Dans tous les cas, l’éditorial aurait au moins dû entreprendre une réflexion critique sur les limites de la principale source utilisée, marquer la distance voire l’antagonisme entre certaines positions de l’auteur et notre propre cadre, comme nous l’avons déjà fait d’ailleurs à propos de ce même auteur -Mike Davis- lorsque nous nous référions largement à son ouvrage “City of Quartz” pour écrire notre texte sur les prisons aux USA, paru dans Communisme n°50 de juin 2000. Voici cette réflexion:
“La plupart des informations que nous donnons ici à propos de Los Angeles sont tirées de “City of Quartz (Los Angeles, capitale du futur)” de Mike Davis, Editions La Découverte (1997), chapitre 4, “La forteresse L.A.”. L’auteur donne énormément d’informations permettant de cerner la réalité des classes sociales et du capitalisme aux Etats-Unis, mais il retombe dans le réformisme le plus plat dès qu’il s’agit de mener une action concrète (ce qui montre également les limites de la compréhension qui entoure la description de cette réalité sociale). Mike Davis fait entre autre campagne pour une proposition de loi prônant l’organisation d’une force de paix urbaine -des flics- destinée à aider et superviser un processus de trêve entre les gangs à Los Angeles! Preuve une fois de plus que le maximum d’originalité dont soit capable le réformisme aboutit immanquablement à la revendication de nouvelles forces de police.”
Au-delà des problèmes que nous venons de clarifier, il est également évident que le rapport entre la dégradation des conditions de survie des prolétaires et ce qui nous intéresse en premier lieu, c’est-à-dire la révolution, n’est nulle part vraiment explicité dans notre précédent éditorial. Le prolétariat comme sujet de la révolution n’y surgit qu’au travers de la citation finale de Pannekoek. Bien qu’elle exprime l’abc de notre programme, le lien entre l’approfondissement des crises, le développement des luttes du prolétariat et l’écroulement du capitalisme y est posé de manière trop générale, valable pour toutes les époques, et ne peut rendre compte de ce que la situation actuelle du capitalisme a de particulier. Reprenons les conclusions qui précédaient cette citation dans notre dernière revue:
“Tout au long de cette balade sous le soleil noir du capital, nous avons tenté d’aborder la catastrophe capitaliste sous l’angle du vécu quotidien du prolétariat à travers toute la planète en donnant une série d’exemples concrets. Cela nous semble important de mettre une réalité sur des mots et de ne pas se contenter d’énoncer simplement ce qui est. Cette catastrophe est si profonde aujourd’hui qu’elle est devenue immédiatement palpable, visible et se condense dans tous les aspects de la vie des prolétaires; dans le travail en premier: jamais il n’a été aussi pénible, destructeur et aussi peu rémunérateur. La nourriture ensuite, toujours plus dégradée et contaminée à un tel niveau qu’elle tue autant, si pas plus, qu’elle ne nourrit. Les conditions d’habitat elles aussi, ont sans doute atteint des niveaux de merdification inconnus jusqu’à présent, nous les avons longuement décrites. Les maladies encore, toujours plus virulentes et massives, détruisant, broyant des milliers de vies. Les guerres aussi, toujours plus généralisées et destructrices. Le biotope enfin, qui sert de cadre de vie pour notre espèce, toujours plus dégradé, toujours plus dangereux, toujours plus empoisonné... annonçant pour les décennies qui suivent la possibilité même de sa disparition provoquant la fin de tout ce qui vit à la surface du globe. Bref, le capitalisme de manière visible et palpable se présente pour une masse croissante de prolétaires à travers le monde pour ce qu’il est: une véritable apocalypse, un enfer. On pourrait allonger à l’infini sa description pour en arriver aux mêmes conclusions, le capital a fini par exacerber à un niveau inouï la plupart de ses propres contradictions et surtout la plus essentielle, la production d’une classe sociale pléthorique dont il ne sait que faire face aux nécessités actuelles de sa propre valorisation-dévalorisation. Aujourd’hui, il y a trop de capitaux qui n’arrivent plus à se valoriser, la dévalorisation frappe partout y compris parmi le capital variable, les prolétaires. Et comme Marx le soulignait dans le Manifeste du Parti Communiste: “Comment la bourgeoisie vient-elle à bout des crises? D’une part, par l’anéantissement forcé d’une masse de forces productives; d’autre part, par la conquête de marchés nouveaux et l’exploitation plus rigoureuse des marchés anciens. Donc comment? En préparant des crises plus générales et plus formidables et en diminuant les moyens de prévenir les crises.”
Paupérisation généralisée, conditions d’exploitation toujours plus dures, épidémies, empoisonnement généralisé de l’air, de l’eau et de la nourriture, famines, généralisation de la guerre... c’est par ces moyens que la destruction massive du prolétariat se produit actuellement. Cette force de travail excédentaire, ce prolétariat en trop, la bourgeoisie arrive encore -pour l’instant- à le contrôler, à le discipliner, à le dresser, à le faire travailler, à le syndiquer, à lui faire accepter sont sort... à le faire crever dans des camps, dans des guerres... mais comme on le constate jour après jour, le processus de valorisation-dévalorisation s’emballe et appelle à de nouvelles guerres, toujours plus grandes, toujours plus puissantes. L’ogre capitaliste vocifère aux oreilles de ses gestionnaires, il a soif, il a besoin de toujours plus de sang, son appétit de cadavres se fait toujours plus démesuré. La mort des prolos excédentaires et la destruction massive de capitaux incapables de se valoriser sont à l’ordre du jour de l’agenda capitaliste pour relancer un nouveau cycle de croissance. Pour le capital, les guerres locales ne suffisent plus, il faut les GENERALISER! Il en va de la survie même du capital”.
Comme on le voit, la conclusion insistait sur l’approfondissement inéluctable de la contradiction entre besoins humains et besoins du capital -dont la guerre constitue le moment supérieur- mais n’abordait nullement la question de savoir comment le développement de cette contradiction se concrétise sur le terrain de l’affrontement ouvert entre les classes.
Ce n’est pas que cette question nous eût été étrangère: nous en discutons pour ainsi dire depuis toujours, non sans polémique d’ailleurs, mais sans aboutir à un matériel spécifiquement publiable. De ce fait, la citation de Pannekoek n’apparaît pas comme le résultat de tout le développement, mais comme une vue de l’esprit ou l’expression d’un désir. En effet, en l’absence d’une explication pertinente, l’affirmation selon laquelle “l’émancipation du prolétariat par lui-même est l’écroulement du capitalisme” apparaît comme une formule abstraite et sujette à maintes interprétations. Le lecteur pourrait ainsi en retirer la sensation d’une conception mécaniciste du processus révolutionnaire, selon laquelle “l’entrée en phase de décomposition du capital entraînerait le surgissement de la classe pour soi, d’un véritable “prolétariat révolutionnaire” pur, dépouillé des contradictions qui minaient la classe en soi”.2 Ce genre de vision schématique n’était certes pas porté par notre éditorial mais nous devons admettre qu’en l’absence de toute clarification sur la question de l’écroulement du capitalisme, sur la relation entre conditions objectives et action subjective du prolétariat, l’équivoque demeurait possible.
Au niveau global, cela s’explique évidement par toute une série de triomphes idéologiques du capital qui découragent toute association et toute lutte prolétariennes menées sur leurs perspectives propres. Citons quelques lignes fortes:
Non seulement le capitalisme avait séparé les êtres humains en en faisant des individus médiatisés par la propriété et la marchandise, non seulement tout rapport entre humains avait été subordonné à des représentations, médiatisé par l’image, dissout dans le spectacle d’un monde débarrassé de sa contradiction fondamentale, mais il devient maintenant indispensable pour être admis dans le royaume des rapports “réels” entre individus isolés, d’être l’heureux propriétaire des artefacts technologiques portables (téléphonie, informatique, audio...) éphémères et remplaçables, qui mettent à tout moment et instantanément en communication le séparé en tant que séparé (... et le salarié surdisponible pour ses exploiteurs), qui confèrent à la multitude d’egos malades et angoissés une “place active” dans le monde en fonction de la palette -préfabriquée en masse- de “ses propres choix”, et qui sont enfin censés nous faire vivre ces rapports comme s’ils étaient humains.
Ainsi en a-t-il été de nos discussions qui ont mené à l’écriture de notre précédent éditorial: tout en voulant affirmer notre perspective, elles ont montré nos propres faiblesses, c’est-à-dire celles de notre classe et de toutes les minorités révolutionnaires dans la phase actuelle. Elles mettaient en évidence que la question de la perspective révolutionnaire n’est pas plus aujourd’hui qu’hier une question solutionnable par un quelconque parti ou organisation, de la même manière qu’elles mettaient en évidence que les problèmes que nous subissons aussi dans notre propre chair ne sont pas des problèmes particuliers de notre groupe, ni solutionnables par la simple volonté de les résoudre. Elles nous ont envoyé encore et encore, non à chercher des solutions dans telle ou telle recette sur l’activité ou sur les mots d’ordres à défendre, comme le font tous les opportunistes qui finissent par se faire absorber par n’importe quel programme réformiste et en dernière instance par la citoyennisation et le culte de la liberté individuelle, mais dans les contradictions propres au fonctionnement du capital, dans son incapacité à satisfaire les intérêts les plus élémentaires de l’être humain.
Si notre dernier éditorial avait surtout mis l’accent sur les sommets -en termes absolus- qu’a atteints la dégradation des conditions de survie du prolétariat dans le monde (bidonvilisation, intoxication, drogues, atomisation, etc.), il nous paraît important d’insister plus spécifiquement dans ce texte-ci, à la lumière du développement de la lutte des classes en 2007-2008, sur l’accroissement des dégradations brutales -cette fois en termes relatifs- des conditions de survie des prolétaires partout dans le monde, quels que soient les niveaux atteints. Ainsi, la dernière flambée des prix du pétrole et des denrées alimentaires s’est directement traduite par une attaque du niveau de vie -à divers degrés certes- de l’ensemble des prolétaires dans le monde, n’épargnant même pas les couches les moins “défavorisées”. Cette attaque massive et générale du niveau de vie des prolétaires a provoqué, pour la première fois depuis longtemps, une réaction directement mondiale du prolétariat, si pas dans l’homogénéité de ses expressions (ou encore moins dans la reconnaissance de cette unicité par le prolétariat lui-même), du moins dans la simultanéité de la révolte. La simplification des contradictions dont ont toujours parlé les révolutionnaires a ainsi opéré un pas gigantesque. Il nous paraît important de nous arrêter quelque peu sur ces événements, ainsi que sur les forces déployées par la classe dominante pour endiguer et cacher ce processus.
Listes de pays touchés par la vague de lutte en 2007-2008Nous avons repris la liste qui suit de l’article “La ceinture explosive” disponible sur le site www.mondialisme.org et paru dans la revue Echanges n°124 (printemps 2008), publiée par le groupe Echanges et Mouvement. Cette liste reprend une trentaine de pays touchés par la vague de lutte provoquée par la hausse brutale du prix des produits de première nécessité.Maroc, Égypte, Burkina-Faso, Cameroun, Côte-d’Ivoire, Guinée, Kenya, Nigeria, Sénégal, Somalie, Soudan, Tchad, Zimbabwe, Haïti, Mexique, Bangladesh, Birmanie, Corée du Sud, Emirats Arabes Unis, Inde, Indonésie, Iran, Malaisie, Ouzbékistan, Philippines, Pakistan, Thaïlande, Timor, Vietnam, Yémen. Nous pouvons compléter cette liste par une douzaine de pays relevés en 2007 et 2008 principalement dans les feuilles d’informations mensuelles d’Echanges et Mouvement intitulées Dans le monde d’une classe en lutte (également publiée sur www.mondialisme.org). Algérie, Tunisie, Gabon, Afrique du Sud, Argentine, Bolivie, Chili, Colombie, Pérou, Canada, République Dominicaine, Chine, Mongolie. Dans les pays cités, on peut considérer que le prolétariat s’est manifesté en débordant les encadrements social-démocrates, que ce soit par des manifestations, des émeutes, des attaques ciblées ou encore des pillages. Il est bien évident que ces deux listes ne sont pas complètes vu que nous manquons comme toujours de sources en cette matière. Nous demeurons tributaires du manque cruel de presse prolétarienne et donc de la difficulté d’obtenir des informations consistantes sur les luttes de notre classe à travers le globe. Par ailleurs, il va sans dire que les vagues de luttes ne connaissent pas de frontière, le lecteur voudra donc bien prendre en compte que la référence aux pays n’a ici de signification ou d’utilité que géographique. Certains de ces pays ou groupes de pays font l’objet de petits encadrés répartis dans le présent texte, en fonction de la force du mouvement et des informations que nous aurons trouvées au moment de boucler cette revue. |
Si on prend le terme d’ “émeute”, il est très nettement connoté péjorativement par des années de propagande social-démocrate en tant que désignant “le déchaînement des instincts les plus vils de l’être humain”, la réaction “archaïque et primaire des masses populaires”, avant le développement du “mouvement ouvrier” (entendez son encadrement et sa neutralisation par la social-démocratie). Dans le cadre citoyen il prend la signification de luttes “non-civilisées” ou prédémocratiques. Il est systématiquement utilisé pour désigner les luttes des prolétaires des pays dits sous-développés, des banlieues occidentales, ou encore les actions ouvrières considérées trop “sauvages”, contribuant ainsi clairement à entretenir l’idéologie selon laquelle ces luttes correspondent à un combat totalement différent -inférieur tant dans sa forme que dans ses objectifs- de celui de la “classe ouvrière” des pays occidentaux. Ces distinctions terminologiques contribuent ainsi à maintenir l’idéologie selon laquelle les méthodes pacifistes de manifestations et pseudo-grèves, imposées par la social-démocratie, seraient la forme de lutte des travailleurs salariés des pays dits capitalistes avancés et que cette lutte n’a rien de commun avec les mouvements de colère “spontanés, désorganisés et aux objectifs ambigus” de la “racaille” des banlieues ou des “sous-prolétaires désœuvrés” des pays dits du tiers-monde, de ceux qui “font des grèves sauvages et des actes violents”, ou encore avec les attaques “terroristes” contre des structures militaires, politiques ou économiques de l’État menées par des “groupuscules extrémistes”.
De la même manière, en classant un certain nombre de réactions de notre classe comme “révoltes de la faim” et en leur collant l’étiquette “tiers-monde”, on a réussi à faire croire que ceux qui n’ont pas faim ne sont pas concernés, que ceux qui n’habitent pas le dit tiers-monde ne le sont pas non plus. On cache ainsi que c’est la même société capitaliste qui produit les plus puissants ordinateurs, qui construit les plus fantastiques villes et armes de destruction massive et, en même temps, qui produit la famine dans le monde, qui diminue le salaire réel de tous les prolétaires dans le monde. Ainsi, force est de constater que si l’on parle de la bouffe en termes de satisfaction réelle des besoins humains -ce qui correspond au niveau le plus général de l’analyse des sociétés- c’est bien l’ensemble des prolétaires qui ont “faim” de vraie bouffe humaine sous le mode de production capitaliste. Avec la généralisation de la bouffe poubelle -vidée de tout oligo-élément essentiel, dévitaminée, toxique...- le capital “affame” substantiellement l’ensemble des prolétaires qui sont de plus en plus victimes de carences alimentaires graves partout dans le monde, aucun pays ne faisant exception et surtout pas les pays dits développés, là où règne en maître le fast food, c’est-à-dire “la bouffe qui ne sert qu’à régénérer le plus rapidement possible la force de travail”. Ceci est un autre aspect de l’incapacité toujours plus flagrante du capital à alimenter réellement l’humanité, partout dans le monde.
Enfin, et ce point se rattache aux deux premiers, toute la terminologie de pays “sous-développés”, “en voie de développement”, “émergents” ou du “tiers-monde”, vise à présenter ces terres comme étant moins capitalistes, quand en réalité les famines sont le plus pur produit du capitalisme. En cachant les causes on cache les solutions: la destruction du capitalisme. En particularisant les problèmes de la famine -ou du dit tiers monde en général- on cache la généralisation de l’attaque capitaliste contre le prolétariat, l’homogénéisation des conditions de vie au niveau international des prolétaires, et évidemment on cache aussi la nature prolétarienne commune des attaques contre le capital et l’Etat qui sont en train de se dérouler sous nos yeux.
Le Maroc, l’Algérie et la Tunisie connaissent depuis des années de semblables émeutes contre la dégradation des conditions de survie. Au Maroc en 2007 (et en particulier à Sefrou), comme lors des “émeutes contre la vie chère” 1984 (Maroc et Tunisie), le gouvernement recule devant les émeutes contre les hausses de prix des denrées de base mais aussi des factures d’eau et d’électricité, le coût des traitements hospitaliers et des autres services publics. En mai-juin 2008, au départ du blocage du port de pêche de Sidin Ifni près d’Agadir par des jeunes au chômage, le mouvement s’étend aux cités environnantes. En Tunisie au même moment, des journées d’émeutes éclatent à Feriana et les cités voisines dans la région minière du sud, autour de Gafsa. Toute la population descend dans la rue pour en chasser la police. Le 7 juin l’armée est déployée à Redeyef dans la même zone après que des affrontements accompagnés de pillages aient fait un mort et 26 blessés. Enfin, l’Algérie n’est pas en reste avec plusieurs émeutes quotidiennes à travers le pays. L’Etat est la cible des prolétaires en colère, comme lors des luttes de 2001-2002 (et précédemment), des commissariats et casernes sont pris d’assaut, des élus doivent fuir la foule qui les insulte et les menace. |
Ces clichés soigneusement véhiculés par la presse bourgeoise ne résistent d’ailleurs que très mal à l’analyse que nous pouvons faire de ces différents mouvements de lutte du prolétariat à travers le monde. Même à travers le filtre des informations bourgeoises, il n’est pas difficile de se rendre compte que:
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Vu l’importance de la question, citons cette affirmation d’Échanges et Mouvement: “C’est dans sa lutte contre le rapport social salarial, contre le salariat lui-même, que le prolétariat parviendra à son émancipation, qu’il passera de l’état de classe en soi (classe pour le capital) en classe pour soi. C’est ce processus qu’il nous faut essayer de mettre en lumière, même si en Europe il se trouve très différent du caractère des luttes de certains pays dits ‘émergents’” (Échanges n°124, printemps 2008, p.19.). On le voit, il est impossible de vraiment cerner la frontière que les camarades ont voulu établir. Et d’ajouter en note: “Quand Marx dit ‘le prolétariat est révolutionnaire ou il n’est rien’ cela revient à dire, que le prolétariat individualisé, émietté, face au capital n’est rien d’autre qu’une classe en soi. La classe pour soi est le produit du dépassement du simple antagonisme de classe par sa lutte et sa solidarité”.
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Pour notre part, soyons clairs: il n’y a pas deux types de luttes. Toute lutte contre l’augmentation de la misère prolétarienne est en même temps une lutte contre la société bourgeoise, peu importe que les prolétaires qui la mènent en soient conscients ou pas, ou mieux dit, indépendamment des différents niveaux de conscience qui existent dans toute lutte. Nous pensons que les camarades d’Échanges et Mouvement seraient incapables de trouver un seul argument quant à la soi-disant nature “très différente du caractère des luttes”.
Les seules différences qu’on peut trouver ne résident justement pas dans la division entre pays, entre l’Europe et le reste du monde, mais plutôt entre les secteurs du prolétariat de chaque pays, entre les secteurs du prolétariat plus encadrés par les partis, syndicats et autres appareils d’État et les secteurs moins intégrés, comme ceux des chômeurs et banlieusards, ceux classés comme marginaux, lumpen-prolétariat, immigrants, “paysans sans terre”... C’est vrai qu’on parle plus facilement d’émeutes dans ce que nos ennemis appellent “tiers-monde” qu’en Europe (mais aussi en certains pays des Amériques et d’Asie) où l’on est plus habitué aux protestations sociales des prolétaires canalisés par des arrêts de travail et manifestations pacifiques. Il est vrai également que le terme d’émeute paraît pour le moment être réservé en Europe aux banlieusards, aux marginaux, aux “exclus” (cf. note 6). Et voilà la vraie différence: le cordon sanitaire que la bourgeoisie essaye d’imposer partout pour diviser le prolétariat 11, entre d’un côté les protestations bien citoyennes, les arrêts légaux de travail, les marches moutonnières et autres pseudo-protestations, et de l’autre les “émeutes” des incontrôlés. Toutes les branches de la social-démocratie mais surtout les marxistes-léninistes sont là pour nous expliquer que les “vrais prolétaires” ne se laissent pas attirer par la “racaille des banlieues”, le “lumpen prolétariat”, et que les “vrais prolétaires” adhèrent aux syndicats.
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Nous l’avons toujours affirmé: jamais la marchandise ne pourra “désaffamer” l’humanité 12, jamais la société du capital ne pourra solutionner les problèmes de l’être humain: quelles que soient les fractions bourgeoises au pouvoir -protectionnistes ou néolibérales, de “droite” ou de “gauche”- quelle que soit la partie du globe, la société marchande ne pourra jamais éviter la faim, les guerres et la destruction progressive de la planète. Bien au contraire, la société marchande s’affirme de plus en plus clairement aux quatre coins du monde comme celle qui épuise la terre et condamne à l’exclusion, à la famine et à la mort un nombre toujours croissant de prolétaires. La croissance des famines est bien un phénomène typiquement capitaliste (et non pré-capitaliste!) que jamais la société marchande ne pourra solutionner. L’augmentation générale des prix de l’énergie et des articles de première nécessité n’est ainsi que l’épiphénomène de la contradiction plus globale entre capital et espèce humaine, et plus encore entre la société bourgeoise et la terre (c’est-à-dire toutes les formes de vie sur la planète, tous les éléments vitaux comme l’air, l’eau, la terre...).
BangladeshLes réactions contre la pauvreté et l’appauvrissement au Bangladesh se sont manifestées, tout au long de l’année 2006 et au début de 2008, par des grèves sauvages qui aussitôt deviennent des émeutes étendues à toute une zone, et ceci malgré l’état d’urgence instauré en janvier 2007 par un gouvernement provisoire, porté par l’armée. La chute de 50% du salaire réel et la situation alimentaire catastrophique qui en découle sont encore aggravées par les conditions climatiques, le cyclone Sidr ayant frappé le pays en novembre 2007 et sinistré 2,2 millions de prolétaires. Début 2008 malgré l’état d’urgence appliqué par l’armée, les milliers d’arrestations et les répressions de 2007 contre les travailleurs des entreprises textiles acculés à l’émeute par la rapacité des patrons locaux, sous-traitants des multinationales, les émeutes ont repris. Non seulement les salaires minima fixés pour éteindre la précédente vague de grèves et d’émeutes ne sont toujours pas appliquées mais comme auparavant, même ces salaires de misères sont payés irrégulièrement. En 2007, 4000 usines ont connu des grèves sauvages, 46 usines ont été incendiées, des centaines pillées et vandalisées. Le conflit qui éclate début janvier montre qu’une explosion peut surgir de la moindre exaction patronale Le prix du riz ayant doublé en une année et la nourriture représentant 70% du salaire, les grèves, le plus souvent accompagnées d’émeute, pour l’augmentation des salaires dérisoires se sont multipliées, violemment réprimées. En avril 2008, 15000 ouvriers du secteur textile entrent de nouveau en grève. Dans les zones économiques spéciales (EPZ), une interdiction des grèves permet de licencier sans indemnité tout travailleur considéré comme responsable des “troubles sociaux”. Interdictions et répressions ne réussissent évidemment pas à endiguer la persistance de luttes pour les salaires et celles-ci débouchent généralement sur l’invasion des usines, leur saccage voire leur incendie. En août, on recensait depuis le début de l’année 200 usines ainsi attaquées pour des questions de salaires. Et lorsque les ouvriers sortent des usines pour bloquer les axes routiers et ferroviaires, les tentatives de dispersion par la police font virer ces mouvements à l’émeute. |
Assurément, les capitalistes spéculent plutôt avec ce que le capital ne peut produire à volonté comme par exemple le pétrole. Chacun sait en effet que les réserves mondiales de pétrole sont en train de s’épuiser et que la production de chaque baril additionnel de pétrole requiert de plus en plus de travail. Cette situation provoque incontestablement une augmentation de la valeur du pétrole, contrairement à celui des GSM ou des ordinateurs comme nous l’avons vu plus haut. Il ne faut pas être fin analyste financier pour se rendre compte que cette hausse ne peut être que continue (au-delà des quelques baisses passagères liées aux politiques pétrolières des Etats) et que, dès lors, la spéculation sur les produits pétroliers peut être très rentable. La spéculation est, rappelons-le, une expression “naturelle” de la vie du capital en train de circuler, de se reproduire. Mais si elle peut effectivement exagérer immédiatement le mouvement d’augmentation des prix en jouant sur la loi de l’offre et de la demande, il se produit toujours à court ou moyen terme une correction, c’est-à-dire une nouvelle diminution. C’est ce qui se passe aujourd’hui avec le pétrole et partiellement avec les autres produits, au moment de boucler ce texte. Mais il est essentiel de distinguer ce phénomène lié au marché, de celui de la détermination fondamentale des valeurs des marchandises, à long terme.14 La spéculation n’est donc pas fondamentalement à l’origine de l’augmentation des prix, et ne pourrait d’ailleurs pas fonctionner sans l’augmentation effective de la valeur intrinsèque des produits. Autrement dit, ce sont bien les limites réelles dans la production et l’extraction du pétrole, le fait que son épuisement au niveau mondial soit une perspective certaine qui provoque l’augmentation de sa valeur et pousse ainsi à la spéculation sur ce produit sur les marchés.
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La difficulté réside dans le fait que l’augmentation des valeurs et prix des denrées alimentaires contredit la tendance généralisée à la diminution de la valeur unitaire des produits, liée à l’augmentation toujours croissante de la productivité du travail. Il est vrai que la technologie incorporée diminue toujours davantage le travail vivant immédiatement nécessaire à la transformation des matières premières en produits finis, et devrait donc théoriquement en diminuer la valeur unitaire. Mais c’est oublier que dans la production des marchandises entrent également les matières brutes que sont la terre, l’eau et le pétrole que l’on ne peut pas produire à volonté, dont la quantité est limitée et qui se trouvent appropriées par le capital. Ainsi, on oublie la part importante de la rente de la terre qui entre dans la valeur des produits alimentaires (ce prix de la terre ayant très nettement augmenté ces dernières années) et l’on oublie également que l’épuisement de l’eau potable, l’appauvrissement et l’érosion des sols -dus à l’intensification de leur exploitation par le capital- diminue la productivité de la terre, ce qui augmente fatalement la quantité de travail nécessaire à la production des denrées alimentaires et donc la valeur de ces produits.
Dans le texte repris sous le titre “Salaire, Prix et Profit”, Marx identifiait clairement les conditions naturelles du travail et l’état des forces de travail sociales productives comme les deux éléments principaux et indissociables dont dépend la force productive du travail et donc la valeur des marchandises produites:
“Si la quantité de travail nécessaire à la production des marchandises restait constante, leurs valeurs relatives resteraient également constantes. Mais tel n’est point le cas. La quantité de travail nécessaire à la production d’une marchandise varie constamment avec la modification de la force productive du travail employé. [...] Si par exemple, par suite de l’accroissement de la population, il devenait nécessaire de cultiver un sol moins fertile, la même quantité de production ne pourrait être obtenue que par l’emploi d’une quantité plus grande de travail, et la valeur des produits agricoles s’élèverait en conséquence. D’autre part, si, avec les moyens modernes de production, un seul fileur transforme en filé, dans une journée de travail, mille et mille fois plus de coton qu’il ne pouvait le faire auparavant dans le même temps avec le rouet, il est clair que chaque livre de coton absorbera mille et mille fois moins de travail qu’auparavant et que, par conséquent, la valeur ajoutée par le filage à chaque livre de coton sera mille et mille fois moindre qu’auparavant. La valeur du filé tombera d’autant.”
Et Marx de conclure: “[...] La force productive du travail
doit, de toute nécessité dépendre principalement:
1- Des conditions naturelles du travail, telles que fertilité
du sol, richesse des mines, etc.
2- Du perfectionnement continuel des forces de travail sociales,
telles qu’elles se développent par la production en grand, la concentration
du capital et la coopération dans le travail, la division plus poussée
du travail, les machines, l’amélioration des méthodes, l’utilisation
de moyens chimiques et autres forces naturelles, la réduction du
temps et de l’espace grâce aux moyens de communication et de transport,
et de toute autre découverte au moyen de laquelle la science capte
les forces naturelles et les met au service du travail.
BolivieFace à la lutte prolétarienne qui possède en Bolivie une grande tradition insurrectionnelle reconfirmée en 2003 et face à l’incapacité du gouvernement bourgeois de contrôler la paix sociale, également confirmée par l’occupation prolétarienne de villes dont la bourgeoisie de droite réclamait l’autonomie, la bourgeoisie internationale tente de polariser la société dans des contradictions interbourgeoises: progouvernement ou proautonomie (cette option étant soutenue par le Pentagone). Mais il se peut que cette stratégie finisse par lui exploser entre les mains.Sur base d’un plan central dirigé par les appareils centraux de l’Etat mondial, un coup d’Etat a été tenté en Bolivie. A cette fin, les Etats-Unis envoyèrent Golberg comme ambassadeur, un spécialiste confirmé en ex Yougoslavie pour, sur base de son expérience en sécession (et escadrons de la mort), organiser le coup d’Etat. C’est ainsi qu’en septembre les putschistes, depuis les zones qu’ils veulent autonomiser par rapport à l’Etat central, occupèrent et sabotèrent des endroits clés de la production (tel que des gisements de pétroles, gaz, etc.), des bâtiments gouvernementaux, des villes, des moyens de communication ainsi que des centres de réunion et association de prolétaires. Au-delà de son importance, la mobilisation contre ce coup d’Etat alla jusqu’à rompre le cadre pacifique et légaliste que les polarisations interbourgeoises tentèrent de lui imposer. Une fois de plus, le prolétariat passe à l’action directe, la lutte s’organise dans la pratique en dehors du gouvernement et rend impossible le plan de contrôle de l’opposition au coup d’Etat dirigé depuis les appareils démocratiques de l’Etat. Le prolétariat coupe des routes, maintient des barrages et va jusqu’à occuper des villes (Cochabamba que les putschistes aspiraient à transformer en l’une de leurs forteresses)… Le spectre des insurrections passées apparaît chez tous les protagonistes, la bourgeoisie tremble à nouveau. Le coup d’Etat échoué, la bourgeoisie tente de donner de nouveaux éclats à sa polarisation: putschistes, Etats-Unis, “neo libéraux”, “fascistes” d’un côté, et indigénistes, socialistes, démocrates, anti Etats-Unis de l’autre. Des marches pacifistes, syndicales, etc., s’organisent pour soutenir le gouvernement du MAS et Morales; les ennemis d’autrefois s’assoient pour négocier dans le but de calmer une situation qui potentiellement leur échappe des mains et qui présente le risque de se généraliser en dehors de la frontière bolivienne. Les gouvernements en service des autres Etats se déclarent contre le coup d’Etat autonomiste afin d’éviter que ne tombe le masque du gouvernement et du MAS. Mais la situation sociale reste très tendue, le prolétariat en Bolivie vit dans sa propre chair l’accentuation de la misère sans que le gouvernement de Morales n’ait quoi que ce soit de différent à offrir. “A vrai dire, les deux années du gouvernement de Morales n’ont pas signifié un changement positif pour les plus pauvres de l’orient. Les pauvres continuent à l’être où le sont plus qu’avant et Evo ne leur offre rien de tangible.” La rébellion des 100 clans.
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Ainsi, l’exploitation agricole orientée en fonction des besoins immédiats de la valorisation capitaliste de plus en plus intensive exige chaque fois plus de travail, pour rendre la terre un minimum cultivable et donc implique une augmentation du prix des produits agricoles. De surcroît, la destruction permanente des terres cultivables par le capital (désertification, urbanisation, communications...) provoque une raréfaction de la terre.15 Certes chaque tonne de blé, de riz, de pommes de terre, de légumes... peut contenir moins de travail incorporé pour les multiples opérations “techniques” depuis l’ensemencement jusqu’à la mise en rayon au supermarché, mais par ailleurs, elle contient incontestablement une part de plus en plus élevée de travail liée à la préparation de la terre (pour la rendre cultivable) et à l’approvisionnement en ressources nécessaires pour la production et la distribution (eau, pétrole). En outre, étant donné la croissante raréfaction des terres cultivables, de l’eau, du pétrole et autres ressources naturelles, le prix payé pour utiliser ces éléments -la rente, qui est fondamentalement un prix de monopole- ne fait qu’augmenter.
Ainsi, l’augmentation des prix de tous les produits provenant de la terre (tout comme ceux provenant des sous-sols et des mers) en 2007 et jusqu’à mi 2008 est fondamentalement due aux mêmes raisons que le pétrole. Dans chaque tonne de riz, de blé, de viande, de laine... il y a un pourcentage croissant de valeur qui revient à la rente de la terre et aux autres matières brutes qui rentrent dans sa composition (pétrole, eau...) par rapport au travail immédiat nécessaire pour la produire 16.
En réalité, le capital n’a cessé depuis des décennies de mettre tout en œuvre pour contrecarrer cette inexorable tendance à l’augmentation des prix des produits alimentaires. C’est ainsi que le capital produit de la “bouffe” qui contient de moins en moins de composants naturels, de moins en moins de “terre” (en tant que totalité des ressources naturelles de l’espèce). Amadeo Bordiga avait raison quand il affirmait face à tous les cons émerveillés par la science et technologie moderne que notre période historique sera connue dans le futur comme “l’âge de la Camelote”! Cette tendance produit aussi bien la bouffe-poubelle de supermarché, de fast food, que la durée de “vie” volontairement limitée de la moindre machine produite sous la dictature du profit17.
La question démographique“Comme la population tend incessamment à dépasser la limite des moyens de subsistance, la bienfaisance est une pure folie, un encouragement officiel à la misère. Tout ce que l’Etat peut faire, c’est d’abandonner la misère à son sort et de faciliter tout au plus la mort des miséreux.” (Malthus)Tout comportement humain doit rencontrer, par la contrainte idéologique, législative, économique, armée… l’intérêt du mode de production capitaliste qui se contrefout de l’intérêt particulier des humains et de l’intérêt général de l’humanité. La question démographique n’échappe pas à cette règle. Si la soif de profit des capitalistes nécessite une main d’œuvre abondante, la production de marchandise force de travail, la production de prolétaires, augmentera. Et lorsque les prolétaires deviennent excédentaires au point qu’ils ne servent même plus comme armée industrielle de réserve, qu’ils sont dénués d’intérêt pour le capital, il faut les détruire, comme c’est le cas pour toute marchandise, par la guerre, par la faim, par des épidémies, par des conditions générales d’existence impitoyables. Le prétexte démographique pour justifier la misère dans le monde et la destruction des ressources naturelles sert à masquer la réalité d’un mode de production qui favorise l’exploitation des ressources naturelles de la même manière que l’exploitation de l’homme: sans limites. Ce n’est pourtant pas, à l’évidence, l’estomac des prolétaires qui appauvrit les sols fertiles, ce n’est pas la soif des prolétaires qui pollue les eaux, ce n’est pas la frilosité des prolétaires qui engloutit les ressources énergétiques… c’est la production de marchandises qui n’a absolument pas pour objectif de répondre à des besoins humains mais bien de la plus-value et conjointement, l’appropriation violente de tout moyen de subsistance par les bourgeois assoiffés de profits. L’augmentation de la population mondiale, qui semble vertigineuse au cours du XXème siècle, est à replacer dans ce contexte des besoins en force de travail de l’économie mondiale. Et malgré cette augmentation démographique, produire les moyens de subsistance pour six milliards d’individus, ou plus, ne devrait pas être compliqué si les “ressources humaines” n’était pas dilapidées dans des activités anti-humaines qui n’ont aucune raison d’exister si ce n’est celle de la propriété privée, si les prolétaires ne sacrifiaient pas leur vie à protéger le monde de l’argent, si les bourgeois étaient dépossédés de leur pouvoir de dépossession. Bref, sous le communisme, la pénurie sera abolie. Le mur qui se dresse devant l’humanité et qu’on se demande quand on va s’y cogner, ce mur a bel et bien été construit, en quelques siècles à peine, par le capitalisme. Le prolétariat a aidé la bourgeoisie, sous la contrainte, à le construire. Il lui revient de le détruire en détruisant les fondations de ce système qui nous prouve chaque jour que son existence future est incompatible avec celle de l’humanité. |
Ainsi, à un niveau plus général encore, la “bouffe poubelle” n’est qu’un moment du long et douloureux processus historique général de la dépossession de l’être humain de la terre qui accompagne inéluctablement depuis ses origines le développement du capital. Ce processus général consiste fondamentalement en une privation des prolétaires de la jouissance de la terre et son appropriation privative par le capital. Il s’exprime:
BirmanieOn nous a parlé de lutte “contre la junte militaire” et “pour la démocratie”. Ce qu’on nous a par contre caché, c’est qu’avant toute cette récupération opérée par les médias internationaux, le prolétariat était sorti dans la rue en Birmanie pour protester contre... la même hausse des prix que partout ailleurs. Dès août 2007, malgré le souvenir vivace de la répression d’il y a vingt années, d’énormes manifestations se sont formées et des émeutes ont éclaté. La hausse brutale du prix des carburants (66 %) et du gaz (535 %) a entraîné celle du prix des denrées alimentaires et doublé le prix des transports en commun. Il s’agit donc bien d’une protestation directement de classe, contre la baisse du salaire réel. Les militaires ne sont là comme ailleurs que des agents particuliers du pouvoir du capital (et particulièrement des multinationales occidentales et orientales, françaises, américaines, chinoises...), ils ont fait leur sale boulot au service du taux du profit. Comme d’habitude, les médias bourgeois ont monté une belle campagne de désinformation mielleuse en se focalisant résolument sur la frange la plus pacifiste, dévote, démocratique... du mouvement, pour en faire le prétendu cœur même de la lutte. C’est ainsi que des moines bouddhistes ensafrannés, non-violents et télégéniques ont été confiés à notre admiration, notre compassion et nos prières. Or, malgré l’invariable fonction sociale de la religion au service de l’ordre et la paix sociale, il faut voir qu’il s’agit aussi de jeunes prolétaires qui sont scolarisés par le biais des monastères mais n’y restent pas pour autant durant le reste de leur vie. C’est ne pas eux qui ont initié le mouvement mais comme ils ont également été touchés par la chute du niveau de vie, ils l’ont suivi et repris ses mots d’ordres contre l’augmentation de prix et contre le gouvernement. |
Il est vrai que les prolétaires finissent par “bouffer” des GSM et autres engins de merde, en une satisfaction aliénée de besoins aliénés; il est vrai que cela développe des illusions sur la pérennité du monde actuel, surtout si on en arrive à captiver les prolétaires avec le catalogue sans cesse caduque, sans cesse renouvelé de ces même camelotes, voire en leur faisant trier leurs poubelles (la croyance dans l’effet positif pour la planète de ce travail non payé ne fait évidemment que prolonger le système qui la détruit) ou aller voter… Mais tout a une limite, et la véritable limite du capital, c’est le prolétariat qui ne paraît pas disposé à ne manger que des GSM et du “fast-food” et persiste à manger du riz, du blé, de la viande, du manioc, du poisson... d’autant plus qu’il recommence à descendre dans la rue pour le faire savoir.
Le capitalisme ne pourra jamais solutionner le problème de l’alimentation humaine, il est bien au contraire en train de l’approfondir toujours davantage... et plus globalement de menacer la survie même de l’espèce humaine (et des autres formes de vie) sur la Terre. La contradiction entre le capital et la Terre, et par conséquent entre le capital et la survie de toute espèce vivante, s’aggrave et s’aggravera de plus en plus.
Comme le capital a, pendant des siècles, dépossédé l’homme de la jouissance de la terre, la lutte contre le capitalisme a été fondamentalement la lutte des êtres humains pour résister à la séparation avec la terre. Pendant des siècles la social-démocratie, indéfectible adoratrice du mythe de la civilisation, de la science et du progrès, a regardé avec mépris la lutte des prolétaires des campagnes qui ont résisté à cette séparation. La social-démocratie a même théorisé cette idéologie raciste en considérant l’ouvrier de la ville et l’industrie plus apte à la lutte révolutionnaire que son frère de la campagne. Mais dans toutes les grandes insurrections prolétariennes non seulement s’affirme la tendance à l’unification des prolétaires (urbains-ruraux) mais aussi à lier les revendications plus importantes de la lutte contre le capitalisme, comme l’abolition de la propriété privée, à la question de la Terre. Ainsi, les prolétaires des villes comme des campagnes se rendent bien compte que leur lutte est indéfectiblement liée à la terre 19, d’autant plus que la question est d’abord celle de se nourrir. Toutes les grandes luttes révolutionnaires des XIXème et XXème siècles (Mexique, Russie, Espagne... ) ont mis au même niveau la destruction de l’État bourgeois, du capitalisme, et la nécessité humaine de se réapproprier de la terre.
Aujourd’hui également, les réactions du prolétariat dans le monde sont fondamentalement une lutte de l’humanité pour se rapproprier la terre contre la dictature du capital. Indépendamment de la conscience des protagonistes, c’est une lutte révolutionnaire qui a besoin de s’assumer comme telle: en affirmant la nécessité de la révolution sociale, de l’abolition de la propriété privée des moyens de production, de la réunification de l’espèce humain avec la Terre. Nous sommes convaincus qu’au fur et à mesure que cette lutte s’exacerbera, la lutte historique de l’humanité contre la séparation historique avec la terre prendra de plus en plus d’importance.
Déjà aujourd’hui, on voit que, dans certaines luttes, les prolétaires commencent à changer leur regard par rapport à cette résistance historique et à revaloriser les luttes des “peuples originaires”, “indigènes” ou “aborigènes” (que les bourgeois se plaisent à nommer “premières nations”) contre le capitalisme et l’État. Cette évolution est très importante dans le processus devant mener à l’unification des luttes du prolétariat contre le capital. De même, sous l’effet de l’accroissement des mouvements de révolte, on observe par exemple chez les indiens Mapuches une tendance à lier de plus en plus leur lutte à celles des autres prolétaires qui s’affrontent également à l’Etat.
ChiliPrisonniers “Mapuches” en grève de la faim depuis le 13 mars: tous dans la rue!“Il est clair que ce sont ceux qui en souffrent qui doivent se révolter contre la résignation et l’injustice, et qui doivent assumer de manière consciente et responsable le niveau de lutte et les conséquences qui peuvent émerger de chacun de ces combats et de ces actions. Mais ceci ne signifie en aucun cas que nous (les autres) devions rester impassibles pendant que l’affrontement se déroule. Nous ne pouvons pas être spectateurs d’un conflit qui met en danger la vie de nos camarades dans le sud. Ici se trouve, peut-être, le fondement de la manière dont on envisage la question des “Mapuches”… Les organisations qui se positionnent pour la liberté, contre le capitalisme, dans les universités et les quartiers pauvres, considèrent-elles réellement les prisonniers “Mapuches” comme leurs camarades? Jusqu’où cette division constante entre “Mapuche” et non “Mapuche” affecte-t-elle la solidarité? Peut-être que de nombreux groupes se tiennent en marge pour ne pas paraître cautionner des discours du genre “libération nationale Mapuche” ou “nation Mapuche”. Pour nous, l’objectif final de la lutte vise le capitalisme et son système de division en classes sociales, directement responsable de l’exploitation et de la misère. C’est pour cela que nous ne voulons pas d’un territoire “libéré” (alors même que cette “libération” ne dit rien sur son organisation interne: fondée sur le clan, la famille, les classes sociales, le territoire?). Nous voulons un monde sans exploités ni exploiteurs. La tendance récurrente (et tant commune de nos jours) à séparer les luttes selon la race, le genre, les préférences sexuelles, l’attitude face aux animaux, les choix contraceptifs ou d’autres infinies variantes, ne nous concerne pas. Cette séparation en millions de parcelles et de spécificités n’a abouti qu’à une flagrante désagrégation des forces et des capacités de rassemblement et à un estompement des horizons véritables. Quel est le sens du combat pour le préservatif? Nous ne la comprenons pas… Beaucoup pensent qu’il est évident que lorsque éclatera la guerre sociale, ce sera à nous, qui nous sommes opposés à la domination constante et systématique d’une classe sur une autre, de décider, d’un point de vue organisationnel, de l’usage ou non des préservatifs, de leur distribution, de ce en quoi il seront faits, etc. Mais dans ce cas-ci, comme dans une multitude d’autres cas, la lutte vise le capitalisme et les classes sociales, parce que je ne peux espérer de ce système qu’il m’apporte la solution aux problèmes que lui-même a engendrés. La classe bourgeoise, propriétaire de barrages, de terres, d’usines de cellulose et d’entreprises de constructions… m’aidera-t-elle à résoudre le problème des eaux contaminées, des terres expropriées, des accès payants même pour renter chez soi? Inutile d’y répondre… Enfin, et malgré les différences dans les discours et dans les manières de les mettre en pratique, et malgré notre rage face à certaines organisations qui perdent les pédales à la moindre occasion, une chose demeure, grande et indéniable comme le soleil: nos camarades dans le sud sont en prison, réprimés par ce même système qui sans s’encombrer de distinctions nous réprime et nous emprisonne tous (ou presquetous). Cette même classe sociale qui nous exploite dans les villes, exploite, terrorise, réprime nos camarades “Mapuches”, avec la notable différence qu’ils comptent là-bas sur l’isolement pour occulter leurs atrocités; comme cette fillette de 11 ans qui a perdu un œil après avoir été battue par les forces spéciales de carabiniers, ou cette camarade enceinte qui a perdu son enfant pour les mêmes raisons. Ceci est une réalité et, que nous cautionnions ou non chacun des postulats de nos camarades en grève de la faim, que nous soyons d’accord ou non avec ces gens qui se révoltent et résistent à l’aliénation, la solidarité doit s’exprimer, peut-être pas dans les discours, mais dans la pratique, elle doit s’exprimer. L’isolement de ceux qui luttent, c’est ce que recherche le capital, c’est sur quoi il se fonde pour se perpétuer. Parce qu’ils sont incarcérés par ce même ordre social qui en a incarcéré et réprimé tant d’autres, parce qu’ils résistent en recourant au dernier moyen à leur disposition en prison –la grève de la faim-, parce qu’ils sont isolés et ne peuvent plus compter que sur eux-mêmes, parce qu’ils sont, au même titre que d’autres, exploités et prolétaires en révolte, pour toutes ces raisons, ils sont nos camarades et nous leur adressons un fraternel salut! |
Réaffirmons l’abc: l’attaque quantitative et qualitative contre la survie de notre espèce n’a aucune cause extérieure au capital et à sa logique. Le plus grand progrès du capital ne peut être que l’aggravation de cette situation, l’exacerbation de la contradiction entre le capital et l’humanité, entre la société bourgeoise et la Terre. Pour le capital, la Terre elle-même devient insuffisante: les besoins de valorisation et la brutalité avec laquelle ils continuent à s’imposer, dans un espace trop étroit pour leur appétit insatiable, sont en train d’étrangler la vie dans un désastre dont nous ne mesurons pas encore ni toute l’ampleur, ni l’accélération.
Aujourd’hui, il ne faut plus être communiste pour affirmer que sans changements dans la société, on fonce droit dans le mur, mais il y a encore très peu d’humains qui affirment que si on ne détruit pas le capitalisme, c’est le capitalisme qui détruira l’espèce humaine. Il n’y a que les communistes qui affirment l’impérieuse nécessité de la dictature du prolétariat pour abolir le travail salarié comme condition indispensable à la survie de l’espèce humaine.
Au-delà de cette difficulté du prolétariat à affirmer aujourd’hui son projet de classe, résultant en grande partie de l’exacerbation de l’individualisme par la société bourgeoise, force est de constater que notre classe a réagi à l’augmentation généralisée du prix des articles de première nécessité de manière beaucoup plus unifiée qu’il n’en est lui-même conscient. Les attaques actuelles du capital ont en effet produit une vague de luttes prolétariennes qui touche presque tous les pays du globe. Cela montre bien que la catastrophe de la société bourgeoise -qui augmente et homogénéise sans cesse les souffrances des prolétaires- ne peut que rappeler l’unité essentielle du prolétariat et favoriser la tendance à l’unification de ses luttes.
Il est évident de notre point de vue, que l’augmentation des prix des produits alimentaires provoque aujourd’hui une accélération de cette tendance. Si nous ne pouvons pas prouver cette accélération de manière “scientifique” et que la tendance à l’unification des luttes du prolétariat n’apparaît pas de prime abord -a fortiori aux yeux du citoyen atomisé- le développement de la lutte des classes en 2007/2008 nous paraît cependant être le signe le plus palpable de l’actualité de ce processus d’unification. Notre propre discussion internationale depuis la publication de nos dernières revues a d’ailleurs été violemment clarifiée par la réalité même de la lutte de classes durant cette dernière année. S’il serait trop optimiste d’y voir la reconstitution du prolétariat en classe mondiale, il est incontestable cependant que cette tendance historique commence à s’exprimer.
Les “émeutes de la faim”, c’est le prolétariat en lutte!Le Capital nous a dépossédés de tout pour nous forcer à travaillerQuand il n’a plus besoin de notre force de travail, il nous laisse creverLe Capital tue et n’a rien d’autre à offrirFace à cette réaction humaine, la social-démocratie déplore les pillages et les révoltes “sans issue”. Au nom du sauvetage de la planète, elle nous prêche l’austérité, l’abnégation et la soumission. Dénonçant tel ou tel “effet pervers du système”, reprenant le vieux mythe malthusien de la “surpopulation mondiale”, elle nous ressert ses élucubrations de réformes comptables censées réguler le profit et humaniser la barbarie capitaliste. Partout dans le monde les prolétaires s’en prennent dès aujourd’hui plein la gueule, par l’attaque généralisée contre le “pouvoir d’achat”. Pourtant, la résignation, l’acceptation social-démocrate du “moindre mal” l’emportent encore globalement aujourd’hui: le pire est et sera toujours ailleurs, plus loin, dans l’autre partie du monde considérée “plus pauvre”, “plus exploitée”. Avec l’indispensable soutien de ces idiots utiles, ces citoyens dociles qui votent et trient leurs déchets, ces spectateurs avachis qui devant leur télévision verseront peut-être une larme furtive sur “la violence et la faim dans le monde” entre deux résultats électoraux ou sportifs, la bourgeoisie peut encore se permettre de maintenir les luttes de notre classe dans l’isolement et rétablir sa paix sociale en assassinant impunément nos frères de classe en lutte pour leurs besoins humains les plus élémentaires! Crever ou lutter, il n’y a pas d’alternative pour le prolétariatSoutenons nos frères de classe en lutte, luttons partout contre l’exploitation“Emeutes de la faim” – “Emeutes des banlieues”... Ces luttes sont les nôtresNotre ennemi, le Capital, est le même partout dans le mondeCe système est malade? Qu’il crève!Groupe Communiste Internationaliste – Avril 2008e-mail: icgcikg [at] yahoo [dot] com - notre presse sur internet: http://www.geocities.com/icgcikg/ Camarades, ce tract est une expression de notre classe en lutte, reproduisez-le, diffusez-le! |
Il est clair que les séparations qui résultent directement des politiques urbanistiques bourgeoises participent également de la division actuelle des rangs prolétariens et constituent, à côté des séparations idéologiques entretenues par la social-démocratie, un cordon sanitaire physique et directement matériel contre l’affirmation de l’unité essentielle du prolétariat. C’est dans tous les aspects de la vie sous le capital que la bourgeoisie développe en permanence tout un arsenal d’appareils, de structures et de mécanismes -idéologiques et directement matériels- visant à prévenir, entraver ou réprimer physiquement le processus d’unification des luttes, suivant son état d’avancement. Tous ces moyens mis en œuvre ont fondamentalement pour objectif de protéger l’ordre capitaliste contre les attaques de son fossoyeur, le prolétariat.
Ces idéologies selon lesquelles les prolétaires auraient des intérêts distincts et cloisonnés à défendre ont encore une force matérielle bien réelle aujourd’hui et entravent toujours la reconnaissance mutuelle par les prolétaires de l’identité de leur condition et de leurs luttes respectives, mais fondamentalement, aucun appareil de la bourgeoisie ne pourra jamais empêcher que chaque lutte du prolétariat contienne -et exprime à un certain niveau, nous insistons sur ce point- la totalité et l’unité du projet qui fait du prolétariat “la première classe exploitée et révolutionnaire de l’histoire”.22
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Comme le soulignait déjà Marx dans Les luttes de classes en France, c’est bien dans les luttes contre les attaques que le capital lui inflige que le prolétariat perd ses illusions: chaque défaite du prolétariat, affirme-t-il en substance, est ainsi en même temps une victoire en ce sens qu’au cours de la lutte, les masques dont se farde la bourgeoisie ne cessent de tomber. Seul le développement des luttes donne au prolétariat la force de rompre, chaque fois plus clairement, avec les séparations imposées par la bourgeoisie. Ceci, nous le répétons, n’est pas à la base une question de conscience, ni de parti: c’est l’approfondissement de la catastrophe capitaliste qui contraint le prolétariat à lutter et, dans ce processus, à s’affronter de manière exacerbée à l’antagonisme de classe. Le développement de la catastrophe capitaliste ne peut que faire apparaître de plus en plus clairement la polarisation de la société en deux camps ennemis: la bourgeoisie et le prolétariat.
Cependant, il est évident qu’aujourd’hui, la simultanéité, l’ampleur et même la clarté de la réaction prolétarienne contrastent cruellement avec l’absence de conscience claire du projet social révolutionnaire, le communisme, de même qu’avec l’absence de reconnaissance mutuelle de ces luttes comme étant mondialement celles d’une seule et même classe. N’en émerge pas davantage une prise de conscience de la nécessité de s’organiser plus fortement contre notre ennemi. Si l’unicité du prolétariat est bel et bien rendue plus que jamais manifeste par la généralisation des politiques d’austérité dont il paie les frais, si les foyers de lutte et leurs cibles expriment bien l’unicité de notre intérêt de classe à travers le monde, les processus réels de centralisation demeurent quant à eux rares et localisés. Le manque d’associationnisme, d’affirmations programmatiques, de continuité, de centralisation internationale, intimement lié à la destruction profonde du lien social évoquée plus haut par divers exemples... continue à être la grande lacune du prolétariat dans sa lutte pour mener à bien la destruction de cette société criminelle.
Voici un texte diffusé en novembre 2007 et signé par
“les
preneurs et preneuses d’otages du campus universitaire de Grenoble”
(France). Tout en se limitant malheureusement à l’horizon étroit
du territoire français (ce qui y est assez habituel), ce texte exprime
incontestablement la tendance du prolétariat à s’organiser
plus consciemment, à dépasser certains des cloisonnements
qui entravent sa lutte.
Pour l’intensification et la convergence des luttes!L’Etat en est la cible, toujours. Les syndicats et organisations de gauche sont à la ramasse et ne cherchent qu’à calmer le jeu. Pas la peine de chercher bien loin ce qui nous pousse tou-te-s à nous révolter: les rapports sociaux capitalistes font que la plupart des individus dans ce monde ont une vie de merde2. Police, travail, thunes, hiérarchies et discri-mi-nations, dépossession de nos vies, c’est la hass (la galère, la merde, NDR.) et toutes les occasions sont bonnes pour faire comprendre aux tenants du système qu’ils ne pourront pas nous tenir le nez dans la merde sans qu’on réagisse. Depuis quelques semaines, plein de monde s’est retrouvé à manifester dans la rue, encore une fois. Mais les manifs plan-plan, on sait ce que ça donne si on se contente de ça: ça ne donne rien. T’as le droit de manifester calmement ton mécontentement, c’est la démocratie. Mais ne t’étonne pas si le pouvoir s’en bat les reins, c’est la démocratie. Les cheminots se mettent en grève pendant une semaine, c’est le bordel dans la circulation des trains dans toute la France mais le gouvernement ne cède pas: il ne fait que “négocier” avec la CGT et les autres syndicats qui endorment doucement la colère des cheminots. Alors plusieurs cheminots dans toute la France ont mené des actions directes illégales pour intensifier leur lutte (sabotage de lignes et saccage de gares). On retrouve le même phénomène dans les luttes étudiantes: de nombreuses facs sont bloquées et occupées, certaines se font expulser par la flicaille (trois fois à Grenoble, mais aussi à Paris, Nantes, Rennes, Strasbourg, Montpellier, Lyon, etc.). Les principaux syndicats désertent la lutte et “négocient” des miettes eux aussi. Là encore, certaines facs connaissent des actes de sabotage (par exemple contre des caméras de vidéo-surveillance) et quelques manifs sauvages tournent à l’affrontement avec la police et à la casse de commerces et de voitures (notamment à Paris et Grenoble). Du côté des lycées, de nombreux établissements se retrouvent bloqués. Et la joie et l’énergie des manifs sauvages sont souvent fort lycéennes? Ces derniers temps, d’autres secteurs ont fait grève, comme les marins-pêcheurs et les salarié-e-s d’EDF, qui pratiquent également le blocage et le sabotage pour donner plus de poids à leurs luttes. On ne peut que se réjouir de ces moments de lutte. Quand la détermination prend le pas sur la résignation, le mot d’ordre démago de Sarkozy peut devenir le nôtre: ensemble, tout devient possible. Et c’est là que ça coince: on parle de convergence des luttes, mais en réalité chacun-e lutte dans son coin. C’est le problème des luttes corporatistes et réformistes... Ne peuvent en ressortir que des aménagements du système capitaliste, ça veut dire qu’au mieux on aura une vie de merde un peu moins pourrie. Il y a un an et demi, le CPE n’est pas passé. C’est bien, mais par définition rien n’a changé. Et ça ne peut pas nous suffire. Alors c’est encore des quartiers les plus pourris de France que nous vient un élan insurrectionnel moins restrictif: dimanche 25 novembre, à Villiers-le-Bel (dans la banlieue nord de Paris), deux jeunes qui circulaient sur une petite moto sont renversés par une voiture de police et sont tués sur le coup. Comme il y a deux ans, cela déclenche des émeutes dans le quartier. Des dizaines et des centaines de personnes s’insurgent contre la police, en solidarité avec les deux morts: le bureau de police de Villiers-le-Bel a été incendié, celui d’Arnouville (ville voisine) a été saccagé. Plusieurs voitures ont été incendiées, dont des véhicules de police et de pompiers. Comme ils l’ont fait pour les grévistes des transports publics et pour les bloqueur-e-s d’universités, les médias sont à l’affût et s’empressent d’insulter les émeutier-e-s: par exemple, sur France Info le 26 novembre, un salarié3 d’une agence immobilière4 de Villiers-le-Bel déclare que c’est “stupide” de “casser” dans le quartier même où les émeutier-e-s vivent... Mais dans ces moments là, la rage s’exprime comme elle peut. De toute façon, qu’est-ce qui a été cassé ou cramé à part des voitures ce soir-là? Des comicos, des concessionnaires automobiles, une agence immobilière, différents commerces dont une bijouterie qui a été pillée (bien joué!). Les possédants se plaignent qu’on casse leurs magasins mais jamais ils ne se poseront la question de comment c’est relou qu’ils cassent nos vies en trois mille morceaux. Le seul moyen de s’en sortir c’est de se faire de la maille par tous les moyens: tout le monde reste en mode “survie”, et ceux qui “réussissent” changent de camp. C’est la loi de la jungle et faut pas voir peur des mots, ça s’appelle “capitalisme”. Et c’est pas une fatalité, ce système d’exploitation et d’inégalités n’a rien de “naturel”. Alors Pourquoi On Resterait Calmes5? A gauche, la réaction est claire, quand on demande à François Hollande (chef du Parti Socialiste) s’il cherche à “comprendre” les émeutier-e-s, il répond direct: “il n’y a pas à comprendre, il faut condamner6”. Bref, c’est toujours le même cirque politico-médiatique. Et si la meilleure des polices ne porte pas l’uniforme7, il n’empêche que la flicaille en uniforme (et la BAC et les “RG” et les indics) est en force partout, du campus de Grenoble jusqu’à Fontaine et la Villeneuve en passant par les rues du centre-ville. Preuve permanente que l’Etat nous met un max de pression... mais on lâchera pas l’affaire8. Les preneurs et preneuses
Notes:
d’otages du campus universitaire de Grenoble/SMH, Nov 2007 1- Entre autres occasions ces derniers temps: mouvement lycéen lors du printemps 2005, émeutes des quartiers pauvres dans toute la France en automne 2005, mouvement “anti-CPE” au printemps 2006, émeutes de la gare du Nord à Paris en mars 2007, actions directes contre les locaux de partis politiques et manifs sauvages avant et pendant les élections présidentielles, etc. 2- A des degrés divers, certes, c’est d’ailleurs là-dessus que “jouent” ceux qui cherchent à nous diviser. 3- Un cadre? un sous-directeur? un employé de base? on ne le saura pas... 4- A part les bourgeois pleins aux as, qui n’a jamais eu envie d’exploser une vitrine d’agence immobilière? Qui, d’une façon ou d’une autre, ne connaît pas ou n’a jamais connu de galères de logement? Qui nous rackette le “droit” de vivre sous un toit si ce ne sont pas l’Etat, les proprios et les agences immobilières? 5- Pendant que la censure peine de tous ses efforts et que d’obscurs syndicats de porcs, en cas d’encombrantes bavures invoquent le coup du sort et nous convoquent leur état major. 6- Sur France Info le 26 novembre 2007. 7- Parce que la meilleure des polices, c’est ton taf, ta télé, tes crédits, tes anxiolytiques, neuroleptiques, antidépresseurs (...) la meilleure des polices, c’est tout ce qui te fait marcher droit avec ton propre consentement, sans jamais oser montrer les crocs... 8- Et qu’on ne vienne pas nous parler d’aller voter! Ni pour Ségolène Royal ni pour qui que ce soit, ce qu’on veut c’est modifier les rapports sociaux. Parce que le problème, c’est pas le nom ou la tête du Président de la République, le problème, c’est la République, c’est l’Etat, c’est la hiérarchie sociale, économique et politique, c’est un système. Alors ouais, on a du pain sur la planche si on veut révolutionner ce monde de merde, mais on n’a pas grand-chose à perdre… |
Prenons un exemple d’actualité brûlante et réaffirmons la perspective communiste. Il est absolument vrai que le Pentagone associé à d’autres forces impérialistes agit contre les gouvernements bolivien et vénézuélien, ainsi que le dénonce la gauche nationaliste bourgeoise aujourd’hui. Cependant, eu égard à la crise de tout le système bourgeois, à ses attaques contre le prolétariat et face à la lutte que mène celui-ci, l’action du Pentagone coïncide intégralement et fondamentalement avec celle de tous les gouvernements du monde et de toute la gauche, dans le but de neutraliser l’actuelle lutte prolétarienne contre le système social en l’embrigadant derrière des fractions bourgeoises. Pentagone et gouvernements auto-proclamés anti-impérialistes agissent en fait dans le même intérêt de classe: faire passer au dixième plan la lutte qui se développe dans tout le continent et le monde contre l’augmentation des prix des produits de base et repolariser toute la société selon les contradictions intergouvernementales, entre d’une part les gouvernements nationalistes bourgeois d’Amérique Latine et d’autre part l’Etat des USA.
Face à cela, l’action révolutionnaire minoritaire doit affirmer comme toujours:
Ces dernières années ont surgi de nombreuses expressions de luttes à partir desquelles le prolétariat tout entier unifie son combat, dans le temps et dans l’espace: les “Mapuches”, les prisonniers, les étudiants, les banlieues (Villa Francia, Lo Hermida, La Pincoya, Pudahuel, La Victoria, etc.). Des consignes et des luttes contre l’intervention de l’Etat chilien en Haïti sont également apparues. Du point de vue de l’associationnisme, des centres de documentation, bibliothèques, maisons d’édition, organisations de lutte contre les prisons, mouvements et organisations formelles et informelles qui tendent à la centralisation (comme des groupes autodénomés “insurrectionnalistes” et “encapuchados” ce qui signifie “encagoulés”) se sont également développés. Nous soulignons donc certaines des expressions prolétariennes portées par divers groupes et militants: elles démontrent qu’au Chili la lutte du prolétariat contre le capitalisme et l’Etat exprime, à contre courant, un niveau de conscience révolutionnaire tel qu’il tourne au ridicule ceux qui dans ces luttes cataloguées de “jeunes, marginaux, banlieusards, lumpens …” ne voient rien d’autre que des expressions aveugles ou sans perspectives. Luttons, dès lors, pour propager cette conscience, précisément pour s’opposer à tous les social-démocrates et autres léninistes qui cherchent à nous inoculer “leur” conscience.
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Citations tirées de Macul con Grecia “Au-delà des
barricades”
Editorial “Préciser la cible” Réponse à la question: “Pourquoi sortez-vous barrer les rues au nom de la lutte pour les prisonniers politiques?” “Nous descendons dans la rue parce que les camarades ont été
arrêtés dans le cadre de la lutte subversive contre les flics
et l’ordre dominant qui ne fait pas de différence entre ces camarades
et nous” Martin
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L’article que nous reproduisons ci-dessous est une traduction d’un texte publié dans le journal “Libertad!” (publication du Grupo Anarquista Libertad, en Argentine) n° 40, janvier-février 2007. Il nous semble important de le reproduire tant pour l’importante et profonde critique de fond et à contre-courant de la démocratie (sans guillemets), mais aussi parce qu’il rend compte de ce qui s’est déroulé en Argentine et explique la baisse de niveau de la lutte autonome du prolétariat. La dénonciation de toutes les forces et mécanismes qui contribuent à ce processus de cooptation étatique des structures et militants ayant surgi des luttes prolétariennes est une tâche fondamentale des révolutionnaires.
La dictature n’est pas une erreur de la démocratie. Elle est toujours gardée à portée de main, calée derrière la ceinture de celle-ci, prête à être dégainée quand les canaux de dialogue entre la société et l’Etat -c’est-à-dire, la politique- ne suffisent plus à maintenir l’ordre. Elle sort alors des casernes pour formater la démocratie, extraire les écueils de son processus normal, la servitude volontaire.
Le processus précédent de réorganisation de la démocratie, c’est-à-dire la dictature, c’est-à-dire l’extermination systématique des opposants qui menacèrent l’extermination systématique normale perpétrée par la bourgeoisie, a atteint ses objectifs. Des objectifs que les forces militaires s’étaient fixés dans des délais plus ou moins précisés à l’avance. En Argentine, le retour à la démocratie s’est vu précipité parce que les dirigeants militaires ont excédé leur fonction d’extermination interne pour s’aventurer au hasard dans la guerre des Malouines. Par contre, au Chili, la recanalisation démocratique n’a pas été négociée avec l’opposition tolérée, mais elle fut le fruit des mécanismes institutionnels que la direction militaire avait elle-même fixés.
Le triomphe de la démocratie -c’est-à-dire, de la dictature- dépend de sa légitimation comme ordre social; celle-ci reposant aussi bien sur l’acception d’utopie améliorable que sur celle du moindre mal préférable. Mais par-dessus tout, la mentalité qui traverse les différentes acceptions et qui constitue le pilier de la légitimation de la démocratie est la réclamation de la mise en accusation de ceux qui ont directement mis en œuvre l’extermination.
La réconciliation nationale réclamée par les secteurs réactionnaires, et repoussée par la gauche, est menée précisément en mettant en avant la légalité et l’Etat, avec la police, la prison, les juges et toutes les institutions répressives comme les garants du respect humain. La réconciliation de l’Etat avec la société est le principal résultat de ces réclamations et de la mise en marche de son auto-épuration conforme aux exigences actuelles. Cela n’a pas été sans contradictions. A la fin des années 80, les premières tentatives n’ont pas pu accumuler suffisamment de force civique et médiatique et l’épuration étatique n’est pas allée bien loin. Les secteurs agissants du Proceso1 ont progressivement perdu leur capacité de résistance, d’une part, à cause du consensus démocratique croissant qui montrait qu’ils étaient dépassés et inutiles et, d’autre part, à cause des plaintes du mouvement pour les droits de l’homme qui trouvèrent un écho dans les couches moyennes et hautes de la société. Ceci favorisa, dans le cadre d’un courant international qui réaffirme le caractère absolu de la Loi et lui donne le dessus par rapport aux relativités nationales, le déplacement de ces éléments usés vers les espaces physiques du résidu social, c’est-à-dire la prison, et leur utilisation comme stigmate de l’irrationalité et du caractère ex abrupto de l’Etat dans l’imaginaire collectif.
Les morts et les disparus représentaient la part visible et manifeste du Proceso tandis que la peur, qui était ancrée plus profondément dans la conscience collective, a poussé toute une génération sociale à se réfugier auprès de leurs bourreaux, ceux-là mêmes qui hier ont massacré 30.000 personnes. Les centres de détention légaux sont alors brandis en réponse à ceux qui n’étaient pas sanctionnés par la Constitution. La prison, la même torture que l’on exhibait sous forme de supplice dans les rues il y a des siècles et qui est aujourd’hui dissimulée dans l’ombre et le ciment, est légitimée comme dispensatrice de ce qui est humainement juste, et le juge et le maton en deviennent les garants fondamentaux.
Une fois “pardonnés et oubliés” les “responsables intellectuels”, les bénéficiaires de la dictature -la bourgeoisie- renient les tactiques employées dans le passé et se débarrassent de leurs vieux chiens. Ceux-ci courent toujours, bien dressés, se méfiant de leurs maîtres qui ne furent pas aussi loyaux qu’eux…
Les forces de l’ordre, une fois accomplie leur fonction d’instaurer la démocratie, sont maintenant appelées à se réorganiser en accord avec les exigences de la légalité. Les éléments régressifs et réticents sont lavés ou mis en accusation en partant de cette exigence qui est légitimée comme légalité protectrice et garante de l’humanité. Les éléments directement affectés résistent en insistant sur l’importance pour la sécurité de l’Etat de la fonction qu’ils ont assurée. Ecartés par l’Etat qui cherche à les remplacer par une nouvelle génération en accord avec les fonctionnalités conjoncturelles, ils évoluent dans les limites de la légitimité que celui-ci redéfinit aujourd’hui, soutenu par les mouvements qui, historiquement, ont réclamé son actualisation.
Dans les cas de Julio López et Luis Gerez -ce dernier étant complètement officialisé et serviteur inconditionnel du parti au pouvoir-, le gouvernement s’est mis à la tête des réclamations de ces mouvements. Tout comme hier, l’Etat s’est approprié la vie de milliers de personnes, tout comme hier, il s’est approprié des enfants de disparus, aujourd’hui, l’appropriation des disparus par l’Etat est de les revendiquer après les avoir torturés, les porter aux nues après les avoir jetés depuis des avions, les réhabiliter après les avoir électrocutés et les avoir étouffés… Le pouvoir s’est érigé en piétinant les corps et il cherche aujourd’hui à se revêtir de la lutte qu’une génération de jeunes a offerte. Muets, muselés dans les fosses, sous les eaux, dans le ciment des colonnes; l’assassin s’érige en porte-parole de ses victimes et s’approprie du droit de vengeance, faisant du sadisme sa justice.
Une telle appropriation n’est possible qu’avec cette réconciliation sociale, le résultat d’une progressive reddition de “tout”.
Nous reproduisons ici la traduction d’un article paru dans Il Manifesto (du 5 avril 2006) eu égard à l’intérêt des faits relatés: le prolétariat descend dans la rue pour dénoncer par l’action directe comment l’Etat crache autant sur les prolétaires morts que sur les vivants. Précisons que la terminologie aclassiste utilisée, de même que les positions et le point de vue ne sont pas les nôtres.
Loin d’être le paradis pacifié que décrivent les Américains, le Kurdistan irakien est une zone exsangue. L’eau, la lumière, le gaz manquent, disent les manifestants. Le pain manque. La rage des Kurdes s’est traduite par l’attaque du monument qui rappelle les morts d’Hallabja. “Nos morts” comme le criaient les manifestants. La réaction des forces du gouvernement a été violente. Il y a eu des blessés et la police kurde a tiré (un manifestant est mort et plusieurs ont été blessés) et arrêté une 40aine de manifestants. 28 sont encore en prison et samedi dernier une manifestation d’étudiants demandant la libération des personnes arrêtées a été lourdement réprimée. Le 16 mars, le leader régional du PUK, Shahu Mahamed Said, a pris la parole devant la foule déjà tendue. Il n’a jamais fini son discours car les manifestants ont mis le feu a tout ce qu’ils avaient sous la main dans le petit musée, y compris les photos des victimes. Une manifestation dure que les leaders du PUK (qui gouverne la région) ont cherché à liquider en disant qu’elle était “orchestrée par des islamistes”. Mais les calicots des femmes racontaient une autre histoire. “Les victimes d’Hallabja, symbole kurde, attendent toujours la reconstruction” disait l’un d’eux. La foule hurlait “azadi, azadi”, liberté.
Le 16 mars, la manifestation comptait au moins 70.000 personnes parmi lesquelles des parents de victimes.
Le gouvernement régional du Kurdistan (ayant pour président Massoud Barzani et pour premier ministre son fils) mais également le président d’Irak, Jalal Talabani, (qui comme Barzani était absent le jour de la commémoration) sont accusés d’avoir oublié les Kurdes morts, et surtout les vivants.
La réponse du gouvernement régional a été la main de fer. Certains manifestants ont déclaré que “chaque fois qu’on critique le gouvernement régional, il répond en accusant une ‘main étrangère’ qui serait derrière les critiques”. Du reste, le fait que les critiques ne plaisent pas aux leaders kurdes est prouvé également par la persécution contre les intellectuels. Après 18 mois de prison (et grâce à une campagne internationale) l’écrivain Sayid Quadir, emprisonné pour avoir écrit des articles accusant les leaders kurdes de corruption, a été libéré (pardonné par le fils de Barzani, Nirchiran).