte  n’aurait
que des causes propres à ces pays, ce que veulent les “ révoltés
  ” c’est la “ démocratie ”; plutôt que de capter et sentir
l’unicité   d’intérêt et de projet du prolétariat,
on accepte ce  que la classe dominante propage. Et les “ révolutionnaires
” qui répètent   que “ la révolution sociale n’est pas
au programme ” contribuent à  l’idéologie bourgeoise.
      Contre cela, nous répondons que la conscience actuelle qu’a
la  majorité  des prolétaires c’est la conscience aveugle que 
la  bourgeoisie nous  impose, que les idées dominantes sont les idées 
 de la classe  dominante, que pour cette raison, aucun élément 
 de conscience  ne peut changer les choses s’il n’y a pas une force vitale 
 qui la contredit  et la remet en question. La révolte prolétarienne 
 part précisément  des besoins vitaux, contredit et remet en 
 question tout cela, mais s’exprime  toujours avec beaucoup de retard et de
 déformation en terme de conscience.  Dans les zones où la
révolte  prend racine et s’étend,  la falsification est plus
difficile, mais  de loin et filtrée (faussée)  par tous les
médias, il  est évident que la révolte semble  bien moins
radicale, beaucoup  plus circonstancielle et il est facile pour  la bourgeoisie
locale de nous  “ démontrer ” que cela ne nous concerne  pas, que
“ là-bas ils commencent à se battre pour ce que nous  avons
ici depuis longtemps  ”. Voilà les idéologies qui maintiennent 
 les prolétaires  de certains pays en marge de la révolte et 
qui contribue à la complicité de ces prolétaires locaux 
avec les États qui continuent à réprimer les prolétaires 
 en lutte. Aujourd’hui-même, ce n’est pas dans les pays où le 
 prolétariat est dans la rue que s’impose le mythe que les “ luttes 
 sont pour la démocratie ”, mais en-dehors d’elles (au plus éloigné, 
 au mieux ça  marche !) et particulièrement dans les endroits 
 où les prolétaires  n’ont pas encore souffert d’une attaque 
similaire. L’eurocentrisme, euroracisme  et jusqu’à l’impérialisme, 
en tant que structuration systématique  de l’oppression et de la domination 
 capitaliste, se basent sur ce point de vue. Mais même cette différence 
 tendra à disparaître:  la généralisation des politiques
 d’austérité  et la répression ouverte conséquente 
 arriveront dans tous les pays: le prolétariat sera ainsi contraint 
 à se reconnaître  lui-même et à reconnaître 
 son ennemi historique.
      
      
      
      
      Salut aux camarades en lutte 
      dans le Wisconsin, aux USA!
      
      Dans cet Etat, en février 2011, une lutte remarquable a perturbé
   le fonctionnement normal du capital. Contre les mesures d’austérité,
   le prolétariat s’est réveillé et s’est manifesté
   par:
      • des grèves;
      • des manifestations monstres de prolétaires, toutes catégories
   du capital confondues: service public et entreprises privées, étudiants,
   paysans, infirmiers, profs, etc.;
      • une occupation du Capitol, un bâtiment central de l’Etat, à
   Madison, la capitale, pendant des semaines… évacuée par
la   force, en mars;
      • l’extension à d’autres Etats: Ohio, Indiana, Michigan…
      
      Ce mouvement s’est, dès le début, identifié à
   la lutte en Afrique du nord.
      Cet internationalisme est une direction donnée au prolétariat
   mondial:
      
      Reconnaissons-nous dans les luttes de nos frères de classe,
      partout dans le monde!
      Identité d’exploitation, identité de lutte!
      Dégage, Obama!
      Seule notre lutte mondiale abattra le capitalisme mondial!
      
      
      
      
      
      
      
      
      Notes
      
      1.    Sur ce thème, voir “ Catastrophe capitaliste
   et luttes prolétariennes ” dans Communisme n°60 (novembre 2008)
   où l’on traite de la grande vague de luttes prolétariennes
  en 2008 et qui se concentre sur l’explication de la contradiction du Capital
   avec la terre et la vie, de même que “ Catastrophe capitaliste et
 luttes  prolétariennes: ça continue ” qui aborde plus particulièrement
   la révolte prolétarienne en Grèce dans Communisme
n°   61 (juin 2009).
      2.    Comme en 2008, toute énumération 
de  la  révolte du prolétariat par pays, tel que le font les 
médias,   est une limitation (inconsciente ou délibérée) 
et systématiquement   une réduction. Les dénominations
 telles que “Maghreb” ou “monde   arabe” ou quoi que ce soit, que nous nous
 voyons contraints d’utiliser ici   faute de mieux, n’ont pas beaucoup plus
 de sens et ont de plus été   débordées par la
 réalité sociale que le mouvement   recouvre. Quant au nombre
 de zones affectées et de prolétaires   qui entrent dans la
bataille, les vagues de révoltes antérieures   sont déjà
 dépassées et c’est pourquoi toute dénomination  réductrice
 devient ridicule ou simplement dépassée puisque,  au moment
 d’écrire ces lignes, on se bat également dans les  rues en
Chine ! au Burkina Faso ! en Bolivie !... 
      3. Il nous semble fondamental de souligner que dès la première
   semaine de janvier 2011, la situation était insoutenable, que la
 catastrophe  du capitalisme assumait déjà ouvertement cette
 crise qui impliquait  une nouvelle vague de faim et de misère pour
 la population mondiale  et que c’est à partir de ce moment là
 que la révolte  prolétarienne internationale commence sa phase
 en Afrique méditerranéenne  avec la révolte en Tunisie,
 Égypte, Algérie, Maroc…
      4.    C’est-à-dire qu’il est encore possible
pour   certains secteurs de la bourgeoisie dans certaines régions
de ne pas  appliquer les plans d’austérité qui leur sont indispensables. 
  Avec quelques carottes et miroirs aux alouettes, on tente de faire en sorte 
  que certaines franges du prolétariat ne se sentent pas concernées 
  par ce qui se passe pour le reste du prolétariat mondial. C’est historiquement
  sur ce principe que les pays dont les États fonctionnent comme gendarmes
  répressifs dans d’autres endroits du monde, maintiennent la complicité
  de “ leurs ” prolétaires qui leur est indispensable pour exercer
cette  fonction répugnante. Mais cela dépend de leur capacité
  à octroyer certains bénéfices ou certaines réformes
  syndicales à leurs prolétaires et même cela, comme
c’est   le cas dans des pays tels que les États-Unis ou en Europe,
c’est aujourd’hui  compliqué à maintenir par leurs bourgeoisies
respectives. 
      5 .    Titre et extrait d’un tract publié en
France    et dont nous publions le texte complet en annexe. Contact: comitesoutienstbg@yahoogroupes.fr
      6.    Début et fin d’un des tracts publiés 
  par notre groupe en mars 2011. Voir le texte complet de ce tract et d’autres
   tracts de notre groupe en annexe.
      7.    La dénomination classique de “ fractions
 nationales   ” correspond à un certain niveau d’organisation de la
 bourgeoisie,   tant dans sa lutte contre d’autres fractions que pour exploiter
 et dominer   le prolétariat. Quand on l’applique au prolétariat,
 qui n’a   pas d’intérêts fractionnels ni nationaux, on est
en  réalité   occupé à nier le prolétariat
 ou mieux dit, on le conçoit   comme soumis aux intérêts
 de la bourgeoisie. La constitution   du prolétariat en classe et
donc  en parti est précisément   la négation de tous
ces fractionnismes.
      8.    Un “ même cœur ”, une même organicité,
   une même nécessité de vivre exprime lucidement l’organicité
   du prolétariat en tant que classe. Voilà la réalité
   que tout le monde bourgeois veut occulter. La citation est extraite d’un
  tract réalisé par le “ Grupo de Esclarecimiento Comunista
–  G.E.C. (Pérou) - http://esclarecimientocomunista.blogspot.com/
et que nous reproduisons également en annexe.
      9 .    Le mot “ islam ”, vient d’un mot arabe qui signifie
   “ soumission ”, “ allégeance ”, sous-entendu “ à Dieu ”.
      10.    Dans certains cas, des structures surgissent, 
assumant   une fonction décisive quant à la radicalisation du
prolétariat,   exprimant le besoin pour les prolétaires de
s’associer pour lutter,   mais aussi la nécessité pour la bourgeoisie
de répondre   à cette radicalisation par des encadrements plus
radicaux. Ce sera   le développement de cette contradiction qui conduira
à l’explosion   ; dans certaines structures, des formes ou expressions
de l’autonomie prolétarienne   pourront s’affirmer même circonstanciellement;
mais la majorité   d’entre elles, si elles ne sont pas déjà
bourgeoises seront   récupérées et s’affirmeront 
comme nouveaux syndicats   et partis qui changent quelques détails
pour que l’essentiel reste   tel quel.
      11.    comunismoobarbarie@gmail.com  – Etant donné
   son importance et sa clarté, nous publions l’intégralité
   de ce tract en annexe.
      12    Dans un sens plus global, il est clair que le
prolétariat    n’a pas détruit l’appareil général
de l’Etat terroriste.    Nous voulons souligner ici les cas dans lesquels
l’action du prolétariat    paralysa, désorganisa et liquida
l’esprit de corps (grâce à   l’indiscipline et au défaitisme
dans les rangs de la répression)    détruisant ainsi sa fonction
première et essentielle qui est   celle de réprimer.
      13.    Ce sentiment de puissance contre l’oppression 
continue   à s’approfondir tout en devenant plus explicite sous d’autres 
latitudes   au moment même où nous écrivons ces lignes 
(avril 2011).   La rage contre l’oppression ne peut être arrêtée 
par des  frontières. On recommence à sentir la fraternité
 (encore  de manière naissante) face à la tyrannie de tout
le  système  social, la joie de voir un tyran qui tombe ou une prison
vide ou encore un  bastion de la tyrannie qui brûle se répand
et se lève  ailleurs comme des drapeaux. En Chine, les prolétaires
 sortent avec  des pancartes en scandant: Vive les combattants du monde arabe!
 Dans le “monde  arabe” même, on continue à se battre à
 couteaux tirés,  un feu de la révolte s’éteint et un
 autre renaît en dénonçant  les pseudo-changements.
      14.    Le terme de “ guépardisme ” provient du
 personnage   créé par Giuseppe Tomasi dans son roman publié
 en 1958   et situé dans la période du “ Risorgimento ” dans
 l’Italie  du milieu du 19ème siècle. En exprimant la pensée
 politique   du personnage principal, don Fabrizio Corbera, prince Salina,
 alias “ le  Guépard ”, son neveu lui déclare “ Se vogliamo
che tutto rimanga  come è, bisogna che tutto cambi! ” (“ Si nous voulons
 que tout reste  tel que c’est, il faut que tout change ”).
      15.    Voir sur cette lutte et sur la consigne “ Pouvoir 
  assassin ! ”: “ Prolétaires de tous les pays, la lutte de classes 
 en Algérie est la nôtre ”, publié dans Communisme n° 
  52  (2002) ; “ Algérie: Il n’y aura aucun vote même si 
 nous devons tout brûler ” dans Communisme n° 53 (2002).
      16.    Voir “ Revendication et réforme ” Communisme
   n°62.
      17.    Voir “ Prolétaire, moi ? Contribution
à    la définition du prolétariat (1ère partie)
” dans Communisme   n°62, décembre 2010, et en particulier la
page 43.
      18.    Comme pour toute énumération de 
ce  type,  les points ne sont pas séparables. Il s’agit de facettes 
d’une  même  réalité, d’expressions successives et complémentaires
   de ce qui est essentiel dans la domination bourgeoise mercantile, dans
l’oppression   socio-politique capitaliste.
      19.    Il ne faut pas oublier que le démocratique 
  et populiste Obama a ratifié tout ce qu’avaient fait les États-Unis
   avant lui en Afrique, au Proche-Orient et dans la péninsule arabique,
   y compris l’appui inconditionné aux massacres effectués
par    chacun de ces États, par chacun de ces dictateurs et tout particulièrement
   ceux réalisés par Israël.
      20.    Il y a des dénonciations qui soutiennent 
 qu’en  réalité, les oppresseurs envoyés dans ce pays 
 sont le  double ou le triple de ce chiffre.
      21.    Il faut remarquer que l’État iranien est 
 l’un  des rares qui dit appuyer tout le mouvement social dans le “ monde 
arabe et musulman ” étant donné qu’il le considère comme 
une “ vague de réveil islamique ”, comme un produit de la “ chute de
l’influence  ” des États-Unis et de l’Europe dans la zone ”. Voir à
ce sujet  “ l’Iran prévient l’Arabie saoudite qu’il pourrait intervenir
militairement  ” ABC – 18 avril 2011.
      
      24.    Sur ce sujet voir le texte: “ Caractéristiques
   générales des luttes à l’époque actuelle ”
dans    Communisme n°39 (octobre 1993).
      25.    Cette affirmation est valable au niveau global
 mais   pas au niveau particulier. Nous pensons qu’il y a des minorités
 presque   partout qui agissent de manière organisée et pour
 qui la lutte   contre tous les récupérateurs est très
 claire; que ces  dernières organisent des actions décidées
 contre les  oppresseurs et réaffirment également le classisme
 révolutionnaire.   En ce sens, de rupture en rupture, il y a des
avancées  qualitatives   mais celles-ci ne s’assument pas encore de
manière ni organisée,   ni programmatique au niveau d’une centralisation
internationale.
      
      26 .    Ce qui ne veut évidemment pas dire qu’il
  n’y  a pas de lutte, de répression et de réorganisation du
 terrorisme  d’État, ce que confirment même les sources bourgeoises.
      27.    Et désolé pour la merde, nous n’avons
   rien contre elle !
      28.    “ De plus en plus, la société se
 divise   en deux camps ennemis, en deux grandes classes qui s’affrontent
directement:   la bourgeoisie et le prolétariat ”,  Manifeste
du Parti Communiste,   1847.
      
     
         
     
      
      TRACTS
      
      La vague de manifestations arrive au Kurdistan.
      
      
      
      En même temps que les soulèvements révolutionnaires 
  en Tunisie, Egypte, Yémen, Liban, Iran, Bahrein, Jordanie, la vague 
  de luttes se manifeste au Kurdistan et dans d’autres villes, en Irak. Cette
   rupture commune et violente a libéré des forces  révolutionnaires
   contre l’exploitation et nous montre la force de notre classe internationale.
   Cette vague internationale est le résultat d’une accumulation et
 d’un  approfondissement d’un problème social que le capital n’est
pas capable  de solutionner. L’Etat est faible et incapable de nous fermer
la gueule. C’est pourquoi nous avons pu nous exprimer sans qu’il nous la
boucle avec une nouvelle carotte. A Souleymania, les bureaux du parti de
l’Etat ont été  attaqué par les jets de pierre des manifestants
 et ceci fait partie  des actions du prolétariat international actuel.
 L’Etat en tirant sur les manifestants, en les tuant, les arrêtant,
relance le terrorisme  d’Etat de toujours, de même qu’à Pirra,
Magrun et Halabja où  les manifestations s’étaient propagées.
 Alors que là-bas  on réprime, à Bagdad, Bassora, Kut,
 Wasset, les manifestants  ont ébranlé la paix sociale, déstabilisé
 l’Etat  et terrorisé nombre de ses membres. Ces manifestations n’ont
 rien à voir avec un changement de gouvernement, que réclame
 juste l’opposition bourgeoise “Changement” (un nouveau parti, constitué
 sur la base de la gauche du parti de Talabani, UPK - Ndr) et les fractions
 islamistes. Au contraire, tous ces partis vont main dans la main avec le
gouvernement pour réprimer les manifestations. “Changement” ne nie
pas cette collaboration et appelle publiquement à la paix sociale,
comme le gouvernement et demande des réformes. L’Etat traite les manifestants
de subversifs, étrangers, voleurs, en niant la profondeur sociale
du mouvement, comme il l’a toujours fait. Pour affronter  la terreur
de l’Etat, nous devons:
      1-    nous organiser nous-mêmes, concentrer nos
 forces,   pour généraliser le mouvement partout, en connectant
 toutes   les parties de  l’Irak et en créant des comités
 insurrectionnels   révolutionnaires;
      2-    armer le mouvement contre la terreur de l’Etat;
      3-    attaquer les centres des partis de l’Etat et les 
 brûler;
      4-    appeler les pauvres de ces partis bourgeois à
   rompre avec eux et à nous rejoindre, avec leurs armes;
      5-    appeler à la grève générale,
   à ce que personne n’aille travailler et à fermer bureaux,
 usines  et administrations étatiques;
      6-    cracher contre les moyens de diffusion bourgeois 
 et  briser les caméras;
      7-    ne pas se concentrer dans un seul lieu pour ne 
pas   faciliter le travail de répression.
      
      
      GCI
      
      février 2011
      
      
      
      
      Appel à ceux qui luttent au Kurdistan et en Irak. 
      
      
      
      Les manifestations dans toutes les villes et villages du Kurdistan
sont   l’expression directe de la colère du prolétariat contre
l’exploitation,    contre l’Etat, et le résultat de la crise sociale,
et la contradiction    entre le travail et le capital. Ces luttes ne sont
pas isolées de   la chaîne de manifestations et de soulèvements
en Grèce,    en France, et plus tard, en Tunisie, Egypte et Libye 
et du reste du   monde. C’est le début de l’éclosion d’une
révolution    sociale internationale qui touche aujourd’hui le Kurdistan.
En ce sens,  ces  luttes sont une réponse des exploités du
Kurdistan qui  expriment  que c’est la même classe qui lutte partout
et donnent une  continuité  aux actions révolutionnaires de
notre classe entamées  ailleurs.  Sans aucun doute, c’est la même
lutte contre l’Etat partout,  qui crée  la panique et l’instabilité
au sein de chaque Etat  dans le monde.
      
      L’ennemi essaie de dévier la lutte pour qu’elle ne touche pas
 les   centres décisifs: Arbil (capitale du Kurdistan et siège
 du  gouvernement), Kirkouk (centre pétrolier) et Duhok (siège
 central  du PDKI et des affaires). Voici la tactique de l’État :
      - d’abord, pour empêcher l’expansion de la protestation, faire
 venir   d’ailleurs des forces militaires spéciales, pour entourer
Souleymania   ;
      - ensuite, utiliser le Square de la Libération pour créer 
  un centre permanent de célébration pour répéter
   jour et nuit des slogans patriotiques ;
      - appeler à des réformes de la société
civile,    renforcer le civisme ;
      - autres mesures: utiliser les gaz lacrymogènes, dénoncer 
  les “casseurs”, les pilleurs, faire une propagande contre le terrorisme 
armé  par l’étranger ;
      - renouveler les saloperies autour de la “Libération de Kirkouk” 
  pour réactiver le patriotisme.
      
      Tous ces mouvements, d’après ce que nous savons, ont commencé
   par des petites expressions locales et avec peu de monde. Plus tard, la
 direction  se transforma et devint puissante et a donné beaucoup
d’énergie    aux exploités pour briser le mur de la peur. Des
milliers de militants    et de combattants prolétaires ont affronté
l’Etat. La classe    dominante sait très bien que ce mouvement sonne
l’alarme de sa propre    mort, c’est pourquoi elle fait tout son possible
pour nous séparer,    nous individualiser, nous disperser, nous diviser
par catégories,   empêcher la généralisation des
manifestations. Dans ce  sens, toutes les fractions de L’Etat, avec l’aide
des médias, des collaborateurs de l’Etat (par exemple les écrivains,
les profs d’université,   tous ceux qui parlent au nom du peuple),
se mettent secrètement d’accord   avec l’Etat pour défendre
le parlementarisme et détruire la   révolution sociale. D’un
côté, la terreur, les arrestations,   les assassinats, les emprisonnements,
les disparitions, et comme ce n’est   pas assez efficace, la cooptation des
personnes les plus représentatives   (les religieux, les réformistes),
les gens acceptables qui ne veulent   que réformer le nouveau et “
fragile Etat kurde ”, dont il faut “  préserver la jeune expérience
”. Quelle expérience veulent-ils  défendre quand ils disent,
au nom de l’Etat capitaliste: tais-toi et ne lutte pas?! Nous leur répondons
: vous êtes une partie de l’Etat mondial, mais nous faisons partie
de cette situation révolutionnaire,  qui, avec sa propre expérience,
s’étend partout, jalon après   jalon, par ses victoires sur
le capital mondial, y compris l’Etat au Kurdistan.
      L’Etat veut pacifier et citoyenniser la lutte, avec la permission de
 la  police et, face aux caméras des médias, il nous demande
 de dire au monde qu’on veut des réformes, de nouvelles élections 
 et seulement changer de gouvernement. Ils font cela parce qu’ils ont peur 
 de la généralisation de la lutte à d’autres régions.
      
      Nous déclarons de nouveau : organisons-nous nous-mêmes,
 dans   une même communauté de lutte, généralisons
 le  mouvement partout. C’est notre force et la seule garantie de la victoire
 pour détruire cette société inhumaine.
      
      Vive le soulèvement du prolétariat !
      A bas le système du travail et l’Etat !
      En avant pour la révolution communiste !
      
      Groupe Communiste Internationaliste
      février 2011.
      
      
      
      
      Contre la dictature de l’économie
      
      Vive la révolte internationale du prolétariat !
      
      
      Quelle est la différence entre ces révoltes dans le “ 
monde   arabe ” et les révoltes précédentes en Amérique
   latine, en Grèce ou dans les banlieues françaises ? Quelle
  différence peut-il y avoir entre les luttes des prolétaires
  en Algérie, Tunisie, en Égypte, en Lybie, au Bahreïn,
 en Syrie, au Yémen… et en Bolivie, en Chine? Elles n’ont pas de causes
  différentes, elles n’ont pas d’ennemi différent, elles n’ont
  pas de perspectives différentes. Si elles éclatent encore
de  manière décalée dans le temps, c’est d’une part
en raison  de la capacité du capital mondial à attaquer paquet
 par paquet  le prolétariat, à étaler les plans d’austérité
  en fonction des directives des appareils de contre-insurrection, et d’autre
  part à cause de l’incapacité du prolétariat à
  coordonner ses propres luttes.
      Les grands moyens de désinformation que sont les médias 
 ont  fait l’impossible pour occulter la réelle force de la révolte
   prolétarienne. Pour la bourgeoisie, la perspective que sa domination
   soit déstabilisée n’est pas de la fiction : il faut à
   tout prix éviter que cette lutte ne devienne un exemple pour d’autres
   prolétaires dans le monde. Tout doit y être présenté
   comme différent de nous, sauf la mystification démocratique
   qui serait le paradis pour tous ! La lutte sociale à laquelle nous
   assistons dans une partie chaque fois plus étendue de la planète
   n’est pas une lutte pour plus de démocratie, ni pour imposer telle
   ou telle secte religieuse, et ce n’est pas seulement une lutte contre
tel    ou tel dictateur. Il s’agit d’une profonde révolte sociale
contre   le capitalisme mondial qui condamne une part chaque fois plus grande
d’êtres    humains à devoir supporter de plein fouet la catastrophe
de ce système    social.
      Les augmentations de prix des céréales, des légumes,
   de la viande… se sont à nouveau généralisées
  fin 2010 et début de cette année. Les révoltes en
Tunisie,    Algérie, Égypte, Palestine, Irak, Libye, Syrie…
sont d’abord    et avant tout des révoltes d’une même classe
sociale et pour    les mêmes raisons. La survie est chaque jour plus
difficile, la lutte    contre l’oppression capitaliste chaque jour plus nécessaire.
C’est    cette identité de nécessités et de perspectives
que   l’on tente le plus d’occulter derrière des idéologies
de “  révolutions démocratiques ” et/ou religieuses.
      Il est vrai que la révolte attaque frontalement la domination
 politique   formelle de tel ou tel pays, de tel ou tel dictateur soudainement
 présenté   comme monstrueux par les dirigeants des États-gendarmes.
 Rien de plus  logique que le soulèvement prolétarien éclate
 d’abord  contre les oppresseurs de leur propre État. Rien de plus
normal, quand  le terrorisme d’État ne s’en sort pas dans une région
  du monde,  que la bourgeoisie comme classe mondiale laisse tomber ceux
qu’elle   a toujours  appuyés. Comme il est normal que les fractions
bourgeoises   d’opposition  qui souhaitent en finir avec la révolution
le plus rapidement  possible  crient à la “révolution démocratique”
ou déterminent   que l’objectif de celle-ci est uniquement la liquidation
 d’un tyran.
      Au-delà de la liquidation de tel ou tel chef d’État haï,
   ce qui fait des différentes révoltes une seule lutte mondiale,
   c’est cette lutte fondamentale pour la survie, la lutte pour la vie contre
   le monde mortifère du capitalisme, contre la dictature du marché
   et du profit. Ce qui est important ce n’est pas ce qui figure sur chaque
  drapeau ou consigne mais de voir que la négation de tel ou tel personnage
  contient en même temps la négation du monde capitaliste et
donc  la possibilité que le prolétariat sous d’autres latitudes
se  reconnaisse dans ces luttes.
      Nous saluons l’attaque des prolétaires contre les bastions et
 symboles   de chacune des dictatures régionales, contre chacun des
 tyrans, des   tortionnaires. Mais dans ces attaques nous réaffirmons
 l’universalité   de cette lutte qui surgit de la contradiction générale
 entre   capitalisme et humanité, entre capital et terre, entre la
survie de  ce système social et la nécessité pour l’espèce
   humaine de détruire pour toujours ce système social mondial.
      S’il s’agit évidemment de lutter contre la dictature, ce n’est 
 pas  contre telle ou telle dictature politique particulière mais bien
 plus  largement contre la dictature sociale et générale du
capitalisme.
      
      Vive la lutte contre tous les dictateurs !
      Vive la lutte contre la dictature sociale et mondiale !
      
      La fabrication idéologique des “ révolutions démocratiques
   ” n’est évidemment pas seulement une question idéologique.
  Les drapeaux que les campagnes d’information relaient et promeuvent sans
 cesse sont en même temps les limites du mouvement même du prolétariat.
   De plus, toutes les agences de sécurité, les forces militaires
   et les structures d’espionnage et de sabotage agissent pratiquement pour
  transformer ces profondes révoltes sociales en simples luttes politiques
  entre fractions bourgeoises, entre puissances impérialistes.
      Face au prolétariat mondial, et particulièrement quand
 celui-ci   réaffirme sa perspective révolutionnaire internationale
 de  détruire le capitalisme mondial, quand la voie des réformes
  ne suffit plus à neutraliser la force sociale de la classe prolétarienne,
  la bourgeoisie internationale a comme unique perspective la destruction
de  cette force en la canalisant dans des polarisations interbourgeoises
et interimpérialistes.
      C’est à cette réalité qu’obéissent les
actions    militaires menées en Libye sous la direction des États-gendarmes.
   Elles ne veulent pas seulement s’approprier le pétrole libyen ni
 faire  prévaloir leurs intérêts particuliers comme fractions
   bourgeoise. Leurs actions continuent à avoir le même objectif
   que celui de Kadhafi : liquider la révolte prolétarienne
!  Ranger les combattants dans l’un ou l’autre camp impérialiste !
      
      Contre la guerre impérialiste : la guerre sociale !
      La lutte des prolétaires au Maghreb et au Moyen Orient est notre 
  lutte !
      L’ennemi c’est le capitalisme et la dictature du marché mondial.
      L’objectif est le même partout : la révolution sociale 
!
      Destruction du capitalisme et de l’État !
      
      
      
      Groupe Communiste Internationaliste – Mars 2011
      http://gci-icg.org et notre email info@gci-icg.org
      
      
      
      
      
      LA LUTTE PROLÉTARIENNE DANS D’AUTRES PAYS EST NOTRE LUTTE !
      
      
      La lutte actuelle dans d’autres pays : tunisie, égypte, libye, 
 yémen,  bahreïn, oman, jordanie, maroc, irak, iran, arabie saoudite, 
 côte  d’ivoire, bangladesh, corée du sud, chine, islande, angleterre, 
 france,  irlande, espagne,portugal, italie, turquie, grèce, états-unis,
   brésil, chili, bolivie,… [ les noms de pays sont en minuscule dans
   l’original - ndr] est notre lutte parce que l’actuelle et catastrophique
  crise capitaliste est mondiale et nous attaque nous, les prolétaires
  de partout, en intensifiant notre exploitation; parce que les conditions
 précaires de vie des prolétaires de là-bas sont les
mêmes que les prolétaires d’ici; parce que les frères
de classe sous ces latitudes sont occupés à lutter en réponse
à cette crise et aux conditions d’existence qu’elle provoque; parce
que, comme le capital, nous, les prolétaires, nous n’avons ni patries
ni frontières; parce que notre classe et notre lutte sont mondiales.
      Ce n’est pas en vain si la rage sociale qui s’est accumulée
et  qui  s’est déchaînée sous la forme de révoltes 
 dans  un pays ou un coin du monde se transmet de manière vertigineuse 
 dans  d’autres pays, tel un effet domino ou une traînée de poudre.
  Elle a ouvert de la sorte la possibilité pour que cette nouvelle
vague  de luttes s’étende aussi aux pays sud américains comme
en équateur,  où la contre-révolution citoyenne et le
capitalisme du 21ème  siècle peuvent encore maintenir ahuri
démocratiquement la majorité  de la population avec de bons
cadenas sabatinas (ndr.: exercice médiatique  du président
 Correa qui tout les samedis adresse un discours public  pour justifier sa
 gestion), des débats sur des lois, des “ consultations  populaires
 ” et, en général, sur des sujets purement bourgeois  et secondaires
 sur lesquels s’entretiennent les droites et les gauches du  capital en déviant
 volontairement l’attention de ce qui est réellement  important: nos
 conditions matérielles d’existence, la crise mondiale,  la lutte
des  classes… Équateur où en même temps, le chômage,
  le sous emploi, la précarité, la pauvreté, la déprédation
  de la nature, la cooptation pour la répression de la protestation
 sociale, en d’autres mots, là où l’exploitation capitaliste
 et l’oppression étatique sont à l’ordre du jour et continuent
 à faire des siennes.
      Il est donc fort probable que les effets de la crise capitaliste actuelle
   ne tardent pas à se faire sentir avec force dans nos poches et
dans    nos estomacs, quand cette même crise mondiale oblige le gouvernement
   du patron-flic Correa –grenouille de bénitier, ennemi de notre
classe–    à imposer des mesures d’austérité. En réponse
   à cela, nous, les prolétaires, nous devons nous lancer dans
   les rues (comme nos frères/sœurs prolétariens au moyen-orient
   et en grèce) pour lutter contre la pénurie, la faim et la
 misère  causées uniquement par cette maudite dictature démocratique
   de l’économie. Pour lutter en profondeur, pour tenter d’émanciper
   nos vies des griffes du travail, de la routine, de la propriété
   privée, de l’argent, de l’Etat, de la police, de la patrie, des
institutions,   des idéologies, des chefs, de la concurrence, de l’individualisme;
   et, dans le feu de la lutte, côte à côte avec nos frères/sœurs
   de classe, tenter d’arrêter d’être des marchandises et tenter
   de reconstruire notre authentique communauté humaine mondiale contre
   le capital, pour vivre une vie qui mérite d’être vécue.
   Cela n’est déjà plus une utopie; ça ne l’a jamais
été,   c’est une possibilité depuis qu’existe le capitalisme
et aujourd’hui   s’ouvre à nouveau le chemin grâce au nouveau
cycle mondial de  luttes prolétariennes qui est en train de remettre
en question l’ordre  social bourgeois.
      Si la révolte prolétarienne vient à éclater 
  dans ce coin, il est alors fort probable que tout le pouvoir bourgeois-étatique,
   apparemment si solide et indestructible, commence à être
remis    en question et à être contesté dans les rues.
Que toute    forme de prison étatique et sociale commence à
s’effondrer   ! Et au plus haut se situe le vol de ces gouvernements capitalistes,
populistes    et répressifs du “ socialisme du XXI siècle ”,
au plus dure    sera leurs chutes. Les dernières manifestations des
prolétaires    en bolivie contre les mesures économiques gouvernementales
lancent    des signaux clairs à ce propos… Et au centre de ce scénario
   possible: les nécessités humaines réelles, la vie
même   qui se pose antagoniquement au capital et à l’Etat.
      Les bourgeois et les hommes politiques de ce pays et des autres, même
   s’ils le dissimulent ou l’occultent bien, sont déjà en train
   de grincer des dents de peur face au fantasme du prolétariat en
lutte,   au fantasme du communisme. De fait, les luttes contagieuses que
livre notre   classe dans divers endroits sont la preuve la plus irréfutable
que   le monde capitaliste entier se trouve aujourd’hui soumis à une
catastrophe   irréversible à long terme. Le capitalisme ne
peut plus apporter   une solution de fond et durable à ses contradictions
! Le capitalisme   est devenu absolument incompatible avec toutes formes
de vie qui existe sur  la planète, parce qu’il la rend malade et la
détruit complètement   (en provoquant ainsi les dites “ catastrophes
naturelles ”) ! La seule chose   que puisse nous offrir ce système
c’est la misère, la barbarie,   la dévastation et la mort:
les tragédies en libye et au japon   ne sont rien d’autre que des
exemples de cette catastrophe capitaliste !
      Cependant, la crise mondiale actuelle ne signifie pas la fin du capitalisme,
   puisque celui-ci s’alimente de ses crises pour se renouveler et maintenir
   son fonctionnement “naturel” basé sur l’exploitation et la domination
   sur notre classe. C’est pourquoi, nous ne croirons pas complètement
   en la crise du capital tant que les bourgeois et leurs laquais ne commenceront
   à se suicider en masse, et pas avant que nous, les prolétaires,
   nous ne commencions à comprendre dans cette lutte que l’unique
solution    radicale et totale à la crise du capitalisme est la révolution
   sociale, la destruction insurrectionnelle de ce système qui nous
 détruit  quotidiennement et la construction d’une société
 sans exploiteurs  ni exploités, sans oppresseurs ni opprimés
 : le communisme,  l’anarchie…
      Malgré les limites et les obstacles des révoltes en cours 
  (manque de constitution du prolétariat en sujet révolutionnaire 
  avec un programme et une force propre, illusions démocratiques et 
 nationalistes, manque de coordination internationale de ces révoltes, 
 répressions sanguinaires –qui a fait des milliers de morts– et/ou 
des “ réformes démocratiques ” faites par l’Etat, etc), il n’y
a aucun doute sur le fait que le lion prolétarien n’est par un géant
endormi. Il se réveille. Il réémerge, il résiste,
il contre-attaque et ce n’est que le début…
      Comme nous l’avons déjà dit, il est fort probable que 
cette   traînée de poudre s’étende et arrive à 
cette région  de la planète. Même comme ça, rien 
ni personne ne peut  le garantir. C’est une possibilité qui, pour qu’elle
se concrétise,  dépend de nous-mêmes, ceux qui n’ont
rien à perdre, les  prolétaires. En luttant pour satisfaire
 nos besoins vitaux, ce que  nous faisons ou arrêtons de faire autonomement
 en tant que classe contre  le système capitaliste est déterminant
 pour que cela se passe.  Et c’est précisément pour cela que
 nous lançons un appel.  Rien ni personne ne peut non plus garantir
 une victoire. Il ne faut pas se  faire d’illusions. Ce qui est certain c’est
 que “ si nous luttons, nous pouvons  perdre, mais si nous ne luttons pas,
 nous sommes perdus ”.
      Alerte, prolétaires d’ici et de partout ! La solidarité 
 internationaliste  de classe est aussi notre arme ! Empoignions la contre 
 nos ennemis ! Diffusons  ces luttes prolétariennes internationales, 
 tirons des leçons  de celles-ci et multiplions-les ! Luttons contre 
 “ notre ” “ propre ” bourgeoisie  et “ notre ” “ propre ” Etat ! L’ennemi 
 et la lutte de notre classe sont les mêmes partout ! Faisons de l’agitation, 
 organisons-nous, résistons,  luttons avec les moyens qui sont à 
 notre portée pour que l’incendie  de ces révoltes contre le 
 capital s’étende, arrive ici et ailleurs,  continue et se radicalise, 
 jusqu’à se convertir en guerre de classes  mondiale et en révolution 
 communiste mondiale !   
      
      Le capitalisme est en crise ? Qu’il explose une bonne fois pour toutes
  !  
      Le capitalisme ne se réforme pas, ni ne se soigne, il est à
   détruire ! 
      L’unique solution ? Le Communisme et l’Anarchie ! 
      Contre la dictature démocratique de l’économie, imposons
  la  dictature de nos besoins humains !
      
      Notre classe prolétarienne n’a pas de patries ! 
      Solidarisons-nous avec les luttes prolétariennes dans d’autres 
 pays  
      en luttant contre “ notre ” “ propre ” bourgeoisie et “ notre ” “ propre
   ” Etat ! 
      Pour la Guerre de Classes Mondiale ! 
      A bas tous les Etats et toutes les frontières ! 
      Luttons pour la Révolution Prolétarienne Mondiale !  
      
      
      Proletarios Salvajes
      Quito (équateur)  Mars 2011. 12
      comunismoobarbarie@gmail.com
      
      
      
      Le même cœur, la même nécessité de vivre… 
nous   changerons le monde de base !
      
      
      
      Les travailleurs du monde entier sont les seuls qui puissent en finir 
 avec  l’exploitation et l’oppression sociale capitaliste et nous affranchir 
 de la misère dans laquelle se décompose toute l’humanité.
  Ceci n’est pas une création idéologique de notre part ni
une   invention prophétique communiste mais bien une réalité
  historique qui se rebelle contre toute idéologie bourgeoise et qui
  se manifeste par de massives et combatives luttes prolétariennes
partout  dans le monde.
      
      Le prolétariat démontre une fois de plus sa condition 
de  classe  révolutionnaire, tout le monde vibre au rythme des derniers
  événements  en Egypte et dans les pays voisins. Les bourgeois
  pleurent, se réunissent,  conspirent, font appel à leurs
économistes,   conseillers et prophètes, ils ne savent pas
quoi faire avec les révoltes   et les soulèvements des exploités.
Des milliers de nos frères   se lèvent, rompent les chaînes
qui les attachent à la   machinerie bourgeoise et prennent leur vie
en main. Il ne leur reste pas  d’autre chemin, ils se regardent, et voient
la même douleur dans leur  vie, la même plainte pour le futur
de leurs enfants, l’indignation face à l’injustice, et le plus important
: ils voient qu’il n’y a qu’eux qui puissent changer leur existence infâme.
Les grèves, les protestations dans la rue, la prise de locaux, les
barricades, les débats   spontanés, l’organisation autonomes
des quartiers, les saccages collectifs   sont les strophes de la poésie
appelée révolte sociale.
      
      Ils n’ont jamais rien eu, nous qui écrivons ceci le savons très
   bien, nos frères qui ont défié le couvre-feu, les
tanks,   les bombes lacrymogènes, les balles, les policiers et militaires.
  Peur de mourir ? Tous les jours nous nous levons et nous existons pour
travailler,    enrichir quelqu’un d’autre, faire ce qu’on nous ordonne et
être jeté    à la rue quand nous “ coûtons ” trop
cher ; la seule peur que   nous pouvons avoir est de passer dans ce monde
et ne pas savoir ce que c’est   de vivre pour de vrai. C’est le moteur de
la lutte et aussi la preuve que   la classe travailleuse se réveille,
les balles ne peuvent détruire   l’espoir d’un monde nouveau, et que
nous sommes les seuls à pouvoir   émanciper l’humanité
de la servitude salariée.
      
      Les quartiers du Caire, de Suez et d’Alexandrie existent pour lutter, 
 le  poing levé est la constante en ces lieux. Nous sommes si loin 
géographiquement  de ces quartiers et en même temps si proches 
des intérêts  qui se défendent là-bas ! Nous autres, 
un secteur des travailleurs  du Pérou, nous faisons aussi partie de 
cette grande masse dépossédée,  qui vit et ressent la 
même exploitation, la même misère,  la même pourriture 
d’un système qui s’alimente de notre vie,  de nos fils et de leur innocence,
de nos parents et de leur fatigue, de nos  frères et de leur jeunesse,
de nos rires, joies et rêves. Mais  nous faisons partie aussi de l’espoir
d’un pouvoir qui surgit, d’un poing  qui se lève et frappe, bien qu’à
tâtons, mais chaque fois plus près de l’objectif, la France,
la Grande-Bretagne, l’Italie, la Grèce, la Tunisie, l’Algérie,
la Chine, le Bangladesh et maintenant l’Egypte… Nous faisons partie d’un
géant qui commence à se réveiller, un géant qui
commence à se souvenir de ses anciennes batailles contre le démon
anthropophage appelé capitalisme et voit un futur prometteur. 
      
      La classe des exploiteurs, les maîtres de tout, les maîtres 
  du monde, et ceux qui se sont emparés de notre vie, veulent nous 
faire  penser que les luttes que nous sommes en train de développer 
ont pour  but d’atteindre la démocratie, d’expulser quelque politicien
  corrompu,   trouver plus de liberté à l’intérieur
  du capitalisme.  Ils veulent nous faire croire que nous luttons seulement
  pour réformer  l’exploitation et la misère, que nous ne luttons
  pas pour en finir  avec ce monde bourgeois, la racine de nos problèmes,
  mais bien pour  le rendre “ un peu meilleur ”. On ne va pas leur permettre
  de nous duper,  d’ici nous dénonçons ces idéologues
 bourgeois qui, déguisés  en défenseurs de nos droits,
 sont des gauchistes, des nationalistes,  des social-démocrates, qui
 veulent nous faire dévier de notre  lutte parce qu’ils veulent nous
 diriger, ils veulent que nous donnions notre  vie pour leur amener le pouvoir
 et continuer la servitude et l’esclavage.  Nous seuls, travailleurs, organisés
 de façon autonome, pouvons  créer un nouveau pouvoir pour
décider   quoi faire de nos vies  et le monde que nous sommes les
seuls à pouvoir   faire bouger ou arrêter.  
      
      Pendant que nous sommes en train d’écrire cette sorte de déclaration,
   en Egypte se réunissent des millions de nos frères, sans
peur   et le cœur à nu, l’humanité retient son souffle, son
existence   dépend uniquement de nos futures luttes. En réalité
  nous ne savons pas comment se terminera ce processus de combat, cette étape
   de la lutte historique des exploités contre les exploiteurs, nous
  ne savons même pas si le poids des idéologies religieuses
et   gauchistes aura imprégné nos frères. Mais ce que
nous   savons c’est que cela ne s’arrêtera pas avec une réforme
et  le départ d’un président. Chaque génération
prolétarienne    se nourrit des luttes, prend confiance en elle-même,
dans l’ensemble    des leçons que la classe nous a laissées.
La solidarité    a été et sera présente dans
ce processus, il n’y a  que  lorsque nous sommes unis que nous sommes forts.
Qu’importe comment finira    cette bataille, ce sera une grande avancée
pour nous dans cette guerre   contre le capital. 
      
      Notre victoire finale se rapproche chaque jour, elle n’est maintenant 
 plus  aussi lointaine que nous le pensions, bien qu’il reste un long chemin 
 à  parcourir. L’exemple de l’Egypte comme celui de la Grèce 
 et de la Tunisie alimente l’esprit révolutionnaire et montre le chemin 
 que nous devons suivre, ce sont les étincelles de la grande explosion
  que sera la révolution.
      
      D’ici nous sentons l’ambiance de la lutte prolétarienne au Caire,
   Suez et Alexandrie, depuis le Pérou nous ressentons cette émotion
   indescriptible de nous savoir vivants, de savoir que rien ne fut vain,
que   l’histoire nous appuie, et que le futur attend d’être construit
par   l’humanité libre de l’esclavage salarié, libre des classes
  sociales, libre de l’exploitation. Bien que le chemin ne soit pas encore
 clair, et que nos coups soient mal ciblés, quelle joie nous ressentons
 en sachant que nous nous libérons des vieilles attaches, que la classe
  commence à reconnaître son vrai ennemi et à savoir
quelles   formes l’affrontement doit prendre ! Les armes de la classe ont
été    déployées massivement : Le Débat,
Les Assemblées,    La Grève, La Réflexion, La Solidarité,
La Confiance   dans le Futur…
      
      Nous terminons en remerciant de tout cœur nos frères travailleurs
   qui sont en train de lutter, nous sommes une partie de vous, vous nous
avez   remplis de joie, vous avez rempli nos veines de sang révolutionnaire.
   Avec vous, nous ferons partie de la révolution mondiale de demain.
      
      
      
      Alerte prolétaires, un nouveau monde nous attend !
      
      Prolétaires de tous les pays unissons-nous !
      
      
      
      Groupe d’Eclaircissement Communiste.
      http://esclarecimientocomunista.blogspot.com/
       
      
      
      
      Lutte de classe au Maghreb et au Machrek 1…
      Lutte de classe dans le monde entier…
      
      Depuis des semaines et des mois, un fort mouvement secoue le soi-disant 
  “ monde arabe ”, qui n’est rien qu’une partie de l’ensemble du monde du 
capital.  Des pays comme la Tunisie, l’Egypte, le Yémen, Bahreïn, 
la Libye,  la Syrie, etc., des villes comme Tunis, Gafsa, Sfax, Kasserine, 
Le Caire,  Alexandrie, Suez, Sanaa, Aden, Tripoli, Benghazi, Misrata, Tobrouk, 
Damas,  Deraa, Latakieh, Homs, etc. sont en feu et brûlent de notre 
colère  sociale. Protestations et manifestations, affrontements avec 
la police et  les unités spéciales, grèves massives et
violentes, pillages, incendies de banques et d’institutions de l’Etat, actions
de solidarité  et agitation, mise en place de comités et de
“ shoras ”… tout cela  et beaucoup d’autres choses sont des expressions du
mouvement prolétarien  qui s’est développé à travers
ces régions. C’est  notre perspective de classe qui émerge de
ces “ révoltes populaires  ” – tant en organisant des structures afin
de distribuer de la nourriture  et de l’aide médicale en-dehors et
contre les rapports d’échange  comme à Misrata par exemple, 
que lorsque des ouvriers détruisent  le quartier général 
du syndicat officiel égyptien, ou  encore lorsque des manifestations 
de défaitisme révolutionnaire  éclatent en Arabie saoudite 
contre leurs “ propres ” troupes qui sont  envoyées pour écraser 
la rébellion au Bahreïn.
      Les médias continue cependant à décrire le mouvement
   soit comme une lutte contre la dictature et pour la démocratie,
soit   comme une action de vandales irresponsables et d’agents provocateurs
payés   par la CIA ; ces deux versions ayant pour but de toujours
occulter et falsifier   la véritable et profonde nature de notre mouvement
de classe. Sarkozy,   Obama, Cameron, Ban Ki-Moon, Schwarzenberg ou Chavez,
aussi bien que d’innombrables   autres analystes et journalistes politiques
et militaires, tous nous offrent   telle ou telle explication du mouvement.
Ce n’est pas surprenant. Ils le  dépeignent de la façon qui
corresponde le mieux aux intérêts  bourgeois. Et ces intérêts
sont clairs : maintenir son ordre  mondial, ébranlé par le
mouvement prolétarien, par tous  les moyens possibles en poussant
ses fractions indésirables à  quitter le pouvoir et en proclamant
“ la révolution victorieuse ” d’un côté (comme en Egypte
ou en Tunisie), et écraser les rebelles en envoyant des unités
spéciales et des armées  contre eux (comme au Bahreïn)
d’un autre côté. Quelle que  soit la méthode, la tâche
est la même – prévenir  l’extension du mouvement à “
nos pays bien-aimés ” en insistant  sur le fait que les événements
sont déterminés  par les conditions spécifiques comme
les “ régimes autoritaires  ”, la “ mentalité moyen-orientale
”, les “ rapports tribaux ”, l’“  avidité pour le pétrole des
conspirateurs impérialistes  ”, etc. En dépit du fait qu’une
telle possibilité n’est pas  encore à l’ordre du jour ici,
son fantôme hante la bourgeoisie  européenne (sûrement
plus en Grèce, au Portugal ou en  Irlande qu’en République
tchèque) et la bourgeoisie dans le  monde entier.
      C’est parce que c’est la réalité matérielle de 
la  vie  partagée par tous les prolétaires autour du globe ;
la  réalité  de l’exploitation, de la pauvreté et de
la terreur d’Etat qui est la véritable raison de toute lutte de classe.
Hausse des prix des produits de base comme la nourriture, l’essence, l’eau
et l’électricité,  augmentation du taux de chômage et
généralisation des  conditions de travail précaires
 pour ceux qui ont encore un boulot,  baisse du salaire réel, problèmes
 de logement, les prolétaires  à travers le monde doivent faire
 face à cette situation, de  l’Europe centrale à la Russie,
de l’Amérique du Nord à  l’Indonésie, et tout ces problèmes
 sont aussi la vraie cause  du mouvement de l’actuelle lutte de classe au
Maghreb et au Machrek.
      C’est parce qu’aucun changement de gouvernement ou de régime 
ne  peut  résoudre ces problèmes car ils sont le modus vivendi
 du capital.  Grèves, émeutes et expropriation collective de
 marchandises  continuent encore même après que Moubarak et
Ben  Ali aient été  renversés, et que de nombreux gouvernements
 soient tombés. Les ouvriers textiles d’El-Mahalla El-Koubra ainsi
que les ouvriers du canal de Suez ou les ouvriers agricoles et d’autres partout
 en Egypte ont lancé  un mouvement de grève massif pour une
augmentation du salaire minimum  et contre les prix élevés
de la nourriture. Farouchement dénoncé  par toutes les fractions
bourgeoises en Egypte (l’armée mais aussi  les Frères musulmans
ou la clique de Mohamed El-Baradei), le mouvement  de grève continue
en Egypte (comme en Tunisie), en défiant directement son interdiction
émise par le gouvernement militaire. Le “ Conseil National de Transition
” libyen (CNT) revendique comme objectif la “ restauration de la vie civile
habituelle ”, ce qui en réalité signifie la dépossession
des prolétaires de leur propre vie et de son organisation. En désarmant
les insurgés et en restaurant le monopole de la violence en faveur
de l’Etat, le CNT organise des gardes armés pour maintenir l’ordre
sur les champs pétroliers et les raffineries qui avaient subi des
actions de grève au début du soulèvement.
      C’est parce que tout mouvement prolétarien contient les graines
  du  renversement du capitalisme et exprime la perspective de la communauté
   humaine sans classe qui se construira sur les cendres de ce vieux monde.
  Le mouvement prolétarien au Maghreb et au Machrek exprime cette
perspective    d’une façon limitée et avec beaucoup de faiblesses
mais de   façon suffisamment forte pour révéler les
intérêts   prolétariens qui sont antagonistes à
ceux des bourgeois. En   Libye, le mouvement fit un pas en avant et a organisé
une insurrection   qui a obligé la bourgeoisie à intervenir
(via les bombardements   de l’OTAN ainsi que les négociations diplomatiques)
et à créer   deux camps : la nouvelle/vieille (la moitié
d’entre eux sont des hauts  fonctionnaires de l’ancien régime) fraction
bourgeoise organisée   dans le CNT et le “ colonel socialiste ” Kadhafi
(l’associé commercial   bien-aimé des fractions bourgeoises
occidentales jusqu’à très   récemment), afin de détourner
la frontière entre prolétariat   et bourgeoisie, et de transformer
la guerre de classe en une guerre civile   sanglante.
      En Egypte, Tunisie, Libye, Irak, Syrie, au Yémen et Bahreïn,
   en Grèce et Chine, au Royaume-Uni, Wisconsin et Chili… en République
   tchèque… partout dans le monde, le capital nous offre soit de mourir
   lentement au turbin quand il a besoin de notre force de travail, soit
la   destruction physique de nos vies quand il n’en a plus besoin.
      
      En Egypte, Tunisie, Libye… ce sont nos frères et sœurs de classe,
   c’est notre classe qui lutte contre le capital et son Etat.
      Leur lutte est la nôtre !
      Affirmons sa perspective prolétarienne 
      contre toutes les mystifications démocratiques !
      
      Groupe Guerre de Classe - Avril 2011 - http://www.tridnivalka.tk -
E-mail    : tridnivalka@yahoo.com
      
      
      
      
      1. Contrairement à l’idéologie euro-centriste qui ne
peut   considérer le monde qu’en tant qu’entités séparées 
  avec un centre (l’Europe et l’Amérique du Nord) et la périphérie 
  (le reste du monde), nous préférons utiliser les termes arabes
   “ Maghreb ” (qui signifie le “ Couchant ”) et “ Machrek ” (le “ Levant
”),   c.-à-d. l’ouest et l’est de l’aire “ arabo-musulmane ”, plutôt
   que les expressions Proche- et Moyen-Orient… Proche de quoi ? De l’Europe,
   bien sûr !
      
      
      
      
      
      Qu’ils s’en aillent tous !
      
      
      
      Nous sommes nombreux à avoir ces jours-ci conflué dans
 les   rues pour protester. Nous nous sommes tous identifiés au refus
 des   partis politiques, des syndicats, des employeurs… Nous nous sommes
avant  tout rendu compte que nous sommes arrivés à la limite.
Qu’on  en a ras-le-bol d’être les parias de ce monde. Que nous ne supportons
  plus que quelques-uns se remplissent les poches et vivent comme des rois,
  tandis qu’à nous autres, on nous sert la vis au-delà de toute
  limite, avec l’excuse de maintenir la santé de la sacro-sainte économie.
   Que nous savons que pour changer cela nous devons lutter nous-mêmes
   en marge des partis, des syndicats et autres représentants qui
prétendent    être nos représentants.
      Plus que tout, cette réalité exprime une question fondamentale
   qui affecte le monde entier : la contre-position des besoins et intérêts
   entre l’économie et l’humanité. Cela nos frères rebelles,
   en Afrique du nord, l’ont parfaitement compris, cela nous le comprenons
 aujourd’hui,  ici, quand la situation est déjà insoutenable
 pour nous tous  et que nous sortons pour lutter. Nous avons supporté
 l’insupportable,  nous avons souffert d’une dégradation de nos conditions
 de vie qui  ne s’est pas produite depuis des décennies. Mais finalement
 nous avons  dit basta !, et nous sommes ici, exprimant notre refus de tout
 ce système  infernal qui transforme notre vie en marchandise.
      Nous voulons exprimer avec force notre refus tranché de l’étiquette
   de citoyen. Sous celle-ci s’agglutine toute bête vivante depuis
le   politique au chômeur, depuis le dirigeant syndical à l’étudiant,
   depuis l’employeur plein aux as à l’ouvrier le plus misérable
   ; on mélange des conditions de vie totalement antagoniques. Pour
 nous  il ne s’agit pas d’une lutte de citoyens. C’est une lutte de classe
 entre  exploités et exploiteurs, entre prolétaires et bourgeois,
 comme  disent certains. Chômeurs, travailleurs, étudiants,
pensionnés,    émigrants… formons une classe sociale sur laquelle
retombe, dans  une  plus ou moins grande mesure, tous les sacrifices. Les
politiciens, les  banquiers,  les patrons… forment l’autre classe de la société,
 celle qui  bénéficie, également dans une plus ou moins
 grande mesure,  de nos pénuries. Celui qui ne veut pas voir la réalité
   de cette société de classe, vit au pays des merveilles.
Arrivés    jusqu’ici en protestant sur les places de nombreuses municipalités
   du pays, il est l’heure de réfléchir, de concrétiser
   nos positions, d’orienter bien notre pratique. L’hétérogénéité
   est grande sans aucun doute. Tous ont conflué, des camarades qui
 ont  de nombreuses années de lutte contre ce système, d’autres
 qui  sortent pour la première fois dans les rues, quelques-uns qui
 veulent  jouer clairement “ le tout pour le tout ” (“ nous voulons tout
et  maintenant  ”, indiquait une pancarte à la Puerta del Sol), d’autres
 parlent de  réformer certains aspects, d’autres se retrouvent désorientés,
   d’autres veulent seulement manifester leur ras-le-bol… Et il y a aussi
ceux,   il faut bien l’avoir en tête, qui tentent de pêcher dans
le fleuve  agité, qui cherchent à canaliser ce mécontentement
 pour  en neutraliser la force, en profitant des indécisions et faiblesses
   que nous portons. Depuis longtemps une chose que nous avons discutée
   entre divers camarades dans les rues, c’est que notre force est dans le
 refus,  dans le mouvement de négation de ce qui nous empêche
 de vivre.  C’est ce qui a forgé notre unité dans les rues.
Nous pensons  que c’est dans ce sens qu’il faut avancer, approfondir et concrétiser
   mieux notre refus. C’est pour cela, parce que la force nous l’avons dans
  cette négation, que nous voyons clairement que nous ne solutionnerons
  pas nos problèmes en exigeant d’améliorer la démocratie,
   comme certaines consignes l’ont exprimé, ni même en revendiquant
   la meilleure démocratie que nous puissions imaginer. Notre force
 est  dans le refus que nous sommes en train de manifester à la démocratie
   réelle, la démocratie, “ de chair et d’os ”, dont nous souffrons
   jour après jour et qui n’est rien d’autre que la dictature de l’argent.
   Il n’y a pas d’autre démocratie. C’est un piège que de revendiquer
   cette démocratie idéale et merveilleuse, qu’ils nous content
   depuis tout petits. De la même manière il ne s’agit pas d’améliorer
   tel ou tel autre aspect, parce que ce qui est fondamental restera debout
  : la dictature de l’économie. Il s’agit de transformer totalement
 le monde, de le changer de haut en bas. Le capitalisme ne se réforme
 pas, il se détruit. Il n’y a pas de chemin intermédiaire.
Il  faut aller au fond, il faut aller jusqu’à l’abolition du capitalisme.
      Nous avons occupé la rue à quelques jours de la fête
   parlementaire, cette fête où on élit la gueule de
celui    qui exécutera les directives du marché. Bien, c’est
un premier    pas. Mais nous ne devons pas en rester là. Il s’agit
de donner de   la continuité au mouvement, de créer et consolider
des structures    et des organisations pour la lutte, pour la discussion
entre camarades,  pour  affronter la répression qui nous a déjà
frappés    à Madrid et Grenade. Il faut être conscient
que sans la transformation    sociale, sans révolution sociale, tout
continuera comme avant.
      Nous appelons à continuer à montrer tout notre refus
du  spectacle  du cirque électoral de toutes les manières que 
nous  pouvons.  Nous appelons à lever partout la consigne “ qu’ils 
s’en aillent tous  !” Mais nous appelons aussi à ce que la lutte continue 
après  les élections du dimanche 22. A ce que nous allions bien
au-delà  de ces jours. Nous ne pouvons laisser mourir les liens que
nous sommes en  train de construire. Nous appelons à la formation de
structures pour  lutter, nous appelons à développer nos contacts,
à coordonner  le combat, à lutter dans les assemblées 
qui sont en train d’être  crées, en faisant d’elles des organes 
pour la lutte, pour la conspiration,  pour la discussion de la lutte, non 
pour des meetings citoyens. Nous appelons  à nous organiser dans tout 
le pays pour lutter contre la tyrannie de la marchandise.
      
      
      
      
      Dans la rue, luttons !
      La démocratie c’est la dictature du capital !
      Le capitalisme ne se réforme pas, il se détruit !
      
      
      BLOQUE “ QUE SE VAYAN TODOS ! ” qsevayan@yahoo.es  - 19 mai 2011.
      Nous encourageons la reproduction et la diffusion de ce texte par tous
  les  moyens appropriés.
      
      
      
           
      
      
         
 BOLIVIE
         
 
         
 “ Si c’est ça le changement, le changement c’est de la merde ”
      
      
      LE CHANGEMENT : RAISONS ET PROMESSES.
      
      
      Les luttes historiques et exemplaires du prolétariat en Bolivie
  ne  sont pas suffisamment connues internationalement.  La structuration
  impériale du monde capitaliste est telle que ce qui se passe dans
 cet endroit du monde est sous estimé, déprécié,
 méconnu. Toutes les idéologies eurocentristes et yankicentristes
 agissent dans le sens d’un isolement du prolétariat dans cette région,
 de la même manière qu’elles agissent toujours pour surestimer
 ce qui se passe “ dans le centre ”. “ Ce qui se passe dans ce pays n’est
pas très important ”, “ ce n’est qu’une question d’indiens ” (même
  si ça ne se dit pas, c’est ce qu’on pense jusqu’à Buenos
Aires   !), et c’est pourquoi les prolétaires en Europe, aux États-Unis,
  en Asie et même dans les autres pays d’Amérique Latine n’ont
  pas la moindre idée de ce qui s’y passe. Par contre, certains n’arrêtent
   pas d’être surpris de constater que oui, le prolétaire en
Bolivie   se préoccupe de s’informer de ce qui se passe ailleurs :
déjà   à la grande époque des radios de mineurs1,
on savait plus de  choses  et on discutait plus dans cette zone du monde
que n’importe  où ailleurs, sur la lutte de classes internationale.
      Dans cette revue, il nous a semblé indispensable de souligner, 
 à  contre-courant, quelques éléments sur ce qui se passe
 en Bolivie  vu son importance pour le prolétariat international, comme
 exemple  même où la bourgeoisie, en répondant au mouvement
 social  des années 2000-2005, a dû annoncer des changements 
 importants  (comme certains États dans le “ monde arabe ” sont occupés
 à faire maintenant). Comme nous le décrivons succinctement
ici, il est évident que les changements ont été fait
pour tout laisser comme avant et attaquer brutalement le prolétariat.
 Nous voulons également réaffirmer la réponse du prolétariat
  aujourd’hui : “ si c’est ça le changement, le changement c’est de
 la merde ”.
      Durant ce cycle de lutte des années 2000-2005, le prolétariat
   en Bolivie avait également lancé ses protestations sur base
   de ses besoins, luttant pour de meilleures rémunérations
mais   aussi contre l’exploitation, l’expropriation et la destruction des
ressources   naturelles de la Terre: , eau, minerai… Là-bas aussi,
la démocratie   made in USA (le président était plus
gringo que bolivien !)   a répondu en tirant dans le tas. Contre les
grèves, les occupations,   les manifestations, les blocages de route,
les pillages…, l’État a  réprimé terriblement, causant
des centaines de morts et de blessés dans les rangs prolétariens
(comme le massacre des 12 et 13 février 2002 !).  Le prolétariat
 n’a pas reculé  mais au contraire a accentué toutes les actions
 et a bloqué  tout le pays. Comme en Égypte ou en Tunisie,
le  prolétariat  a généralisé sa lutte contre
le pouvoir politique jusqu’à  ce que le président s’échappe
dans “ son pays ”… les États-Unis  2 ! Le “ gringo ”, l’ “autocrate”
avait été détrôné  par la révolte
prolétarienne !
      La crise politico-sociale était si énorme que l’unique
 manière   d’arracher les gens à la rue et à la bagarre
 a été   de faire apparaître une alternative de changement
 qui passait pour  radical. Après la tourmente et une période
 de calme électrique,   où toute la tension était contenue
 dans l’attente ce qui se   passerait, période durant laquelle la
Bolivie  était présidée   par Carlos Mesa, le gouvernement
d’Evo  Morales s’imposa en apparaissant précisément  comme
le représentant  même du changement. Ce gouvernement ne  promit
pas seulement la démocratie,  le socialisme et de s’opposer au capitalisme
en défendant la Mère  Terre mais aussi assura qu’il détruirait
l’État. Les promesses  allaient beaucoup plus loin que celles d’un
Lula ou d’un populiste genre Obama ou encore d’un Kirchner.  Evo Morales
se montra comme une carte si radicale qu’il annonça non  seulement
qu’il en finirait avec la structure colonialiste et impérialiste 
propre au capitalisme dans la région mais annonça aussi textuellement
 constituer une alternative mondiale au capitalisme.
      Cependant, de promesses en promesses, de discours en discours en aymara,
   avec des figurations et spectacles nationaux et internationaux3, Morales
  postposa durant les premières années les réalisations
  promises et dans une certaine mesure aussi les mesures que le capital international
   exigeait pour améliorer sa rentabilité. Pendant cette période,
   il essaye plus que tout de liquider certaines fractions ultra-nationalistes
   et localistes qui s’opposent à ses “ changements ”. Dans cette
première    phase, les mesures d’austérité qui avaient
toujours été    refusées par le prolétariat sont
relatives et on cherche plus   que tout à créer, fomenter un
consensus contre les opposants    au changement, ce pourquoi on agite sans
cesse le drapeau anti impérialiste    et nationaliste. Il est clair
que cet affrontement cherche à fortifier    de manière populaire
le gouvernement afin de préparer ce qui   vient ensuite.
      Ce n’est que dans son second mandat qu’Evo Morales commence enfin à
   concrétiser le changement. Ainsi “ le 22 janvier 2010, après
   être entré en fonction pour son second mandat le réélu
   Evo Morales a déclaré la naissance de l’État Plurinational.
   Le remplacement de ce qu’il avait appelé : État colonial.
 Et  c’est ici que la lutte répétée pour la liberté
   acquiert  une autre dimension, celle de l’intégration de la
 Bolivie  qui reconnaît parmi ces habitants l’existence de 36 nations
 avec une  égalité de droits… Nous avons la responsabilité
 de sauver  le monde, déclara Morales ”4… Apparaître comme une
 alternative  mondiale au capitalisme est devenu dominant dans tous les discours
 du pouvoir  : “ Notre modernité étatique, celle que nous allons
 construire  et celle que nous sommes occupé à construire avec
 la direction  populaire est très différente de la modernité
 capitaliste.  Il faut lui donner un nom : notre horizon étatique
est  un horizon socialiste ” le vice président Álvaro García
 Linera après avoir apposé le ruban et les médailles
présidentielles  à Evo Morales. Le ruban présidentiel
était cette fois  aux couleurs de l’état plurinationale et
avait, en plus du drapeau  bolivien, le drapeau des indigènes, le
wiphala… Álvaro García  Linera déclara que “le vieil
État était mort et [que]  le nouvel État naissait. C’est
exactement comme ça, on enterre  l’État monoculturel, uninational,
raciste, excluant, classiste, seigneurial,  patriarcal et adulto-centrique,
prébendiste, corrompu qui provient  d’un héritage colonial.
Et un nouvel État naît qui a pour but essentiel d’arriver à
la décolonisation du pays… ”. Et le Gouvernement d’Evo Morales, en
réunion de cabinet, décréta  le 22 janvier comme jour
férié national.
      
      
      LA REALITE DU “ CHANGEMENT ” : LA LOGIQUE DU CAPITAL
      
      
      Tout un programme ! Beaucoup, beaucoup plus que les “ changements ” 
promis   aujourd’hui en Égypte, en Tunisie, au Yémen… ! On ne
prétend   rien de moins que de changer le mode de production social, 
de détruire   l’État capitaliste et de constituer une alternative 
pour le monde  entier ! Mais, sans détruire la marchandise, ni l’argent 
!
      Aussi radical cela puisse paraître, c’est typique du “ socialisme 
  ” des bourgeois, c’est-à-dire de vouloir changer “ tout ” sauf l’essentiel.
   “ Socialiser ” est identifié à certaines étatisations
   (et/ou négociations inter-étatiques) sans détruire
 ni  le marché capitaliste ni la propriété privée
  des moyens de production 5. Pour ce qui est de détruire l’État
  et de le changer par un autre, cela a été identifié
 par le gouvernement en Bolivie à un changement de la Constitution
en faisant participer davantage “ le peuple ” et particulièrement
les “ nationalités ” indigènes ; le changement s’est traduit
par le fait de parler plus dans les langues natives et autres spectacles
auxquels les indigènes sont invités à participer sans
détruire aucune fonction centrale de l’État capitaliste 6.
C’est dire combien ce discours du “ socialisme du XXIème siècle
”, dans la pratique ne change non seulement rien d’essentiel au capitalisme,
à l’État, à l’exploitation de l’homme par l’homme,…
mais n’est en fait qu’une caricature de plus du socialisme, comme tout “
socialisme ” bourgeois.
      En toute logique du point de vue bourgeois, cet État a évidemment
   besoin d’améliorer le profit capitaliste et pour ce faire, d’augmenter
   le taux d’exploitation (taux de plus-value) dans toute la société.
   C’est pour cela que “ le changement ” et surtout “ le changement radical
  ”, avec le masque indigène d’Evo Morales est devenu la forme basique
  que la bourgeoisie de la région a utilisée pour imposer les
  brutales mesures d’austérité que le capitalisme a besoin
pour   améliorer sa rentabilité. Au plus il y eut une intensification
  des plans de développement (Plan Stratégique 2010 – 2015),
 au plus clairement s’est confirmé que “ le changement ” serait toujours
  plus la même chose ! Même Morales a confirmé que le
plus   important de ce plan et la tâche centrale de son second mandat
serait   “ l’industrialisation d’autant de ressources naturelles que nous
offre la   Terre Mère ” (textuellement repris du président
; il faut évidemment  lire : “ priorité totale au développement
capitaliste ”). Discours  ronflant pour annoncer que la concrétisation
du changement serait,  en réalité, une attaque à peine
dissimulée contre  le prolétariat et ses revendications historiques.
Nombre de prolétaires  étaient conscients que ce discours,
ils le connaissaient déjà,  qu’il était parfaitement
identique à celui de Sanchez Lozada  et qu’il attaquerait le prolétariat,
ses communautés indigènes   et qu’il s’approprierait les “
si nombreuses ressources naturelles que nous   offre la Terre Mère
”. Depuis le gouvernement de Morales, on a commencé   à confesser
qu’on ne pouvait même pas garder l’apparence du  changement de l’État
: certains membres de ce gouvernement ont expliqué   publiquement
que la consultation préalable des communautés  indigènes
était tout simplement une “ perte de temps ”. L’antagonisme  entre
cet “ État Plurinational des Communautés ” (présenté
  comme un véritable anti-État !) et la réalité
  concrète de l’État bourgeois qui ne concède aux communautés
  que la participation qui l’arrange bien est mis à nu.
      “ La centralité de l’État et tout le conglomérat 
 théorique  (et pratique) surgi dans la modernité européenne 
 qui porte sur ses épaules le Socialisme du XXIème siècle 
 a converti  son profil supposément révolutionnaire en une pratique
 réformiste  qui dans l’absolu est dirigée vers un changement
 véritablement  structurel qui implique le dépassement du capitalisme…
 En ce qui concerne  sa relation avec la proposition de pouvoir anti-étatique
 de la part  des peuples indigènes, cette même action de l’État
 mène  à une nouvelle forme d’indigénisme qui, au travers
 de l’assimilation  de son discours au sein du pouvoir, tente de le neutraliser
 pour laisser la voie libre à ce qui était le projet des États-nations
  latino-américains… Durant les derniers jours du mois de juin (2010),
  la confrontation entre le gouvernement et le mouvement indigène
bolivien   s’est intensifiée. C’est ainsi que, pendant que Morales
célébrait,    à la tête d’une grande multitude,
le nouvel an Aymara –converti   en fête national-, les indigènes
de l’orient entamaient une  marche jusqu’à La Paz pour revendiquer
leurs droits territoriaux et  en faveur de l’autonomie des régions.
Alors que Morales accusait les  indigènes de recevoir des fonds de
l’USAID  (U.S. Agency for International Development), on rendait public
que 22 projets du Plan National de Développement sont financés
par cette même organisation États-unisienne ”7.
      Déjà pendant les dernières années du premier
   mandat et durant la première moitié de 2010, la contradiction
   de classes s’est accentuée sur base d’attaques et ripostes, de
marches    et d’affrontements, de grèves et barrages… jusqu’à
ce que  le  gouvernement adopte le fameux Décret 0748. Ce décret,
qui  a  quasi doublé le prix des combustibles et que le pouvoir a
justifié    au nom de la lutte contre la contrebande et du développement
et de   l’économie nationale (en fait, ce sont les multinationales
pétrolières    qui en tirent profit), a été en
réalité une  véritable  attaque du niveau de vie de
tous le prolétariat qui a immédiatement  baptisé ces
mesures “ el gasolinazo ”.
      
      
      
      
      REPONSE PROLETARIENNE
      
      
      La réponse prolétarienne au “ gasolinazo ” a été
   générale : des marches ont été menées,
   des protestations, des barrages et surtout des attaques et incendies d’installations
   et institutions privées et étatiques. Etant donné
que   le prix des aliments et aussi du pain a explosé, les pillages
se sont  généralisés ainsi que les affrontements violents
 entre  prolétaires et tous types de forces policières à
 travers  tout le pays. Aucun discours gouvernemental n’a pu arrêter
 le prolétariat  se battant pour ses besoins. En très peu de
 temps, les deux classes  de la société se sont à nouveau
 retrouvées dans  la même polarisation que celle de 2000-2005,
 à savoir en guerre  totale. Face à ce souvenir, la trouille
 du gouvernement a eu comme  résultat immédiat que la bourgeoisie
 et l’impérialisme  (en particulier la chaîne internationale
d’hydrocarbures dont la plus-value  profitait le plus du décret Morales)
reculèrent sur toute la  ligne : le gouvernement abrogea le décret
seulement 5 jours après  l’avoir approuvé ! Il faut dire que
déjà, les prolétaires  de “ El Alto ” et les mineurs
avaient menacé de faire une marche depuis  Oruro pour évacuer
Morales du “ Palacio Quemado ” comme il l’avait  fait avec Goni en 2003 !
      Mais même à ce prix, le capitalisme n’est pas arrivé
   à imposer une paix sociale relative. Les effets du “ gasolinazo
”  sur les prix n’ont pas disparu avec l’abrogation du décret. Le
gouvernement   a concédé quelques augmentations de salaires
et autres appointements   sociaux mais ils auront été totalement
insuffisants pour arrêter   les protestations. En février, les
luttes reprennent à nouveau   et des milliers de personnes occupent
une fois de plus les rues en protestant   contre l’augmentation des prix
du “ panier de base ” et en réclamant   des augmentations plus considérables
de salaires. La COB, qui avait   été une alliée du pouvoir
 d’État, radicalise  son discours et convoque de nouvelles manifestations
 et barrages qui se généralisent   à nouveau aux villes
 principales de tous le pays. La lutte prolétarienne   contre le “
gasolinazo ” continue même si le décret a été
  aboli. En mars et avril, au moment où nous clôturons ce numéro,
   la lutte poursuit son rythme ascendant. De manière chaque fois
plus    explicite, le prolétariat répudie le gouvernement du
“ changement    ” en dénonçant ouvertement que rien n’a changé,
que   Morales aussi devra s’en aller parce qu’entre le peuple et les multinationales
  pétrolières, il a préféré ces dernières.
  Le cri par lequel convergent les manifestants est “ si c’est ça
le   changement, le changement c’est de la merde ”.
      Voilà comment les journalistes qui sont ouvertement contre le
 mouvement   décrivent la situation : “ Hier, les explosions de dynamite,
 destructions   d’ornements publics et le chaos qui s’en suivit dans le trafic
 ont causé   de la désolation parmi la population qui s’est
vue à nouveau   affectée par ces actes… Les manifestants, dans
leur troisième   jour de grève indéfinie, ont montré
 une attitude totalement   violente en détruisant les barrières
 de sécurité   qu’utilisent les effectifs policiers pour protéger
 la Plaza Murillo…   Un jour avant, le Ministère du Travail a été
 l’un des   plus touchés, car les manifestants ont jeté des
bombes de peinture  sur sa façade, ont cassé des vitres et
détruit la porte  en bois en plus de maculer le drapeau national qui
se trouvait là,  fait qui a été durement désapprouvé
 par la population  (sic)… Les installations de l’Institut National de Réforme
 Agraire  (INRA) ont également subi des bris de vitres à leurs
 fenêtres.  Au Palais des Communications, les manifestants ont cassé
 les vitres  de la cabine de sécurité avec des pierres et par
 de petites  explosions de dynamite. A la porte de la Cour Supérieur
 de Justice,  il y a également des destructions considérables
 causées  par les dynamitages… Pour cette raison, tous les magasins
 d’accessoires divers  et vêtements de la rue Comercio sont restés
 portes closes   par peur d’être pillés. ” Extrait de El
 Diario – 8 avril 2011
      Un autre journal bourgeois raconte les faits : “ Avec l’arrivée
  au  Siège du Gouvernement de plus de huit mille mineurs, aujourd’hui
  tous  les secteurs sociaux radicaliseront leurs mesures de pression… Des
 milliers  de travailleurs affiliés à la Central Ouvrière
 Bolivienne  ont été hier les protagonistes d’une mobilisation
 violente,  la plus dure des cinq dernières années du gouvernement
 du président  Evo Morales, en prenant virtuellement le Siège
 du Gouvernement et en encerclant la Plaza Murillo au milieu de fortes détonations
  de dynamite causées par des mineurs. Le gouvernement ratifia qu’il
  n’y avait pas grève s’il y avait de la violence. Durant la seconde
  journée  de protestation, le bâtiment le plus touché
 a été  le Ministère du Travail dont la façade
 a été lapidée et dont la porte principale a été
  dynamitée par les manifestants… Les actions violentes ont été
  réprimées  par les forces de police à l’aide d’agents
  chimiques et en réponse  à cela, ils ont reçu des
pétards   et des pierres de la  part des manifestants qui étaient
postés   à deux pâtés  de maison du Palais du
Gouvernement, pendant   qu’un autre groupe essayait de pénétrer
à la Plaza Murillo,  rencontrant sur leur passage la résistance
policière qui tendait  un cordon de sécurité  avec des
barricades en fer. La police  a été une nouvelle fois  contrainte
d’utiliser les chars anti  émeutes… Pendant que les forces  de police
et les manifestants s’affrontaient  dans les rues, le centre de la ville
resta virtuellement assiégé  à cause de la journée
 de protestation… ” Extrait de Jornada  – vendredi 8 avril 2011.
      Et il n’y avait pas que les mineurs mais aussi beaucoup d’autres secteurs
   du prolétariat qui se jetaient dans la lutte : “ Jusqu’à
21   heures hier soir, les professeurs, les travailleurs de la sécurité
   sociale et quelques mineurs ont continué à tenter de pénétrer
   sur la Plaza Murillo. L’affrontement s’est accentué dans le tunnel
   de la rue Potosí, à trois pâtés de maison du
 centre  de La Paz où même un policier motorisé a pris
 feu en tentant d’éteindre le feu que les marcheurs avaient laissé
 allumé ”. Extrait de La Razón – 9 avril 2011.
      Durant les jours suivants, au moment de clôturer cet article, 
le  mouvement  continue à se généraliser, paralysant 
et bloquant des  routes dans tout le pays. Les ouvriers ruraux et les enseignants
 y jouent  le plus grand rôle. C’est ainsi que la presse informe :
“  Depuis hier  matin, les enseignants ruraux ont radicalisé les mesures
 de pression  et ont procédé au blocage de la route de La Paz
 à Oruro,  dans les secteurs de Senkata, ils bloquent Achica Arriba,
 Ventilla et la Apacheta. L’opération a laissé un bilan d’au
 moins sept blessés  parmi les enseignants et les policiers, cependant,
 durant les affrontements,  des journalistes de divers médias ont
été  agressés  tant par la Police que par les enseignants
ruraux. Le Commando  Régional  de la ville de El Alto, en coordination
avec le Commando  Départemental,  avec l’appui d’effectifs de police
de l’Unité  Tactique d’Opération  de Police (UTOP) “ Radio
Patrullas 110 ” et la Patrouille d’appui Citoyen  (PAC), ont maintenu le
contrôle de la route vers Oruro, après  un blocage de plusieurs
heures dans ce secteur effectué par au moins  5.000 enseignants… Cela
fait neuf jours consécutifs que les enseignants  urbains, ruraux,
avec des mineurs salariés, des travailleurs de la  santé et
des pensionnés, affiliés à la Centrale  Ouvrière
Bolivienne maintiennent la grève indéfinie avec des mobilisations,
en exigeant du gouvernement l’attention à un cahier de charge de huit
points ”. Extrait de El Diario – 16 avril 2011.
      Alors que de plus en plus de secteurs prolétariens généralisent
   la lutte et proclament déjà ouvertement qu’ils n’arrêteront
   pas “ jusqu’à ce que Morales soit jeté ” (qu’ils qualifient
   chaque fois plus de “ fasciste ”), le gouvernement parvient seulement
à    refuser les augmentations de salaires exigés au nom de
la rentabilité    et les investissements capitalistes : “ le ministre
de la Présidence,    Óscar Coca, a ratifié hier que
le Gouvernement ne peut concéder    une augmentation de salaires supérieur
au 10% sans porter préjudice    à la gestion d’œuvres sociales
et projets de gouvernement régionales    et municipales… En résumé,
il a signalé que dans les    critères du Gouvernement, ‘il
n’est pas juste que pour augmenter  le  salaire de quatre secteurs, ou pour
destiner (l’argent) uniquement au  salaire,  il faudrait sacrifier des investissements
dans tous le pays, étant    donné que cela rendrait invivable
la gestion de plus de 200 municipalités    et sept de la nouvel gouvernance
” Extrait du journal Cambio (Changement   –sic-) – 16 avril 2011.
      Les deux choses qui préoccupent le plus la contre-révolution
   sont évidement que le prolétariat montre sa puissance et
sa   force organisatrice et le fait que toutes les séparations social-démocrates
   entre revendications économiques et politiques soient facilement
 dépassées  dans la pratique par le mouvement même. Et
 cela malgré (et contre)  les éléments idéologiques
 que les défenseurs des “ droits de l’homme ” introduisent pour diviser
 les prolétaires et liquider l’unicité révolutionnaire
 du mouvement ! “ S’il n’y a pas de réponse du Président, dès
 lundi nous prendrons  l’aéroport ”, a été l’une des
résolutions de l’assemblée élargie départementale
réalisée à la Plaza 14 de Septiembre de Cochabamba suite
à une journée de barrages dans des points stratégiques
de la ville à laquelle ont participé plus d’une vingtaine d’organisations
des secteurs de la santé, corporatif, industriel, enseignant et autres
affiliés… Les mobilisations de las mil esquinas (mille coins de rues)
hier, vendredi, ont été accompagnées par la stratégie
dénommée “la viborita” : les groupes de protestataires se postaient
à des coins stratégiques jusqu’à empêcher le trafic
et ensuite, se déplaçaient à un autre point proche.
De la sorte, des accès étaient coupés et des espaces
chaotiques étaient générés… Sonia Brito, présidente
de L’Assemblée Permanente des Droits Humains de La Paz : “ Cela nous
préoccupe beaucoup que les mots d’ordre ne sont plus seulement des
mots d’ordre revendicatifs des droits des travailleurs ; nous constatons
que certains secteurs réactionnaires s’immiscent dans les mobilisations
en cherchant pratiquement le renversement du président. Nous voyons
que les consignes sont déjà passées d’une demande de
droit du travail à demander pratiquement la chute du Président
 ” Extrait de Cambio (Changement) – 16 avril 2011. Comme il est horrible
que  les prolétaires ne se limitent pas “ seulement à des mots
d’ordre  revendicatifs du droit des travailleurs ” et que, contre la gauche
bourgeoise,  ils osent lutter pour le “ renversement du Président
”  et surtout  de tout son programme ! C’est pour cela qu’on utilise
tout l’arsenal de la  gauche bourgeoise contre le mouvement. C’est ainsi
que pendant que cette Assemblée Permanente des Droits Humains propose
une augmentation générale  des salaires de 15 pour cent, on
dit que les mineurs gagnent beaucoup plus  que les paysans, “ qu’ils ont
toujours trahi les paysans ”, “ qu’il y a des  infiltrés de droite
”, “ qu’ils sont manipulés par telle ou  telle force ”.
      On pourra négocier ou suspendre les mesures de lutte, mais l’accentuation
   de l’affrontement de classe est déjà inévitable en
 Bolivie  ; De grandes couches du prolétariat ont déjà
 bien compris  que “ le changement ” continuera à être une merde
 si on ne détruit  pas les bases mêmes du capitalisme et en
général   de la  production de marchandises.
       
      Notes
      
      1. Les radios de mineurs ont exprimé durant des décennies 
  les positions classistes et révolutionnaires du prolétariat 
  international.
      2. Monsieur Gonzalez Sánchez Lozada est en réalité 
  un bourgeois international, propriétaire d’entreprises et de terres 
  dans de nombreux pays malgré qu’il ai vécu la plus grande 
partie  de sa vie aux États-Unis. Il se faisait appeler Goni par les 
autres  bourgeois mais les prolétaires en Bolivie et dans le monde 
l’appelaient  “ el gringo ” parce qu’il parlait l’espagnol avec un fort accent 
yanquee et qu’il était un véritable représentant des 
États-Unis  en terre bolivienne. Il avait également promis une
quantité  de changements démocratiques et de “ participation 
populaire ”. Durant  son mandat, il a fait approuver un ensemble de lois tel
que la “ loi de Participation  Populaire ”, la “ Réforme Educative 
” et la “ Loi de Capitalisation  ”. Très rapidement, le prolétariat 
appela ces lois “ les Trois  lois Maudites ”. 
      3. Que peut représenter d’autre l’apparition clownesque de Morales
   avec son poncho ou ses vêtements indigènes au côté
   des autres puissants de la planète en costumes-cravates, entourés
   de militaires et de gardes du corps !
      4. Traduction de “ Los Tiempos.com ” - 25 avril 2011 
      5. En Bolivie, comme au Venezuela,  contrairement au mythe, le 
schéma   classique historique du capitalisme colonial extractif au 
bénéfice   des multinationales, impliquant la destruction de 
la Terre et des moyens  de vie humains, n’a même pas été 
remis en question. Ce  que fait le pouvoir d’État dans ces pays, avec 
la contre-propagande  correspondante, est une véritable renégociation 
de la rente  du sol avec d’autres fractions internationales de la bourgeoisie. 
Même  si nous ne pouvons développer ce thème ici, nous 
affirmons que le “ socialisme ” et l’ “ anti-impérialisme ” qui s’y 
rapporte servent uniquement à mobiliser les masses et les faire servir 
dans ce partage général de la plus-value au bénéfice
 de la fraction qui contrôle actuellement l’État contre les
autres.  De la même manière, l’indigénisme de l’État,
loin  de défendre la communauté indigène et sa relation
à  la terre, prolonge l’indigénisme colonialiste qui cherche
à  assimiler ce qui est indigène à la logique du capitalisme
et  de l’État. C’est-à-dire qu’il assimile ce qui est indigène
 sur base de la folklorisation des symboles et traditions indigènes
 en les convertissant au travers du tourisme en pièces de musée
 mises au service de l’accumulation capitaliste, comme source de bénéfice
 économique. Les discours officiels prononcés en langues indigènes
 témoignent de cette cooptation bourgeoise et étatique.
      6. Cela nous rappelle inévitablement le dicton : l’histoire
se  répète,  d’abord comme tragédie et ensuite comme
comédie.  Pour ce qui  est du changement pour en réalité
maintenir l’essentiel,  la  Bolivie a déjà connu pas mal de
choses à ce sujet  avec  la fameuse “ révolution ”  de
1952 qui a consisté  à  récupérer/liquider une
puissante révolte insurrectionnelle   du prolétariat. D’autre
part, cette incorporation caricaturale de  ce qui est indigène à
l’État et dans les discours de  l’État nous fait penser au
“ pérouanisme ” et le rôle  particulier de Velazco Alvarado.
      7. Traduction d’un extrait de l’article de Sergio de Castro Sanchez 
“Socialismo   e indigenismo en Bolivia, Aculturación, Estado y modernidad 
frente   al buen vivir ” paru dans ALAI, América Latina en movimiento 
2010.